Citations de Johan Heliot (457)
En SF, aucune idée n'est trop folle.
Le son est avant tout un transport d'énergie pas de matière . Les molécules s'agitent , entre en résonance , mais ne se déplacent pas elles-même .
Un ami, c'est précieux pour affronter l'horreur. Maintenant, tu en as un, toi aussi.
Prends garde à ne pas trop espérer. Quand les illusions s’effacent devant la réalité, on tombe souvent de haut.
Si vous tenez si peu à la vie, Herr Goering, me dit-il, je vous propose de la risquer à mes côtés.
L'univers des abysses demeure un mystère à de nombreux points de vue, mais pas autant que celui des entrailles de la Terre. Un siècle et demi plus tôt, Jules Verne les avait peuplé d'une vie foisonnante. Une idée peut-être pas si absurde, d'ailleurs. La découverte de forme de vie extrêmophiles, capables de supporter d'énormes pressions et des températures élevées, a depuis relancé le débat. Bien sûr, plus personne ne rêve de dinosaures ou de créatures disparues de la surface, mais d'organismes unicellulaires , de bactéries plus âgées encore que ces bons vieux sauriens géants – plus résistantes, en somme, parce que discrètes et adaptées aux pires conditions d'existence concevables.
Nous sommes descendus dans les cales et, comme je m'y attendais, elles étaient inondées. Par contre, rien ne m'avait préparé à ce que j'y ai trouvé. Une vingtaine d'esclaves avaient péri noyés, attachés sur leurs bancs, fers aux chevilles comme des galériens. On avait armé le transport de commerce ainsi qu'on le ferait d'un vaisseau négrier. "Au moins avaient-ils loisir de s'asseoir à effectuer debout la traversée.", disaient les bourgeois de Boston. Il est vrai que la situation n'était pas habituelle. La nature des esclaves l'était encore moins. Uniquement des Caraïbes, réputés pour leur combativité. Ils usent d'une drogue qui décuple leur force et s'adonnent à la magie. Hommes ou femmes sont inaptes au dressage, c'est pourquoi l'on a cessé d'en faire commerce. On les avait chargés à bord pour leur force. Chacun des cadavres présentait deux trous à la gorge. Une morsure... Ils servaient de garde-manger.
L’Amérique est un pays couvert de vestiges qui s'étendent sur des centaines d'acres de terre abandonnée, des tombes collectives livrées aux mauvaises herbes. Des gens y ont vécu, avec leurs espoirs, leurs chagrins et toutes les petites tracasseries de la vie quotidienne. Parfois, dans ces ruines, on entend les bruits de la vie, rires eu pleurs qu'emporte le vent des prairies. Les habitants fantômes y murmurent les récits du passé.
"Je voulais qu'il soit fier de sa fille.
Je voulais qu'il soit fier des Wilder.
Je voulais...
Je ne voulais surtout pas qu'il meure !
Mais je n'y pouvais rien, sinon accepter l'inéluctable."
Jules était sidéré. Quoi, dix années plus tôt seulement, les mêmes riaient encore des modestes merveilles dont il avait jalonné les pages de ses livres ! Ville flottante, canon géant tirant des obus habités jusqu'à la Lune, exploration des terres creuses, sous-marins, rayon mortel, et combien d'autres billevesées, en regard du présent ? Le public, qui avait crié au fou face à de simples mots, trouvaient aujourd'hui ordinaire d'être avalé par un Léviathan de l'espace...Décidément, l'Europe avait changé et le futur prenait des proportions inouïes.
En période de guerre, la morale ordinaire s’abolit au profit d’un unique objectif : la victoire sur l’ennemi.
"Mais je me rendais également compte de l'importance du lieu en lui-même. Savoir qu'il existait une ville, aussi modeste soit-elle, où se sentir acceptée, aimée par une partie de la population changeait sacrément la donne. Maintenant, j'avais un chez-moi à regretter. Je faisais l'expérience de la nostalgie [...]."
On me prête beaucoup de pouvoir, petite sœur. Je n’en détiens pas tant en réalité. Mais l’important est que ces idiots y croient, Volco, Sforza et tous les autres. Tu te rendras compte en vieillissant que pour nous respecter, les hommes doivent nous craindre. Notre liberté est à ce prix.
Au lieu de liberté, d'égalité, de fraternité, on leur avait offert la guerre, plus de misère et de faim.
Une femme lettrée, capable de tournures d’esprit dignes des plumes masculines les mieux trempées, était chose assez rare en ce siècle pour être remarquée.
Il ne s'agit pas de folie mais de désir. De désir et d'angoisse. De la plus grande angoisse éprouvée par les hommes depuis qu'ils ont quitté l'abri de leurs grottes primitives. A leurs manières, les explorateurs de la Renaissance ont fait franchir à l'humanité un second pas en dehors de la grotte qu'est notre Vieux Monde. Et ils l'ont franchi porteurs d'un espoir sans bornes, animés par un désir aussi vieux que la vie : découvrir et agrandir l'univers. Mais si cet espoir vient se heurter au mur froid de la réalité, le choc est rude. Plus rude qu'il est possible de le supporter. Alors, une mécanique merveilleuse, faite de mille rouages infinitésimaux, se met en branle dans l'esprit des pionniers. S'il n'y a rien à découvrir, il y a tout à inventer ! Le pari est beaucoup plus excitant, d'ailleurs. (Le rêve d'Amerigo Vespucci)
Broucolaques, Lamies, Stryges, autant de termes qui dans sa langue désignent depuis l'Antiquité les plus redoutables des prédateurs. Le Nouveau Monde n'a pas de nom pour eux, et pourtant ils sont en Amérique.
[Concernant la nouvelle "La Musique des âmes"] Elric m’a toujours paru une espèce de grande chochotte geignarde (« C’est pas moi, c’est la faute à la méchante épée !) dénuée du moindre intérêt, là où son avatar pop, Jerry Cornélius, sorte d’Austin Powers un peu plus prise de tête, avait au moins le mérite de swinger, baby… Donc j’ai préféré m’intéresser à son créateur et à une période qui nous passionne tous les deux, celle des débuts du pop-rock, dans ce texte écrit pour une anthologie consacrée à une espèce d’endive sur pattes et son âme perpétuellement torturée (un conseil pâlichon : va consulter un psy et reprends sérieusement les affaires ! Non mais vous imaginez Conan se lamenter de la sorte ?). Résultat, ce texte en forme d’hommage aux premiers guitar-heroes de l’histoire de cette musique qui n’a pas fini de me faire vibrer…
[concernant sa nouvelle "Le robot du devoir"] L’idée de départ de cette nouvelle tient à une formule trouvée dans un article ou un livre (je ne sais plus !) consacré au chef-d’œuvre du père Hugo. Javert, monomaniaque, droit dans ses bottes, y était décrit comme un « robot du devoir » - une sorte de Terminator du XIXe lancé à la poursuite de sa propre Sarah Connor en la personne de Jean Valjean. L’image m’a plu. […]
Il comprit que le vieux lui reprochait surtout de l'avoir émoustillé à rebours de tout principe moral, et qu'au lieu d'interroger son propre rapport au mal, d'admettre la part mauvaise qu'il portait au cœur comme n'importe quel homme et se féliciter de pouvoir lui donner aussi innocemment cours qu'un livre en main, il préférait vomir l'écrivain, le confondre à son œuvre et l'accuser de scélératesse, alors qu'il n'avait fait que brandir un miroir devant sa figure - oui, chacun était capable d'imaginer les pires tortures et de s'en délecter à jouir dans ses pensées ; mais l'avouer semblait coûter aux hypocrites un prix exorbitant, comme s'ils avaient effectivement commis ce qui les excitait. Ainsi étaient la plupart des gens, sans condition de haute ou basse naissance, tous parés de vertu en apparence, attirés par le stupre sous le vernis de la bienséance.