Je me demande où Sarah se trouverait en ce moment. Sans doute en train de marcher discrètement dans la pièce, essayant de se préparer sans me réveiller. Ses pieds effleuraient les lattes du parquet, ils caressaient le sol sans fausse note. Je me demande, mais je sais que Sarah est partout. Sarah. J'aime murmurer son nom, j'aime la murer dans mes pensées pour empêcher l'oubli d'effectuer ses rondes. J'enroule ma femme dans nos tapis, dans nos rideaux, je démembre son image pour qu'aucun nazi ne puisse la rafler tout entière. Je remplace les abat-jour par ses prunelles bleutées, les oreillers par ses mains accueillantes.