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3.5/5 (sur 149 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Munich , le 01/07/1949
Mort(e) à : Californie, Etats-Unis , le 24/05/2017
Biographie :

Né d'un diplomate américain des services de renseignements, Denis Johnson vécut avant ses dix-huit ans entre le Japon, l'Allemagne, Manille et les Etats-Unis (Washington D.C.). Il acheva ses études supérieures à l'Université d'Iowa.

Il écrit et est publié depuis l'âge de dix-neuf ans. Son œuvre a été couronnée par de nombreuses distinctions dont le National Endowment for the Arts (1983) et le Whiting Writer's Award (1987).

Il s'est surtout imposé sur la scène littéraire américaine grâce aux nouvelles réunies dans Jesus' son (Christian Bourgois Editeur, 1996).

En 2007, il remporte le National Book Award pour son roman Tree of Smoke (Arbre de fumée), qui paraît en France en 2008 dans le cadre de la rentrée littéraire.

Denis Johnson est décédé en Californie le 24 mai 2017 à l'âge de 67 ans.
Son roman Des étoiles à midi (Stars at Noon) a été adapté et réalisé par Claire Denis. (Grand Prix du festival de cannes 2022)

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Source : livres.fluctuat.net
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Un libraire de Mollat présente Personne Bouge, de Denis Johnson


Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Des moments comme celui-là, il y en avait beaucoup au Vine- des moments où l'on confondait aujourd'hui avec hier, hier avec demain et ainsi de suite. Et cela, parce que nous nous prenions pour des personnages tragiques, et nous buvions.



Ce n'était pas ma vie qu'elle voulait.C'était bien plus. Elle voulait me manger le cœur et se perdre dans le désert avec ses méfaits.
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L’homme suspendu à l’extérieur de l’épave était toujours en vie quand je suis passé. Je me suis arrêté, déjà un peu plus habitué à l’idée qu’il était terriblement amoché, et je me suis bien assuré que je ne pouvais rien faire. Il ronflait bruyamment et sans retenue. Le sang formait des bulles qui lui sortaient de la bouche à chaque respiration. Il n’allait plus en faire beaucoup. Je le savais, mais comme il ne le savait pas, lui, j’au pu sonder d’un coup d’œil la grande misère de la vie humaine sur cette terre. Je ne veux pas dire que nous finissons tous par mourir. Ce n’est pas ça, la grande misère. Je veux dire qu’il était incapable de me dire de quoi il rêvait et je ne pouvais pas lui dire ce qui était réel .
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En comptant English, ils étaient quatre à boire, à l’Alaska Bar, tous des hommes. La femme entre deux âges qui préparait les cocktails s’appelait Madeline. Les bouteilles d’alcool étaient suspendues derrière le bar, le goulot en bas, à portée de main de Madeline. Elles étaient pourvues de tétons métalliques qui laissaient passer automatiquement une dose de trente-trois millilitres. Il y avait des scènes d’Alaska dans de vieux cadres cloués autour du miroir. Depuis des années, les gens soufflaient leur fumée de cigarette dessus. Le verre en était tellement obscurci qu’on pouvait à peine déchiffrer ce qu’il y avait derrière. Madeline chantonnait avec le juke-box. English était stupéfait de constater à quel point une chanson peut rassembler toute une période confuse, toute une tranche de vie, et la modeler en une chose aussi aiguë qu’élégante, capable de vous transpercer la gorge.
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Le matelot Houston marcha
jusqu'au singe, posa le fusil à côté de lui et souleva l'animal entre ses
mains, tenant ses fesses dans l'une, sa tête dans l'autre. D'abord fasciné,
puis horrifié, il s'aperçut que le singe pleurait. Sa respiration
était hachée de sanglots, des larmes coulaient de ses yeux à chaque
battement de paupières. Il regardait çà et là, apparemment guère plus
intéressé par cet homme que par tout ce qu'il pouvait voir autour de
lui. « Hé », dit Houston, mais le singe ne parut pas l'entendre.
Alors qu'il le tenait dans ses mains, le coeur du singe s'arrêta.
Houston secoua son menu fardeau en sachant très bien que c'était
inutile. Il eut le sentiment que tout était de sa faute et, parce que
personne ne pouvait le voir, il se laissa aller à pleurer comme un
enfant. Il avait dix-huit ans.
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Le matelot Houston s'obligea à avancer de quelques pas et, à une
distance de trois ou quatre mètres seulement, il constata que la fourrure
du singe était très brillante, qu'elle paraissait teinte au henné
parmi les ombres et en blond dans la lumière, tandis que les feuilles
remuaient doucement au-dessus de lui. L'animal regardait à gauche
et à droite, sa respiration était haletante et profonde, à chaque inspiration
son ventre se gonflait énormément, comme un ballon. La
balle l'avait touché assez bas, elle était ressortie par l'abdomen.
Le matelot Houston sentit son propre ventre se déchirer. « Seigneur
Dieu ! » cria-t-il au singe, comme si cette exclamation avait pu
améliorer l'état à la fois déplorable et gênant de l'animal blessé. Il crut que sa tête allait exploser, si le soleil presque au zénith continuait
d'embraser la jungle autour de lui, si les mouettes continuaient
de crier, si le singe continuait d'examiner les alentours avec attention,
en remuant la tête et ses yeux noirs de gauche et de droite, tel
un témoin qui aurait suivi le déroulement d'une espèce de conversation,
d'une sorte de débat ou de combat que la jungle – cette matinée
– cet instant précis – menait.
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Ils restèrent assis, tout nus l’un en face de l’autre dans le bac en bois, entourés de congères de neige durcie tandis que des eaux tièdes, parfumées à la camomille, tourbillonnaient autour d’eux, autour des seins de Leanna. Les brumes de l’esprit d’English décrivaient des cercles, elles aussi, et des nuages de vapeur, tels des derviches tourneurs, se glissaient entre eux. Dans la nuit sereine, au-dessus d’eux, les étoiles gelaient.
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Il regarda les flammes frissonner à travers les interstices du poêle, puis il regarda le rideau ondoyant des ténèbres se refermer sur lui.
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La nuit précédente à trois heures du matin le président Kennedy
avait été assassiné. Le matelot Houston et les deux autres recrues dormaient
tandis que les premiers reportages faisaient le tour du monde.
Il y avait sur l'île un petit boui-boui ouvert toute la nuit, un club
déglingué doté de gros ventilateurs à pales fixés au plafond, d'un seul
bar et d'un flipper ; les deux marines qui tenaient ce club étaient
venus les réveiller pour leur apprendre ce qui était arrivé au président.
Les deux marines restèrent assis avec les trois matelots sur les
bat-flanc de la cabane en préfabriqué destinée aux simples soldats de
passage, à regarder le climatiseur fuir dans une boîte de café et à
boire des bières. Toute la nuit, la radio des forces armées, installée à
Subic Bay, continua de diffuser des bulletins d'information sur ce
meurtre incompréhensible.
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Bon, c’est pas une famille à se tatouer son blason sur le buste. Tu te rappelles la fois où le frérot a cassé le nez de sa petite amie au salon en disant : « Voilà, j’ai rien à ajouter. » Tu te rappelles le matin où papa a plongé la main dans ses céréales ramollies puis est resté assis le regard vide, pendant environ vingt-deux minutes, avec ce truc visqueux au creux de la paume ? Tu te rappelles le jour où John a eu sa photo dans les journaux de Dallas après son arrestation, et il nous l’a envoyée par courrier comme si y avait vraiment de quoi être fier ? Tu sais ce que je me souviens surtout à propos de cette photo ? Les bords étaient tout déchiquetés, parce qu’il avait dû la déchirer avec les doigts dans le journal. Mon frère aîné est quelqu’un à qui l’Etat du Texas refuse l’usage des ciseaux.
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Au bout d'un moment l'homme sortit, il avait environ quarantecinq
ans, les cheveux coupés en brosse, une serviette blanche coincée
sous la bedaine, une cigarette entre les incisives, et il resta là, bien
campé sur ses jambes, retenant d'une main la serviette contre sa hanche, regardant un objet proche mais invisible, en oscillant d'avant
en arrière. Sans doute un officier. Il prit la cigarette entre le pouce et
l'index, tira une bouffée, puis laissa une brume lui entourer le visage.
« Encore une mission accomplie. »
La porte du bungalow voisin s'ouvrit et une Philippine, nue, la
main plaquée sur l'entrejambe, lança :
« Il aime pas le faire.
— Hé, Lucky ! » cria l'officier.
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