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Citations de Jérôme Lafargue (147)


C’est la langue des bandits, des réprouvés, mâtinée d’ajouts inventés dans les rues et les quartiers pauvres au gré des années. Une langue où frayent le latin, le patois, l’ancien français, des locutions étrangères.
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On connaît ma façon de jouer.
Je ne suis pas un virtuose. Ce que je ne sais pas encore faire avec suffisamment de précision, je ne le fais pas.
Son agréable, harmonie sans esbroufe. C’est beaucoup, et c’est bien assez, car mes atouts, ce sont ma voix et mes textes. La voix, parce que ma tessiture porte sur trois octaves, de la basse au contre-ténor.
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Les pièces servent de dortoir pour les sans-abri, les nécessiteux, les drogués ou les alcooliques. On y sommeille, on y baise parfois, dans des vapeurs de mélancolie et au son des vagues qui s’ébrouent à quelques dizaines de mètres en face.
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La bâtisse a résisté à tous les ouragans, elle a échappé au feu vengeur des milices. On dit que sous le bois, les fondations sont faites de pierres sacrées, liées au chêne par des sarments coulés dans du bronze. On dit qu’à l’époque de sa construction l’idée même de faire des fondations n’affleurait pas, que la maison tient grâce à des diableries. On dit beaucoup de choses au sujet de cet endroit.
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J’affirme qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on raconte à mon sujet avant de m’éclipser la seconde suivante, sans que l’on sache si j’ai disparu soudainement ou si j’ai endormi mon interlocuteur avec l’une de mes malices.
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Dans cette ville au passé d’esclaves, de sorciers, de tueurs, de guerriers infortunés, de pêcheurs ruinés et de courageux érudits, dans ces rues où des femmes, des hommes et des enfants se sont battus pour leur liberté, ont succombé sous les coups d’une armée aveugle et rendue folle par le sang, dans ces maisons où l’on a tu si longtemps l’innommable et le sordide, il est bien logique que je sois devenu l’objet de croyances farfelues.
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Je ne suis pas un inconnu en ville.
Je suis de ces personnes que l’on catégorise parce qu’on les craint.
Ni dans la marge, ni dans la norme. Mais lorsque j’apparais, les conversations s’arrêtent l’espace de quelques secondes. Cela tient peut-être à mon visage.
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Il faut peu de choses pour que la misère vous agrippe par la gorge et vous lacère le dos jusqu’au cœur.
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Les bifurcations impromptues du cerveau sont étonnantes. Comment en suis-je venu à songer à Petit Chat tandis que je me rends à la salle de concert familière où je vais bientôt jouer ?
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Certains en font des tonnes, grimacent, parlent haut et fort, gesticulent pour se faire remarquer. Ils n'en continuent pas moins d'avoir autant de personnalité qu'un gant de toilette usagé. Je n'ai nul besoin de ces artifices pour exister.
Un haussement de sourcil, voilà l'intérêt qui s'éveille. Un coin de la bouche qui s'étire, l'ironie s'invite. Et tout à l'avenant.
Je captive. Et trouble dans le même mouvement.
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Notes produites par le vent dans les branchages, émises par le craquement du bois. Bruit minuscule des pattes tapotant le tronc ou les branches. Partition de l'eau qui s'écoule dans les ruisseaux, les cascades. Pluie qui frappe les feuilles, le sol.
La nature fredonne sans cesse. Il se convainc qu'elle lui raconte des histoires aussi tragiques que merveilleuses. Il écoute, transcrit, crée une musique sans autre origine, sans autre identité que la puissance du monde dans tout ce qu'il a de bouleversant. Une musique qui parle d'amour, parce qu'il n'y a de paix que dans l'amour.
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Le hêtre est un arbre puissant mais fragile, il n'aime ni les grandes sécheresses ni les grands vents, et a besoin d'ombre pour grandir. Il s'abrite dans des chênaies avant d'atteindre sa taille définitive, projetant à son tour une ombre majestueuse, parfois meurtrière pour les essences qui jusqu'alors ont protégé sa croissance.
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Oui, c'est le bon endroit pour substituer au tumulte une forme d'apaisement. Je ne demande rien de plus qu'un peu de tranquillité.

Mais c'est à croire que je suis le type de personne pour laquelle ce mot est une sauterelle survoltée. On croit l'attraper, alors qu'elle est déjà au loin, tenant plus que tout à sa liberté.

J'ai beau être solide et faire face farouchement à la dépression, j'admets volontiers qu'une certaine mélancolie est en moi au quotidien, comme une brume légère ouatant le paysage. Parfois la combinaison d'évènements m'entraîne sur des crêtes dangereuses, où je préserve mon équilibre d'un rien.
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Sa famille a bâti les passerelles et les rampes en bois massif qui louvoient au-dessus des eaux diaphanes, taillé la pierre pour aménager des marches d'accès aux grottes les plus encavées, tracé les chemins de terre qui épousent les contours des étangs, dégagé les abords des chutes d'eau naturelles.
Génération après génération, employés de l'État mais ne reconnaissant comme maître que l'amour inspiré par ces lieux, ils ont entouré de leurs bras un monde mystérieux, ne laissant aucun malfaisant s'en approcher, pas même l'occupant au cours de temps funestes pas si lointains, découragé par les pièges et les sortilèges d'un endroit que personne ne peut vraiment comprendre.
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Mon chat est immortel.
L'une des bizarreries de ma vie.
Celle-là, plus que les autres, il convient de la tenir dans l'ombre. Nous ne sommes que deux dans la confidence.
Aux innocents qui s'étonnent de la similitude, je réponds qu'en effet mes chats successifs se ressemblent beaucoup, incroyable n'est-ce pas ?
Raison pour laquelle d'ailleurs je les nomme à l'identique, non sans une certaine originalité.
Petit Chat.
Hors de question de traumatiser mon compagnon en modifiant son identité tous les dix ans environ, même si je ne suis pas certain que cela l'intéresse.
Outre le fait qu'il ne meurt pas comme il devrait, il lui arrive de me libérer d'ornières où je me suis empêtré malgré moi. Avec son air de ne pas y toucher et de se moquer de l'univers entier.
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Le monde est un gigantesque gisement d'êtres, de qualités, de capacités qui interagissent. Les humains ne sont pas les seuls acteurs autonomes. Végétaux, animaux le sont aussi. Et au-delà des seuls phénomènes physiques, les artefacts, représentations, esprits, divinités, morts ont leur place, parfois déterminante.
Ne plus en faire de la matière docile, voilà le pari de tous ces chercheurs, qui progressent cela dit dans un couloir sombre où les ricanements de leurs collègues résonnent comme des cymbales géantes.
Mais l'idée qu'il existerait un langage articulé au sein de la nature, perceptible, en position d'interagir avec nous, est fabuleuse.
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La nature est un fantôme. Une chose que nous avons idéalisée, qui nous échappe et nous nargue, comme un rêve sans cesse recommencé et dont nous ne pouvons jamais reconstituer la trame exacte.
Pourquoi alors persister à la nommer ainsi ?
Par facilité, parce que cela nous rassure, que cela attise notre instinct de possession, cette funeste illusion de contrôler un monde perdu, qui n'a de toute façon jamais existé. La vision irénique d'une nature où tout est harmonie, gentillesse des animaux et générosité de la flore ? Aussi ridicule que les schémas catastrophistes dépeints avec perversité par ceux qui rêvent de l'écroulement. Pathétique et bouleversant.
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Je connais cet arbre depuis que je suis tout petit. S'il m'a toujours impressionné et inspiré du respect, il ne m'a pas attiré jusqu'alors plus qu'un autre. Pourtant, là, maintenant, l'instinct me commande de me rapprocher de lui. Tandis que la pluie s'invite, j'escalade les premières racines, veines puissantes qui le juchent à un mètre du sol. J'enserre de mes bras son fût gris, y applique ma joue droite. Une odeur d'écorce saisit ma gorge. Je ferme les yeux, murmure quelques paroles, avant même de le décider. Je ne sais pas ce que je dis, me laissant guider par une intuition. C'est une sorte de jargon, du baragouin, dans lequel je reconnais des mots de patois, quelques-uns de latin.
Je me colle un peu plus contre le tronc. Une sensation de chaleur m'envahit, partant de la jambe gauche. Je me sens possédé par une force démesurée. Je viens d'entrer dans un monde pour lequel je ne suis pas sûr de disposer des bonnes armes.
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Il est courageux, admirable même, d'essayer de raisonner les hommes. Cela reste vain dans la plupart des cas. Les histoires que je colporte en musique ne sont qu'une modeste contribution à l'entreprise de réconciliation. Une poussière prise dans un ouragan.
Ma vraie place, elle est ailleurs.
Je m'efforce de rééquilibrer ce qui peut l'être.
Pour la nature.
Je la nomme encore ainsi, alors que nous vivons une ère où les frontières s'effacent, où les organismes s'interconnectent. Faut-il continuer à distinguer un monde sauvage, ou sommes-nous entrés dans l'ère de l'omniprésence de l'homme ? Je n'ai pas les moyens de répondre.
Tout ce que je sais, c'est que selon un protocole explicite, qui tient autant de la communion que du bricolage, je m'efforce de répondre à ses appels. Corps et âme.
En espérant ne pas être le seul à penser que tout n'est pas perdu. Ni le seul à avoir été choisi.
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J’ai toujours pensé que ce monde-ci est trop petit, ou plutôt que ce que l’on nous donne pour réalité ne constitue qu’une infime partie de l’infinité du monde.
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