Les sondages et les médias exercent sur lui (Trudeau) plus d'influence que les avis de ses ambassades et diplomates.
L’autre théorie, plus difficile à démontrer, veut que Paris se montre incapable de « livrer la marchandise », comme on dit dans les cabinets ministériels. Il pense davantage qu’il agit. Or, dans la plupart des officines gouvernementales, le temps est compté et on fixe les yeux sur l’opinion publique et la prochaine échéance électorale. Les programmes conçus doivent comporter leur lot de produits à livrer le plus rapidement possible. L’objectif est de cocher des cases et d’être en mesure de démontrer à l’électorat que les programmes gouvernementaux concernant les femmes, les jeunes, les autochtones, la classe moyenne atteignent leurs objectifs. La politique étrangère et de défense se prête mal à ce genre d’exercice.
Les spécialistes considèrent le Canada comme une puissance moyenne dans le système international. Ce statut géopolitique est le résultat du développement économique, social et diplomatique du pays depuis le début du XXe siècle. Le commerce avec l’Empire britannique, puis avec les États-Unis, l’absence de conflit, le peuplement du territoire par des vagues successives d’immigrants éduqués et industrieux, et le choix de s’engager dans le monde à travers le multilatéralisme contribuent à la naissance et au renforcement de ce statut. Et la seule façon de le maintenir est par le déploiement d’une diplomatie très active.
L’EI profite des querelles politiques et religieuses au sein d’un Irak déstabilisé par la tragique invasion du pays en 2003 par les États-Unis pour s’installer dans les zones sunnites et y faire régner la terreur. Son objectif est de créer un califat dans tout le monde arabe. La guerre civile en Syrie lui donne aussi l’occasion d’étendre ses activités dans ce pays. En réaction, les Occidentaux et plusieurs pays arabes mettent sur pied en août 2014 une coalition et bombardent les zones tenues par l’EI.
Les difficultés économiques, l’absence de démocratie et les violences religieuses, ethniques et identitaires déstabilisent des régions entières d’Afrique et du Proche-Orient et provoquent des mouvements de populations jamais vus depuis la Seconde Guerre mondiale. La montée du populisme en Occident menace les fondements mêmes de la démocratie libérale.
Il a une bonne maîtrise des données de base des sujets abordés, mais ses questions ou ses interventions restent très sommaires. Elles ne sortent jamais des sentiers battus et ne remettent pas en cause les dogmes de la politique étrangère et de défense canadienne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.