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3.36/5 (sur 33 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : El Paso, Texas , le 10/03/1931
Biographie :

John Francis Rechy est un romancier, nouvelliste, dramaturge et essayiste.

Cité de la nuit (City of Night), son premier roman, est paru en 1963. Livre fondateur à l'instar du " Festin nu " de William Burroughs, il reste pour des générations successives de gays et de lesbiennes le " livre " de référence.

Écrit en 1967, Numbers, qui figure parmi les principaux romans de Rechy, rencontra un grand succès dans son pays et fut largement traduit à l’étranger.

site:
http://www.johnrechy.com/

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ce serait plutôt, poursuivit-il lentement, qu'ils sont résignés à se contenter d'étreintes furtives. Non point sans doute qu'ils ne souhaitent autre chose ; peut-être ont-ils simplement renoncé à trouver quelque chose au-delà du plaisir, et ils ont peur de demander, "Puis-je vous revoir ?" Ils préfèrent chercher ailleurs que de risquer s'entendre répondre "Non" - réponse peut-être tout aussi effrayée que leur propre question. Aussi ils se résignent aux contacts sans lendemain. Désormais ils cherchent ceux qui "s'en fichent" ... Et les mobiles de ceux de votre camp sont tout aussi mystérieux que ceux des types qui vous paient ... comme moi, ajouta-t-il, et il poursuivit : Dans quelle mesure, pour vous, ne s'agit-il pas de faire partie de ce monde séduisant et révolté sans vous engager pour de bon ? - afin de pouvoir dire (et je parle de "vous" en général - en fait je parle d'un tas de gens) - afin de pouvoir dire, "je fais ça seulement pour l'argent que ça représente" ; ou : "Au lit moi je ne donne rien ; ma virilité est toujours intacte - et entre-temps je peux m'offrit autant d'hommes qu'il m'en - ... /faut..." ?
p. 531
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Dans un bar, Chi-Chi un travesti baraqué est pris pour cible par un groupe de touristes qui veulent rapporter une photo/preuve de la dépravation qui règne à la Nouvelle Orleans pendant le carnaval :
« Car Chi-Chi, toujours menaçant, est planté devant le type et les autres. Et le type ne bouge pas, comme si les yeux de la tapette qui le regardent du fond d’un monde étrange, interdit, non seulement empêchaient son doigt de faire jouer le déclic mais lui adressaient un avertissement plus subtile. Chi-Chi est bien de toute évidence un homme tandis qu’il tient tête au groupe qui le cerne et qu’il crie : « Putains de vos pères ! Je vous prends tous ensemble ou un par un ! Prouvez-le Moi que Vous êtes des durs ! Qui veut commencer ? – qui veut commencer ? Tous ensemble ? Venez-y » Et le poing attend.
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Sur la table, dans le box où nous sommes installés depuis l'arrivée de Skipper - moi et le gros d'un côté, Skipper et le petit maigre de l'autre - sont posées les boîtes de bière vides, des verres vides ; le cendrier déborde de mégots pareils à des cadavres d'insectes. Le mélange de bière et d'alcool que j'ai bu a opéré son habituelle magie en moi : je me sens ivre et lucide : Le monde me semble maintenant comprimé dans cet endroit précis, comme si d'un tableau géant on avait tout caché sauf un petit carré - et le carré découvert est maintenant sous le microscope, retenu pour une observation minutieuse. Et comme d'habitude quand je suis dans cet état, je me sens prisonnier, fasciné par la scène.. Les vagues silhouettes enfumées au-delà du box se sont encore reculées dans l'obscurité ambrée du bar.
p. 252
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Il a quitté Phoenix au matin à l’aube naissante, lorsque le monde est mauve ; et il a aperçu, sur l’autoroute, des nuées d’oiseaux fantomatiques attroupés sur la chaussée, à la recherche de Dieu sait quoi – sûrement pas de nourriture, pas sur cette autoroute déserte, si proche de la ville endormie.
Pensant qu’ils allaient prendre leur envol, il n’a pas réduit sa vitesse ; mais alors même que la voiture fonçait dangereusement vers eux, ils sont restés là, comme mystérieusement impliqués dans quelque suicide rituel – jusqu’à ce que Johnny Rio, qui aurait ruminé tristement s’il avait tué la moindre bestiole (il préfèrerait encore mordre le bas-côté), écrase la pédale de frein et actionne son klaxon – le son se déployant longuement, creux, solitaire, jusque dans les cavernes du matin silencieux.
Alors seulement, les étranges oiseaux se sont dispersés – mais très, très lentement, à contrecœur ; ils se sont envolés – glissant ainsi que des bouts de papier noir soudain abandonnés par un vent extatique ; glissant, mais assez bas, juste au-dessus du capot de la voiture ; comme en proie à une transe profonde.
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Il y avait maintenant plusieurs semaines que j'étais dans cette ville mi-île mi-cité et j'avais déjà eu deux emplois, pas pour longtemps : chaque fois je m'étais dit que le moment était venu de renoncer à Times Square. Mais il m'attirait, comme une maîtresse possessive - ou une drogue puissante : FASCINATION ! J'abandonnais mon travail ... Et je retournais, ébloui, à cette rue.
p. 62
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La Négresse au visage ridé comme une pomme est à nouveau postée au coin de la 7e Rue et de Broadway. « On est tous condamnés », dit-elle, sa voix laisse pourtant paraître encore moins d’émotion que la veille : « on sera tous morts demain » – bien que l’on soit déjà le lendemain de la veille, et qu’elle soit encore là.
« On est tous condamnés. » Johnny Rio répète les paroles, imitant sa manière de les prononcer. Bientôt, elles deviendront une espèce de refrain entêtant gravé dans son esprit.
Puisque la décision a été prise sans qu’il ne le décide (son esprit s’est tu de lui-même, son corps s’est mis en branle), Johnny tentera plus tard de se raccrocher à ses « raisons » lorsqu’il entreprendra de découvrir – dans un examen rétrospectif des événements de cette soirée – ce qui, en fin de compte, l’a provoquée avec une telle violence.
Tina et son enfant triste, si triste. La colère. Oui. Et Tom aussi – les ruines du passé. Et quelqu’un d’autre. Qui ? Danny. Oui. Danny, dans une certaine mesure ! Et la sensation de deuil éprouvée sur la plage autrefois familière, désormais peuplée de fantômes. Et la Négresse proclamant – non, annonçant – le jugement dernier… pour demain. Si proche.
Oui, tout ça.
Pourtant, c’était après son arrivée à Los Angeles – et c’est pourquoi Johnny tentera de fouiller un passé plus lointain encore. Remontera jusqu’aux moments où il a quitté Phoenix, peut-être – lorsqu’il a contemplé ce rituel morbide ; les oiseaux fantomatiques sur la route qui semblaient se ruer pour accueillir le destin en ce matin ténébreux ; les bestioles sur le pare-brise, leurs « numéros » tirés les uns après les autres… si vite. Mais il était déjà en chemin pour ici. Alors : il essaiera de remonter plus loin encore. Jusqu’à Laredo. À un miroir… On est tous condamnés.
(Si proche !)
Mais Johnny ne comprend toujours pas.
La seule chose qu’il sache, c’est qu’il marche comme un somnambule depuis qu’il est parti de la plage.
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Dans l'appartement, Dave dit à brûle-pourpoint :
"Vraiment c'est formidable d'être avec toi !" Il me mit tendrement la main sur l'épaule, la laissant reposer là - c'était la première fois qu'il avait un geste aussi intime depuis cette première nuit.
Un long moment je restai immobile, sentant sa main se faire de plus en plus lourde... Je me dégageai vivement.
Les mots me jaillirent des lèvres : "C'est possible - mais c'est fini !"
Malgré la stupéfaction que je lus sur son visage, malgré mon désir de m'arrêter, malgré la compassion, la tendresse, les affinités que j'éprouvais pour ce jeune type - malgré tout cela, je savais que, pour moi comme pour lui, il me fallait continuer ; que même si, intérieurement, mes propres paroles me faisaient mal, à grands coups je devais détruire cette amitié. "Ce que je veux dire - eh bien - c'est que je suis resté trop longtemps avec toi - c'est tout."
(...)
"Désolé, Dave", dis-je à la porte, l'ouvrant maintenant, pour mettre un point final à la Fuite, pour m'arracher /moi à lui/. "Désolé, répétai-je, mais tout ça, ça n'existe pas."
p. 338
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J'avais un besoin dévorant de me sentir désiré - mais quand quelqu'un essayait de devenir trop intime - quelqu'un rencontré au cours de cette excursion quotidienne aux balcons des cinémas, dans les bars, le parc - immédiatement je m'en éloignais. Durant tous ces mois je vis rarement la même personne plus de quelques fois.
Périodiquement, au contact des autres prostitués qui hantaient les mêmes lieux, je me sentais écrasé par un sentiment d'étrange culpabilité, convaincu que j'étais de ne pas être prisonnier de ce monde-là, comme j'étais certain que les autres l'étaient. Pourtant il y avait aussi des moments où j'avais l'impression d'en faire malgré moi d'autant plus partie que je l'avais recherché. C'était un dilemme si étrangement troublant - si difficile à comprendre - que j'essayais de ne pas y penser - peut-être parce que, dès cette époque, j'avais l'intuition que la réponse à cette énigme impliquerait quelque chose de trop cruel à affronter.
p. 268
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Johnny imagine le triangle sous les zébrures. Ses poils pubiens seraient-ils blonds ? – c’est ce que semble indiquer l’imperceptible duvet ; cela dit le soleil peut aussi bien l’avoir fait blanchir. Il imagine sa fente, à peine effleurée par les poils blonds et fins.
Il se figure sa propre toison pubienne, sombre, entremêlée au duvet blond de la fille.
Mais Johnny n’est pas un chasseur ; il a pour habitude d’être chassé – ce qui s’applique aussi aux femmes (et participe, une fois encore, de sa « féminité »). Il sait user de ses sourires, de tout son charme, pour séduire – et ne s’en prive pas ; la proposition doit cependant toujours être faite par autrui. Il est impossible, tout à fait impossible qu’il laisse à quelqu’un – homme ou femme – le plaisir de savoir qu’il le/la désire suffisamment pour se lancer à sa conquête.
Aussi se rallonge-t-il sur la chaise longue, il ferme les yeux, et il attend – il espère – qu’elle fasse le premier pas.
Dès lors, la question pourrait se poser : Johnny Rio se considère-t-il comme hétérosexuel ? Il y répondrait de la manière suivante, comme s’il présentait les choses devant un jury afin que celui-ci en tire ses propres conclusions : premièrement, je n’ai jamais désiré aucun homme, la seule chose qui m’excite, ce sont les actes d’un homme, pas sa personne ; deuxièmement, il n’y a jamais eu de réciprocité sexuelle entre un homme et moi – pas plus que je n’ai laissé un homme me toucher autrement qu’avec la bouche – et les mains bien sûr ; et troisièmement, je l’ai fait pour l’argent… Johnny lui-même s’accordera à dire que cela participe du Mythe de la Rue (surtout celui du tapin masculin) : un mythe étrange selon lequel un homme peut coucher avec des hommes, encore et encore – surtout pour se faire de l’argent – et avoir autant de partenaires qu’il le désire – tout en restant « normal » (c’est-à-dire, hétérosexuel) tant qu’il n’est pas question de réciprocité sexuelle. Que tout cela soit vrai ou non – la lucidité n’étant pas l’une des qualités premières de Johnny, celui-ci se félicite de ne pas écorner le Mythe.
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À l'écart de ces rues, je gaspillais ma Jeunesse. La fin de la jeunesse est comme une mort. On meurt lentement, rongé par les révélations successives. On meurt aussi de cette certitude écrasante que le passeport miraculeux délivré à la jeunesse peut être déchiré sauvagement par l'ennemi le Temps... La jeunesse est une lutte contre - et, paradoxalement, par là même une lutte vers - la mort : un suicide de l'âme.
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