Jirô Taniguchi

Le vent soufflait loin au-dessus de la tente. Peut-être qu’à cet instant même, de gigantesque divinités hindouistes descendaient du ciel dans un halo bleuté et dansaient dans les courants atmosphériques. Ce que Habû Jôji s’apprêtait à faire appartenait au domaine de ces divinités. C’était quitter la terre et pénétrer dans l’univers des dieux.

- ça fait beaucoup de soupes...
- hum
- surtout qu'ils forcent un peu sur la tomate.
- mais bon avec du pain je devrais m'en sortir...
- alors...bon appétit.

En fin de compte, la grande mère c’est surtout un grand monstre !

- Mais alors, serais-je toujours plongé dans un même rêve ?
- Dans ces limbes entre rêve et réalité ... là où se rassemblent les âmes...

- Comprenez, j'ai suffisamment couru toute ma vie... Alors maintenant j'prends mon temps, lentement... N'est-ce pas agréable ? Lentement.
- Houaah... Lentement... oui...
......
Le cours du temps y était comme celui de l'eau... lent... Un interstice, une parenthèse dans le fil de jours ordinaires... C'est vrai... A quoi bon toujours se presser... Lentement, j'ai longé le bord sans chemin de la rivière.

Le silence était total. Le paysage morne, infiniment désolé, qui s’étendait jusqu’à l’horizon était au-delà de la tristesse humaine.
Là s’étendait le wild, le wild sauvage, gelé jusqu’aux entrailles des terres du grand nord.
Au loin, les loups affamés hurlaient.

-Le grand ouest blanc-

Les "ailes de diamant" sont des cristaux de neige projetés dans les airs par des vents violents et solidifiés sous l'effet d'un brusque changement de température.
Bien qu'ils ne mesurent même pas un millimètre, ils sont pareils à des éclats de verre qui tourbillonnent, et si on les reçoit en plein visage, ils entaillent la peau, allant jusqu'à rendre aveugle celui qui les reçoit dans les yeux.

En vous voyant tout à l'heure...je crois avoir compris l'importance de ce que vous vous apprétez à faire.
Voir ce à quoi vous avez renoncé et ce que vous avez abandonné derrière vous...permet de réaliser l'ampleur de ce que vous projetez de réaloser maintenant.
Un homme qui a déjà les bras chargés ne peut porter davantage.
Il lui faut d'abord poser son fardeau avant de prendre la charge suivante.
Tous les soldats qui partent à la guerre ont la même expression sur le visage que vous.

Il éprouvait perpétuellement sa souffrance, comme s'il ne pouvait se pardonner de l'oublier.

Les fleurs du mensonge les plus luxuriantes poussent justement sur des racines solides. (p.48)

" Où que j'aille, pas le moindre indice...
J'étais pris d'un sentiment d'impuissance, comme issu d'un dialogue prolongé avec les murs vains de la grande ville.
Seul me restait à cet instant l'amertume de celui qui, ayant perdu sa route, reste seul debout au pied d'une immense paroi.
Serai-ce donc vrai... Qu'il vaudrai mieux se taire et laisser faire la police ?

Parce qu’ils ne savaient rien, ils étaient sûrs qu’il n’y avait rien à savoir.

L'enfant que nous avons été est toujours là, bien vivant tout au fond de nous.

Fukamachi sentit les vibrations de l'avalanche grondante qui dévalait le Nuptse se transmettre à tous ses membres.

-- C'est la peur en fait...
J'ai l'impression que c'est elle qui me pousse à grimper.

LA FILLE : Viens, on va danser !
HAMAGUCHI : Hein ? Je sais pas.
LA FILLE : Mais si, viens !
(Sur la piste de danse)
LA FILLE : Allez, danse !

Elle m'a attiré sur la piste et, comme un ours, j'ai bougé en tentant de suivre la musique.

Je ne comprends pas du tout où va le Japon. Se contenter d'imiter l'Occident n'est pas une bonne chose. L'Occident est ce qu'il est : insensible et égocentrique. Au train où vont les choses, le Japon va devenir un tigre de papier.

J'aimerais vous souhaitez bonne chance, mais je doute que vous acceptiez. Ou plutôt... Que vous fassiez confiance à la chance.

Vieille dame : Dis-donc, toi... Tu comptes vivre encore longtemps ?
Mme T. : ?!?
Vieille dame : Tu ne crois pas qu'il est temps pour toi de mourir ?
Tam : Kuuu !
Veille dame : Hein... Tu vois bien, non ? Moi aussi, vois-tu, je voudrais bien m'en aller le plus vite possible...
Mme T. : Ne dites pas de choses pareilles, Grand-mère ! Vivez encore longtemps !
Vieille dame : Si vous croyez que je trouve quoi que ce soit d'amusant. Et puis je n'ai pas envie d'être un fardeau. Lui aussi, je suis sûre, il pense pareil.Oui, il pense comme moi, lui aussi. C'est juste qu'on n'arrive pas à mourir comme on voudrait... Eh oui, ce n'est pas si facile de mourir... Il ne suffit pas d'avoir envie... Ça ne se passe pas comme on voudrait...

Avoir un chien

Ce quartier autrefois familier, je l'avais cru lointain, à jamais enfoui dans ma mémoire. Je me tenais pourtant en son cœur, immobile et désorienté.