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Critiques de John Crowley (51)
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Kra

Ce qui s'apparenterait à un roman d'aventure et de voyage à travers les yeux d'une Corneille, est en réalité un roman philosophique mêlant étrangeté morbide et humour.



Comme vous l'avez compris, le protagoniste est une Corneille, Dar du Chêne de l'herbe (Dar Duchesne). Mais loin d'être anthropomorphique, Dar Duchesne ne comprendra jamais le comportement des humains. C'est en observant ces derniers que l'oiseau apprendra à communiquer avec eux.



L'Oiseau de mort. Cet oiseau nécrophage qui se nourrit des cadavres deviendra aux yeux de l'Homme le symbole de la mortalité. Tandis que pour Dar Duchesne, cette association restera pour elle un mystère : « Pour ces animaux-là, il était difficile de comprendre ce que faisaient les Humains. Les Humains leur paraissaient aimer la mort : ils chérissaient les cadavres de leurs semblables et s'évertuaient à en augmenter le nombre, pour les traiter en bien ou en mal. » Tout au long de sa vie, Dar Duchesne les contemplera se massacrer, sacraliser les cadavres des alliés ou au contraire de proposer la pitance des ennemis morts aux Corneilles. Ils s'accrochent à cette Corneille capable de communiquer et espèrent d'elle l'éternité…



Il m'a été difficile de le commencer (deux tentatives) et certains passages m'ont semblé longs. Mais enfin lancée, je l'ai trouvé magistral ! Certains moments m'ont fait rire et d'autres m'ont énormément captivé. J'ai ressenti de l'effroi, j'ai ressenti de l'Amour, j'ai ressenti de la compassion, du chagrin et de l'amusement. Peu de romans parviendront à me transmettre autant de sentiments. Ma bibliothécaire crie au chef-d'œuvre. Il faut d'abord que je me remette de cette immersion pour approuver ou pas. Car tandis qu'il a été difficile d'y rentrer, il est maintenant difficile d'en sortir.

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Kra

Les amitiés babéliotes (est-ce le bon suffixe ?) ont ce pouvoir remarquable de vous emporter vers un horizon littéraire que vous sentez totalement étranger. Sans le billet passionnant de JustAWorld, il est fort probable que je ne me serais pas aventurée dans l'univers de John Crowley, ni n'aurais envisagé la lecture de son dernier roman Kra qui s'est révélé fascinant pour son souffle mystique et ses strates narratives fécondes.



Entre conte épique et fantasy historique, tout est colossal : le thème, la construction, l'ampleur de la narration, chaque page tournée laisse le sentiment de visiter un édifice à l'architecture époustouflante. Un peu à la manière de William H. Gass, Crowley affectionne les fictions amples et complexes dont l'ambition est de considérer la condition humaine jusqu'aux interrogations métaphysiques.



Ici, l'auteur américain imagine une corneille devenue immortelle traverser les différents âges de l'humanité, des commencements à nos sociétés contemporaines malades de leur opulence où tente de survivre une humanité à bout de souffle.

On pourrait penser que cette longévité irradie avec le temps, qu'elle dote notre animal de pouvoirs extraordinaires. Mais l'auteur lui a réservé un destin plus propice à la réflexion cette immortalité permettant avant tout à cette corneille d'approfondir son rapport au monde et celui des autres, les humains. Ce groupe mystérieux qu'elle observe, guette et accompagne dans la vie comme dans la mort, que ce soit dans le cadre des rites chamaniques des sociétés primitives aux cadavres dont elle se repaît laissés sur les champs de guerre.



John Crowley déroule ainsi le récit à hauteur de corneille, toujours à la périphérie de la conscience, dans l'interstice entre l'intuition et l'oubli pour ne pas prêter à cet animal des attributs humains. On progresse à coup de réminiscences vagues, la perception se trouble parfois dans ce monde où réalité, mythes et croyances se télescopent et entrent en résonances les uns avec autres. Mais cette complexité ne nuit en rien à la fluidité du récit.

C'est l'émerveillement qui l'emporte parce que non seulement l'auteur nous offre une perspective originale de l'histoire de la civilisation humaine mais aussi les aventures de cette corneille deviennent le support d'une réflexion et d'une rêverie intensément poétiques.

Kra fut une lecture passionnante, vertigineuse, je dirai même un moment de grâce bien difficile à retranscrire dans ces lignes. Et John Crowley est assurément un écrivain remarquable, il compte parmi ceux capables à travers une vision hallucinée de donner à l'expérience du monde un sens.

Roman inoubliable.



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La Grande Oeuvre du temps

(Ma critique est longue et prend bien des détours, je m'en excuse d'avance.)



Il y a cette idée étrangement populaire que l'art devrait être "apolitique", qu'elle devrait éviter de sermonner, faire la morale et tout ça. Je crois que la "La Grande Œuvre du Temps" est un excellent exemple des limites de cette approche.



Juste pour être clair :

- Je ne dis pas que toutes les œuvres devraient être morales, ni même que la majorité des œuvres devraient l'être. Un de mes réalisateurs préférés des David Cronenberg, dont tout les films soulèvent des enjeux éthiques extrêmement intéressants sans jamais y apporter de réponse. D'autres fois, un personnage doit seulement aller chercher un artéfact pour sauver la vie de son meilleur ami et c'est tout. Ça peut suffire.

- Je ne dis pas non plus que la qualité d'une œuvre dépend de son message politique (ce dont on m'a souvent accusé ici). Je suis évidemment plus réceptif aux œuvres qui résonne avec moi, mais j'adore celles qui me remettent en question. Et je considère que certains intolérants irrécupérables, comme Orson Scott Card ou Dan Simmons sont quand même de bons auteurs.



Alors, La Grande Oeuvre du Temps?



La prémisse est la suivante : Grace au voyage dans le temps, une société secrète fondée par Cecil Rhodes réussi à assoir la domination mondiale de l'Empire Britannique et amener la paix dans le monde. La Pax Britannica.



On explore donc, à travers une histoire éclatée aux chapitres dans le désordre (voyage dans le temps oblige), les modifications faites à l'Histoire pour parvenir à cette fin.



Mais voilà où le bât blesse. Le volonté de l'auteur est de "simplement poser une question". Pas de faire de la politique. Et la question qu'il souhaite poser est la suivante : Est que la fin légitime (la paix dans le monde) justifie le moyen (la modification de l'Histoire)? Aucune réponse n'est suggérée.



Pour parvenir à articuler sa question ainsi, l'auteur doit balayer une montagne de faits. Il doit par exemple :

- Supposer que les bonnes intentions de l'Empire Britannique sont sincères. Non pas une campagne de Relation Publique menée à l'étranger pour être acceptée, et à l'intérieur pour être réélu malgré les scandales quotidiens. Bref, accepter que le colonialisme servait un noble but.

- Ignorer les horreurs du colonialisme. Principalement le colonialisme britannique avec ses génocides, son travail forcé, l'invention des camps de concentration, l'addiction forcée à certaines drogues pour soumettre certaines populations etc.

- Ignorer le fait que Cecil Rhodes était l'un des pires colonisateurs de l'histoire de l'Empire. Il a ouvert la chemin à l'apartheid en Afrique du Sud en réduisant les droits (y compris celui de voter) des Noirs, croyait ouvertement à la supériorité raciale des blancs et la nécessité de leur domination sur les autres. (Parfois, il le disait ouvertement, parfois il disait le contraire, dépendamment de l'interlocuteur. Mais ses actes démontrent où son cœur penchait. Il est à l'origine de la seconde guerre des Boers, où plus de 250 000 ont été placés dans des camps dont le cinquième est mort en détention. (Et juste avant qu'on me dise que l'on doit juger selon les critères de l'époque. Rhode était une figure controversée pour toutes ces raisons PENDANT ces évènements.)



Le pire, c'est que l'œuvre n'est pas mal écrite. L'histoire est complexe et prend les "règles du voyage dans le temps" au sérieux. Ça reste tout de même une œuvre à laquelle il manque visiblement beaucoup de réflexion et de recherche. Assez pour gâcher la lecture.



(Pour les curieux qui comprennent l'anglais, mon podcast préféré a fait un épisode sur Cecil Rhodes ici. On y parle entre autre de la biographie douteuse à laquelle s'est référé Crowley pour écrire son histoire.

https://www.iheart.com/podcast/105-behind-the-bastards-29236323/episode/part-one-cecil-rhodes-the-first-72268571/ )
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Kra

« Les mots sont plus grands que leur sens, et capables de vivre sans eux. »



Les livres sont mes compagnons d'évasion, une porte ouverte vers d'autres horizons. Chaque année, pour Noël, je m'offre un roman. Je prends le temps de le choisir, ne recherchant pas forcément la notoriété d'un auteur, d'un livre ou d'une maison d'édition. Je recherche un roman dense, original, bien écrit, et qui fait rêver. Et cette année, je me suis laissée tenter par « Kra » de John Crowley, suite à la critique très prometteuse de JustAWord que je remercie.

La couverture et des illustrations intérieures signées Sonia Chaghatzbanian sont superbes, mais je trouve vraiment dommage que l'impression soit de mauvaise qualité avec le titre en lettres dorées qui s'efface.



*

En raison de leur plumage noir, de leur croassement rauque et lugubre, de leur rapacité et de leur nécrophagie, les corneilles et corbeaux sont, depuis toujours, dépeints comme des oiseaux de mauvais augure, porteurs de mort et de malheur.



« C'est peut-être à cette époque que les jeunes Humains se mirent à lire leur destin dans les Corneilles qu'ils dénombraient :



Une pour la peine

Deux pour la joie

Trois pour une fille

Quatre pour un gars

Cinq pour l'argent

Six pour l'or

Sept pour un secret qu'on cache encore



Les Corneilles de la région auraient pu leur dire qu'on en voit toujours moins qu'il n'y en a en réalité ; mais, comme les rares flocons de neige qu'on reçoit sur la langue ou les feuilles mortes qu'on réussit à attraper, ce ne sont que ceux ou celles qu'on dénombre qui importent. »



Les corvidés ont une influence considérable dans de nombreuses cultures (amérindienne, scandinave, asiatique, grecque, romaine...). Les mythes, les légendes, les croyances se sont tissés depuis le début de l'humanité autour de ces animaux funestes.

La littérature de toutes les époques s'est également emparée de cet animal, considéré comme un intermédiaire entre la vie et la mort.



« Quand tu rentreras chez toi, tu vas raconter ton histoire, …, et cette histoire sera répétée, et répétée encore. Même quand tu seras mort, on continuera de la raconter ; tu parleras et agiras alors à travers cette histoire et tu seras à nouveau en vie. »



C'est ainsi que John Crowley, primé en 2021 pour ce récit, offre aux lecteurs un roman fantastique insolite dans lequel le rôle principal a été confié à une corneille nommée Dar Duchesne, la première de toute l'Histoire des hommes à avoir porté un nom à elle.



*

Alors que les conditions climatiques se dégradent sur la Terre, un vieil homme trouve une corneille blessée dans son jardin.

En la soignant, il se rend très vite compte que cet oiseau est différent de ses congénères et qu'il cherche à communiquer avec lui. Avec le temps et en écoutant avec plus d'attention les cris de l'oiseau, l'homme est stupéfait de le comprendre. Et c'est ainsi qu'il va écouter le récit de cette corneille vieille de deux mille ans, qui a voyagé et est descendu à plusieurs reprises dans le royaume des morts dans lequel elle s'est emparée du secret de l'immortalité.



*

Condamné à la vie éternelle, Dar a traversé les âges, de la préhistoire jusqu'à un futur indéterminé en déclin progressif, en passant par l'Europe médiévale, la colonisation du Nouveau Monde, et la guerre de Sécession.

Dar vole d'une période à une autre, et ses aventures, parfois ordinaires, d'autres fois magiques, offrent une vision personnelle de l'histoire des hommes à travers le temps.



« Il m'est à cet instant venu à l'esprit pour la première fois que Dar Duchesne a peut-être vécu des vies qu'il ne se rappelle pas aujourd'hui – des vies trop courtes, trop insignifiantes, ou tout bonnement perdues dans le temps et indisponibles pour en faire des histoires ou des souvenirs. J'y ai réfléchi. Je me demande en outre si les histoires qu'il me raconte, ou les vies qu'il se rappelle avoir vécues et quittées, relèvent d'un choix à ma seule intention. Celles que j'ai le plus besoin d'entendre. Il est possible qu'aux Corneilles il en raconte d'autres qui leur sont d'un grand intérêt. Celles-ci sont les miennes. »



Durant ce long récit, Kra va s'attacher à quelques humains, mais tout en gardant son instinct : une jeune fille chamane, un moine, un guérisseur amérindien, une jeune voyante aveugle et, enfin, le narrateur de l'histoire.

Pour ma part, je ne peux pas dire que je me sois attachée à Kra, alors que j'aime les oiseaux. Son appétit vorace de chair en putréfaction m'a refroidie et légèrement écoeurée. Mais j'ai aimé suivre ses aventures.



« Nous sommes maintenant faits d'histoires, mon frère. Voilà pourquoi nous ne mourons jamais, même quand ça nous arrive. »



*

L'histoire traverse l'espace et le temps, offrant de belles réflexions philosophiques sur la vie, l'importance du nom, l'appartenance à un groupe, le pouvoir des histoires, la mortalité, la mort.

Et malgré toute cette noirceur et cette morbidité, j'ai trouvé l'histoire lumineuse, emprunte de merveilleux et de magie.



*

Ce qui m'a beaucoup plu, outre l'écriture de l'auteur, à la fois poétique et imagée, c'est l'originalité du procédé narratif. En effet, l'histoire est racontée du point de vue du corbeau, par l'intermédiaire du vieillard. Ce sont bien les pensées de l'oiseau qui sont clairement exprimées, et sa propre voix résonne de son regard ignorant et lacunaire sur le monde des hommes.



L'auteur a sûrement fait des recherches assez poussées sur les oiseaux et en particulier les corneilles et les corbeaux car il réussit à incorporer subtilement dans l'intrigue leurs caractéristiques biologiques et leur comportement social, nous rendant Kra plus accessible.

*

L'écriture de l'auteur est vraiment très belle, à la fois onirique, imagée et contemplative. Certains passages sont magnifiques, d'autres effrayants, nauséeux ou répugnants.



« Si les Humains devaient décrire les Corneilles, j'imagine qu'ils les compareraient à une écharpe noire aérienne étalée depuis l'autre côté de l'horizon jusqu'au milieu du ciel. »



*

« Kra » est un roman qui brouille les frontières entre les genres littéraires. Entre réalisme magique et Fantasy historique, John Crowley propose un roman unique, étonnant, ambitieux, une fable douce-amère captivante, mais également exigeante. Ce roman se lit et se digère lentement pour en apprécier toute sa richesse.

Si vous aimez les mythes, si vous êtes attirés par des romans atypiques qui dépassent les limites de genres littéraires, ou bien, si les corneilles vous fascinent, laissez-vous tenter par l'histoire de Dar.

Quoi de plus intrigant que de vivre les histoires d'une corneille chapardeuse et égoïste, porteuse de mort !



« Dans la Terre il est une Porte

Vers les Cieux – quelque part – Où le Tégument et l'Esprit – À jamais – se Séparent. »

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Le Silex et le Miroir

Hugh O’Neill, seigneur d’Ulster, sait depuis tout petit qu’il aura un rôle particulier à jouer. Il devra rassembler l’Irlande contre les Anglais. Contre le pouvoir de la Reine. Et il a un atout dans sa manche. Il est protégé par les créatures magiques qui peuplent ses terres. D’ailleurs, elles lui ont remis un cadeau : un silex, symbole de son pouvoir. D’un autre côté, le mage de la reine, John Dee, lui a offert un miroir enchanté, qui le lie à sa souveraine. Quels choix seront les siens ?



John Crowley, dès les premières pages, semble nous plonger dans un roman historique assez traditionnel. On est en Italie, et l’on découvre Hugh O’Neill sur la fin de sa vie. Réfugié dans ce pays catholique, loin du courroux protestant de « sa » reine, il se plonge, guidé par son confesseur, dans son enfance et le déclenchement des évènements qui l’ont conduit en ce lieu, dans cette position. Et si l’on va vérifier dans des livres, sur internet la véracité des moments contés par l’auteur, pas d’erreur, on est bien dans un roman qui se base de façon précise sur des faits réels. Toutes ces histoires de famille, d’enfants illégitimes, de prises de pouvoir, de trahisons, de batailles, sont inspirées de ce que racontent les livres d’histoire. Autant vous le dire tout de suite, moi qui ne connais ni le passé de ce pays, ni ces familles, je n’ai pas tout retenu. Voire pas tout saisi des liens qui unissent les personnages. Mais cela ne me dérange pas, car j’ai toujours eu du mal avec la généalogie. Au fur et à mesure, c’est davantage les sonorités des noms que je me lis à voix haute qui me charment et me portent. Au détriment, certes, d’une compréhension totale de tous les tenants et aboutissants des rapports entre les personnages. Mais cela ne m’a en aucune manière gêné dans la lecture. En effet, John Crowley ne fait pas œuvre uniquement d’historien. Il est avant tout conteur.



Et conteur d’un récit appartenant sans hésitation au genre de la SFFF. Car très rapidement, il met en scène son personnage principal aux prises avec les créatures magiques de son pays. Alors, ne vous attendez pas à un bestiaire féerique, plein de gentilles petites créatures ailées. Ici, les êtres magiques sortent de la terre ou des airs et y retournent le plus vite possible. Les temps ne sont plus les leurs. Ils paraissent le savoir et tentent comme un baroud d’honneur avec Hugh O’Neill. Une dernière tentative pour reprendre pied dans leur contrée. Alors, celui qu’on appellera plus tard « Le O’Neill », se laisse porter. Sans nécessairement bien comprendre ce qu’on attend de lui, sans bien réaliser pleinement quelles sont les forces en présence. Mais il suit le courant. Et prend les décisions qu’il faut. Semble-t-il. Même si l’on sait d’avance que tout cela finira par un échec.



Tout est écrit d’avance. D’où, peut-être, ce sentiment que le personnage principal n’était pas très actif. Un peu, par moments. Un peu, sur la fin. Mais John Crowley n’insiste pas tellement sur ces prises de décision. Davantage sur son côté observateur passif. Qui a du mal à effectuer un choix. D’ailleurs, certains lui reprocheront ces hésitations, qui auraient conduit à la défaite. Il hésite, de toute façon, et c’est une réussite anglaise, entre les deux côtés. Les Anglais l’ont fait élever parmi les leurs, loin des siens. Il est donc un Irlandais aux mœurs anglaises. Et son allégeance à la Reine, renforcée par la présence du miroir magique offert par John Dee, n’arrange pas les choses. Est-ce parce que je n’arrête pas de lire des romans mettant en scène des protagonistes un peu à côté de la plaque, qui semblent avoir du mal à prendre les rênes de leur existence (comme L’Hôtel de verre ou Les choses immobiles) ? En tout cas, j’ai trouvé Hugh O’Neill particulièrement passif, à quelques exceptions près. Et, si cela n’a pas dérangé mon plaisir de lecteur, cela m’a interrogé sur ce personnage. Je me demande bien si, en réalité, il s’est montré aussi indécis. Aussi à la traîne sur les évènements.



Le Silex et le miroir est un roman mélancolique et beau, d’une grande poésie (je suis toujours admiratif devant le travail des traducteurs et traductrices, en l’occurrence, ici, Patrick Couton). Je ne sais s’il me permettra de mieux saisir une partie de l’histoire de l’Irlande et de l’Angleterre. Mais il m’a permis de vivre, pendant plusieurs heures, à une époque lointaine, au milieu de paysages superbes et oniriques, avec des personnages souvent rudes, voire rustres, souvent attendrissants malgré leur violence. Et il m’a donné envie de rattraper mon retard et découvrir, quelques années après tout le monde, le roman Kra.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Kra

L'imaginaire en France reprendrait-il des couleurs ?

L'année dernière a en effet été marquée par la sortie de plusieurs ouvrages (très) ambitieux et particulièrement exigeants sur le plan littéraire.

On pense notamment à Trop Semblable à l'éclair d'Ada Palmer au Bélial' ou à Vorhh de Brian Catling chez Outre Fleuve mais aussi, et surtout, au sublime Vita Nostra de Marina & Sergueï Diatchenko, roman de fantasy subtil et brillant paru aux éditions L'Atalante.

Fort de ces succès critique et public, les éditions L'Atalante ont décidé de tenter un second coup de poker en confiant à Patrick Couton la traduction d'un ouvrage aussi érudit qu'ambitieux : Kra, Dar Duchesne dans les ruines de l'Ymr.



John Crowley, le retour d'un géant

La traduction française de Kra marque surtout le retour dans l'Hexagone d'un fabuleux auteur américain : John Crowley.

On se souvient tout particulièrement de L'Été Machine, son roman post-apocalyptique joyeux ou encore de son chef d'oeuvre fantastique, le Parlement des Fées.

Pourtant, depuis 1997 et le second volet de sa tétralogie Ægypt (qui n'a jamais été intégralement traduit en français…), aucune nouvelle fraîche de l'écrivain à l'exception de quelques rééditions ici ou là.

Le public français serait-il réfractaire au style de l'américain ?

Ce n'est pas l'avis de L'Atalante qui nous offre son dernier roman en date, Kra, petit pavé de 500 pages paru en 2017 et lauréat du Mythopoeic Fantasy Award l'année suivante.

Il était grand temps de retrouver la plume unique de John Crowley et son talent de conteur à nul autre pareil.



Des hommes et des corneilles

Tout commence par le sauvetage d'une corneille malade par un homme endeuillé. Dans un futur sinistre où l'humanité a quasiment réussi à s'autodétruire, notre narrateur existe encore, hantée par la mort de sa femme, Debra, qui le suit en clair-obscur comme un rappel de sa fin prochaine et inéluctable.

En recueillant cette corneille balafrée d'une étrange marque blanche, l'homme ne sait pas qu'il vient de venir en aide à Dar Duchesne, un immortel qui a vu le début du monde…et qui en verra certainement sa fin !

Dar Duchesne, qui connaît la langue des hommes, se met alors à raconter à son bienfaiteur des histoires tirées de ses multiples vies, des histoires incroyables et terribles, belles à en mourir, vieilles à en pâlir.

John Crowley utilise sa langue poétique et sensible pour se pencher sur l'existence d'un animal. Mais pas n'importe lequel : la Corneille. Cet oiseau tout de noir que l'on dit messager de la mort, un oiseau de mauvaise augure, un mauvais présage, un charognard.

Seulement voilà, John Crowley a une autre idée en tête. Il imagine un royaume, celui du Kra, celui des Corneilles, et un autre, l'Ymr, celui des humains. Il imagine des mondes, des époques, des histoires, des épopées.

Le roman égraine les siècles et offre par le détail la vie des Corneilles, ou, plutôt, de LA corneille.

LA Corneille, un jour, rencontre des êtres étranges, des deux-pattes qui manipulent des bâtons. Bien vite, il apprend que les deux-pattes se nomment eux-mêmes humains grâce à Toque de Renard, chaman en devenir, ni homme, ni femme, indompté et indomptable. Avec Toque de Renard, la corneille comprend l'importance du nom, l'importance de nommer ce qui l'entoure…de se nommer. C'est avec le nom que l'on devient immortel, c'est avec le nom que l'on donne une existence aux choses, qu'on se les approprie.

Alors, la Corneille devient Dar Duchesne et nous parle de ses aventures de Corneille. Il nous explique les dangers de son existence, les règles qui régissent le monde des corneilles, leur immortalité et leurs royaumes, leur accouplement et leur dortoir.

John Crowley déroule le monde de Dar Duchesne comme une fabuleuse aventure épique, où l'amour, la mort, la chasse, la communion s'entremêlent.

Tout est en place pour l'exploit.



Des histoires qui font le monde

Au gré des pages, Dar Duchesne traverse le temps. Il rencontre les premiers Hommes et mêle le destin des corneilles et celui des êtres humains. Il donne aux hommes décédés une possibilité de rejoindre l'autre Royaume, apprend aux autres qu'ils peuvent échanger avec les deux-pattes, qu'ils peuvent coopérer, coexister.

John Crowley ne se contente pourtant pas d'une seule histoire, il nous en raconte une myriade. Revisitant les légendes et mythes de l'humanité, de Virgile à Prométhée en passant par la Genèse, Dar Duchesne semble tout vivre. Il vole la chose la plus précieuse avant de se brûler les ailes, il part aux Enfers pour ramener son aimée, il se sacrifie pour les siens tel un martyr de plumes noirs.

Pourtant, c'est définitivement lors de sa visite de la Vallée du Bonheur avec Toque de Renard que Dar Duchesne commet l'irréparable.

Par accident, il égare l'immortalité et celle-ci devient son fardeau.

Quel est la chose la plus précieuse pour le vivant ?

Si certains répondront la vie éternelle, John Crowley, avec malice et subtilité, répond l'inverse. C'est la mort qui devient un cadeau, une finitude qui permet d'apprécier son existence et surtout, qui évite de voir les autres mourir, de perdre les siens, de se perdre soi avec le temps.

Alors que se passe-t-il pour Dar Duchesne ? La vie, voilà ce qu'il se passe. Malgré des morts tragiques, la corneille revient toujours au monde des hommes et poursuit son existence. Il communique avec d'autres oiseaux, noue des amitiés avec des Saints et avec des Indiens, contemple la boucherie de la guerre de Sécession, renverse un tueur de corneilles…et surtout, Dar Duchesne aime et aime encore, malgré ses réticences et ses doutes.

De Renardeaux à Na Cerise, la corneille éternelle devient de plus en plus humaine avec le temps. Ses émotions, sa compréhension des autres, son empathie, tout concourt à faire de Dar Duchesne un homme ET une corneille d'exception.

Mais surtout, surtout, Dar Duchesne raconte.

Encore, encore. Et encore !

John Crowley, à travers son masque de plumes noires, réfléchit sur le pouvoir de l'histoire elle-même et, derrière elle, sur celui du conteur. Qu'est-ce que l'humanité si ce n'est un ensemble de noms et d'histoires, des mots puissants qui vivent pour toujours ? Dans cette oeuvre somme, l'américain semble regarder son propre travail de conteur pour se mesurer aux plus grands mythes, aux plus vibrantes légendes. Il se les réapproprient, les modifient, les modernisent. Il les fait tout simplement revivre encore et encore, cycle après cycle, itération après itération.

Le pouvoir de Kra est là, celui d'analyser le rôle des histoires sur le monde et d'en tirer une conclusion époustouflante : « Nous sommes faits d'histoires » et sans elles, le monde meurt. le monde s'arrête. Grâce à nos imaginaires, à nos aventures fantasmées ou réelles, sanguinaires ou bienveillantes, héroïques ou égoïstes, nous sommes et le monde est.

Ainsi tourne l'univers, sous la plume de John Crowley et de milliers d'autres, de chacun et de chacune d'entre nous, sorciers et magiciennes de notre propre existence.

En filigrane, avec une intelligence époustouflante, Kra devient également un livre de deuil, une façon d'accepter la mort de l'autre et de survivre pour raconter son histoire, sa vérité, ses émotions, ses larmes, ses cris.

Et tout part d'une rencontre, celle d'un homme qui pense être prêt à mourir et celle d'une corneille qui n'en peut plus de vivre.

Mais peu importe ce qu'il se passe, on ne revient jamais sur ce qui fut, on avance, toujours, tout simplement, jusqu'au bout.



Roman exigeant mais d'une infinie beauté, Kra revisite nos légendes et nos croyances, notre passé et notre futur, construit des royaumes et des histoires pour porter le monde et les hommes.

C'est immensément beau, incroyablement dense, extraordinairement rare.

John Crowley parvient au sommet, là-bas, très haut, sur le mont Olympe, parmi les Dieux conteurs de notre temps…et pour longtemps !
Lien : https://justaword.fr/kra-dar..
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Kra

Dar Duchesne est une Corneille qui assiste à l'avènement de l'humanité avec un esprit critique que beaucoup d'humains lui envieraient.



Dans un futur très proche, une corneille blessée est recueillie et soignée par un homme. La corneille, qui parle notre langue, va alors lui révéler son immortalité et les histoires qu'elle a vécue depuis le début de l'humanité.



Le récit suit ainsi plusieurs époques.

Au début, la corneille vit avec ses congénères jusqu'à ce qu'elle rencontre et se lie d'amitié avec un shaman issue d'une tribu primitive. De par sa nature extraordinaire, elle va réussir à communiquer avec les humains. Elle apprendra ainsi à nommer les choses. Dès lors, elle nommera le Kra comme le royaume des corneilles et l'Ymr celui des hommes. Dar Duchesne explique le mode de vie des corneilles, comment elles ont acquis leur sinistre réputation de charognards et de mauvais présage.

L'auteur mêle des explications zoologiques et mythologiques dans un récit un peu confus où la corneille sert de témoin à l'avènement et au déclin de l'humanité. Les mondes imaginaires se mêlent à la réalité lorsque la corneille fait l'expérience de visites dans le royaume des morts, des fées ou au purgatoire où elle assistera au jugement d'âmes.

Lors d'un de ces épisodes, Dar Duchène va partir à la recherche du « bien le plus précieux » pour les hommes. Il trouvera ce bien et le perdra aussitôt ce qui lui vaudra sa malédiction. Devenu immortel, il deviendra le conteur, celui qui témoigne du passé mais qui ne peut sauver celles et ceux à qui il tient.

Condamné à mourir et à renaître sans cesse, la corneille nous parle également du deuil et de la mémoire. L'immortalité du conteur et de ses histoires est traitée de façon poétique, j'ai beaucoup apprécié.



Une écriture dense pour une lecture exigeante. De réflexions philosophiques en passages oniriques, l'auteur m'a plusieurs fois perdue dans ses messages. Au final, je ressors de ma lecture avec un sentiment mitigé. D'un côté j'ai fait un beau voyage en compagnie de cette corneille hors du commun et de l'autre, rien de marquant dans l'intérêt que j'ai pu avoir par moment.



Une lecture déconcertante mais plutôt agréable.

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Kra

Je me suis laissé tenter par les excellentes critiques des autres babéliotes...Mais voilà, il m'a manqué un truc...Quoi, je ne sais pas trop...



C'est magique cette histoire, comme les contes amérindiens ou africains, mais il y avait un peu trop de corneille à mon goût et pas assez de liaisons avec le monde des humains. Ou alors, trop d'humains dans cette histoire de corneille.



Un peu trop d'incursions dans le monde des morts également, et je n'adhère pas aux croyances d'un univers après la vie, ou parallèle à la vie, comme le dit Dar Duchesne, quand on est mort on est mort...Je dois être une corneille peut-être...



En milieu de livre, cela a commencé à me sembler un peu longuet, je n'ai pas été totalement emportée, ce n'était pas réellement une histoire pour moi, dommage.
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Kra

Passé, présent, futur, "Dar Duchesne", corneille immortelle mais tout de même mortelle, va nous conter par le biais du narrateur, tous ses voyages et toutes ses découvertes, ce qu'il se souvient et ce dont il ne se souvient pas, toutes ses vies et toutes ses morts, ses rencontres, le passage du "Kra" à "L'Ymr", son passage de la vie sur Terre à l'ailleurs, d'avant l'humain, jusqu'à notre futur proche.





"KRA" est un ovni littéraire, singulier, puissant, fort de réflexion, beau et noir à la fois, onirique à souhait, un vrai conte universel.





La plume de John Crowley (ainsi que la traduction de Patrick Couton), est exigeante et en même temps raffinée, attirante, elle aimante le lecteur malgré de longs passages de contemplation et de philosophie, on prend son temps, mais on y revient tous les jours avec cette obsession "d'écouter" "Dar Duchesne", oui j'ai bien dis écouter car cette lecture donne cette sensation.





Les amoureux d'imaginaire, de contes, d'onirisme et de beauté doivent absolument lire ce roman qui deviendra très certainement culte si le lecteur est au rendez-vous, mais qui de toute façon sera pour ma part une référence.





Je regrette une toute petite chose, le titre en lettres dorées s'efface au passage répété des doigts, je m'en suis aperçu trop tard, j'ai donc abîmé mon livre qui a pourtant une si belle couverture signée Sonia Chaghatzbanian.
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Kra

En Résumé : Ce roman m’a offert un excellent moment de lecture, se révélant à la fois onirique, captivant et ne me laissant pas indifférent. L’auteur ne construit ainsi pas son récit de façon classique, mais plus dans une sorte de mélange d’histoire avec en personnage principal un corbeau qui, en plus de vivre sa vie, va voir évoluer l’humanité. Il s’agit clairement d’un récit qui ne plaira pas à tout le monde, mais pour ma part il m’a happé rapidement pour ne plus me lâcher. On plonge ainsi dans un univers que j’ai trouvé d’une certaine façon flamboyant, riche le tout porté par une ambiance étrange, captivante qui vient développer de façon réussie et magnifiques des mythes et légendes. L’auteur remet ainsi le corbeau dans sa position mythique, de l’animal qui fait voyager les morts. John Crowley évite avec Dar Oakley l’anthropomorphisme facile, tout en offrant un protagoniste riche et complexe. Le récit offre aussi de nombreuses réflexions intéressantes qui m’ont fait réfléchir, tournant autour de deux axes principaux : les histoires et la mort. La plume de l’auteur est vraiment magnifique, soignée et poétique. Alors après le dernier quart essouffle peut-être légèrement, mais franchement rien de bien bloquant. Au final ce roman m’a fait voyager, m’a fasciné et m’a fait réfléchir, tout en demandant un investissement su lecteur. Il ne plaira pas à tout le monde, mais si vous vous y retrouvez dans ma chronique laissez-lui une chance surtout que normalement il devrait être traduit en VF.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
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Kra

Et voilà

Et voilà un bon livre

Un bon livre qui n’est pas pour moi

Ou que je n’ai pas lu au bon moment.

Je me suis sans doute aussi créé moi-même une attente.



Le roman commence par la rencontre entre un humain et une corneille.

Un corneille spéciale.

L’homme est seul.

On comprend que l’humanité est sur la voie de l’extinction ou tout du moins qu’une grande catastrophe ou régression a eu lieu.

Ce qu’il s’est passé ? On ne le devine qu’à peine.

Cette introduction m’a laissé penser qu’on allait parler de la chute de l’humanité.

Un roman post-apocalyptique raconté par une corneille ? J’ai donc plongé dans le récit de cette corneille en attendant qu’au chapitre suivant on revienne à l’humanité.



Le récit est raconté par Dar Duchesne, première corneille à porter un nom, à comprendre et se faire comprendre de curieux bipèdes qui s’installent près du pays des corbeaux, près du pays de Kra.

Dar Duchesne a fait de bien mystiques voyages.

La corneille n’est’elle pas de ces oiseaux qui accompagnent les morts humains ?

Au cours d’un de ses voyages, elle va découvrir un secret qui la libéra de la mort.



Libérée de la mort mais d’une grande curiosité pour ce monde et l’autre monde.

Elle va entrer en contact avec quelques humains réceptifs.

Il est beaucoup question de la mort, de nos rites, de nos rapports aux morts (rapports bien curieux pour les corneilles).



Il n’y a pas d’intrigue. Quand le récit parle des humains, il est quasiment situé au temps préhistorique ou moyen ageux.



Je n’ai pas su me libérer de mon attente.

Je n’ai pas su lâcher prise et m’embarquer pour ces récits mystiques entre la vie et la mort.



C’était beau. Bien écrit.

C’était très bien raconté d’un point de vue corneilliens. Mais je n’ai pas réussi à me laisser porter par la narration de Dar Duchesne.

J’attendais toujours de revenir aux « Hommes ».

Voilà comment je suis passé à côté d’un sans doute très bon roman.
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Kra

Un roman que j'étais vraiment TRÈS impatiente de découvrir !



Dans un futur proche, le monde est ravagé par la pollution. Nous découvrons un vieil homme, qui a sauvé une corneille. Cette corneille se nomme Dar Duchesne et elle fut la première à porter un nom. Dar Duchesne va nous raconter son parcours, et ses nombreuses vies et morts...



Dar Duchesne est une corneille qui existe depuis fort longtemps : non seulement elle est la première à avoir reçu un nom, mais elle aussi la première à avoir rencontré l'homme. Dar Duchesne va ainsi se lier d'amitié avec plusieurs êtres humains, comme une jeune fille surnommée « Toque de Renard » ou avec « Une-Oreille », un Indien. La corneille va apprendre le langage des humains, leurs us et coutumes, et transmettre certaines de ses connaissances à ses congénères. Mais, ce faisant, Dar Duchesne va aussi se retrouver mis dans une place particulière avec ses congénères. Il va avoir des relations avec des femelles, des petits... Il a également une position de « sage », mais aussi d'étranger.



Kra est un roman très particulier : étant donné que le personnage principal est une corneille, John Crowley a fait en sorte de ne pas mettre un esprit humain dans un corps d'oiseau. Non, nous avons bien affaire – autant que possible – à un oiseau qui nous offre sa vision du monde. Le fait de suivre Dar Duchesne fait de Kra un livre original, déroutant, mais deviens surtout une histoire de légende que l'on pourrait lire un soir d'hiver, au coin du feu. Avec son ambiance envoûtante, presque onirique, je ne pense pas que Kra parlera à tout les lecteurs. Mais c'est en tout cas une histoire qui ne peut pas laisser indifférent !



Surtout que l'intrigue de Kra n'est pas spécialement « fournie » : on va suivre les différentes vies de Dar Duchesne, qui va être essentiellement spectateur d'événements, qu'ils soient personnel ou de plus grande envergure. Il n'est pas un de ces héros dont la présence va bouleverser la marche du monde, ou qui va prendre une part active dans les péripéties. Kra est davantage un patchwork d'images, qui va dessiner peu à peu un motif plus large. Et le rythme est calme, posé, ce qui nous permet aussi de nous plonger plus profondément dans les pensées particulières de Dar Duchesne.



Je dirais donc que Kra est un livre vraiment particulier, qui peut ne pas plaire à tout le monde, mais qui m'a personnellement bluffée ! J'ai été conquise du début à la fin, et je vous encourage à au moins y jeter un coup d'œil.



(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : https://chezlechatducheshire..
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Le Parlement des fées, Tome 1 : L'orée des bois

Alors le parlement des fées, je ne parlerais que du tome 1 car je n'ai pas lu le tome 2, qui pourtant est dans mes étagères...

À noter que se lire a été récompensée au World Fantasy Awards, comme meilleur roman de l'année 1982.

Un beau roman certes, une vision de la fantaisie différente de ce que nombreux livres proposent, mais (car il faut bien un "mais" pour expliquer le note): parlons un peu de l'histoire, complexe avec un manque de logique sur certain passage qui s'explique par le thème du livre mais qui nous empêche de réellement comprendre. Peut-être suis-je passé à côté de détails essentiels, en tout cas je n'ai pas tout compris j'en suis sûr.

Voilà qui explique pourquoi je n'ai pas lu le second livre.

Selon moi une deuxième lecture s'impose avant de passer à la suite, peut-être changerais-je de note alors, mais pour le moment ce livre n'a pas réussi à m'enchanter.

Seulement je ne vous déconseilles pas de le lire c'est une expérience à faire, il me semble, et de mon côté je ne regrette pas cette lecture, alors n'hésiter pas plonger dans ce monde onirique, perdez-vous dans ces dédales.

Le travail d'écriture fournit pour ce livre est impressionnant, c'est à se demander comment l'auteur a pu retrouver son chemin pour en écrire une suite!

Au final ce livre n'est pas mauvais, mais nécessite juste plus de temps que d'autres (pour les relectures) !

Désolé, je n'ai pas été assez clair, je le sais, mais c'est à l'image du livre....


Lien : http://airedurat.blogspot.co..
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Kra

_ L'Auteur et son oeuvre : (selon la préface de Patrick Gayger.

" Riches de niveaux de lectures et interpretations multiples, les romans de John Crowley peuvent désorienter par leurs approches obliques et des imersions dans des espaces paralleles, imbriqués ou intersticiels."

... Bon... .



Belles illustrations noir et blanc _dessins ou photomontages ? _ de Sonia Chaghatzbanian _ dont je n'ai retrouvé aucune biographie ou site, sur la toile.... Dommage. (Si vous détenez des informations, je suis preneur) .



Lecteur qui abordez ce Roman , abandonnez tout espoir de facilité littéraire ou intellectuelle. Car vous abordez un Roman épique, dense, difficile à lire d'une traite, m' ayant obligé a de fréquents retours en arrière.



    Une corneille raconte ses contacts avec la nature, les hommes, à travers l'histoire de l'humanité, sa propre vie, multiple,  ainsi qu'au travers de son groupe,et des générations successives.

Sa perception du monde l'environnant ainsi que ses raisonnements et intuitions constituent la trame de cette histoire des relations hommes-corvidés.

   Est -ce la même ? Les réminiscences en font un être immortel, passeur entre la vie et la mort des hommes . Craint, car necrophage à l'égard  d'êtres négligés, méprisé voir honni, donc chassé des cadavres humains avant leur enterrement, et paradoxalement invité lors de cérémonies funéraires de personnalités de ce même groupe .

Les Croyances, les enchaînements de mythes : _ des origines , antiques, grecs , médiévaux , amerindiens _ concernant l'acces au monde d'après _ se succèdent, et sont constitutifs de la trame du récit .

Car les récits  épiques de sa propre aventure, ses expériences , déformés et magnifiés par les transmissions orales successives, fonction des cultures et civilisations fréquentées , se transforment en mythes .

La quête de l'immortalité nous entraine dans des mondes souterrains ,ou devant des portes fermees.

       Ce monde est il accessible de notre vivant ? sans passage mortuaire obligé ? Une discussion, récurrente s'engage. J'avoue ne pas avoir bien saisi le sens de ce questionnement interprété par un corvidé.

Ce Roman est divisé en quatre livres.

Livre 1 : Monde au début de l'humanité :animiste et mythologique.

Livre 2 : perception moyenâgeuse : religieuse et découverte du monde : les fleuves se transforment en ocean, la terre devient ronde pour notre corneille... qui garde confusement la mémoire des acquis de ses ancêtres. L'accompagnement de l'humain vers le monde souterrain rappelle Dante-Alighieri et les tableaux du très chrétien Jérôme Bosch.

La traversée de l'océan lui permet d'acceder au "pays du Futur " rendu possible grace à l'aide technique des sternes migrateurs passés maitre en navigation  et gestion des courants aeriens. .

Livre 3 : elle épouse un castor et sa perception (du nouveau monde) évolue en conséquence : fusionnant avec les recits mythiques des amérindiens. Apparait une tortue Pythie.... aux propos obscurs  ...

Le premier débarquement et contact entre natifs et visiteurs est relaté, pouvoyeur de nouvelles espèces végétales , animales... et de mort généralisée .... Et les âmes accompagnaient les survivants dans leurs migrations.... Premiere des grandes hécatombes rencontrées par notre corneille.

Le livre 4 nous ramène à notre civilisation tres expensive, et l'auteur, transcripteur des propos de Dar Duchene, prend la main.

      "Avec les humains, on n'est jamais sûr de rien. On ne sait jamais jusqu'où ils peuvent aller ni quand ils vont s'arrêter."

    Et les amours de Dar Duchesne restent toujours un temps de poésie rejouissant !

      Existe-t-il un royaume des corneilles apres leur mort ? : Évidemment :  où aurait il pu aller lorsqu'il ne séjournait pas parmi les vivants ? Il pouvait donc s'y rendre et en revenir de son vivant !

Animisme et spiritisme convergent, la corneille sert de passeur et découvre la notion de compassion en devenant pour un temps "berger des âmes".

Rappelons que dans la religion catholique, entre Paradis et Enfer siège le Purgatoire, domaine des âmes en souffrance, déshérence , en attente d'un Jugement definitif. Fantômes et morts non reconnus, non sanctifiés errent en l'attente de bénédiction des vivants, parents ou alliés.

Tous les mythes ou légendes, évoqués dans ce roman, y font référence.

La grande tolérance interespeces et raciales, est aussi évoquée.

Coyote et Corneille revendiquent la creation de l'humanité.

"Tu as créé les humains, dit Dar Duchesne, et maintenant ils te chassent.

C'est comme ça commenta le Coyote.

Moi, dit Dar Duchesne, j'ai été marié une fois à un Castor.

Pas possible ?

Ce qu'ont aussi dit les humains."



Pour ce grandiose et magnifique roman fleuve, : 5/5.

... Mais les propos ne sont pas toujours facile à comprendre.
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Le Parlement des fées, Tome 1 : L'orée des bois

Hélas, je ne ferai pas partie des inconditionnels, j'ai énormément peiné à la lecture, et cela a véritablement représenté une épreuve pour moi.

Pourquoi ? D'abord parce que j'ai l'impression d'avoir été flouée. Je pensais lire un roman en catégorie Fantasy, un de mes genres préférés, or ce n'en est pas vraiment. A mes yeux du moins.

Ensuite parce que je déteste refermer un livre en me disant que je n'y ai pas compris grand-chose, que j'ai probablement manqué l'essentiel. Il n'y a rien de plus frustrant.



Il m'est impossible de résumer ce roman découpé en deux volumes car c'est un emboitement d'histoires sur fond de saga familiale qui s'étend sur plusieurs générations. C'est l'histoire d'une maison, Edgewood, aux multiples aspects, et c'est le "personnage" central du livre, c'est aussi l'histoire d'un Conte qui doit bien avoir une fin et de la disparition probable, supposée du Petit Peuple.

Débrouillez-vous avec ça.

Roman très bien écrit, à la trame originale, mais si confus, si long, si bavard que je suis restée au bord de cette route qui mène à Edgewwood. Et alors pourquoi ce titre trompeur ? le titre original est Little big...



Et pourtant, au détour des pages, je dois admettre que l'on trouve des pépites. De magnifiques descriptions poétiques, des bribes d'histoires terrifiantes ou poignantes, un hymne à la nature (Ah le passage des saisons...), des lucioles et des forêts magiques, un jeu de cartes mystérieux, grand-père truite et Mme Underhill (tiens, c'est le nom d'emprunt de Frodon quand il arrive à Bree...), Titania et Obéron, Ariel et moults clins d'oeil à Shakespeare, petites références à Lewis Carroll (Sylvie et Bruno), une fausse petite fille qui finit en feu d'artifice, un clochard qui se transforme en arbre, et une mage qui devient cigogne (autre allusion aux grands contes classiques).



Aussi quel agacement devant ces longs passages consacrés à l'empereur Barberousse, aux démêlées d'Ariel Hawkskill avec son Club de messieurs influents, aux problèmes existentiels de Smoky et Aubéron fils (et d'ailleurs que d'incompréhensions entre tous ces personnages, que de mystères, de cachotteries qui finalement ont lassé la lectrice que je suis...). Des considérations philosophico-mystiques sans fin qui m'ont fait bailler d'ennui si souvent. Surtout que de nombreux passages sont restés obscurs pour moi. L'impression désagréable de ne pas avoir saisi toutes les allusions, de nombreuses interrogations qui subsistent (et que devient Brownie ? Qu'est-ce qu'apporte Bruno dans cette histoire ? et surtout, des fées qui se font désirer. Ce n'est pas que je sois exigeante mais enfin, si l'auteur s'était davantage penché sur les créatures féériques, plutôt que sur la famille Drinkwater, j'aurai apprécié.

Enfin, je n'ai pas aimé non plus le fait que tous ces personnages, bien que se posant tous des questions, à tout moment de leur existence, de jour comme de nuit, sont finalement très passifs. Ils se laissent guider par les événements, leur Destinée, parce que du moment que les cartes le disent ma foi... Du coup, je ne comprends pas pourquoi la plupart d'entre eux passent autant de temps à s'interroger...

Comme dirait Alice (celle de Lewis Carroll), ce genre d'histoire n'est pas ma tasse de thé !
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Kra

il existe parfois des rendez-vous raté et Kra pour moi en est un. Bien que le style de l'auteur soit particulièrement plaisant, impossible pour moi de plonger dans l'histoire, probablement trop perchée et pas vraiment dans mes envies du moment.



Après presque 4 décennies à lire de la fantasy je m'aperçois aussi qu'il est difficile de m'éloigner d'un peu trop loin d'univers dit "classiques".



je ferai l'impasse donc sur la notation, je pense que le pb c'est plutot moi et pas le livre :)
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Kra

Je sais que certaines et certains d’entre vous sont très intéressé(e)s par ce livre mais qu’il vous effraie un peu. Je le sais car bien que très impatiente de le découvrir, l’aspect exigeant associé à son auteur me faisait craindre une oeuvre trop ardue à parcourir. Ses plus de 500 pages en une police assez serrée pouvaient autant être promesse de bonheur absolue que d’obstacle infranchissable. Aussi je vous rassure tout de suite: oui, sur certains aspects (réflexions philosophiques, références, etc.), Kra est un roman exigeant mais il reste très accessible dans le style ou dans le propos. Il ne convaincra sans doute pas tout le monde, à cause de son parti pris narratif aussi génial que déroutant ainsi que de quelques longueurs, mais il risque aussi de vous envoûter pleinement. Ce fut le cas pour moi. J’ai été happée par la plume, envoûtée par l’histoire et j’ai dévoré ce roman avec plaisir, tout en essayant de prendre le temps d’intégrer la richesse de ses enseignements. Inclassable, [...]



Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Le Parlement des fées, Tome 1 : L'orée des bois

Ma critique est valable pour les deux tomes, parce que je ne me rappelle plus exactement ce qui est dans lequel. C'est, de toute façon, une histoire complète coupée en deux pour des raisons de nombre de pages, ça n'a pas du tout la structure d'une série de deux tomes.



Cela se passe en Amérique, je dirais vers le début du 20e siècle, sur plusieurs générations. Smoky, qui est au début le personnage principal, a un coup de foudre réciproque pour une jeune fille et décide de l'épouser. Elle vit dans la campagne proche, et sa famille a, de longue date, fait une alliance avec les fées. Même si personne n'en parle. Et que ce n'est pas évident de savoir, parmi les habitants du coin, qui le sait et qui est juste naturellement bizarre.



Pour la narration, c'est assez étrange, cela ressemble presque plus à du réalisme magique qu'à de la fantasy. On suit les personnages lentement, dans leur vie quotidienne, les naissances, mariages, adultères, maladies et morts, l'école, les veillées passées à lire ou regarder les étoiles, les départs à la Ville, les promenades dans la nature, les générateurs électriques en panne, les lettres au Père Noël, les enfants enlevés par les fées, les prophéties, les visites de la cousine sorcière ou d'animaux qui sont des humains transformés, les morts qui se réveillent pour tenter de conquérir le monde... et oui, tous ces événements sont racontés à peu près de la même façon, avec cette ambiance de merveilleux quotidien et presque "banal". C'est assez fascinant, en particulier parce que c'est très bien écrit. Bien sûr, il y a un scénario global. Ca fait partie du pacte avec les fées. Les mystères seront élucidés. Toute cette histoire a un sens. Mais personne ne sait lequel, et parfois, même, ils en doutent, et le lecteur peut aussi se poser la question... ou juste se laisser entraîner et apprécier les détails, parfois charmants parfois presque malsains, mais toujours vivants.



Il y a eu beaucoup de recherche en occultisme, mais cela n'empêche pas l'auteur d'y mélanger des points originaux nés de son imagination.



J'ai beaucoup aimé. J'aime le mélange de genre, j'ai beaucoup aimé certains personnages comme Ariel ou Smoky (et sa romance avec Daily Alice). Mais ne le lisez pas si en fantasy, vous préférez le suspense ou les événements qui se précipitent !

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Le Silex et le Miroir

Booyah !



Et une lecture résumée en une photo ! Ce John Crowley est beaucoup plus ardu que ne l’est Kra et pourtant je me suis fait un sérieux kiff !



Une Irlande morcelée façon bordel limite incompréhensible (prenez des notes pour vous rappeler qui est qui et des fois même c’est super dur ils ont le même prénom 🙃).



Crowley nous met au défi mais nous offre à la fois un roman historique avec cette petite touche fantastique, à la limite de l’héritage des histoires de la Table Ronde.



C’est cru, on peut pas comparer à GoT ; Crowley est un véritable conteur, qu’on imagine aisément fumer sa pipe au coin du feu, l’œil illuminé, t’aspergeant de sa plume de corneille littéraire, passé maître dans l’art de la narration.



J’adore. Je peux pas le conseiller à tout le monde, c’est vraiment une lecture complexe qui demande de revenir sur certains passages mais pfouwah.



Le genre de bouquin à qui tu dis merci de t’en avoir fait autant baver 😬



Encore bordel !

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Kra

Lecture difficile pour moi car exigeante.

Une narration complexe qui me l'a rendu lourde.

J'ai ressenti beaucoup de pesanteur dans ma lecture par la confusion entre réalité et imaginaire. Les histoires se sont souvent nimbées de brume et de flou pour moi, au travers des paysages vu par une corneille.

C'est donc l'histoire d'une corneille qui vit plusieurs vies et raconte son vécu au dernier humain qui vient de la recueillir.

Si c'est original dans la narration puisque nous avons le point de vue d'un oiseau sur l'homme, ce n'est en revanche pas du tout un roman d'action et d'aventure mais plutôt la description d'un monde et de ses contes et légendes qui rappellent un peu les nôtres....

L'auteur va distiller dans cette épopée des messages philosophiques, religieux et un regard sur évolution de l'homme et de ses croyances.

Le monde des morts est un thème très présent où les voyages de cette corneille y sont très oniriques et poétiques. Et finalement c'est sur la mort que ce roman posera mes réflexions. L'immortalité est-elle un cadeau quand on ne sait pas ce qu'est sa propre mort ?

Ce roman a vraiment un style à part. Il sort des classiques de la Fantasy. On n'aime ou pas. Un défi pour moi.

Au cours de ma lecture je me suis souvent demandée quelle herbe chamanique avait bien pu fumer John Crowley pour écrire cet univers... Parceque sans mauvais jeu de mots, c'est assez perché !

C'est donc une lecture fantasy très particulière qui ne plaira pas à tous. Mieux vaut être averti.

Avec une bonne concentration intellectuelle, un sens de la méditation et l'envie de découvrir notre monde d'une façon moins conventionnelle et onirique ça peut être une bonne lecture !😉

En ce qui me concerne je n'ai pas su apprécier cette lecture et je suis ravie de passer à un autre roman !
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