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Citation de VALENTYNE


Je voulus oublier mon père, comme maman s’y essayait visiblement. Et je crus même y être parvenu pendant quelques temps. Maman cependant avait moins de mal à se distraire que moi : elle travaillait désormais six jours par semaine dans une galerie d’art de SoHo appartenant à l’un de ses amis. Il fallait payer les factures, des tonnes de factures, tous les jours. Ce n’était pas mon cas. Début juillet, les cours finis, je décidai d’aller pour la première fois voir l’entrepôt de papa, que l’été avait peut-être fait revenir.
Je n’aurais pas dû prendre le métro. Avant même de descendre à l’arrêt City Hall, je compris qu’il se passait quelque chose de grave en surface. Des dames se précipitaient vers le quai, leurs talons hauts claquant dans l’escalier. Un sourd murmure vibrant de rage inarticulée les suivaient en cascade.
Dans les rues, des centaines d’hommes corpulents – pour la plupart des blancs mal rasés – faisaient le pied de grue devant la mairie, bouillant d’une fureur croissante qui semblait se chercher une cible. Certains brandissaient des bouteilles de bière, d’autres des pancartes manuscrites. « BRULE NEW-YORK BRULE », proclamait l’une. « BEAME, LE RAT QUITTE LE NAVIRE », renchérissait une autre. IL LAISSE LE VILLE SANS DEFENSE ».
La foule était encerclée par les flics qui n’avaient pas l’air de faire grand chose pour mettre fin au désordre. Un policier, haut perché sur son cheval, sa longue matraque et son revolver saillant de part et d’autres de ses hanches, donnait même l’impression d’être en train de supplier ces hommes en colère de retrouver leur calme.
» Que se passe-t-il ? demandai-je à un homme en costume trois-pièces.
– Flics licenciés » me répondit-il.
Il n’avait pas l’air rassuré.
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