Johan Theorin répond à À vous de lire !
Certains ne vont aux enterrements que pour voir qui sera dans le cercueil la prochaine fois.
(L'Heure trouble)
Les fantasmes sont comme une drogue, continue Rössel à voix basse. Les fantasmes sont une drogue. Plus on fantasme, plus ils sont puissants. On a envie de faire du mal à quelqu'un. Exécuter un rituel maléfique. On n'échappe jamais à ces pensées-là, pas avant de faire quelque chose pour.
Il y a une chose que Jan aime à la maternelle et qu'il voit chaque jour : le visage pur des enfants. Leurs yeux francs. Les enfants ne cachent rien, ils ne savent pas comment on fait. Ils n'ont pas encore appris à mentir de façon convaincante, comme les adultes.
"Je ne fais pas l'intéressant, dit-il. Je pense seulement qu'il vaut mieux raconter les histoires à son propre rythme. Autrefois on prenait son temps, maintenant il faut que tout aille vite."
L’annonce de l’agence immobilière était libellée ainsi :
"Magnifique demeure de gardien de phare, milieu du XIXe siècle. Situation isolée dans site préservé avec vue imprenable sur la Baltique, plage à moins de 300 mètres. Votre voisin le plus proche : le ciel ".
L'énergie des enfants s'éteindrait pourtant avec le temps, songea Joakim, ils vieilliraient, blanchiraient, leur peau se flétrirait. Derrière ces visages pleins de vie, il y avait des crânes aux orbites vides.
Je suis dans mon lit
Jan est contre moi
On sait où on est
On sait où on va
Et là il fait froid
Mais la nuit est si belle
Qu'on peut tout oublier.
Dans sa chambre de la maison de retraite de Marnäs, Gerlof Davidsson regardait par la fenêtre le soleil se coucher. La cloche de la cuisine venait de sonner pour la première fois, c’était bientôt le dîner. Il allait se lever et aller au réfectoire. Sa vie n’était pas finie.
S’il était resté dans le village de pêcheurs où il était né, Stenvik il aurait pu aller s’asseoir sur la plage et regarder le soleil lentement disparaître dans le détroit de Kalmar. Mais Marnäs se trouvait sur la côte est de l’île, et c’est pourquoi il voyait chaque soir le soleil disparaître derrière un petit bois de bouleaux, entre la maison de retraite et l’église, plus à l’ouest. On était en octobre, les branches des bouleaux n’avaient presque plus de feuilles et ressemblaient à des bras maigres tendus vers le disque rouge et jaune du soleil déclinant.
C’était l’heure trouble - l’heure des histoires horribles.
[parlant d'un criminel interné]
Évidemment, c'est une célébrité. Lilian soupire. "Mais les victimes des criminels ne sont jamais célèbres, elles ... Personne ne veut parler avec quelqu'un qui passe son temps à pleurer, ça doit être pour ça. Alors nous, on va dans notre coin avec notre chagrin, pendant que les meurtriers deviennent des idoles."
De loin, Stockholm avait fière allure, majestueuse au bord de la Baltique, dispersée sur des confettis d'îles, mais Joakim ne ressentait pourtant aucune joie à retrouver la ville de son enfance. Tout ce qu'il voyait, c'était les embouteillages, les files de voitures où chacun jouait des coudes pour passer en premier. L'espace manquait pour tout : logement, places de stationnement, crèches – même dans les cimetières ! On encourageait désormais les gens à se faire incinérer, Joakim l'avait lu dans le journal, pour économiser de l'espace.
Åludden lui manquait déjà.