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Citation de paresseuse


Il me jette un coup d’oeil rapide, un sourcil levé.
— Heureusement, oui. Tu as un certain don pour te mettre dans des situations critiques.
Il passe sur un point sensible et je grimace.
— Désolé.
— Ça va. Mais comment tu as su où j’étais ?
— Je ne savais pas. J’ai passé un certain temps à me balader dans les environs et à faire la tournée des bars encore ouverts. Je suis parti de l’hypothèse que tu ne t’éloignerais pas trop.
Son intuition ne l’a pas trompé. Une fois de plus.
— J’ai visité quelques squats, aussi, ajoute-t-il après-coup.
Je relève les yeux vers lui. Il ne précise pas sa pensée, mais je sais très bien ce qu’il veut dire. Peut-être, en effet, que la tentation de l’opia m’a traversé l’esprit, tout à l’heure. Peut-être que j’ai eu une envie aussi forte que malvenue de retomber dans mes faiblesses, d’oublier le reste. Mais je l’ai
chassée assez vite, et plus facilement que par le passé. J’ai découvert ces derniers temps qu’avoir un but dans la vie aide singulièrement à combattre l’addiction.
— Eh non tu vois, juste un bar, je réponds sur un ton faussement léger.
— Ouais, juste un bar, il répète avec un sourire soudain, qui me prend de court.
Il est vraiment beau quand il sourit comme ça, spontanément, sans prévenir. Il a l’air plus jeune, plus insouciant, un peu comme je pourrais me l’imaginer quand il avait mon âge, même s’il n’était sans doute déjà plus comme ça à ce moment. Mais si elle n’a peut-être jamais existé, c’est pourtant une image de lui que j’aime bien, sans raison.
Je le dévisage, presque hypnotisé. Il me rend mon regard et peu à peu son sourire s’atténue. L’atmosphère change, l’air semble s’épaissir entre nous. J’ai beau être à la ramasse, il y a un tas de signaux d’alerte qui s’allument dans ma tête, mais je reste tout à fait immobile. Immobile quand je vois ses yeux s’assombrir, immobile quand il se penche lentement vers moi, si lentement, comme s’il voulait me laisser le temps de m’échapper, ou se laisser à lui le temps de se raviser. Mais ni moi ni lui ne faisons rien de la sorte.
La tension implicite et constante entre nous, apparue dès la première seconde où on s’est revus s’exprime enfin pleinement à cet instant, et je n’ai plus la force de la contenir. Quand il pose sa bouche sur la mienne, ça n’a rien à voir avec le baiser furtif d’il y a quelques heures. Ses lèvres sont douces mais elles prennent et exigent, s’attardant, réclamant. Tout ce qui s’est passé ces derniers jours, jusqu’à cette nuit, disparaît totalement de mon esprit, il n’y a plus rien que ce contact tiède et humide, et le désir violent, impérieux qui déferle en moi. Un gémissement rauque s’arrache tout seul de ma gorge quand je noue mes bras autour de son cou et que je réponds à son baiser avec la même fièvre. Ce qui a commencé avec une douceur trompeuse se transforme alors en urgence presque brutale, peut-être pour ne plus laisser à aucun de nous la possibilité de penser.

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