AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.05/5 (sur 921 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Clair (Nouveau-Brunswick) , le 27/05/1948
Biographie :

Jocelyne Saucier est une romancière québécoise.

Jocelyne Saucier a fait des études en sciences politiques et du journalisme en région. Il pleuvait des oiseaux est son quatrième roman. Son premier roman, La vie comme une image, finaliste au Prix du Gouverneur général, raconte un meurtre invisible sur un ton intimiste. Les héritiers de la mine, finaliste au prix France-Québec Philippe-Rossillon, est un suspense psychologique. Jeanne sur les routes, finaliste au Prix du Gouverneur général et au prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec, est une histoire d’amour impossible sur fond de Babel communiste. En 2010, Jocelyne Saucier a reçu le Prix à la création artistique du CALQ dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

Elle reçoit en 2011, le Prix des cinq continents pour son quatrième roman "Il pleuvait des oiseaux" ainsi que le prix littéraire France-Québec 2012.

Son dernier roman a déjà reçu trois prix (Prix littéraire des collégiens, le prix Ringuet et le prix des Cinq continents).
+ Voir plus
Source : http://www.editionsxyz.com/auteur/73.html
Ajouter des informations
Bibliographie de Jocelyne Saucier   (6)Voir plus


Mots pour mots. Jocelyne Saucier répond à ses lecteurs : Il pleuvait des oiseaux


Dans le cadre de notre opération Mots pour mots, ce sont ses lecteurs qui ont réalisé l`interview. Voici leurs questions :

Votre roman évoque les séquelles d`un grand incendie qui a ravagé le nord de l`Ontario. Cet épisode reste-t-il encore ancré dans la mémoire collective au Canada ? Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

Les Grands Feux sont devenus la toile de fond de ce roman presque à mon insu. Il en est toujours ainsi. Je plonge dans un roman avec un petit rien qui me laisse deviner que derrière il y a un univers à découvrir. Dans le cas de Il pleuvait des oiseaux, c`est en interrogeant les motivations de ces hommes qui se retirent dans les bois que les Grands Feux se sont glissés dans le roman. L`un d`eux devenait incapable de vivre sa vie parce qu`il avait absorbé toute la souffrance des Grands Feux en errant dans les décombres fumants. J`ignorais alors que cette tragédie hanterait tout le roman. Étonnamment, à l`exception du nord de l`Ontario où ils ont valeur mythique, les Grands Feux ne sont pas connus au Canada. J`ai découvert leur existence il y a quelques années en menant une recherche pour un roman que j`écrirai peut-être un jour, peut-être jamais, qui sait.


Votre roman parle de trois êtres qui ont décidé de se retirer de la société pour vivre en autarcie dans une forêt. Vous-même, voyez-vous la société comme un vecteur de contraintes plus que de liberté et d`épanouissement ? Seriez-vous capable de tout lâcher comme le font les personnages de votre roman ?

Je ne souhaite pas voir les bois s`emplir de gens en quête d`épanouissement personnel. La vie d`ermite des bois n`est pas donnée à tout le monde. Il faut la santé, une grande force morale et une bonne connaissance de la forêt. Il faut surtout avoir un grand besoin de solitude et de liberté et un grand amour de la forêt. de mes trois ermites des bois, Charlie est le seul qui choisit cette vie pour les bonnes raisons. Les deux autres fuient, la perspective d`une maison de retraite pour l`un et les fantômes de sa vie pour l`autre. Mon espace de liberté se trouve dans l`écriture romanesque, une autre forme de solitude, qui reste cependant bien ancrée dans le réel. Je ne suis pas une femme des bois.


La forêt est omniprésente dans votre roman. Peut-on pour autant le ranger dans la catégorie des « Nature Writing » ? Que pensez-vous de cette littérature qui s`applique à « écrire la nature » ?

Je ne m`intéresse pas tant à la nature qu`aux gens qui y vivent, ces gens qui ontune connaissance intime de la forêt, qui connaissent les plantes sans pouvoir les nommer, savent que celle-ci réagit de telle ou telle façon, annonçant une pluie ou un automne hâtif, toutes choses qu`ils ont besoin de savoir. Vous remarquerez d`ailleurs qu`il n`y a aucun passage magnifiant la nature dans le roman. C`est simplement le cadre de vie de mes personnages. Je n`ai aucune opinion sur le « nature writing », mais je suis étonnée de l`expression anglaise, inconnue au Québec, pourtant très empreint d`anglicismes, que nous combattons cependant.


Il est assez rare de voir un roman avec des personnes âgées comme personnages principaux. Comptiez-vous dès le départ écrire un roman autour de ces êtres briséspar la vie ? Ou bien ces personnages se sont-ils peu à peu imposés à vous ?

Écrire un roman est une aventure aussi imprévisible que la vie elle-même. On ne sait pas où elle va nous mener. Dans le cas de Il pleuvait des oiseaux, je suis partie simplement de l`idée de la disparition. Mes romans précédents parlent tous de disparition. Un personnage disparaissait, laissait derrière lui une blessure, le romanse bâtissait sur cette cassure. Cette fois-ci, j`ai voulu aller du côté des disparus. le roman a d`ailleurs failli s`intituler Les grands disparus. Comme j`habite une régionenvironnée de forêt, il m`était naturel d`imaginer que ces gens qui tournent le dos à leur vie et au monde s`enfoncent dans la forêt et deviennent des ermites des bois. Ces gens étant âgés, inévitablement, j`en suis venue à m`intéresser à la vieillesse et à la mort qui est la compagne de vie de la vieillesse. Je ne savais pas que viendrait aussi l`amour. Mais il est vrai que j`ai une tendresse particulière pour les personnes âgées. Elles ont toute leur vie dans leur regard, des pensées libres d`elles-mêmes, plus rien à prouver aux autres non plus qu`à eux-mêmes. Ils n`ont que la vie, qui peut leur être enlevée à tout moment. La proximité de la mort les rend plus vibrants de vie dans leur fragilité. Je parle évidemment du grand âge.


Certains de vos lecteurs ont lu votre roman comme un conte. Comprenez-vous ce regard sur cet ouvrage ?

Il y a longtemps que je voulais écrire un roman qui ait le ton d`un conte. Je pouvais ainsi allier gravité et légèreté, aborder des sujets graves sans lourdeur. Dans le cas de Il pleuvait des oiseaux, le ton du conte vient de ces passages en italique entre les chapitres qui introduisent dans un présent intemporel un narrateur omniscient, le maître véritable du récit. Ce supra-narrateur promène son œil dans le récit et vientraconter au lecteur ce que la photographe ne saura jamais. Ces passages permettent des ellipses qui font appel à l`imaginaire du lecteur. Tout n`est pas dit, tout n`est pas écrit dans ce roman. Je laisse de larges pans narratifs à imaginer entre les voix narratives, entre les chapitres.


Que pensez-vous de la littérature québécoise contemporaine ?

Le Québec s`est bâti sa propre identité au confluent de l`influence anglo-saxonne et française dans un contexte nord-américain. de sorte qu`on a le goût des histoires et qu`on écrit dans une langue qu`on fait valser sur notre propre musique. Il en résulte une littérature qui a une texture et un souffle particuliers. Il faut voir les jeunes romanciers québécois, ce qu`ils se permettent. À suivre, vraiment.


Votre roman a été publié en 2011 au Canada et s`apprête à sortir en France. Quel regard portez-vous sur ce roman plus de deux ans après sa sortie originale ?

Je suis encore étonnée de l`accueil qui lui est fait. Ce roman, je l`ai écrit comme un autre en me souciant uniquement de le mener là où il devait aller. C`est uniquement à la toute fin que j`ai craint pour lui. Une histoire de petits vieux au fond des bois, me suis-je dit, personne ne va lire ça. Il semble que ce que j`avais cru un handicap est devenu la force résonnante de ce roman. Comme quoi, il faut écrire ce qui demande à être écrit.


Jocelyne Saucier et ses lectures.

Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Je ne me souviens pas, mon désir d`écrire est trop ancien.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

L`histoire de l`amour de Nicole Krauss, une écriture qui allie intelligence, sensibilité et poésie sans négliger la substance romanesque.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Les nourritures terrestres d`André Gide pour des phrases comme «Jette mon livre et quitte-moi.». J`avais 14-15 ans.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Les Heures de Michael Cunningham, dont on a fait un film qui, fait rare, est aussi un chef-d`œuvre.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Au dessous du volcan de Malcolm Lowry, un gouffre sur les bords duquel je me suisendue par trois fois jusqu`à la page 180, c`est là que le livre s`ouvre de lui-même, comme une invite.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Voyage en Inde avec un grand détour, la trilogie voyageuse de Louis Gauthier, pour l`écriture au plus près de cette chose indicible, impalpable, l`angoisse.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

J`allais dire Notre Dame de Paris en raison de la lourdeur de ce que j`avais vu au cinéma et à la télévision. Mais je ne me souviens pas avoir lu Victor Hugo. Alors je suis allée voir et j`ai été impressionnée par l`ampleur du propos.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Désolée, pas de mémoire, pas fétichiste.


Et en ce moment que lisez-vous ?

La flûte de Rafi d`André Vanasse, mon directeur littéraire depuis mon tout premierroman. C`est troublant de plonger dans l`univers littéraire d`un homme qui connaît si bien le mien.

Découvrez Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier aux éditions Denoël :


étiquettes
Videos et interviews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

L'écrivaine Jocelyne Saucier vous fait découvrir des extraits de son roman Il pleuvait des oiseaux (XYZ, 2011). L'année de sa publication, cette oeuvre a remporté le Prix des cinq continents de la Francophonie, une récompense littéraire créée par l'Organisation internationale de la Francophonie. Jocelyne Saucier lit également, en primeur, des extraits de son tout nouveau roman qui sorti cet automne : À train perdu (XYZ, 2020). // Emprunter les romans de Jocelyne Saucier en version numérique http://bit.ly/JSaucier *** Découvrez tout ce que BAnQ a à vous offrir! https://www.banq.qc.ca/

+ Lire la suite

Citations et extraits (295) Voir plus Ajouter une citation
Je me croyais un dur, capable d'en encaisser, mais de les entendre discuter de leur propre mort comme s'il s'agissait d'aller pisser ou d'écraser un pou, j'avais le coeur à vomir.
- La mort, on en fait notre affaire, avait lancé Tom du haut de sa voix éraillée.
Et puis, plus calmement, car il avait senti mon malaise :
- T'es trop jeune, essaye pas de comprendre.
Commenter  J’apprécie          390
Les attentions qu'ils avaient l'un pour l'autre, cette tendresse dans le regard, tout cela qu'elle avait pris pour une gentille amitié amoureuse, une dernière coquetterie du coeur, était un sentiment beaucoup plus profond. Ces deux-là s'aimaient comme on s'aime à vingt ans. (p.193)
Commenter  J’apprécie          320
Elle en était venue à les aimer plus qu'elle n'aurait cru. Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d'une phrase s'assoupir. Le grand âge lui apparaissait comme l'ultime refuge de la liberté, là où se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut.
Commenter  J’apprécie          280
Il y avait un pacte de mort entre mes p'tits vieux. Je ne dis pas suicide, ils n'aimaient pas le mot. Trop lourd, trop pathétique pour une chose qui, en fin de compte, ne les impressionnait pas tellement. Ce qui leur importait, c'était d'être libres, autant dans la vie qu'à la mort, et ils avaient conclu une entente.
Commenter  J’apprécie          280
Je suis photographe, ai-je dit aussitôt. Il fallait dissiper tout malentendu. je n'avais rien à lui vendre, aucune mauvaise nouvelle à lui annoncer, je n'étais ni travailleuse sociale, ni infirmière, je n'étais surtout pas du gouvernement, la pire des engeances, j'ai pu le constater chez tous les vieillards que j'ai visités. Vous n'êtes pas du gouvernement, j'espère ?
La question, si je mets trop longtemps à expliquer ma présence, ne tarde pas. On ne veut pas d'un fonctionnaire qui vient vous dire qu'il y a quelque chose qui cloche dans votre vie. (p.16)
Commenter  J’apprécie          270
Tout est là, ce pétillement de lumière rose dans les yeux d’une petite vieille qui s’amuse avec son âge et cette image d’une pluie d’oiseaux sous un ciel noir, tout vient de là. La photographe ne se serait pas aventurée sur les routes du Nord, ne se serait pas lancée dans cette quête si elle avait pris une photo à ce moment-là, si elle avait fait clic sur cette pluie d’oiseaux dans les yeux de la petite vieille du High Park.
Séduite et intriguée par une vieille dame qui portait en elle des images d’une beauté apocalyptique et puis séduite et intriguée par toutes ces vieilles personnes qui avaient la tête peuplée des mêmes images.
Elle en était venue à les aimer plus qu’elle n’aurait cru. Elle aimait leurs voix usées, leurs visages ravagés, elle aimait leurs gestes lents, leurs hésitations devant un mot qui fuit, un souvenir qui se refuse, elle aimait les voir se laisser dériver dans les courants de leur pensée et puis, au milieu d’une phrase, s’assoupir. Le grand âge lui apparaissait comme l’ultime refuge de la liberté, là où on se défait de ses attaches et où on laisse son esprit aller là où il veut.
Commenter  J’apprécie          250
... parfois, de m'endormir dans la contemplation de l'image de ma mère.
Elle avait une douceur, une grâce tellement invitante, j'avais l'impression d'être visitée par un ange. Toute la dureté de ses traits, tous les soucis qui lui rongeaient la figure, toute l'âpreté du jour s'était évanouie et elle reposait, tranquille, un mince sourire sur les lèvres, la tête légèrement penchée, ses longs cheveux auréolés d'éclat de lune, «une vraie madone», et, sur toute sa personne, la douceur mate de cette lumière qu'elle gardait au creux de la main et qui se répandait dans sa chemise de nuit.
Une vraie madone. Je ne pouvais pas m'endormir tant qu'elle n'avait pas fait son apparition.
Nous avons tous, précieusement conservée au fond de notre cœur, une image des apparitions nocturnes de notre mère qui hante nos vies.
Commenter  J’apprécie          240
J'aime les histoires, j'aime qu'on me raconte une vie depuis ses débuts, toutes les circonvolutions et tous les soubresauts dans les profondeurs du temps qui font qu'une personne se retrouve soixante ans, quatre-vingts ans plus tard avec ce regard, ces mains, cette façon de vous dire que la vie a été bonne ou mauvaise.
Commenter  J’apprécie          240
Notre famille est l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous n'avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls de notre espèce. (p.7)
Commenter  J’apprécie          240
Les yeux de Charlie, dès qu'ils m'ont aperçue dans l'éclaircie qui entoure son ramassis de cabanes, m'ont lancé un avertissement. On ne pénètre pas dans son domaine sans y être invité.
Commenter  J’apprécie          240

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jocelyne Saucier (1137)Voir plus

Quiz Voir plus

LNHI-28767: culture générale - répondez ce qui est faux! (3)

Le met favoris des Schtroumpfs

salcepareille
salsepareille

10 questions
19 lecteurs ont répondu
Thèmes : Faux , orthographe , jeux , piègesCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}