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Citation de Charybde2


Dans son dos, l’un des gardiens remarqua son manège et lui cria :
« Pressez-vous, sir ! Vous êtes déjà en retard ! »
Le professeur eut alors la conviction que les cancrières n’avaient pas été fondées par charité, mais bel et bien dans le seul dessein d’infliger un long tourment aux professeurs coupables.
Coupables de quoi d’ailleurs ?
Sous l’aiguillon de la réprimande, il pressa le pas, discipliné, et surtout résigné à subir sa peine.
Sa main se posa sur la poignée. Des brouhahas de porcherie retentirent.
Il entrouvrit la porte, fit un pas en avant…
Et se retrouva en enfer.
Vautrés sur des pupitres, des enfants, des centaines d’enfants, attendaient leur professeur, dans l’agitation la plus calamiteuse.
La salle de classe était un immense amphithéâtre dont les murs de brique suppuraient d’humidité, et dont le parquet, assemblé à hue et à dia, ressemblait au pont d’un bateau naufragé. Suspendues à des poutres, pendaient des cartes de géographie aux informations périmées depuis plus d’un demi-siècle, des planches anatomiques que la poussière avait transformées en esquisses malsaines, des historiettes édifiantes aux vignettes décolorées, des planches zoologiques qui laissaient juste entrevoir ce qui est nécessaire à l’imagination pour engendrer des monstres…
Plusieurs plafonniers jetaient sur ce cirque hideux la lumière maladive typique des éclairages au gaz.
Les enfants, comme des forçats, avaient les chevilles entravées par du hauban, sans doute récupéré sur les docks. Cinq espèces de matrones patrouillaient entre les pupitres et tapaient sur les têtes, sur les mains ou sur les épaules avec de grosses règles en bois.
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