Voyager, c'est être infidèle. Soyez-le sans remords.

C'est à Harar qu''Arthur Rimbaud traîna son infortune. L'auteur de "Une saison en enfer" y a vécu à trois reprises entre 1880 et 1891. Tu t'imagines, à cette époque, c'était un vaste carrefour commercial entre la péninsule arabique et le reste du royaume d'Abyssinie où l'on vendait du café, de l'encens, du musc... Rimbaud pensait y faire fortune.
Durant ces années, celui que l'on surnomme l'enfant terrible, ne publie plus de poésie, depuis bien longtemps. Et il n'écrit plus sur la religion, à part un rapport sur l'Ogaden pour la Société de géographie et un article dans "Le Bosphore égyptien" en 1887. Mais il y a ses nombreuses lettres, à ses associés, à sa soeur, à sa mère.
Je me dirige vers la maison qu'on lui attribue, aujourd'hui un musée, pour relire quelques-uns de ses courriers et essayer de comprendre la détresse de ce poète torturé qui, malgré son insistance à vivre ici, écrit sa haine envers ce pays. Et pourtant à Marseille, moribond sur son lit d'hôpital, il demandait encore quand partait le prochain vapeur pour l'Afrique.
"N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée..."
[Henry de Monfried]
- Trois thés?
- Oui, vous savez bien, c'est le rituel ici, le premier est amer comme la vie, le second est fort comme l'amour, le troisième suave comme la mort!
Djibouti, 8 février.
Ma Claire,
Je suis sur le port, adossé à l'Afrique, ouvert sur l'Arabie et tourné vers l'océan Indien et son grand large...
Je m’étais toujours dit que je pleurerais devant Gênes, mais les circonstances de ces retrouvailles n’auront pas été celles que j’avais imaginées. C’est dans cette ville que je suis né bien avant ma naissance, et de ne l’avoir jamais vue la rendait plus chère à mon cœur, comme si je l’avais abandonnée et que je devais l’aimer davantage pour qu’elle me pardonne. Personne n’appartient à Gênes comme lui appartiennent les Génois d’Orient.
Henry de Monfreid, un écrivain voyageur, un explorateur, un trafiquant rebelle, un homme de la mer! Je découvrais ses romans, ses récits influencés par une vie ressemblant à un conte oriental. Ils me faisaient rêver à l'aventure, à la chaleur de l'amitié à travers ses intrigues insolites.
Si les fantômes et les esprits n'existent pas, quel est ce fluide évident mais impalpable, cette présence invisible qui surgit ici ou là à l'improviste, et dont l'existence est impossible à démontrer sinon à le sentir soi-même et à la raconter aux incrédules?
Guillaume de Monfreid (préface)
Helen était une femme extraordinaire qui côtoyait des gens hors norme et assez incroyables. Dans son entourage gravitaient des anciens négociants en thé, des vedettes de la télé, des colonels et des agents des services secrets britanniques à la retraite et même des membres de la famille royale. Et puis, bien sûr, des acteurs incontournables du monde du Whisky. Ahhh, le whisky. C’était une de ses grandes passions. Helen était l'auteur féminin le plus célèbre dans cet univers d'hommes. Elle écrivait comme critique pour des revues spécialisées mais avait surtout commis quelques savoureux best-sellers sur ce fameux alcool. Elle avait même été intronisée comme membre à vie des "Keepers of the Quaich" en récompense de son travail pour la promotion et la réputation du whisky. Une distinction rarissime pour une femme.
Tous ces éléments que j'avais glanés, les gens que j'avais rencontrés et qui m'ont éclairé sur les miens, sur le passé.. tout cela m'a permis de m’inscrire dans la lignée familiale, de faire trace, vraiment, et de devenir un maillon de notre histoire.