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Citations de Joachim Du Bellay (185)


Si je n’ai plus la faveur de la Muse,
Et si mes vers se trouvent imparfaits,
Le lieu, le temps, l’âge où je les ai faits,
Et mes ennuis leur serviront d’excuse.
J’étais à Rome au milieu de la guerre,
Sortant déjà de l’âge plus dispos,
A mes travaux cherchant quelque repos,
Non pour louange ou pour faveur acquerre.
Ainsi voit-on celui qui sur la plaine
Pique le bœuf, ou travaille au rampart,
Se réjouir, et d’un vers fait sans art
S’évertuer au travail de sa peine.

-A Monsieur d'Avanson-
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(Les Regrets)

IX

France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
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Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
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Quelqu'un dira : De quoi servent ces plaintes ?
Comme de l'arbre on voit naître le fruit,
Ainsi les fruits que la douleur produit
Sont les soupirs et les larmes non feintes.
De quelque mal un chacun se lamente,
Mais les moyens de plaindre sont divers :
J'ai, quant à moi, choisi celui des vers
Pour désaigrir l'ennui qui me tourmente.
Et c'est pourquoi d'une douce satire
Entremêlant les épines aux fleurs,
Pour ne fâcher le monde de mes pleurs,
J'apprête ici le plus souvent à rire.
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Si les vers ont été l'abus de ma jeunesse,
Les vers seront l'appui de ma vieillesse,
S'ils furent ma folie, ils seront ma raison,
S'ils furent ma blessure, ils seront mon Achille,
S'ils furent mon venin, le scorpion utile,
Qui sera de mon mal la seule guérison.
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Ne craignez plus ces oies criardes, ce fier Manlie, et ce traître Camille, qui, sous ombre de bonne foi, vous surprennent tous nus comptant la rançon du Capitole. Donnez en cette Grèce menteresse, et y semez encore un coup la fameuse nation des Gallogrecs. Pillez-moi, sans conscience, les sacrés trésors de ce temple Delphique, ainsi que vous avez fait autrefois : et ne craignez plus ce muet Apollon, ses faux oracles, ni ses flèches rebouchées. Vous souvienne de votre ancienne Marseille, seconde Athènes, et de votre Hercule gallique, tirant les peuples après lui par leurs oreilles, avec une chaîne attachée à sa langue.
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[...] les faits des autres nations, singulièrement des Gaulois, avant qu’ils tombassent en la puissance des Français, et les faits des Français mêmes depuis qu’ils ont donné leur nom aux Gaules, ont été si mal recueillis, que nous en avons quasi perdu non seulement la gloire, mais la mémoire.
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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son aage !

Quand reverray-je, helas, de mon petit village
Fumer la cheminee, et en quelle saison
Reverray-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage ?

Plus me plaist le sejour qu’ont basty mes ayeux,
Que des palais Romains le front audacieux ;
Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine,

Plus mon Loyre Gaulois, que le Tibre Latin,
Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur Angevine.

-SONNET 31-
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 « Ce petite livre que nous t’offrons aujourd’hui, lecteur, sa saveur est à la fois celle du fiel et du miel, au sel mêlés. S’il doit être agréable à ton palais, viens ici en convive : le repas a été préparé pour toi. S’il te déplaît, éloigne-toi, je te prie : c’est que le repas ne t’était pas destiné. »

-Ad lectorem-
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(Les Regrets)

IV

Je ne veulx feuilleter les exemplaires Grecs,
Je ne veulx retracer les beaux traicts d'un Horace,
Et moins veulx-je imiter d'un Petrarque la grace,
Ou la voix d'un Ronsard, pour chanter mes regrets.

Ceulx qui sont de Phoebus vrais poëtes sacrez,
Animeront leurs vers d'une plus grand' audace :
Moy, qui suis agité d'une fureur plus basse,
Je n'entre si avant en si profonds secretz.

Je me contenteray de simplement escrire
Ce que la passion seulement me fait dire,
Sans rechercher ailleurs plus graves arguments.

Aussi n'ay-je entrepris d'imiter en ce livre
Ceulx qui par leurs escripts se vantent de revivre,
Et se tirer tous vifs dehors des monuments.
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(Les Antiquitez de Rome)

III

Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'apperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcz que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.

Voy quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mist le monde sous ses loix,
Pour donter tout, se donta quelquefois,
Et devint proye au temps, qui tout consomme.

Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tybre seul, qui vers la mer s'enfuit,

Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps destruit,
Et ce qui fuit, au temps fait resistence.
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Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché,
Qui pour son ornement quelques trophée porte
Lever encore au ciel sa vieille tête morte,
Dont le pied fermement n'est en terre fiché,

Mais qui dessus le champ plus qu'à demi penché
Montre ses bras tout nus et sa racine torte,
Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte
Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranlé :

Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine,
Et maint jeune à l'entour ait ferme la racine,
Du dévot populaire être seul révéré :

Qui tel chêne a pu voir, qu'il imagine encore
Comme entre les cités, qui plus florissent ores,
Ce vieil honneur poudreux est le plus honoré

Les Antiquités de Rome
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Joachim Du Bellay
Si notre vie est moins qu'une journée
En l'éternel, si l'an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu mon âme empoisonnée ?
(...)
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Paris est en sçavoir une Grece feconde,
Une Rome en grandeur Paris on peult nommer,
Une Asie en richesse on peult estimer,
En rares nouveautez une Afrique seconde. (CXXXVIII)
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Espérez-vous que la postérité
Doive, mes vers, pour tout jamais vous lire ?
Espérez-vous que l’oeuvre d’une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?

Si sous le ciel fût quelque éternité,
Les monuments que je vous ai fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.

Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu’Apollon m’a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne dérobe,

Vanter te peux, quelque bas que tu sois,
D’avoir chanté, le premier des François,
L’antique honneur du peuple à longue robe.
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Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux,
Je n’écris de beauté, n’ayant belle maîtresse,
Je n’écris de douceur, n’éprouvant que rudesse,
Je n’écris de plaisir, me trouvant douloureux :

Je n’écris de bonheur, me trouvant malheureux,
Je n’écris de faveur, ne voyant ma princesse,
Je n’écris de trésor, n’ayant point de richesse,
Je n’écris de santé, me trouvant langoureux :

Poème 79
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Je me plains à mes vers si j'ai quelque regret,
Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,
Comme étant de mon cœur les plus sûrs secrétaires.
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Le sage nocher craint la faveur de Neptune,
Sachant que le beau temps longtemps ne peut durer :
Et ne vaut-il pas mieux quelque orage endurer,
Que d’avoir toujours peur de la mer importune ?

Par la bonne fortune on se trouve abusé,
Par la fortune adverse on devient plus rusé :
L’une éteint la vertu, l’autre la fait paraître :

L’une trompe nos yeux d’un visage menteur,
L’autre nous fait l’ami connaître du flatteur,
Et si nous fait encore à nous-mêmes connaître.
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Les Regrets, XC (extrait)

Ne pense pas (Bouju) que les Nymphes Latines
Pour couvrir leur traison d'une humble privauté,
Ny pour masquer leur teint d'une faulse beauté,
Me facent oublier noz Nymphes Angevines.
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Las, où est maintenant ce mespris de Fortune ?
Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,
Cest honneste desir de l’immortalité.
Et ceste honneste flamme au peuple non commune ?

Où sont ces doux plaisirs, qu’au soir sous la nuict brune
Les Muses me donnoyent, alors qu’en liberté
Dessus le vert tapy d’un rivage escarté
Je les menois danser aux rayons de la Lune ?


Maintenant la fortune est maistresse de moy,
Et mon cœur qui souloit estre maistre de soy,
Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient.

De la posterité je n’ay plus de souci,
Ceste divine ardeur, je ne l’ay plus aussi,
Et les Muses de moy, comme estranges, s’enfuyent.
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