Citations de Jo Walton (221)
(...) J’ai ma canne et mon regard furibond, et j’ai commencé à leur raconter des histoires de fantômes après l’extinction des feux. Qu’elles me craignent, du moment qu’elles me laissent tranquille. Qu’elles me détestent, du moment
qu’elles me craignent. C’est une bonne stratégie dans une pension,(...).
Nous pensions vivre dans un paysage de fantasy alors qu'en fait nous vivions dans un décor de science-fiction.
Les filles qui ont de petits amis locaux disent qu’il n’y a rien de sérieux entre eux, et les autres ont ce qu’elles appellent des petits amis sérieux chez elles. Ce qu’elles veulent dire par « sérieux » c’est simplement ce que Jane Austen aurait qualifié de « bon parti », un garçon du même milieu que l’on peut épouser.
"L’univers diminue, peu à peu, c’est ainsi.
Les souvenirs qu’on perd
Les couleurs qui se fanent,
On ne les choisit pas
Par définition, le regret vient trop tard
Dis ce que tu veux dire. Témoigne."
John M. FORD
Profondément émue, elle ne chercha pas à retenir ses larmes. Il n’y avait personne, seulement la mer et les oiseaux. Elle se sentait privilégiée. On venait de lui faire un merveilleux cadeau.
Les hommes pouvaient se contenter de ce qu’ils avaient déjà, alors que les femmes apprenaient dès leur plus jeune âge à rester en retrait. Elle aussi, elle avait appris ça. Résultat : contrairement aux hommes, les femmes avaient besoin d’un petit coup de pouce pour prendre des décisions.
Cette feuille de soins, on aurait dit un bulletin scolaire, avec ses petites cases et ses catégories bien définies qui ne permettaient pas d’exprimer la complexité de chaque situation.
"Le prêt entre bibliothèques est une des merveilles du monde et une gloire de la civilisation. Les bibliothèques sont vraiment géniales. Mieux même que les librairies. Parce que les librairies font des bénéfices en vous vendant des livres, alors que les bibliothèques attendent tranquillement de vous prêter des livres par pure bonté d'âme".
Si vous aimez suffisamment les livres, les livres vous aimeront en retour.
– As-tu réfléchi à ce que cela voudra dire de t’appeler Mrs Kahn ? Nous portons un nom que nous n’avons personnellement rien fait pour mériter, mais nous l’avons hérité de nos ancêtres qui, eux, l’ont mérité. C’est un nom qui ouvre bien des portes. Tu envisages d’y renoncer pour devenir Mrs Kahn…
– Ce nom veut dire que les ancêtres de David étaient prêtres en Israël à l’époque où les nôtres se barbouillaient de bleu de guede, avais-je répondu, citant, probablement de travers, Disraeli.
Cette affaire est comme une grosse pelote de laine avec des bouts qui dépassent de partout. Je sens que si nous tirons sur le bon, tout se démêlera d’un coup.
L’hypocrisie anglaise, avait dit une fois David après trois bouteilles de vin, peut être merveilleuse. Des gens qui vous haïssent et vous considèrent comme un moins que rien, et qui en Allemagne vous enfermeraient dans un camp de travail forcé ou vous tueraient, se donnent la peine de faire semblant de ne pas être vraiment insultant.
Il avait l’air plutôt sinistre dans le miroir, aussi me suis-je retournée pour voir s’il l’était un peu moins à l’endroit. J’avais gardé les mains levées, car j’avais enfin presque réussi à arranger mes cheveux. « Elle a été outrée de me voir me servir un cocktail, alors elle a déclaré qu’elle allait le signaler à ta mère et lui conseiller de me renvoyer, a-t-il dit avec un sourire laissant entendre qu’il ne trouvait pas ça le moins du monde amusant. Je suppose que je ressemble pas mal à un serveur dans cette tenue.
Angela Thirkie est une vraie niguedouille. Tout le monde en rit depuis des années. » C’était parfaitement exact, mais cela n’a rien arrangé, parce que David ne se moquait pas d’elle depuis des années, pour la bonne raison qu’il ne me connaissait pas depuis si longtemps, ce n’était donc qu’un détail de plus soulignant ce qui nous séparait, lui et moi, juste au moment où la stupidité d’Angela venait de lui envoyer cette différence à la figure.
Ce roman est dédié à tous ceux qui se sont un jour penchés sur une monstruosité de l’Histoire avec la tranquille satisfaction d’être horrifiés tout en sachant exactement ce qui allait arriver, un peu comme si, après avoir examiné un dragon sur la table de dissection, ils se retournaient pour découvrir dans leur dos ses descendants, bien vivants et prêts à mordre.
Ils ne savent pas leurs vrais noms, ni qui étaient leurs parents, ni même s'ils sont vraiment juifs, et ils ne le sauront jamais maintenant que les gens qui les cachaient ont été jetés dans des camps. Nadine n'avait que quatre ans et Paul était un nourrisson. Il sera de votre responsabilité de leur apprendre qui ils sont maintenant, parce qu'ils ne sauront jamais qui ils étaient avant.
Je n'étais pas son lapin, ni celui de personne. Je ne l'étais plus depuis des années, mais c'est à ce moment-là que je m'en aperçus, et je me sentis transformée. Père pouvait sombrer dans le meurtre et le fascisme, mais je m'y refusais catégoriquement, pour moi et pour l'avenir. Je pensais comme lui, autrefois, vivant parmi les fleurs dans un petit jardin entouré de champs de purin. Je ne pouvais désormais plus fermer les yeux sur le fait que, pour préserver mon jardin de fleurs, il fallait pousser les autres dans le purin.
Nous n’avons qu’une seule planète habitable, elle est tellement fragile, et nous continuons à la foutre en l’air.
— Je tombe souvent, répliqua Bee. Je préfère tomber plutôt que laisser tomber.
— Nous devons gagner notre liberté, comme les esclaves avant nous, répliqua Sylvia.
— Mais de quoi devons-nous nous libérer ?
— Des salaires trop bas, des enfants, de la cuisine, des exigences de nos maris