Frileuses
BLANCHEVOLE
Qu'un vol des chauves-souris
amasse aux mains de la morte
le muguet où noir fleurit
le vent qu'il fait sous ma porte
Si blanche d'effacer
les jours qui l'ont suivie
elle attend du passé
trois fleurs pour y bercer
ce qu'endormait la vie
Dans la nuit d'une voix
tout son amour l'appelle
et s'est brisé trois fois
sur une ombre plus belle
où ce qui vécut d'elle
en se taisant la voit
Est-ce un laurier-tourterelle
qu'on ait planté pour un roi
et qui fleuri sans lui plaire
rende sa flamme à la terre
où l'on l'embaume avec toi
Toute une nuit où te taire
les baisers les pariétaires
ne sont pas les fleurs d'ici
ferme tes yeux de souci
dans le bouquet de paupières
qu'achève aux mains de la terre
le vol des chauves-souris
Ne me dis rien du silence
que mon plus beau jour te doit
s'il a passé l'espérance
pour être seul avec toi
Qu'il fit froid ce mai dimanche
attelé d'un cheval noir
qui tirait le lit de planches
où tu tendais pour me voir
le bouquet de tes mains blanches.
ENVOI
Puisse en l'attente qu'il endure
Mon cœur las de vivre à demi
Mourir d'entendre le murmure
Qui tient ce qu'il aime endormi
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