J'ai eu la chance de rencontrer Henri Mérou lors de la fête du réseau de mon département visant à réunir tous les bibliothécaires pour une journée d'informations et de partage autour de professionnels de la calligraphie (n'étant pas moi-même bibliothécaire, j'avais eu la chance de pouvoir remplacer celles des Archives qui ce jour-là était absente). Il m'a d'abord fait un peu travailler à la plume, comme à l'époque de mes grands-parents et a eu l'extrême gentillesse, lorsque je lui ai parlé de Babelio, de l'offrir cet ouvrage. J'ai choisi le titre en référence à mes grands parents qui étaient agriculteurs et ont toujours vécu à la campagne. Vous imaginez donc l'émotion que j'ai pu ressentir en lisant cet ouvrage, alors que ma grand-mère est décédée l'année dernière et qu'elle m'avait elle-même montré ses cahiers d'écolière. Certes, ayant juste eu le temps d'obtenir son certificat d'études, elle a dû elle aussi abandonner les bancs de l'école pour aider ses parents... mais c'était ma mémé à moi, une personne qui, en vieillissant, avait soif d'apprendre et avec laquelle je pouvais avoir des conversations passionnantes, sur la guerre, la vie à la ferme, celle de ses parents, de son père immigré et bien d'autres choses encore...Cette critique te rend hommage mémé car tu étais, malgré tout, une personne très cultivée et que j'aimais (et que j'aime encore) énormément. J'espère que tu es fière de moi !
Bref, c'est tout cela que j'ai retrouvé ici, dans ce magnifique petit ouvrage qui réunit à la fois des photos d'époque, à savoir celles du début du XXe siècle et des bribes de pages issues de cahiers d'écoliers qu'Henri Mérou à récolté au cours de ces vingt dernières années.
La raison pour laquelle je n'ai pas mis la note maximale à cette ouvrage est en rapport avec le fait que j'ai été frustrée de ne lire parfois qu'une partie de la rédaction de certains élèves et non pas la totalité. Je vous invite néanmoins à découvrir cette pépite qui m'a, de temps à autres et bien que je ne sois âgé que de trente ans, rappelé mes propres souvenirs d'enfance avec les frises que l'on retrouve notamment à la fin de certaines pages...
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Se souvient-on …
- de ces petits écoliers en tabliers, intimidés par le tableau noir, sur lequel était écrit en lettres rondes avec pleins et déliés, la maxime du jour, le sujet de la leçon de morale. Une odeur de craie flottait dans la salle de classe, pendant que les enfants courbés sur les pupitres en bois, s’appliquaient à rédiger une page d’écriture à l’encre violette en tirant la langue ou pinçant les lèvres, en trempant régulièrement leur plume sergent-major dans les petits encriers de porcelaine blanche...
- de cette école, - longtemps dotée d’instituteurs qui détenaient le savoir, distribuaient les bons points, mais aussi les punitions – punitions qui consistaient à écrire en centaines de lignes : « Je ne parlerai plus en classe » ou à conjuguer à tous les temps le verbe « parler en classe »...
- de cette école où le « cancre » était le mal aimé, le puni, l’objet de remontrances et de sarcasmes de son maître, -pas toujours très psychologue et humiliant, parfois ...
- de cette école dont, Rachel Grunstein a collecté des images et documents d’hier - photographies de bouilles attendrissantes et productions écrites et corrigées en ROUGE par le Maître- pour le plus grand plaisir des Grands.
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L'exil, même s'il est volontaire et assumé, est un sentiment dont on ne guérit jamais. C'est porter en soi un monde qui existe encore quelque part et qui n'est déjà plus tout à fait le même.
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Très beau livre-objet. Il contient des reproductions de tracts, chansons, journaux, photographies... tant des différents mouvements de Résistance que de la Collaboration. Car c'est ce qui fait la force de l'ouvrage : l'alternance entre des explications sur les deux forces face à face pendant cette période plus que troublée. A la toute fin de l'ouvrage, un dossier sur la Seconde Guerre Mondiale, court mais qui présente l'essentiel.
Jean-Pierre Guéno et Jérôme Pecnard ont fait un énorme travail de recherche, notamment pour recueillir des témoignages (ce qu'ils avaient déjà fait pour Paroles de l'Ombre aux éditions Librio) ; ainsi que de nombreuses recherches pour retrouver tous ces papiers, pour montrer cette guerre des mots qui se jouait avec celle des armes.
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Merveilleux livre qui complète le documentaire audiovisuel.
Ce qui est interessant c'est que l'on évoque cette période mais dans le monde entier, avec des documents inédits.
Selon sa préférence, on peut consulter le livre et/ou les DVD.
A mon sens, il faut les 2.
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Soixante-deux millions de français et moi, et moi, et moi, pour parodier Jacques Dutronc. Soixante-deux millions de français d'origine ou d'adoption avec un point commun : celui d'avoir vécu pendant des siècles dans un périmètre limité ; celui de nos racines profondes. Et puis, la vie, l'histoire, les événements petits ou grands, ont souvent poussé nos aïeux à migrer de l'intérieur ou vers l'extérieur. Nous sommes tous des déracinés de quelque part, des étrangers pour quelques-uns. Que ce soit du bout de la ville ou du bout du monde.
L'expatriation, française ou étrangère, est toujours source de déchirement avec un passé, une histoire - personnelle ou nationale - une nouvelle langue à apprendre, même si on n'oublie jamais sa langue d'origine. Ainsi Tatiana, dont la famille a fui la Russie devenue communiste après 1917, en fera l'expérience. Ou encore Parania, ukrainienne, obligée de quitter pays, parents, frères, sœurs pour s'exiler en France, pour survivre et nourrir les siens restés en Ukraine, vivant dans la misère.
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Si vous aimez l'histoire de la 2nde guerre mondiale et Paris, vous allez adorer ce livre qui nous raconte l'histoire de Paris sous l'emprise Nazi durant la 2nde guerre mondiale. Les Paroles de l'ombre est remplie de témoignages réels. On en apprend beaucoup sur Paris et ses secrets.
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Lecture jeune, n°117 - Plus de mille auditeurs avaient répondu à l’appel de Radio France, évoquant en quelques pages leur expérience de l’exil. Témoignages brûlants, ces lettres d’auditeurs racontent des départs, des arrivées, quasiment tous vécus dans la douleur, de la révolution industrielle à nos jours. J.-P. Guéno, directeur des éditions de Radio France, les a sélectionnées dans ce volume et classées en différents chapitres : Le Pays d’avant, Envols, Ancrages et Retours. La nostalgie embellit le passé et teinte de douceur le Pays d’avant, tandis que les Envols et l’Ancrage font apparaître les blessures profondes, cruelles de la misère ou de la guerre, la peur, l’impuissance. La dernière partie, le Retour, n’apporte pas beaucoup d’apaisement. Le pays perdu le restera toujours, comme l’écrit Christine : «comment vivre cette absence… la transformer en présence là où l’on arrive ?». Les lettres offrent parfois un tel tableau de désespérance qu’il peut être difficile pour un adolescent d’aborder la lecture seul. Par contre, une lecture à plusieurs effectuée dans le cadre de travaux dirigés permettrait d’étudier de manière originale l’histoire de l’immigration au cours des cent cinquante dernières années. L’exode rural, l’appel de main d’oeuvre, la fuite de populations étrangères terrorisées ou en quête d’une vie meilleure, l’illégalité, la clandestinité, le rejet : tous ces sujets sont abordés de manière sensible et concrète et offrent matière à une réflexion partagée. Michelle Brillatz
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