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Critiques de Jirô Taniguchi (2151)
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Le Sommet des dieux, tome 4

Neuf épisodes, du 28ème au 36ème, dans ce quatrième tome qui va conduire les lecteurs vers le vrai sommet des dieux, l'Everest.



C'est vraiment mon préféré depuis le début de cette découverte car Habu accepte que Fukamachi le suive et le photographie dans sa tentative hivernale de la face nord-ouest de l'Everest.



Cela se met en place tranquillement, les deux hommes grimpent chacun de leur côté, Fukamachi à la suite de Habu qui le distance toujours aisément. L'ascension est présentée essentiellement du point de vue de Fukamachi qui rencontre bien des difficultés lesquelles l'amènent à réfléchir sur les raisons de sa présence au coeur des ces parois glacées, exposé à tant de dangers tels que les avalanches, les chutes de pierres, le vent violent glacial. Il sait qu'il peut renoncer quand il le désire, il continue, mais...



Belle surprise dans cette ascension périlleuse toujours magistralement dessinée et de nombreuses réflexions sur les motivations des alpinistes, la vie, le danger, la mort.



Ce tome ne se termine pas au sommet, ce sera sans doute le cas dans le cinquième avec, je l'espère, d'aussi bons moments au sommet des dieux.
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Le journal de mon père

Un rai de lumière sur le plancher d’un salon de coiffure, un enfant qui joue, réchauffé par les rayons du soleil d’un après-midi de printemps. Une douce réminiscence de l’enfance, le premier d’une longue série de souvenirs entre douceur et aigreur.



Yoichi vient de perdre son père. C’est le cœur gros, qu’il retourne à Tottori, sa ville natale quittée il y a bien longtemps déjà. L’occasion pour lui de refaire le voyage inverse, de repenser à son passé, le passé de ses parents, les douleurs, les séparations, les drames, son enfance, sa vie…



L’occasion aussi de parler de son père avec les membres de sa famille, ses oncles, sa sœur et de finalement mieux comprendre qui était réellement cet homme. On connait parfois bien mal les gens qui nous sont les plus proches. Parfois aussi parce qu’on s’évertue à bien mal les connaitre, engoncés que nous sommes dans nos certitudes.



Tout le talent de Taniguchi est de brillamment traduire les sentiments de ses personnages, la complexité de leurs émotions et de leur personnalité. Il y parvient notamment à travers des dialogues aussi réalistes qu’authentiques, du concentré de pertinence et de sensibilité. La finesse de sa perception va de pair avec la finesse de son trait. Un trait qui, selon moi, donne parfois un aspect gravure à son travail, particulièrement dans les représentations de paysages.



Le journal de mon père, un concluant regard en arrière…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Le sommet des dieux, tome 5

Cinquième et dernier tome pour atteindre le sommet des dieux en compagnie de Habu et de Fukamachi, en dix épisodes, du 37ème au 46ème, avec, en plus, un dernier épisode qui revient sur l'ascension mystérieuse de Mallory et Irvine, en 1924. Ont-ils atteint le sommet? Probablement pas, mais le mythe est là.



En tout cas, ce cinquième tome est essentiellement consacré à deux ascensions, celle de Habu, hivernale face nord-ouest, avec Fukamachi qui le quitte pour le laisser accomplir seul son exploit, lui-même n'étant pas de taille pour cette face, et donc également celle que Fukamachi réalisera plus tard par la voie normale.



Les dessins de Jiro Taniguchi consacrent le mythe Habu et le suiveur narrateur, Fukamachi. Ces deux hommes ont des objectifs proches, pour le premier, réaliser ce qui n'a jamais été réussi, pour le deuxième vaincre ses propres doutes et parvenir enfin au sommet convoité.



C'est donc une belle finale que ce dernier tome avec des personnages auxquels le lecteur a fini par s'attacher tant leurs idéaux respectifs restent grandioses pour le commun des mortels.
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L'orme du Caucase

Un orme condamné à être abattu, une petite fille boudeuse qui ne veut monter sur aucun manège, un homme d'affaires ravi du succès de sa fille qu'il n'a pas vu depuis 23 ans, deux frères qui ne conçoivent pas la vie de la même façon, les retrouvailles touchantes d'un frère et de sa sœur sous la pluie, la rencontre inattendue de deux personnes âgées sur le banc à côté du musée, deux frères dans la forêt à la recherche de leur chien et une jeune veuve française qui rend un bel hommage à son défunt mari...



L'orme du Caucase, première nouvelle qui donne le titre à cet album, regroupe 8 courts récits emplis d'émotions et poétiques. Prédominent ici la nature, la séparation et la solitude, solitude de cette veuve, de cette petite fille triste ou encore de cet homme d'affaires qui va recroiser sa fille.

Adulé au Japon pour ses nouvelles, Utsumi nous offre un album tout en douceur et mélancolie. Ces huit récits sont forts et bouleversants. Le temps y passe lentement, sans bruit, à l'ombre de cet orme. Le dessin de Taniguchi n'est pas en reste avec son coup de crayon si précis, si doux et si romantique.



L'on est bien à l'ombre de L'orme du caucase...
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Les années douces, tome 1

Nous sommes au Japon, dans un troquet où vont se côtoyer deux solitudes:Tsukiko célibataire trentenaire qui a ses habitudes , et un professeur qu'elle a eu au lycée, élégant, veuf à la retraite, qu'elle surnomme "maître " collectionneur de théières...



Quelques dîners gourmets et fortuits sans rendez-vous et puis quelques saké plus tard , va se nouer une étrange amitié...une balade aux champignons, le temps de contempler "l'hanami", les cerisiers en fleur se fanent comme l'amitié?. ..peu de paroles entre eux mais impossible d'ignorer que la présence de l'un comble les angoisses de l'autre ..ultra moderne solitude..comme le chante Alain Souchon..



Le noir et blanc ajoute à cette douce mélancolie, la poésie se promène dans ces dessins épurés magnifiques de cette très belle promenade.

Je vous la recommande.
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Quartier lointain - Intégrale

En revenant d’un voyage d’affaire, le train qu’emprunte Hiroshi se dirige vers Kurayoshi, sa ville natale, au lieu de prendre la direction de Tôkyô. Est-ce l’alcool qui lui joue des tours ? Hiroshi va se recueillir sur tombe de sa mère et s’évanouit. A quarante-huit ans, il redevient un adolescent de quatorze ans et revit l’année fatidique où sa vie a basculé, un 31 août, lorsque son père s’est lui aussi évanoui à tout jamais dans la nature, sans plus jamais donner signe de vie.



Il vit intensément cette étrange expérience et porte un regard ambivalent sur ses proches et sur les évènements qui se succèdent. Il a en effet gardé toutes ses capacités intellectuelles d’adulte mais peut-il changer le cours des choses et ainsi modifier sa vie et celle de son entourage ? Au fur et à mesure que la date du 31 août approche, l’histoire gagne en intensité dramatique, Hiroshi sera-t-il retenir son père ?



Jirô Taniguchi entraine le lecteur dans les brumes de la mémoire avec beaucoup de finesse et d’acuité, fidèle à son univers mélancolique, il lève le voile sur les liens amoureux ou familiaux et les secrets de famille, tandis qu'Hiroshi chemine vers le pardon.



Retrouvez vous aussi le Quartier lointain d'Hiroshi, cette histoire bouleversante ressemble à un conte philosophique et renvoie chacun de nous à sa propre histoire.

















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Un assassin à New York

Jirô Taniguchi est le mangaka qui m'a fait découvrir et aimé le manga. Il faut dire que c'est le plus européen des mangakas car la bande dessinée de chez nous l'aurait beaucoup influencé. Dans les années 80 et 90, il s'était associé à différents scénaristes pour produire des œuvres variées en matière d'aventure ou de polar comme en l'espèce.



Le scénariste Jinpachi Môri est connu pour avoir réalisé la mini-série « Les fils de la terre » que j'avais également grandement apprécié. Un assassin a New-York avait été publié initialement au Japon de 1991 à 1996. Évidemment, ce titre fait un peu raclage de tiroir.



On aura droit à 7 différentes historiettes d'une trentaine de pages en moyenne. Cela tourne autour d'un tueur d'origine japonaise à New-York et qui s'adonne également à la peinture. Certes, parfois l’intrigue tire un peu sur la corde avec des rebondissements trop faciles. Par ailleurs, les personnages n’échappent malheureusement pas à certains stéréotypes habituels du manga. Mais bon, l'ensemble est plutôt de bonne facture si on se replace dans le contexte de l'époque.



Les planches de Taniguchi sont globalement soignées et détaillées dans un style très classique avec des décors toujours aussi réussis. J'ai toujours beaucoup aimé son graphisme qui mérite largement le coup d’œil. On remarquera également une bonne maîtrise de la couleur noire dans son dessin. Cependant, la plupart de ses histoires entre règlements de compte et quêtes de pouvoir mafieuses ne sont pas mémorables malgré leur noirceur, mais cela fait passer le temps.



C’est un titre d’honnête qualité qui se laisse lire gentiment mais il est vrai sans susciter d’enthousiasme débordant.
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Le sommet des Dieux, tome 1

C'est long et c'est lent, mais une fois qu'on est pris dedans c'est passionnant. le Sommet des dieux, série en 5 tomes parue au début des années 2000, est l'adaptation en manga du roman Kamigami no itadaki de Yumemakura Baku, célèbre auteur de récits de Science-Fiction et d'aventure au Pays du Soleil Levant, et effectivement cela se sent tellement la narration est emprunte toutes ses ficelles aux techniques littéraires. Mais attention, c'est Jirô Taniguchi le meilleur dans sa partie qui est en charge des graphismes très réalistes : les décors qu'ils soient anodins ou grandioses fourmilles de détails, et avec les visages très expressifs filmés sous tous les angles les personnages prennent vie sous nos yeux. Avec ses artistes, jamais la montagne n'aura été aussi belle (mais dangereuse aussi ^^) ! Et pour ne rien gâcher, cela a été édité en France en format deluxe par Glénat… La vie est belle, oh yeah !





Fukamachi, photographe alpiniste traumatisé par la mort récent de deux amis, traîne sa misère dans Katmandou avant de faire l'acquisition d'un vieil appareil photo dont les secrets pourraient révolutionner l'Histoire de l'alpinisme mondial. Et de fil en aiguille savoir si George Mallory et Andrew Irvine ont été les premiers hommes à avoir atteint le sommet du mont Everest lui emporte presque moins que savoir comment Habu Jôji est devenu Bikhalu Sank, « le serpent venimeux » redouté de tous les sherpas du Népal…

Dans ce tome 1, nous suivons l'enquête de Fukamachi, qui d'interview en interview reconstitue la biographie de l'homme de Katmandou : le tragique accident qui le laissa orphelin, ses premiers pas dans la montagne, son ascension au sein du club alpin Seifû, son exploit d'avoir vaincu la dalle d'Oni Sura… mais aussi son asociabilité, sa misanthropie, la mort de son disciple, ses difficultés à trouver un job et à le conserver, ses problèmes de pauvreté qui l'empêche de partir aux quatre coins de monde et sa rivalité avec Hase Tsuneo !

Ce tome 1 s'achève d'ailleurs sur bon vieux cliffhanger des familles… Qui deux rivaux sera le premier à gravir en hiver en solitaire l'éperon Walker dans les Grandes Jorasses : Habu Jôji qui a gravi en un temps records tous les montagnes du Japon ou Hase qui vient de gravir successivement l'Eiger et le Matterhorn ???
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Elle s'appelait Tomoji

Au pied du mont Yatsugatake, le parfum doux du vent de mai enveloppait le petit village d'Hemi. Tomoji trainait pour rentrer de l'école, s'arrêtant ici et là pour admirer l'arc-en-ciel qui reliait par delà les montagnes le ciel et la terre ou pour ramener la vache qui s'était éloignée de la ferme voisine. Elle croise furtivement sur le chemin un jeune homme avec son appareil photo. Elle ne le sait pas encore mais il revient de chez sa grand-mère. Car, tandis qu'elle trainait pour revenir à la maison, au même moment, ce jeune homme, Fumiaki Itô, tout juste âgé de 19 ans, après avoir fait quelques photos des montagnes, est venu rendre visite à sa grand-tante, Kin Uchida, qui se trouve être la grand-mère de Tomoji. D'abord réticente, elle accepte finalement. Dommage que sa petite-fille n'était pas là, elle aurait aimé l'avoir à ses côtes sur la photo.

Tomoji ne le sait pas encore mais elle devra attendre 7 ans avant de rencontrer à nouveau ce beau jeune homme. Une rencontre qui bouleversera leurs vies...



Jirô Taniguchi dresse dans cet album le portrait de Tomiji Uchida, la créatrice d'un temple bouddhiste que le mangaka et sa femme fréquentent régulièrement depuis une trentaine d'années. Il raconte tout d'abord la rencontre manquée avec celui qui sera son époux puis s'attarde sur sa vie, de sa naissance à son mariage. Bien des épreuves jalonneront son enfance. Cette biographie n'est pas inintéressante tant l'auteur s'attarde sur cette époque et ces difficiles conditions de vie. Malheureusement, elle manque parfois de sentiments et d'action même si l'auteur l'a voulu ainsi. Car, comme à son habitude, Taniguchi est dans la contemplation, la délicatesse et le calme. Le trait réaliste, tout en finesse et élégance, est en parfaite harmonie avec les émotions qui se dégagent de ce portrait.



Elle, Elle s'appelait Tomoji...
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Quartier lointain - Intégrale

Après « Les gardiens du Louvre », entre voyage dans le temps et onirisme, j'ai en envie de découvrir le livre qui a apporté la notoriété à Jirô Taniguchi. En effet, le mangaka a reçu, entre autres, le prix du meilleur scénario au Festival d'Angoulême en 2003 pour ce livre.

J'aime l'univers de cet auteur illustrateur qui dégage, par ses récits pudiques, délicats et nostalgiques, une force émotionnelle rare.

Ancré dans la culture japonaise, « Quartier Lointain » se démarque du manga par son format, ses influences graphiques et son sens de lecture qui se calquent sur la BD européenne.



*

Les souvenirs sont peuplés de moments heureux, mais aussi de moments douloureux, de blessures non cicatrisées, de paroles ou de gestes inconsidérés, ...

Peut-être vous êtes-vous déjà demandé si votre vie aurait pu être différente si vous aviez fait des choix autres ? Peut-être avez-vous déjà eu envie de revenir dans le passé, le changer pour vous libérer d'une peine, d'une erreur commise et ainsi mieux vivre le présent ?



*

L'histoire débute en gare de Kyôto. Hiroshi Nakahara rentre chez lui après un voyage d'affaires. Abruti par un gros mal de tête, il prend par erreur un train qui le ramène dans sa ville natale. Il décide alors de profiter de cet étrange hasard pour faire un tour dans le quartier de son enfance et se rendre au vieux cimetière où sa mère est enterrée.

Mais à la suite d'un malaise, il reprend conscience dans le passé. Il est maintenant dans le corps de l'adolescent qu'il était à ses quatorze ans, mais il a gardé sa maturité et ses souvenirs d'adulte.



« Tout ce qui était inscrit dans ma mémoire, les évènements du passé, étaient ici des évènements à venir ! »



Après le choc des retrouvailles avec sa famille, c'est pour lui l'occasion de revoir sa grand-mère et sa mère décédées depuis longtemps, de comprendre pourquoi son père les a abandonnés sans explication, de l'empêcher de disparaître à nouveau et de corriger certaines erreurs de jeunesse.



Pourquoi est-il revenu quelques mois avant la disparition de son père ? Pourra-t-il changer son passé ? Ou bien est-il condamné à revivre sa vie d'enfant, subir les mêmes évènements, spectateur de sa propre vie, impuissant à les transformer ? Pourra-t-il revenir dans le présent et reprendre le cours de son existence, mûri de cette expérience ? Quelles incidences auront les changements de son passé sur son futur ?



*

Rêve ou réalité ?



Ce récit introspectif est empreint de douceur, de nostalgie et de poésie. On voyage dans le temps, à quelques mois des jeux olympiques de Tokyo en 1964.



Hiroshi Nakahara revit sa vie d'adolescent à travers ses yeux d'adulte, des moments de bonheur et d'insouciance ternis par l'ombre de la disparition à venir de son père.

Au fil de l'histoire, il prend conscience de son ignorance et de sa naïveté d'adolescent.



*

La qualité du récit est le résultat d'une parfaite symbiose entre la narration et les illustrations.

Le texte court, sobre, ne cherche pas à tout nous dire, il laisse des points de suspension, des espaces pour que les dessins puissent s'exprimer dans toute leur subtilité et leur profondeur émotionnelle.



« Personne ne devient jamais vraiment adulte…

L'enfant que nous avons été est toujours là, bien vivant, tout au fond de nous…

Il est comme ce ciel…

Avec le temps, nous croyons grandir…

Mais la maturité n'est qu'un leurre, une entrave à notre âme libre d'enfant. »



J'avais déjà été séduite par les illustrations de Jirô Taniguchi.

Là encore, elles m'ont émerveillée par leur réalisme et le soin apporté aux détails, mais aussi par la force des émotions qu'elles dégagent.



Les lignes épurées dessinent des portraits saisissants si bien que, sur leur visage, se lisent leurs pensées et leurs sentiments comme dans un livre ouvert. En effet, l'auteur n'a pas son pareil pour capturer la psychologie et les émotions de ses personnages dans leurs expressions faciales, leurs postures, leurs mouvements. Ainsi, par le dessin, de beaux cadrages, quelques mots, Jirô Taniguchi pénètre la complexité des émotions humaines.

Le lecteur a immédiatement de la sympathie pour eux.



Les arrière-plans montrent des scènes de la vie quotidienne touchantes, des paysages urbains et campagnards magnifiques, propices à immerger le lecteur dans une atmosphère nostalgique et contemplative.



*

On ne peut être insensible à l'évolution de notre monde, de notre mode de vie, de nos comportements, de la place des parents dans l'éducation des enfants, de la relation parents-enfants au cours du temps.



Cette histoire émouvante et délicate confronte le narrateur au temps qui s'écoule, à ses souvenirs et aux drames de la vie. Elle explore également avec finesse les thèmes de la famille et de l'enfance, des choix de vie et du poids des regrets, de l'amour et de la recherche du bonheur.



« le ciel est si haut…

Et pourtant, on a l'impression qu'il suffirait de tendre la main pour toucher les nuages…

Le ciel est si mystérieux…

C'est comme s'il était immuable, au-delà des hommes, au-delà du temps…

Et ci c'était ça l'éternité, un simple ciel… »



*

Au final, « Quartier lointain » est un voyage temporel tissé de réalisme magique dans lequel se dégagent une rêverie poétique et un regard tendre sur le monde de l'enfance. L'auteur évite les écueils du sentimentalisme et du cliché. Son récit qui accorde beaucoup d'importance aux dessins est beau et touchant.

Je lis peu de bandes dessinées mais j'ai pris plaisir à cette parenthèse douce et mélancolique. Cela me donne envie de poursuivre mes incursions dans cette forme d'expression.
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Un zoo en hiver

De décembre 1966 à novembre 1968, nous suivons l'itinéraire du jeune Hamaguchi, jeune apprenti dans une usine de textile.

Son rêve: il commence à l'effleurer en intégrant l'équipe d'un célèbre mangaka. Mais le parcours créatif du jeune homme de dix-huit ans est bien compliqué: on lui fait faire des crayonnés, puis des paysages: petite main servile. Il passe des nuits entières à l'atelier quand l'équipe est charrette et qu'il faut rendre les planches dans des délais plus que serrés.

Ce roman graphique en noir et blanc a l'élégance et le charme de nos albums de photos argentiques.

Créer n'est pas aisé, surtout quand notre vie professionnelle est chronophage et qu'au-delà de tout cela on se sent jeune et inexpérimenté.

Jirô Taniguchi dépeint bien le parcours du combattant du jeune apprenti mangaka, avec bienveillance et sensibilité.

Les rencontres formatrices sont au cœur du processus de création et cela aussi est parfaitement mis en exergue dans ce magnifique roman graphique.

Un zoo en hiver ne vous laissera pas de glace et je suis sûre qu'il réveillera plus d'un cœur en hibernation!
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Furari

FURARI en japonais signifie : "au gré du vent" ...je suis toujours aussi envoûtée par les dessins de Jiro Taniguchi, et la prometteuse balade japonaise poétique qu'il nous propose, par des personnages traversés dans leur vie quotidienne par des petites "bulles d'émerveillement"... le voyage de la "zenitude" est toujours agréable ...croiser le regard d'une jolie femme, contempler les étoiles, un chat qui s'invite dans votre maison, rencontrer un poète et aimer les haïkus, une pêche de coquillages au bord de la plage..et voir des lucioles !



..le héros est retraité, il arpente les rues de sa ville en comptant toujours ses pas,..ancien géomètre ne pouvant s'empêcher de tout mesurer, son côté rêveur le rattrape toujours, lui permettant de voir la vie en savourant, d'apprécier en toute chose beauté et douceur..un regard d'enfant émerveillé...

C'est toujours aussi délicieux de se glisser dans ces magnifiques dessins en noir et blanc.. le temps s'arrête..temps suspendu gracile et poétique, et j'ai toujours du mal à refermer l'album...Furari..que la vie nous surprenne toujours !
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Un sandwich à Ginza

C'est à une promenade gourmande que nous convie la sociologue et reporter culinaire Yôko Hiramatsu. Dans les rues de Tokyo, Kyoto ou Osaka, elle nous invite à la suivre dans un izakaya caché au fond d'une ruelle, un temple bouddhiste, un restaurant d'entreprise ou encore une institution centenaire. En sa compagnie, nous découvrons toute la variété de la cuisine japonaise et ses saveurs méconnues : nabe de loches, pousses de lis, laitance de carpe, etc. Car à côté des bien connus sushis, sashimis et ramen, la cuisine japonaise est riche, variée et allie les plats les plus simples comme l'omelette au riz avec des préparations plus élaborées comme le pot-au-feu d'ours des Alpes japonaises. Cuisine ancestrale ou tendance, tous les mets se savourent avec attention, parfois même vénération. Mais si Yôko Hiramatsu se repaît de cuisine japonaise, elle est aussi ouverte aux expériences culinaires venues d'ailleurs. On peut ainsi la voir attablée à Ikebukuro dans une gargote chinoise, dégustant des cocons de vers à soie, ou encore sur un rooftop de Roppongi se désaltérant d'une bière belge. Et elle n'est pas seulement une insatiable gourmande. Elle s'intéresse aussi à l'histoire des restaurants qu'elle visite, à ceux qui les font vivre, qui perpétuent les traditions, qui transmettent les recettes ancestrales, mais aussi à ceux qui les fréquentent, jeunes branchés, salarymen, chauffeurs de taxi, vieux du quartiers, familles de sortie.

Cette déambulation gourmande est un vrai régal pour les papilles (du moins en imagination), un plaisir des yeux (grâce aux illustration de Jirô Taniguchi) et l'occasion de découvrir des mets inconnus et exotiques et le rapport particulier à la nourriture des japonais. La slow food érigée en art de vivre, le respect des produits et des saisons. Un livre qui ouvre les sens et l'appétit.
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Elle s'appelait Tomoji

A la campagne au Japon en 1920, une famille modeste heureuse et tranquille mène une vie simple et frugale au fil des saisons, le destin va en décider autrement. Monsieur Jiro Taniguchi a choisi cette fois une héroïne féminine, inspirée d'un vrai parcours d'une femme créatrice d'un temple bouddhiste de la région de Tokyo.



Voici une petite fille de trois ans, prénommée Tomoji, elle va être confronter très tôt au malheur : son père décède brusquement, sa mère l'abandonne avec son demi-frère, La grand- mère veillera sur elle....nous la regardons grandir, suivre des études de coutière, devenir une femme courageuse et puis viendra le temps du mariage...et le poids des traditions. Parallèlement, nous suivons la vie d'un jeune homme...qui croisera le chemin de Tomoji.



Cette histoire est sublimée par les dessins en noir et blanc épurés, d'une telle finesse ! les planches de couleur qui soulignent les "instants bonheurs" perdus, de cette famille. Les personnages sont touchants, emprunts de délicatesse et de valeurs comme le travail, le respect, il émane comme un "halo" d'amour protecteur permanent, une sollicitude pour les uns et les autres, la bienveillance sont les fils rouge de ce récit. Une vie toute en sobriété heureuse comme dit Pierre Rabhi...



J'ai beaucoup aimé ce portrait subtil et poétique de cette famille traversant des épreuves douloureuses dans une campagne pauvre et rurale, dictée par des traditions ancestrales.











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Sky Hawk

En 1869, une quarantaine de Japonais du Clan Aizu qui dans la guerre civile japonaise avaient pris le parti du shogun quittent Yokohama pour San Francisco... Ainsi finit L Histoire et ainsi démarre l'histoire : Jirô Taniguchi nous racontent les heurs et malheurs d'Hikosaburô et de Manzô deux samouraïs du Clan Aizu qui en portant assistance à la fugitive enceinte Running Deer se retrouvent de fils en aiguille à défendre une nouvelle cause perdue : celle des guerres indiennes ! Mais si dans la Guerre de Boshin* ils n'avaient fait qu'obéir aux ordres de leurs daïmios, dans les guerres indiennes c'est de leur propre chef qu'ils défendent la cause de la justice en combattant aux côtés des braves Peaux Rouges contre les perfides Visages Pâles. Rejetés avec mépris par les WASP persuadés d'être l'aboutissement de l'humanité mais accueillis à bras ouverts par la tribus des Oglalas qui ne se sont jamais posés ce genre de question, Hikosaburô et Manzô deviennent peu à peu Sky Hawk et Winds Wolf. Et la ploutocratie de Washington qui semble avoir de tout temps privilégié le business à l'humanité bafoue absolument toutes les traités signés** (sauf celui qui a été passé avec les Amérindiens Navajos : c'est un mystère total auquel même les historiens yankees n'ont aucune réponse à offrir) : d'humiliations caractérisée en crimes contre l'humanité (car les États-Unis d'Amérique n'ont jamais été rebuté par les pratiques génocidaires s'il y avait du pognon à se faire), la tension monte pour aboutir à un choc de civilisations voulu et organisé par des élites suprématistes. Lors de la Bataille de Little Big Horn Sky Hawk affronte en combat singulier sa Némésis Big Bear le champion crow collabo avant que le Général George Armstrong Custer et les siens ne se fassent bien justement massacrer jusqu'au dernier (pas de pitié pour ceux qui sans aucune pitié pitié sont devenus des criminels contre l'humanité !)... Ce n'est qu'un baroud d'honneur et le sort des Amérindiens est scellé, mais malgré tout la vie continue...



Jirô Taniguchi le plus européanisé des mangakas que les ignares et/ou suprématistes en matière d'art séquentiel qualifie de fabriquant à la chaîne de japoniaiseries (suivez mon regard ^^) nous offre avec Sky Hawk un western pro-indien d'un peu moins de 300 pages inspiré de "Little Big Man", "Jeremiah Johnson", "Un Homme nommé Cheval", "Danse avec les loups", "Le Dernier des Mohicans" et tutti quanti... L'ensemble est peut-être un peu manichéen voire un peu naïf mais on ne peut lui dénier son immense humanité ! Sur la forme on connaît les immenses qualités et les quelques limitations de l'artiste : c'est très beau et très soigné à tous les niveaux, mais le charadesign clonesque tire un peu l'ensemble vers le bas (dans une oeuvre « littérature blanche » avec moins de 5 personnages ça passe bien, mais dans une fresque épique ça se voit un peu hein ^^).



PS : les mêmes causes produisant les mêmes effets j'ai trouvé pas mal de similitudes avec la séquence western de la saga "Devilman" ^^





* le parti impérial a rallié tous les mécontents de l'ouverture et de la modernisation du Japon, mais après avoir vaincu ses ennemis il a trahi ses alliés avant de mettre en place une politique de modernisation forcée sans aucune ouverture dont la principale victime fut le peuple japonais... C'est donc tout à fait logiquement que le Japon accoucha d'un régime totalitaire et suprématiste dont les élites actuelles sont de plus en plus nostalgiques ! Monde de Merde



** Et dire qu'Emmanuel Macron le président des riches croit encore à l'image de toute une classe politique complètement has been que la France et l'Europe peuvent tirer quelque chose de positif d'un traité avec les Yankees... A ce niveau-là ce n'est plus de la bêtise, c'est de la trahison caractérisée voulue et organisée (c'est bien pour cela que leurs négociations se font à huis-clos sous le sceau du secret, car les peuples se font bien niquer avec la complicité des autorités qui touchent leurs trente deniers sur leurs comptes cachés !)... Monde de Merde
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Les Gardiens du Louvre

C’est à HundredDreams que je dois cette lecture, que je dois ce voyage chimérique et que je remercie vivement.

Ce sont cent rêves qui peuplent ce récit entre illusions et réalités, entre délires et fièvres.



C’est une promenade passe-murailles aux couleurs pastel dans le Louvre féerique où les gardiens bienveillants sont les âmes de nos émotions.

« Nous nous trouvons dans les limbes oniriques de votre imagination, c’est la que nous vivons nous autres. »



Je me suis laissé emporter dans cette promenade, j’ai rencontré Jean-Baptiste Camille Corot et ses paysages où « d’un mouvement lent et doux la lumière danse à travers les branches. »



Le temps d’une journée, j’ai marché dans les champs avec Vincent Van Gogh et sa mélancolie qui a su sublimer les formes et les couleurs avec tellement d’intensité.

La balade dans le « Jardin de Daubigny » a été également un pur enchantement.



La palette de Jiro Taniguchi est d’une telle délicatesse que je me complais dans les mêmes songes que le personnage principal du récit, lorsque qu’un cauchemar nous réveille avec fracas. Les planches deviennent sépia foncé de la guerre qui s’annonce. Nous devons à M. Jacques Jaujard l’évacuation des plus importants tableaux du Louvre en 1939. Cet épisode méconnu est bien abordé dans ce manga grand format.

Les nazis n’ont jamais pu nous dérober nos principaux chefs-d’œuvre.

Grace à cet homme la « Victoire de Samothrace » étend toujours ses ailes sur l’escalier principal du palais du Louvre.



« J’ai traversé les époques sans m’y arrêter » mais j’ai croisé des personnages qui m’ont tellement fait rêver et qui me font rêver encore à l’instar de ce jeune homme japonais qui déambule aussi dans sa vie et ses bulles.



Une BD comme il n’y en a pas AC.



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Quartier lointain, tome 1

C'est une toute petite erreur qui va changer le cours du destin de Hiroshi, en ce matin d'avril 1998. Ce salaryman de 48 ans, encore imbibé de tout l'alcool bu la veille lors d'un énième repas d'affaires, ne monte pas dans le train qui devait le ramener chez lui à Tokyo mais se retrouve dans celui qui file vers sa ville natale. Sur place, il passe par le cimetière pour se recueillir sur la tombe de sa mère quand il est pris d'un malaise. C'est à ce moment-là que tout bascule...Remis de son vertige, Hiroshi est revenu en 1963, au temps de ses 14 ans !



Retrouver l'énergie, l'insouciance de la jeunesse tout en profitant du savoir et de l'expérience de l'âge mûr, voilà la curieuse opportunité qui s'offre à Hiroshi. Et les émotions fortes se succèdent en lui : l'incompréhension de ce qui lui arrive, l'inquiétude pour sa femme et ses enfants qui l'attendent à Tokyo, la joie de revoir ses parents, sa petite soeur, sa grand-mère, la nostalgie de fréquenter à nouveau ses camarades de lycée, l'excitation de connaître le futur, l'angoisse de changer son avenir en modifiant son passé et par-dessus tout la possibilité de découvrir pourquoi son père a, un beau jour, quitté femme et enfant et, pourquoi pas, de l'en empêcher.

C'est tout l'enjeu de ce premier tome, tout reprendre à zéro, profiter d'une deuxième chance, changer ce qui d'habitude ne peut l'être...

Riche en émotions, poétique et parfois drôle, le texte est porté par des dessins magnifiques, détaillés, délicats et réalistes,de petites oeuvres d'art qui font voyager vers le Japon comme si on y était. Un coup de coeur absolu.
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Les Gardiens du Louvre

Les gardiens du Louvre, nouvel opus de la collection Louvre-Futuropolis, nous entraîne à nouveau dans une visite onirique du Musée du Louvre.

Mai 2013, un jeune japonais profitant d'un séjour en Europe décide de visiter Paris et ses musées, plus particulièrement le Louvre. Mais malade, il est contraint de garder la chambre au petit hôtel où il réside. A partir de cet instant, commence un voyage entre rêve et réalité dans l'histoire du plus grand musée de France. Ce voyage va lui permettre de rencontrer des personnages extraordinaires : les gardiens du Louvres, des esprits qui veillent sur le musée et ses œuvres. Ils vont lui permettre de connaître des épisodes de l'histoire du Louvres dont le grand déménagement des œuvres avant l'invasion allemande de la seconde guerre mondiale. Ces rêves lui permettront de croiser le chemin d'illustres peintres tel que Corot et Van Gogh.

Ce manga consacré au Louvre est une des plus belles réussites de cette série. Les dessins de Jirô Taniguchi touchent à la perfection avec des angles de vue uniques sur Paris et le musée du Louvre. Splendide !
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Elle s'appelait Tomoji

"Elle s'appelait Tomoji" est un très beau récit malgré la tristesse qui s'en dégage.

Le livre illustre la vie âpre dans le Japon rural du début du 20ème siècle, en même temps qu'il raconte la jeunesse de de Tomoji Uchida, connue pour avoir fondé un temple bouddhiste près de Tokyo. Un engagement spirituel qui peut s'expliquer par son parcours : les êtres chers qu'elle a perdus les uns après les autres dans son enfance, l'éducation que lui a donné sa grand-mère qui a également été un modèle de courage et de dévouement aux autres dans leur petit village, etc.

Mais encore plus que l'histoire émouvant de la jeune Tomoji, ce sont les dessins de Jirô Taniguchi qui m'ont plu. Les lignes épurées confèrent une véritable l'élégance à ses dessins, tant pour les personnages que pour les paysages montagneux qui servent de cadre au récit.

Un très joli moment de lecture...

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Les rêveries d'un gourmet solitaire

Un petit vent frisquet et le gourmet solitaire regrette de ne pas avoir pris de veste. Shizuoka n'est pas aussi douce qu'il le pensait. Pour se réchauffer, il mangerait bien quelque chose de chaud. Dans l'air, un parfum d'oden qui lui met l'eau à la bouche. Dans une ruelle, il aperçoit une gargote dans laquelle il pénètre. La chaleur ambiante lui fait du bien. Il commande de l'oden et du hanpen noir servi ici aux algues nori. Un mets qu'il ne connaît pas mais qu'il déguste délicatement... Première étape d'un voyage culinaire...



Masayuki Kusumi nous propose un voyage culinaire dépaysant à travers les villes de Shizuoka, Tokyo, Tottori et Paris. En compagnie du gourmet solitaire, l'on entre dans des gargotes et des petits restaurants de quartier. L'on déguste avec nos yeux les différents plats que cet homme, avide de nouvelles sensations et d'émotions culinaires, goûte. Que ce soit les nouilles chinoises froides, le chazuke, le su-râmen, une pizza, l'assiette frijoles coréenne ou encore un couscous. Tout en délicatesse, la simplicité des plats, l'ambiance de chaque petit restaurant, les émotions et le plaisir ressentis sont parfaitement décrits. Treize chapitres et autant de découvertes gustatives. Le dessin élégant et précis de Jirô Taniguchi est d'une grande douceur et prête à la rêverie. Un album qui se déguste à l'envi...
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