John Flanagan dédicace L'apprenti d'Araluen
— Je sens l’air marin, constata Maddie.
Nostalgique, Will se remémora la première fois où il avait remarqué cette odeur forte et salée. Il se rendait alors au Grand Rassemblement annuel de l’Ordre. Il poussa un léger soupir. Cela lui semblait remonter à des années, songea-t-il avant de prendre conscience que cela avait effectivement eu lieu il y a bien longtemps.
Will prit conscience qu’il faisait maintenant partie d’une petite communauté fermée et soudée, et cette pensée le réconforta.
Il avait désormais le sentiment d’être à sa place et, pour la première fois de sa vie, il lui sembla avoir enfin trouvé une famille.
On ne peut pas ignorer la réalité pour la simple raison qu'elle nous déplaît.
- Dommage que je ne sois pas sorcier, répliqua le guérisseur. Je vous aurai transformé en crapaud.
- Apparemment, quelqu'un s'en est chargé avant vous ! ajouta Will.
L'échec est souvent à deux pas de la victoire
Il est parfois facile de juger quand on a pas toutes les données d'une situation en main.
Au cours de son existence, Halt avait affronté des Wargals, des Kalkaras, des Skandiens assoiffés de sang et des hordes de Temujai sans jamais éprouver la moindre crainte. En revanche, une aubergiste de mauvaise humeur était une autre paire de manches…

Maddie la scruta, se plaça de côté, arc baissé. À l’instant où elle s’apprêtait à lever l’arme, elle immobilisa.
- Puis-je avoir un protège-bras ? Une brève expression de déception passa sur le visage du Rôdeur, qui se pencha vers la toile huilée. Il trouva l’objet requis et le lui tendit. La jeune fille l’enfila à son bras gauche.
— Sans ça, la corde m’aurait fouetté la peau, fit-elle observer.
Will poussa un grognement. Elle le regarda avec attention.
- À l’évidence, la première fois que tu as tiré à l’arc, tu as vécu une mésaventure de ce genre, je me trompe ?
Il lui lança un coup d’œil noir et la jeune fille, malicieuse, s’en réjouit.
- J’ai vu juste, constata-t-elle.
- Allez, reprends où tu en étais, dit-il avec un geste d’impatience.
- Tu devais être un vrai benêt, poursuivit-elle en secouant la tête d’un air moqueur.
- Quand tu seras prête, fais-moi signe, répliqua-t-il.
Elle reprit sa position et leva l’arc. Malgré tout, elle ne put s’empêcher d’ajouter :
-Je parie que la deuxième fois, tu portais un protège-bras !
-Tais-toi un peu et concentre-toi, aboya Will.
Elle fit jouer ses muscles et banda l’arc du mieux qu’elle put, visa et décocha. Le trait se planta dans le sol, à un mètre de sa cible. Le front plissé, Maddie encocha une autre flèche et tira de nouveau. Le résultat fut identique.
- Je m’y prends mal ? s’enquit-elle.
Will pencha la tête sur le côté.
- Je suis sans doute trop benêt pour te donner des conseils, fit-il d’une voix mielleuse.
— Pas mal, fit remarquer Gilan d’un ton approbateur.
Horace, honteux, laissa retomber son arme sur l’herbe.
— Pas mal ? s’exclama-t-il. Mais c’était mauvais ! Pas une fois je n’ai pu…
Il hésita. Il aurait été malvenu d’avouer que durant les trois ou quatre dernières minutes, impulsivement, il avait vraiment essayé de trancher la tête de Gilan. Finalement, il se résolut à nuancer ses propos :
— Pas une seule fois je n’ai réussi à briser votre garde.
— On descend, m’dame ! hurla-t-il. Ou sinon j’coupe les oreilles de vot’mari, ajouta-t-il en dirigeant la main vers le manche d’une longue dague qui pendait à sa ceinture.
La femme poussa un cri d’effroi et s’enfonça davantage dans son siège, mais son époux, tout aussi terrifié qu’elle, essaya de la repousser vers la portière de la voiture. Visiblement, il tenait à ses oreilles.