Née en 1963 à Séoul, Gong Ji-young est une romancière très populaire en Corée. Elle participe aux luttes étudiantes contre la dictature des années 80, pour défendre la démocratie et les droits des exclus de la société. Ecrivaine engagée, elle est appréciée pour ses uvres qui traitent de la condition des femmes et des travailleurs, des maltraitances dont sont victimes les handicapés, de la répression sexuelle
A l'occasion de la Nuit des Idées 2021, elle s'est entretenue avec Choi Mikyung, traductrice coréenne.
Sous-titres en Français
Ce n’est pas parce qu’on est habitué à être trahi qu’on ne souffre pas à chaque trahison, ce n’est pas parce qu’on tombe souvent qu’on se relève facilement une fois encore.
....j’ai pensé aussi que le destin d’une personne pouvait être influencé inéluctablement par une si petite chose et que rien n’était insignifiant dans la vie....Mais par la suite, j’ai changé d’avis......car j’ai compris la raison pour laquelle rien n’est insignifiant dans la vie : quand une personne fait face à un choix, même dérisoire, c’est la totalité de son vécu qui en décide ; aussi, l’important n’est pas la rencontre elle-même mais l’ensemble du vécu qui l’oriente.
Si la tristesse ne porte pas de masque, elle a quelque chose de mystérieux, de sacré et de sincère. Et cette tristesse très personnelle est parfois la clé qui permet d’ouvrir la porte de l’autre.
Combien de fois tombera la neige et soufflera le vent
avant que les feuilles repoussent et que les fleurs se fanent ?
Ce jour-là, j’aurais dû comprendre qu’il est inutile de faire confiance et d’accorder le bénéfice du doute à des gens qui, parmi tant de sentiments possibles, ne manifestent que de l’hostilité. Mais même en sachant dès le début que telle personne va forcément agir dans le mauvais sens, on se dit toujours « on ne sait jamais… », c’est plus fort que nous, c’est comme le poison addictif de l’espoir......
Mais j’en suis au même point aujourd’hui, après tant d’années. J’ai eu souvent ce genre d’expériences depuis cette première fois, pourquoi faut-il que je m’acharne à croire que les méchants finiront par être bons et les règles à être impartiales ?
- Oui, avec le temps, on vieillit. De tout ce qu'on possède, rien n'est éternel. Et puis on meurt... quoi qu'on fasse... on meurt.
Les feuilles du platane se détachaient et s’envolaient. Je pensai que ce serait bien que les humains fassent eux aussi un long sommeil comme la mort une fois par an avant de se réveiller. Ce serait vraiment bien de recommencer de zéro avec de petites feuilles vert clair et des fleurs roses.
Ce n'est pas parce qu'on est habitué à être trahi qu'on ne souffre pas à chaque trahison, ce n'est pas parce qu'on tombe souvent qu'on se relève facilement une fois encore.
Dans une échoppe de nouilles, de longs spaghettis blancs accrochés sur une corde comme des linges étaient en train de sécher en vibrant légèrement dans la brise du soir. C’était une nuit de printemps.
Tenez, il y a quelqu'un qui a dit, quand on a été témoin d'un meurtre, on devient partisan de la peine de mort, quand on a été témoin d'une exécution, on devient partisan de l'abolition de la peine de mort... Enfin, ni le meurtre ni la peine de mort ne sont vraiment acceptables.