Moïra (2013), le nouveau roman d'espionnage de John C. Patrick. 1955. Un homme politique influent confie à Philippe Reuben, ancien Jedburgh, capitaine dans une unité parachutiste en Indochine, la tâche de démasquer les responsables d'une filière de prostitution située en Afrique du Nord alimentant des maisons closes clandestines en métropole. Ebranlé dans ses convictions profondes du fait de ses liens étroits avec les services secrets, confronté aux événements tragiques de la guerre d'Algérie, sa traque le conduira jusqu'à Dallas lors d'une journée funeste de novembre 1963.
Reuben devra faire face à des choix cruels tout en restant fidèle aux amitiés forgées dans les combats de la Résistance et de la guerre d'Indochine.
Une plongée en apnée dans les méandres de la guerre d'Algérie, au travers d'épisodes peu connus du grand public, instigués par ces hommes de l'ombre qui font vraiment l'Histoire.
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- Mon cher Da Silva, connaissez-vous l'Afrique?
- Très peu.
- J'ai pratiqué personnellement ce continent. Nos anciennes possessions, je veux dire. Voyez-vous, au crépuscule, les hyènes s'assemblent avant de partager un festin de charognes. Vous avez parlé de crépuscule glorieux tout à l'heure. Voilà, c'est "le crépuscule des hyènes". Un spectacle rarissime ! Il ne faut surtout pas rater le final.
La société humaine est une jungle, nous y vivons et les prédateurs y sont légion. D’autre part, l’évolution de la vie dans l’univers se fait vers toujours plus d’ordre et de complexité. Mais moi, je ne veux pas de votre ordre qui opprime, bafoue, torture, mutile !
Vous êtes tous pareils ! Vous détenez un minuscule morceau de pouvoir, vous régnez par la terreur sur un peuple servile et terrorisé et vous pensez que je vais m’agenouiller pour demander pardon ! Je n’ai peur de rien, ni de personne, pas même de la mort, surtout pas de la mort, ce qui fait que j’agis dans la vie sans avoir une once de crainte.
On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d’hommes on est un conquérant. On les tue tous on est un dieu . J’ai ôté la vie à des assassins avérés et à d’autres assassins en puissance. J’ai été, peut-être, l’instrument d’une justice immanente. Le pilote de guerre qui lâche ses bombes sur des populations civiles, afin d’aider d’infâmes dictateurs au Soudan ou ailleurs, est un héros en service commandé, n’est-ce pas ! Les gendarmes parachutistes qui ont flingué Kelkhal comme une bête sauvage sont certainement des bienfaiteurs de l’humanité ! Encore des héros, l’œil embué et le doigt sur la couture du pantalon !
Une enfance dans les Aurès qui bascula un matin d’octobre 1956 dans un monde impitoyable, celui du corps expéditionnaire venu d’au-delà de la mer pour défendre une cause perdue. Adolescent, il partit dans le pays des bourreaux de son pays pour s’abreuver à la source du savoir qui donne la force et la puissance. Il revint, bardé de diplômes, fier d’avoir triomphé, lui, fils d’un paysan des montagnes brûlées par le soleil.
Vous êtes tous persuadés de détenir la vérité et vous voulez l’imposer par le fer et le sang. Vous rêvez d’une société théocratique dans laquelle les individus doivent être soumis à une loi d’airain soi-disant divine. Les uns et les autres, vous dénaturez le contenu d’un message essentiellement spirituel et qui aurait dû rester non-violent.
L’holocauste surviendra tôt ou tard, l’homme s’y emploie de toute son intelligence. L’humanité en a connu dans le passé ; l’histoire n’est pas linéaire mais cyclique et le cycle actuel s’achève. Espérons que le prochain verra l’avènement d’un homme infiniment bon.
Au crépuscule, les prisonniers s'affalèrent dans les baraquements pour sombrer dans un sommeil agité, peuplé des cauchemars nés dans un village aux maisons blanches, sous un ciel serein troué de fulgurances rouge sang.
Épluchez leur vie de A à Z. Remontez à l’âge de leur première layette s’il le faut. Je veux tout : la vie professionnelle et privée. Voyez parents, amis, voisins. Je veux les ragots et les confidences. Je veux les vices cachés ou de notoriété publique. Dégotez les histoires de cul ou de bibine s’il y en a.
Il vous faut absolument classer les gens ! Évidemment, cela vous rassure ! Un individu qui sort des normes, il faut l’épingler, le cataloguer, l’étudier, le surveiller ! S’il devient gênant, on l’élimine ; les prisons ou les pelotons d’exécution sont faits pour cela.