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Critiques de Joanne Harris (218)
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Chocolat

"Je crois qu'être heureux est la seule chose qui compte."

Une sorcière? Une sorcière à Lansquenet? Dans notre petit village du Périgord ?

"Tout le monde a besoin d'un petit luxe, d'un petit plaisir de temps en temps".



Quel est ce vent coquin, ce "vent de carnaval", qui poussa Vianne à ouvrir une Chocolaterie artisanale, "La Céleste praline".

Une étrangère d'accord, mais une sorcière?

Elle vend des "rêves, d'exquises tentations", dans sa boutique...



Cette "Céleste praline" embaume le sucre, le chocolat, et la tentation. " Les parfums mêlées du chocolat, de la vanille, et de la cannelle sont enivrantes."...

Un véritable pêché pour beaucoup dont le curé, qui est mortifié par son attirance pour les douceurs exposées (et sans doute aussi par Vianne, si douce et si tentante... ) Une femme libre, sans mari, et qui ne va pas à la messe!



Vianne qui sait deviner, d'un regard, quelle est la friandise à laquelle va succomber chacun de ses clients? Sa mère savait les philtres et les potions, Vianne sait mélanger les saveurs et les parfums...



Vianne va réveiller ce petit village, où les rumeurs vont bon train. Elle et sa fille ne sont que des intruses, aux yeux de Monsieur le maire...



Après Vianne et ses mystères, voilà des gitans, des romanichels, des vagabonds au bord du fleuve. le curé veut protéger ses ouailles, contre ces créatures qui aiment tellement la Vie...

C'est Pâques et le carême...

Alors, ces Violettes en sucre, ces Pralines, ces "Tétons de Venus" exposés en vitrine...



"Le Bonheur! Aussi simple qu'un verre de chocolat. Ou aussi tortueux que le coeur. Amer, doux, vivant".

Armande a succombé, au chocolat "aphrodisiaque". Guillaume gâte son petit chien, sans réfléchir, et puis il y a Joséphine...
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Quel merveilleux roman! De Joanne Harris je connaissais la trilogie Chocolat (je n'ai lu que les deux premiers tomes) qui m'avait moyennement plu mais ce roman m'a réconcilié avec l'auteure!

Elle arrive à nous transmettre une histoire grave et triste (avec des thèmes comme la guerre, l'occupation, la collaboration, la drogue...) sur un fond plus léger. En effet la narratrice, Framboise aujourd'hui grand mère se souvient de son enfance et les souvenirs qu'elle nous raconte remonte à ses neuf ans. On y découvre alors dans sa bouche la naïveté et l'insouciance enfantine malgré toutes les choses graves qui se passent autour d'elle.

L'intrigue est bien menée car il faut attendre les dernières pages pour y apprendre les secrets et les non-dits qui hantent nos personnages.

Enfin l'évocation des la cuisine et des recettes m'ont fait saliver. Une très belle découverte!
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Des pêches pour Monsieur le Curé

Quand la tradition s'ouvre à la différence.

Ou comment un petit village fait face à l'immigration.



Vianne Rocher vit tranquille avec Roux sur une péniche à Paris. Elle confectionne toujours ses savoureux chocolats personnalisés et regarde grandir ses filles. La lettre d'une ancienne amie, Armande, à présent décédée, lui arrive par surprise et l'invite à revenir dans ce petit village du sud-ouest où elles se sont connues.



Le vent avait mené Vianne à Lansquenet au moment du carême et elle avait ouvert une chocolaterie qui avait suscité beaucoup de remous parmi les villageois. Cette fois, le vent la ramène au village où de nombreux Maghrébins se sont installés dans le quartier désaffecté des Marauds le long de la rivière. Ils vivent le ramadan.



Alors que les relations étaient cordiales entre les communautés, que les jeunes portaient les mêmes tenues et jouaient ensemble sur la place, les choses ont changé depuis l'arrivée d'une femmes en niqab. Elle dérange tout le monde, ne parle à personne, garde une petite fille tout aussi silencieuse dans son sillage et installe une école dans l'ancienne chocolaterie de Vianne.



Une mosquée prend forme au grand dam du curé Reynaud qui est accusé d'avoir mis le feu à l'école et qui est aussitôt licencié de sa charge religieuse au profit d'un abbé plus tolérant et plus moderne.



Vianne débarque donc dans un été vibrant de chaleur et de tensions. Elle y retrouve ses anciens amis et aussi le curé qui l'avait si mal accueillie huit ans plus tôt. Désormais, les jeunes filles portent le voile, ne se mélangent plus aux villageois, les jeunes gens fréquentent une salle de gym aménagée par l'accompagnateur de la femme mystérieuse dont l'influence grandit rapidement, et l'agressivité est latente. Une jeune fille tente de se noyer, le doyen des Marauds est décrié par les jeunes



Les fruits du vieux pêcher d'Armande servent de médiateurs : offerts juteux à souhait par-ci, en tarte ou en confiture par-là, même le curé y a droit. De tous, c'est celui qui remet le plus ses idées en question, qui tente de faire la part des choses avec lucidité et honnêteté, et qui est aussi le plus malmené.



La fin du Ramadan s'accompagne d'un drame qui permettra à chacun de revoir ses repères.



Beau roman dense de Joanne Harris, aux personnalités et aux événements très contemporains, porté par l'énergie d'une Vianne qui essaie de comprendre, d'arrondir les angles et de communiquer chaleur et joie de vivre ensemble.



Chocolat et pêches sont d'excellents catalyseurs mais suffiront-ils à apaiser les conflits ?

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Les Cinq Quartiers de l'orange

Histoire de cuisine et de secrets de famille datant de l’occupation durant la Seconde Guerre mondiale.



Une femme, Framboise, est revenue s’installer incognito dans son village natal où ont eu lieu des événements qu’il vaut mieux taire. Elle revient sur son enfance dans les années de guerre, avec un père mort au combat et une mère aux prises avec des crises de migraine psychotique. Cette mère gagne la vie de la famille avec sa cuisine, elle a même donné des noms de fruits à ses enfants : Cassis, Reine-Claude et Framboise. À son tour, Framboise a nommé ses filles Noisette et Pistache…



Un roman qui sent parfois les oranges, mais aussi de délicieuses odeurs de ragoût ou de confiture.



Une histoire qui raconte à la fois les naïvetés de l’enfance et les corruptions du marché noir pendant l’occupation allemande.



Une livre qui parle de la famille, des difficultés de communication et de l’amour qui reste, même s’il vaut parfois mieux ne pas trop ressembler à sa mère.

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Dors, petite soeur

Glauque, glauque, glauque. Ce roman gothique ne faillit pas à la réputation. Joanne Harris ne m’avait pas habituée à cela, et à vrai dire, j’ai aimé me plonger dans cette atmosphère morbide. Mais après plusieurs jours de lecture morbide, je suis contente d’avoir terminé.



Cimetière, maison close où il se passe des choses étranges, drogues (laudanum, chloral) provoquant un état hypnotique, rêves récurrents hantés par des ombres, petites jeunes filles abusées, meurtres…



Le roman est narré par 4 voix, dont une qui est quand même très claire car il s’agit du jouisseur invétéré, coureur de femmes, ne pensant qu’à l’argent, l’alcool et le sexe. Je dirais que c’est le plus sensé…Ca vous donne donc le ton du roman !

Une autre voix, c’est celle du pasteur-artiste peintre, obsédé par la pureté, et s’étant marié avec une femme beaucoup plus jeune que lui ayant à peine quitté l’enfance. Je ne vous dis pas comment il la traite, de la privation de ses romans à celle des promenades, en la droguant et en ne la nourrissant que de nourriture légère, genre bouillon, crème et autres.

Ce pasteur a un lourd passé qui lui obstrue le cœur et le cerveau, c’est le moins qu’on puisse dire…

La troisième voix est celle de la malheureuse petite jeune fille mariée à cet ignoble individu, qui essaie tant bien que mal de sortir des brumes de la drogue.

Et la dernière est celle d’une tenancière de maison close à qui il est arrivé une histoire effroyable et dont elle veut se venger.



Bref, à travers leurs heurs et malheurs, j’ai suivi – ou essayé de suivre, tellement le rêve et la réalité sont inextricablement mêlés – cette histoire dans une Londres fantomatique, à l’époque des préraphaélites, donc pendant le Romantisme anglais (2e moitié du 19e siècle).



Le rêve, ou plutôt le cauchemar, côtoie le symbolisme, et si j’étais experte en psychiatrie, je m’empresserais d’analyser ce roman troublant où la figure de la Mère et celle des chats ont un rôle prédominant.



Si vous avez envie de vous divertir, surtout n’entrez pas dans cette Maison où dorment des êtres angoissants prêts à se réveiller !

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Les Cinq Quartiers de l'orange

J'ai lu plusieurs romans de cette auteure, mon préféré restant" Vin de bohème", mais celui-ci m'a bien plu aussi.



On y retrouve, comme souvent chez Joanne Harris, des personnages à part, une famille farfelue , qui va vivre des moments douloureux, durant la période trouble de la seconde guerre mondiale. Cet aspect historique, avec toute l'ambiguïté du comportement des uns et des autres, est bien rendu.



La narratrice est la plus jeune de la famille, Framboise ( oui, comme d'autres lecteurs, je déplore tous ces prénoms ridicules, son frère s'appelle par exemple Cassis et sa mère Mirabelle...), à la personnalité très forte, déjà enfant. On oscille entre deux âges, 9 ans puis 60 ans, après son retour dans le village où les événements se sont passés, et où les habitants ne la reconnaissent pas. Du moins, elle l'espère...



Les sentiments sont intenses, les révélations ne se feront qu'à la fin. On suit les confidences de Framboise, ses interrogations quant aux secrets du passé,en se laissant dériver au gré des méandres d'une Loire mystérieuse, et en humant avec envie les effluves des recettes de fruits laissées par sa mère...



Un moment de lecture gourmand et émouvant.
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Chocolat

Dans un petit village à Lansquenet, tout le monde connait tout le monde. Rien ne peut échapper à la vigilance des villageois, personne ne peut échapper à leur prise de café c'est-à-dire la mise à la barre de leurs commérages. C'est ça qui est intéressant dans ce livre Il nous fait vivre une vie quotidienne stagné dont la routine quelque peu passive contraint les villageois à adopter certains comportements insensés mais semble-t-on voter à l'unanimité. Ils ont des égards envers les inconnus surtout s'ils ne présentent pas les mêmes caractères qu'eux.



C'est alors que l'arrivée de Vianne Rocher et de sa fille Anouk, qui décident de s'installer dans ce village, entraîne un vent de bouleversement dans cette vie apparemment paisible de ce petit monde.

Un petit monde où seul Mr Reynaud est le seul maître du jeu. Seules ses paroles méritent obéissance...



Vianne entreprend d'ouvrir une chocolaterie, elle place sa petite entreprise en face de l'église, c'est le plus grand blasphème! Pire elle fête l'ouverture de sa boutique le jour du carême. Les yeux des villageois se pointent sur Vianne et tous ses prétendus vices ou défauts alimentent la ronde des conversations. Incités par Mr Renaud, les villageois plongés dans une totale ignorance, trouvent en cette femme une espèce de sortilège ayant pour mission d'entraîner le village dans le péché.



D'ailleurs Vianne n'est pas mariée, elle ne va pas à l'église... Elle n'a rien d'une femme soumise, elle est simplement un démon. Mais Vianne ne cède en rien aux critiques des villageois, bien au contraire sa douceur fera souffler un nouveau vent dans le village.

Une chose que j'ai retenu dans ce livre est ''au foyer des débats, la vérité est souvent ailleurs''.



Une bonne illustration de la vie paysanne où les hommes ne sont que des moutons de Panurge

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Les Cinq Quartiers de l'orange

Comme son titre l'indique, vous entendrez parler d'oranges dans ce roman mais pas que. D'autres fruits, d'autres légumes et beaucoup d'autres saveurs vous y attendent également, la cuisine du terroir occupant une place d'honneur dans la narration.



Les cinq quartiers de l'orange font référence aux cinq chapitres d'un récit qui offre autant de parts d'ombre que de parts de lumière. Framboise est une femme de soixante-cinq ans qui se souvient. En feuilletant les pages du vieux cahier de sa mère décédée - mi-journal, mi-livre de recettes -, c'est son enfance pendant l'Occupation qui lui saute au visage. Framboise se souvient de sa mère, Mirabelle, veuve dure qui cachait ses sentiments ; elle se rappelle aussi comment, avec son frère et sa soeur aînés, elle a "ingénument" collaboré avec les Allemands, fournissant des renseignements sur les habitants de leur village contre quelques barres de chocolat et une canne à pêche ; elle se remémore enfin les bouleversements que ne manquent pas de provoquer la haine, la peur et le manque d'amour.



Si ce roman est très touchant et nous prend facilement dans ses filets, je n'ai pas été complètement séduite. La faute en incombe à des détails : style parfois confus, prénoms de fruits un peu ridicules (de mon point de vue) donnés à tous les personnages de la famille... mais comme il ne faut pas laisser les détails gâcher l'essentiel, je peux dire qu'au global cette lecture reste une découverte tout à fait plaisante. En parallèle de l'émotion qu'elle suscite (comme c'est presque toujours le cas dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale), cette lecture se fait aussi dure et âpre. Aux violences de la guerre s'ajoutent celles des blessures de l'enfance, et l'on sait bien que le temps parvient rarement à cautériser complètement les unes comme les autres.





Challenge Petit Bac 2016 - 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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Chocolat

C'était une bonne idée de relire Chocolat car je me suis rendue compte que mes souvenirs étaient un peu flous, plus proches de l'histoire du film que de ce qui se passe dans le roman. Le dénouement n'étant pas tout à fait le même, j'aurais été tout à fait déboussolée en commençant à lire Le Rocher de Montmartre.



Par contre j'ai retrouvé l'écriture optimiste de Joanne Harris ainsi que l'atmosphère agréablement désuète dont je me rappelais bien. J'ai passé un très bon moment à Lansquenet sous Tannes et j'espère qu'il en sera de même pour la suite des aventures de Vianne Rocher et de sa fille Anouk.
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Chocolat

Petite gâterie, une lecture qui provoque l’envie de dévorer quelques douceurs…



Un village trop tranquille où une jeune femme décide d’installer son commerce de friandises, sur la place de l’église, juste en face du presbytère. Le curé ne sera pas heureux que cette femme trop libre détourne ses fidèles de leurs dévotions. Et toutes ces personnes cachent peut-être des secrets inavouables…



Les protagonistes sont pour le moins caricaturaux, des gens beaux, braves et gentils et des hommes noirs et méchants prêts à tout pour préserver leur monde étroit.

On pourrait aussi qualifier l’intrique d’anticléricale, car dans le combat qui se livre ici entre le bien et le mal, le bien est du côté du sucre et le mal du côté des hommes d’Église.



Un roman de bons sentiments, qui fera saliver les amateurs de chocolats qui se délecteront des descriptions dithyrambiques de bouchées de rêves… (qui ne font pas grossir si on se contente de les lire!)



Bon appétit!

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Chocolat

Miam miam !! J’en veux encore…



Lansquenet-sur-Tabbes est un village du sud-ouest de la France. Les habitants y mènent une vie tranquille, un peu somnolente, et se délectent des commérages.



L'arrivée de Vianne Rocher va susciter un émoi considérable. C'est une jeune femme trop libre, trop drôle et trop mystérieuse pour plaire au curé du village. D'autant qu'elle s'avise d'ouvrir une confiserie, juste en face de l'église, la vielle du Carême. C'est pire qu'un péché. Doit-on y voir la main du diable ? En tout cas, la guerre est déclarée. Deux camps s'affrontent : les partisans des promesses célestes et ceux des délices terrestres. Le drame, à la fois violent et burlesque, éclatera à Pâques, date choisie par Vianne pour son grand festival du chocolat.



Ce roman porte sur des problématiques pourtant toujours actuelles telles que la discrimination, les stéréotypes, l'intolérance, le manque de communication, ou la misère humaine. De nombreux thèmes sont d’ailleurs abordés dans l'histoire, comme le conflit sédentaire/nomade, le fanatisme opportuniste de quelques religieux pratiquants, les malentendus intergénérationnels, l'alcool et les femmes battues. Toutefois il ne faut pas s'y tromper, le ton est résolument optimiste, souvent drôle et chacun des thèmes trouve son opposé dans le bonheur, la joie de tous les instants, l'entraide, ou l'amour tout simplement. Ça peut paraître gnangnan au premier abord, mais ça ne l'est pas et on termine agréablement surpris par cette histoire qui ne paye pas de mine dans son packaging de départ, mais qui au final est une grande réussite.



Délices des sens pour damner le pion aux rigidités sociétales, la vie gagne, et le vent, tout puissant. Langue délicieuse, délectable, qui fait saliver. . À lire pour s'ouvrir un peu l'esprit et passer un très bon moment car du début à la fin ce roman est une merveille, de beauté, de bonté, d'ouverture, d'émotion...



A déguster sans modération !

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Chocolat

Vianne et sa petite fille Anouk s’installent à Lansquenet, village du sud-ouest de la France. Immédiatement, les langues vont bon train, car Vianne ouvre une chocolaterie juste en face de l’église, le premier jour du carême. Pour Francis Reynaud, le curé de Lansquenet, il s’agit d’une attaque aux mœurs et au sens sacré du carême. Il va tout faire pour combattre l’influence sucrée de Vianne sur le village et tenter de garder les habitants sous son contrôle. Et pour gagner son combat, il est prêt à tout, même au pire, au nom d’une foi qui confine au fanatisme. Mais Vianne sait se défendre et lutter contre l’autorité délétère du prêtre et de ses cohortes de grenouilles de bénitier. Sans être anticléricale, son athéisme est franc et simple. « Je ne crois pas que ce col blanc vous donne l’exclusivité de l’accès au Divin. » (p. 284) Et dans la boutique La céleste praline, on croise une vieille femme un peu folle, un célibataire et son chien, une cleptomane et des gitans. Un joyeux monde qui se moque d’appartenir à la sacro-sainte communauté qui reste fermée aux étrangers, aux marginaux et aux originaux.



On sent planer le fantôme de la mère de Vianne avec un passé vagabond et lourd à porter. Vianne aurait-elle des secrets ? N’est-elle pas un peu sorcière, elle qui devine les friandises préférées de chacun et qui peut voir au-delà des choses ? Vianne donne avec générosité et sans arrière-pensée, car elle sait que tout garder ne rend pas plus riche. « Tout le monde a besoin d’un petit luxe, d’un petit plaisir de temps en temps. » (p. 58) Pourquoi bouder le plaisir ? Un chocolat, une praline, un caramel, ce sont des vices bien innocents quand ils sont consommés avec le cœur, sans gloutonnerie. Du plaisir simple au plaisir défendu, il y a un pas que seules les âmes torturées et vicieuses comme celle de Reynaud peuvent franchir.



Ma première lecture de ce roman date de bien longtemps et j’en gardais un bon souvenir, mais j’avais oublié la complexité des personnages. Cette histoire est loin d’être innocente ou mièvre et j’ai pris plaisir à retrouver l’atmosphère gourmande et lourde de senteurs de la boutique de Vianne. Par ces temps de canicule, le roman de Joanne Harris ne fond pas dans la main, mais sous les yeux. Je ne sais pas si je reverrai le film avec Juliette Binoche et Johnny Depp : cette adaptation m’avait paru assez niaise.

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Les Cinq Quartiers de l'orange

Belle découverte que ce roman dense qui offre un angle de vue original sur les temps troublés de l’occupation, et m’aura collée deux après-midi entières dans mon fauteuil.

Années 90, petit village près d’Angers. Framboise (on passera sur ce détail énervant du livre où tous les personnages sont affublés de ridicules noms de fruits) revient incognito prendre possession de la ferme familiale, cinquante ans après le drame qui en a chassé sa famille, sa mère ayant été accusée de collaboration et d’être responsable de l’exécution par les Allemands de onze habitants du village, en représailles de la mort d’un des leurs. Incognito car bien que le temps ait passé les secrets de la guerre restent lourds, et Framboise a des comptes à régler avec sa propre histoire.

Les allers-retours se multiplient entre son passé d’enfant de neuf ans au sein d’une fratrie sauvageonne et élevée à la dure par une mère sèche et à demi-folle, et son présent de femme mûre, combative et acharnée à faire revivre la cuisine incomparable de cette mère détestée, dont le seul legs qu’elle lui aura laissé est son livre de recettes, agrémentées de mystérieuses notes dont Framboise va peu à peu percer le secret.

Allers-retours dans lesquels on découvre que l’occupant n’est pas dénué de séduction, qu’enfance n’est pas nécessairement innocence, que les temps d’adversité de la guerre et l’occupation sont plus propices que d’autres aux manifestations les plus viles.

Malgré quelques longueurs, l’intrigue est bien menée jusqu’au climax final et l’on se laisse assez vite envouter par les nombreux parfums qui exhalent de ce roman, de l’odeur de la rivière vaseuse à celle de l’herbe fumée, du fumet de l’anchois rôtissant dans l’huile à l’arôme, éminemment toxique dans cette histoire, de la peau d’orange macérée.

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Des pêches pour Monsieur le Curé

Après la grosse déception du Le rocher de Montmartre, j'ai été soulagée de constater que Des pêches pour monsieur le curé est plus proche de Chocolat bien qu'on n'y trouve pas la même subtilité. Joanne Harris y aborde pourtant les mêmes thèmes (vie dans les petits villages, place de la religion, tolérance envers les nouveaux venus, etc) mais ses personnages m'ont paru davantage stéréotypés et le dénouement est pour le moins radical et improbable.



J'ai trouvé dommage que certains personnages du premier livre ne soient qu'effleurés alors que j'aurais aimé en apprendre un peu plus sur ce qu'ils avaient fait pendant les huit ans qui séparaient Chocolat de Des pêches pour monsieur le curé.



Par contre retrouver Vianne, avec sa bonne humeur, son dynamisme, ses chocolats et aussi ses doutes, a été un vrai plaisir.
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Le Rocher de Montmartre

J'ai été plutôt déçue par Le rocher de Montmartre car je n'y ai pas retrouvé l'esprit de Chocolat.



La magie qui était à peine suggérée dans Chocolat est omniprésente, voire même envahissante, dans ce deuxième volume des aventures de Vianne et Anouk. Ce n'était qu'un détail parmi tant d'autres permettant de définir la personnalité si chaleureuse de Vianne. D'ailleurs je ne l'ai pas reconnue dans Le rocher de Montmartre : j'avais quittée une Vianne heureuse et sereine et là elle est "grise", effacée, apeurée.



J'ai aussi été gênée par la masse de blabla pseudo-psycho-analytiques qui alourdit le récit sans vraiment faire avancer l'histoire.



Ce n'est pas un mauvais roman, mais ce n'est pas du tout ce que j'attendais. J'espère que Des pêches pour monsieur le Curé sera moins décevant....
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Chocolat

J’ai découvert l’œuvre de Joanne Harris grâce au film du même nom avec Juliette Binoche et Johnny Depp. J’en garde un excellent souvenir et je voulais connaître le roman qui avait fait naître cette histoire. Avec le recul, le film a, je trouve, un côté plus enchanteur et bon enfant, moins lugubre par certains aspects, mais en même temps moins « réel ». Ma préférence ira cependant au film, ce qui est assez rare même si cela ne s’est joué à pas grand-chose.



Nous rencontrons donc Vivianne et sa fille Anouk, deux « étrangères » qui débarquent dans un petit village du Périgord. Lansquenet a ce côté un peu cliché où le curé, Reynaud, n’est qu’un sermonneur de première, où les secrets les plus honteux sont connus de tous mais tus, où la différence n’est pas la bienvenue, où l’apparence est tout ce qui compte. Nos deux héroïnes sont rapidement cataloguées comme des perturbatrices, et l’ouverture de la chocolaterie de Vianne ne va pas arranger les choses.



Le décor est vite planté, cependant, il y a tout de suite une douceur qui s’installe malgré l’hostilité. Vivianne, notre première narratrice, y est pour beaucoup. Il y a dans sa façon de nous narrer les choses un calme, une sérénité qui rend tout de suite la lecture plaisante et douce. Elle a des moments de doutes et de colères mais impossible de se défaire de cette ambiance délicate et rêveuse. Elle est une perturbatrice, en un sens, mais pas turbulente. Elle apprivoise le village et ses habitants comme on apprivoise une bête sauvage. Elle écoute, apprend, sourit, cajole. Pas d’entourloupe, elle est vraie et sincère et de là, nous découvrons des personnages attachants pour la plupart avec des vies pleines de surprises. Il y a aussi les pommes pourries du village, ce n’est pas non plus une communauté entière de bons samaritains, loin de là, mais ils déclenchent malgré eux des événements positifs.



Une fresque pittoresque qui nous amène de rencontres en rencontres à travers les yeux d’une femme qui n’a jamais cessé de fuir depuis son enfance et qui cherche pourtant des racines où s’ancrer, un lieu où elle pourra partager ses dons et apaiser ces âmes que le curé Reynaud ne sait pas du tout gérer. Le tout saupoudré de chocolat sous toutes ses formes avec un tout petit peu de magie (mais alors un tout petit peu). Quoique en un sens, la vraie magie de ce roman est de voir Guillaume, Luc, Joséphine, Roux et les autres changer. S’ouvrir, évoluer, s’apaiser, nouer de nouvelles relations. Joanne Harris arrive parfaitement à rendre magique la nature humaine à de nombreuses reprises et c’est déjà en soit une jolie prouesse.



Bien entendu, il y a aussi de la laideur. Un mari violent, des dindes méprisantes (milles excuses aux volatiles pour cette comparaison…), un curé épouvantable, du racisme, de la méchanceté pure, de la mesquinerie et j’en passe… Mais passer à côté de cela serait un peu comme mentir aux lecteurs. Et puis, Vivianne et les autres doivent surmonter des épreuves qui les font évoluer grâce à cette bande de mécréants. Un très bon équilibre.



Parlons un peu maintenant de nos deux narrateurs. Reynaud… Mon dieu… Sans jeu de mot, le curé est pitoyable, antipathique, méprisable, égoïste, incompétent, intolérant, pourri jusqu’à la moelle, imbu de lui-même… et je pourrais continuer. Il a droit à quelques chapitres et franchement, j’ai lu le premier, les suivants pas tellement. En diagonale pour récolter quelques informations mais c’était à la limite du supportable. Ses délires psychotiques et cette façon de croire que Vivianne est en guerre contre lui… Je veux dire, le type est même pas foutu de faire son travail, à savoir guider ses paroissiens, les aider, les écouter, être bon, et il n’arrête pas de se plaindre. Des « moi je » à longueur de temps, du mépris et des critiques mesquines… A vomir. Il apporte son lot, certes, mais… je m’en serais passé.



Vivianne est comme je l’ai dit un peu plus tôt un personnage très agréable à suivre. J’ai aimé sa façon d’être, le bonheur qu’elle apporte, sa gentillesse et sa compréhension. Elle ne juge pas. Ses différentes expériences lui ont donné cette capacité à être ce qu’elle est : une femme intelligente, adorable, à l’écoute, loin des préjugés. Cependant, même si je peux le comprendre en un sens vu sa vie, j’ai trouvé qu’elle était égoïste par rapport à sa fille. Un point qui se répercute notamment à la fin du roman à savoir : font-elles partir ou pas. Dès le départ, Vivianne se convint que oui, mais on sent qu’elle va finir par de nouveau s’enfuir très rapidement. Elle se ment à elle-même et ne pense pas à ce que sa fille peut ressentir, alors qu’elle-même la vécu. Un aspect que je n’ai pas tellement apprécié.



Un très joli roman qui traite de la vie et de la mort, des choix que l’on fait, de ce qu’on décide de faire avec ce que l’on nous a donné. Une bonne morale, un petit réchauffement du cœur. Il y a cependant des longueurs qui alourdissent le récit même si l’intérêt demeure. J’ai rapidement survolé les résumés et les avis des deux tomes suivants et je pense que je m’arrêterais à Chocolat qui se suffit à lui-même.
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Les Cinq Quartiers de l'orange

Nettement moins convaincue que par « Chocolat », du même auteur.

En ces temps de guerre, les trois enfants de Mirabelle jouent à des jeux dangereux avec les allemands.

Cinquante ans plus tard, Framboise revient qu village, incognito, et ouvre un restaurant. Les secrets du passé sont toujours là.

Malgré une intrigue intéressante, il y trop de longueurs, d’incohérences, d’invraisemblances.

Par contre, j’ai beaucoup aimé certains passages, et surtout, les prénoms donnés à tous les membres de cette famille cette famille : Cassis, Reine-Claude, Prune, Pistache….

Un bilan donc pour le moins mitigé.

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Chocolat

C'est le carnaval à Lansquenet, en ce mardi 11 février. Ce jour-là arrivent Vianne Rocher et sa fille de six ans, Anouk. Vianne a loué les locaux de l'ancienne boulangerie de Lansquenet et décide d'y installer une chocolaterie. Cela ne plaît bien sûr par au curé du lieu, Francis Reynaud.

Les habitants ternes et discrets de Lansquenet sont d'abord intimidés par ce nouveau commerce qui présente une décoration raffinée à laquelle ils sont peu habitués. Mais petit à petit, avec beaucoup de patience et de douceur, Vianne parvient à gagner leur confiance.



Voilà la preuve qu'il faut toujours laisser une seconde chance aux livres. J'avais lu ce roman une première fois il y a (très) longtemps, juste après avoir visionné l'adaptation cinématographique. Et bien entendu, j'ai détesté le livre, puisqu'il était très diférent du film, que j'avais adoré.

J'ai donc décidé de relire ce roman sans visionner le film, cette fois. Et là surprise : Chocolat est un régal. Quand on oublie le comte de Reynaud du film et la gentille histoire d'amour entre Roux et Vianne, on parvient à apprécier le récit de Joanne Harris à sa juste valeur.

Le roman est raconté par deux voix : celle de Vianne et celle du curé (c'est lui qui s'appelle Reynaud dans le roman) qui déteste la jeune femme et sa chocolaterie. Vianne doit donc lutter pour imposer son commerce, mais on a l'impression que cela se fait plus facilement que dans le film.

Des effluves gourmands s'échappent de la plupart des pages, grâce aux descriptions des friandises préparées par Vianne. Le chocolat est décrit de façon particulièrement gourmande par l'auteure qui parvient plus d'une fois à nous mettre l'eau à la bouche.

Les habitants de Lansquenet sont croqués avec beaucoup de talent par Joanne Harris. Certes, ceux-ci sont parfois légèrement stéréotypés, mais cela ajoute encore à l'atmosphère intimiste qui se dégage de ce roman se déroulant dans un petit village français que l'on dirait coupé du monde. Sans doute est-ce l'influence de Vianne, bien plus excentrique encore que le personnage de Juliette Binoche dans le film, qui produit cette atmosphère spéciale que l'on ressent dans le village dès son arrivée ? En tout cas, Chocolat est un récit très doux malgré les mauvais sentiments de certaines personnes envers Vianne et sa chocolaterie.

A savourer avec une bonne tasse de chocolat chaud !
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Chocolat

J'adore le film avec Juliette Binoche et Johnny Depp et comme souvent quand j'ai vu et aimé le film avant d'avoir lu le livre j'ai peur d'être extrêmement déçue ! (ce qui est totalement TRAUMATISANT !)

Mais là pas du tout, les 2, bien qu'ayant quand même une base commune, n'ont pas grand chose à voir l'un avec l'autre. Le livre est plus sombre et il y a une vraie réflexion sur les petits villages fermés sur eux même, la place de l'église, des étrangers, de la différence, des secrets et de la violence...



Une choses et sûre, autant dans le film que dans le livre, vous aurez une douce odeur de chocolat qui vous chatouillera le nez et les papilles !
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Voleurs de plage

Un bon roman dépaysant.

Ces vents qui soufflent nous décoiffent et la mer nous envoie ses embruns.

Après dix ans d’absence, Mado revient sur la petite île de Devin où vit son père.Là, au large de Noirmoutier, deux villages s’opposent, lourds de haines ancestrales.

Outre des descriptions très réalistes, l’intrigue est sympathique. Certes, il y a des longueurs, pas mal de redites, mais l’ensemble se lit avec intérêt et plaisir.

Joanne Harris, tout en changeant complètement de sujet à chaque roman, réussit bien à nous imprégner d’une ambiance particulière ;

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