Johanne Seymour

Ce qui est fait est fait. Analyser le passé... c'est comme se repasser un film dont on n'aime pas l'issue, dans l'espoir que la fin changera. Ça ne sert à rien de rembobiner la cassette, la fin sera toujours la même. Vaut mieux changer de film.

Connaître la victime, c'est commencer à connaître le tueur.

La cour est pleine, n’en jetez plus. Je suis enterrée vivante.
Si je pouvais un seul instant voir mon existence comme un long poème célébrant la beauté, l’harmonie et la compassion, j’aurais la preuve que tout n’est pas perdu. Mais…

(Libre expression, p. 94)

Son corps ballotte sur l’eau. Sa tête auréolée de cheveux noirs, ondule comme une méduse. Ses bras en croix donnent envie de prier. Elle ne peut avoir plus de neuf ans

Et si j'ai envie de prendre le risque de souffrir ? C'est ça, aimer, Kate. C'est prendre un risque...

Prendre l’air en compagnie de sa minette et se gorger les yeux de la beauté environnante… «Deux antidépresseurs naturels», du moins dans son livre à elle.

— Je crois que je choisis Baudelaire, Les Fleurs du Mal… pour le poème « L’invitation au voyage ».

— Merveilleux ! Pourquoi ?

Pourquoi en effet ? Puis la réponse m’apparait soudain.

— Parce que je comprends enfin que ma vie est un voyage et qu’il ne fait que commencer.

(Libre expression, p. 148)

Depuis ce jour fatidique où j’attendais sous la pluie l’autobus qui n’arrivait pas, je n’ai plus le contrôle de ma destinée. Ou plutôt, je sais maintenant que je ne l’ai jamais eu. J’ignore si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Et même si c’est possible de contrôler sa vie. Crusoé a raison. Tant de choses se trament sous la surface de nos existences...

Ce n’est pas en faisant semblant qu’elle n’a jamais existé qu’on va tous guérir. C’est en pleurant chaque fois qu’elle nous manque et en riant chaque fois qu’on se souvient de ses bons coups. Et quand on aura beaucoup ri et beaucoup pleuré…

— Je ne te demande rien…
— Je sais. Mais c’est dans ta nature… de ne pas compartimenter ta vie. Moi, je ne peux pas être tout à la fois. Ton ex, ton supérieur, ton confident…

- Grosse journée! lance Alice en passant près de moi, le sourire en coin.
Je l’arrête dans son élan.
- Mais… Où suis-je?
Elle me regarde avec compassion.
- Là où le cœur guérit et où la tête se nourrit.
- Pardon?
- T’es dans une librairie, Simone. Ici, il y a tout ce qu’il faut pour soigner les maux et sustenter le cerveau.

Derrière chaque grand homme, il y a une foule de collaborateurs. Quelquefois des gens très talentueux, mais qui n’ont pas le charisme nécessaire pour véhiculer leurs idées. Aux yeux de ces collaborateurs, le Dr Thérien aurait pu paraître comme un opportuniste. Ou même un voleur d’idées…

— Un vrai rat de bibliothèque, l’avait taquiné Labonté.
— C’est mieux que d’être un rat tout court, avait rétorqué Jolicœur, agacé.

L'amour... le sexe, se reprend Kate, devrait se vendre en pilules. Ça éviterait toute la question relationnelle.

Le meurtre..., songe Kate. Est-ce l'ultime transgression ? Qu'est-ce qui peut bien pousser un être humain à franchir les barrières de la loi et de la morale pour accomplir les pires atrocités ? Quel est le déclencheur qui fait traverser un être de l'autre côté de la raison ? Les expériences passées ont sans aucun doute leur responsabilité, mais tous les violés ne deviennent pas des violeurs. Ou tous les abusés, des abuseurs. Il doit bien y avoir un déclic quelque part ?

On soigne nos maux de ventre. Pourquoi ne pas soigner nos maux d'âme ?

Il n’y avait pas d’excision dans l’islam d’Ahmir. Il y avait bien sûr le hijab, le petit voile qui ne couvrait que les cheveux, mais pas de niqab ni de burqa. Et surtout, Allah était amour, bonté et paix.

Elle était vierge.
Et bien que sa virginité l’eût jusqu’à maintenant remplie de fierté, ce soir, assise sur sa petite valise noire, au bord de la route, elle l’effrayait. Car elle avait vingt-cinq ans et, cette nuit, elle s’apprêtait à abandonner toutes ses croyances pour suivre l’homme qu’elle aimait par-dessus tout, l’homme qui allait la remplir de joie le reste de sa vie.
Du moins le croyait-elle.
Jusqu’à ce que le premier coup, venu de derrière, la fasse valser dans les airs, et qu’elle retombe inerte sur le sol gelé.
Jusqu’à ce qu’elle reprenne conscience et se rende compte, avec horreur, que la joie ne ferait plus jamais partie de sa vie.

Une enquête policière, c'est comme ce jeu dont les enfants raffolent qui consiste à relier une série de points donnés pour révéler un dessin. A la seule exception que, dans une enquête, les points sont des indices à trouver et qu'il faut tenter de leur donner un sens avant que le criminel ne récidive.

- Rappelle-moi pourquoi on fait ce métier ? demande Branchini en pensant soudainement à sa petite Isabella dont c'est aujourd'hui l'anniversaire.
- Parce qu'on veut que la lumière triomphe sur les ténèbres, récite Kate comme s'il s'agissait d'un des dix commandements.
- Et les anges sur les démons, termine Branchini en souriant tristement.