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Critiques de Joël Pommerat (81)
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Cendrillon

J'adhère totalement à cette interprétation moderne de Cendrillon.

Les personnages allient à merveille modernité et caractéristiques classiques du conte : la très jeune fille culpabilisante, les soeurs fainéantes et accros à leur portable, la belle-mère obsédée par la jeunesse, le père craignant la solitude. La façon de s'exprimer m'a également plu, mélange de modernité, préciosité et vulgarité. Le décor aussi : la maison de verre, froide et moderne. L'appropriation des éléments du conte : l'heure/la montre, la chaussure, la robe, la fée... Je l'aime bien celle-là d'ailleurs, la fée! Complètement à côté de la plaque et s'obstinant à faire de la magie humaine, de la magie fausse qui foire à chaque fois.

Je suis ravie d'aller prochainement voir la pièce!
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Cendrillon

Imaginez une scène de théâtre sur laquelle est jouée – Cendrillon -, la pièce de Joël Pommerat.

Dites-vous ensuite que vous avez affaire à un dramaturge qui a pour credo :

" Je n'écris pas des pièces, j'écris des spectacles. Le texte c'est ce qui vient après, c'est ce qui reste après le théâtre. Le théâtre se voit, s'entend, Ça bouge, ça fait du bruit. Le théâtre c'est la représentation."

Et pour mettre en pratique cette profession de foi, Joël Pommerat " métamorphose le plateau " faisant appel à des jeux de lumière nombreux, changeants, stroboscopiques, un bruitage où les voix sont relayées par des micros HF, à la musique, au chant, à la danse.

Des images s'invitent par l'intermédiaire de la vidéo pour "faire fusionner tous les arts de la représentation afin de susciter l'émerveillement soutenu par le rythme du spectacle et sa beauté plastique."



Dites-vous ensuite que Pommerat écrit conjointement texte et mise en scène.

Explication : " Pommerat a développé un processus d'écriture dont la première étape est la scène. Il n'écrit pas le texte avant les répétitions. Il écrit avec la scène " instant par instant ", c'est-à-dire en partant de la présence des acteurs en interaction avec l'espace, la lumière et le son, qui sont simultanément élaborés pour atteindre la plus grande justesse possible.

Les premières notes de - Cendrillon – datent de mai 2010. Le processus de création s'est ensuite étalé de mai à octobre 2011. En mai a eu lieu à Bruxelles un stage-casting afin de choisir la distribution. Pendant ce stage, certains membres de l'équipe artistique ( vidéo, musique ) ont aussi commencé à explorer avec Pommerat, dont ils avaient lu les notes, quelques éléments spectaculaires. Mais l'entrée en écriture s'est vraiment concrétisée lors d'une deuxième étape de travail en juillet avec les acteurs et l'équipe. La recherche a continué pendant une troisième session de répétitions au Théâtre national de Bruxelles en septembre et jusqu'à la première. Ainsi, Pommerat écrit texte et spectacle conjointement. Dans les jours qui suivent la première, il continue d'ailleurs à les modifier à l'épreuve des représentations et du public."



C'est dire si lorsque vous avez le texte entre les mains vous réalisez qu'il vous manque tout ou partie de l'essentiel, et ce même si l'on rassure le lecteur que vous êtes par une phrase du genre " le texte possède cependant une valeur propre qui rend possible sa lecture et son analyse..."



Soit, on n'a pas le choix... place à la découverte du texte.

Pommerat écrit ou réécrit des contes.

Parce que le conte " relève d'une tradition orale et communautaire "

"Un conte, c'est une durée, celle d'un récit, et c'est un état d'être ensemble. Pour être ensemble, si je veux intéresser le spectateur et être avec lui, je vais travailler sur ses représentations. C'est une forme de stratégie. Je suis un conteur, je vais agir avec son imaginaire."

Et chaque spectateur apporte sa part d'imaginaire.

Contrairement aux idées reçues, le conte ne s'adressait pas originellement aux enfants.

Et si Pommerat les a "expérimentés" avec ses propres filles, il a très vite compris que " ces histoires ont imprégné son caractère et influencé des choix importants de son existence."

Ses contes lui permettent de " jouer à retrouver ce que c'est, vraiment, souffrir, éprouver sans subir...Il invite les spectateurs à expérimenter ce qui dans la vie les terrasserait : la peur, le mal, la mort etc."



L'histoire est contée à partir d'un narrateur ; le narrateur étant un guide qui nous invite à entrer dans l'histoire, un accompagnateur éclairé et bienveillant qui aiguise nos appétits et tempère nos tempêtes.



Dans cette version de - Cendrillon – revisitée par Pommerat, le narrateur est une narratrice, dont la voix off est dotée d'un accent italien ( précisé dans les notes ).

Cette version est plus proche de celle des frères Grimm que de celle de Perrault en ce sens que tout part de la mort de la mère de Cendrillon et de ce qui résulte de dette mort.

Cendrillon alias Sandra dite Cendrier ( surnom donné par ses soeurs car Sandra empeste le tabac ; son père fume en cachette de sa future femme et " compromet " sa fille, de même que la fée qui n'arrive pas à se déprendre de cette addiction ) perd sa mère et va être soudain confrontée à la mort et au deuil impossible.

Avant de mourir sa mère lui a murmuré à l'oreille des mots que la " très jeune fille " ( ainsi désignée dans la pièce ) a mal interprétés :

-"Ma petite fille , quand je ne serai plus là il ne faudra jamais que tu cesses de penser à moi. Tant que tu penseras à moi tout le temps sans jamais m'oublier... je resterai en vie quelque part."

Ce à quoi Sandra répond :

-" Maman, je te promets que je penserai à toi à chaque instant. J'ai très bien compris que c'est grâce à ça que tu mourras pas en vrai et que tu resteras en vie dans un endroit secret invisible tenu par des oiseaux.

J'ai très bien compris que si je laissais passer plus de cinq minutes sans penser à toi ça te ferait mourir en vrai. Ne t'inquiète pas maman, je ne te laisserai pas mourir en vrai, tu peux compter sur moi. Tous les jours, à chaque minute et pendant toute ma vie, tu seras dans mes pensées...N'aie pas peur."

Dès lors Sandra s'enferme dans ce processus de deuil impossible que beaucoup connaissent... Lorsque j'ai perdu ma fille aînée et que je courais un semi-marathon, je demandais que le speaker prononce au franchissement de la ligne d'arrivée le nom de ma fille défunte, j'ai pas mal de bouquins qui ont été dédicacés par André Velter, Atiq Rahimi, Chahdortt Djavann etc au nom de ma fille, tous les 1ers décembre moi l'agnostique je faisais dire une messe pour elle qui était athée afin que le prêtre dise son nom... je ne voulais pas la laisser vraiment mourir... et comme la Cendrillon-Sandra de Pommerat, j'aurais très bien pu acquérir une montre qui sonne toutes les cinq minutes nuit et jour pour être sûr de ne pas cesser de penser à elle.

Sandra vit donc son deuil impossible dans la dépréciation d'elle-même et dans la culpabilité, n'étant pas forcément à la hauteur de sa promesse.

Vient très vite le jour où son père lui annonce qu'il veut refaire sa vie.

Tous deux partent vivre dans la maison de verre de celle qui va être la future épouse et la belle-mère, laquelle a deux filles, " soeur la grande " et " soeur la petite ".

On loge Sandra au sous-sol dans une pièce délabrée, sans fenêtre, avec pour tout mobilier un vieux lit, une armoire et une chaise.

On lui confie toutes les tâches domestiques les plus ingrates qu'elle accueille avec la gratitude des pénitentes.

Le temps passe... un beau matin la famille reçoit une invitation du Palais royal pour une réception en l'honneur du " très jeune prince ".

Alors que la belle-mère et les deux soeurs ne se sentent plus de joie, Sandra fait la connaissance de sa fée. Une fée blasée qui, bien qu'immortelle, meurt d'ennui depuis 300 ans et pimente sa vie de fée en troquant la magie magique contre la magie amateur ; l'échec de ses tours de magie pimente sa vie...



Tous les éléments du conte ( la souffrance de Cendrillon, le bal, la rencontre avec le prince, le soulier ) sont là mais repris ou redistribués à la façon Pommerat.

J'ai précédemment évoqué sa vision très personnelle de la fée, le prince n'est pas un prince charmant mais un enfant grassouillet prisonnier lui aussi d'un deuil impossible... Il y a des trouvailles qui mettent en scène la chirurgie esthétique, une vision des oiseaux très " verrière " etc... le tout ponctué par des dialogues écrits dans une langue contemporaine, parfois vulgaire, presque toujours " orale ", mais enlevée, alerte et percutante.

Bien évidemment les interprétations possibles sont multiples et on ne peut manquer de se référer à Freud, à la psychanalyse, à Bettelheim...



J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette pièce, qui m'a touché et fait sourire tout autant.

Ce conte est revisité avec verve, émotion, talent et vous rappelle que les bons contes gardent leurs amis.

Compte tenu de ce que j'ai repris dans ma longue introduction, c'est plus que beaucoup d'autres une pièce à voir sur scène.







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Cendrillon

S'imaginer une maison, une prison

de Verre où s'écrasent des cadavres d'oiseaux morts.



Descendre des cendres de sa mère

Morte

Recueillir les cendres de la cigarette - de son père

Qui se consume



Accomplir sa liste de tâches :



Sortir les poubelles

Décrasser le four,

Déboucher les chiottes

etc.



C'est la vie

de merde

de Sandra-Cendrier-Cendrillon.
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Cendrillon

"A peine sortie de l'enfance, une jeune fille s'est tenue au chevet de sa mère gravement malade. Quelques mots prononcés à mi-voix par la mourante et peut-être mal entendus par sa fille et voilà celle-ci liée à la mort, tenue à un rôle, penser à sa mère jusqu'à la fin des temps, sans quoi celle-ci mourra pour de bon. La petite s'inflige les pires fardeaux pour se punir d'oublis ponctuels, elle nettoie tout ce qu'elle peut nettoyer, elle range tout ce qu'elle peut ranger, elle devient la bonne à tout faire de la maisonnée, assouvissant une pulsion masochiste qui consiste à faire tout ce que sa mère faisait et même au-delà. C'est à ce prix qu'elle ne l'oubliera pas, sinon sa mère mourra une seconde fois.



« C'est peut-être parce que comme enfant j'aurais aimé qu'on me parle de la mort, déclare l'auteur » que le projet de ce spectacle est né. Les enfants, infans, ceux qui ne parlent pas, sont victimes des mots des adultes « elle est morte ta mère, lui assène sa belle-mère, on ne parle plus de ta mère ici », tout ça ce sont des histoires de gosses pense le père de Sandra, la cendrillon de ce conte moderne, lui qui veut refaire sa vie comme on dit. Il faut tourner la page, aller de l'avant, arrêter les rêvasseries et entrer dans la réalité ; mais justement le passé ne passe pas. Dans les rêves, véhicule de notre mémoire profonde, le temps n'existe pas, les malentendus ont la vie dure. Comment parler de la mort aux enfants ? que veut dire « le travail de deuil », est-il possible ? Dans cette histoire revisitée par Joël Pommerat tout le monde ment, le jeune prince du conte a lui aussi perdu sa mère très jeune. Son père, le roi, entretient l'illusion du retour de son épouse auprès de son fils et lui promet un appel téléphonique qui, bien évidemment n'arrive jamais. Voilà comment la vie de ces deux jeunes gens s'est arrêtée.(...)"

Sylvie Boursier dans Double Marge (Extrait)
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Cendrillon

Cendrillon, on connait tous. Au moins la version édulcorée de Disney, peut-être A tout jamais (de Andy Tennant avec Drew Barrymore et Anjelica Huston) et parfois la vraie version, quelque peu violente sur la fin.

Là Pommerat fait table rase, ne gardant que les éléments essentiels : Cendrillon, la belle-mère, les sœurs, le père, le roi, le prince et la fée bien entendu ; ainsi que les symboles : la montre et la chaussure.Mais pas de manière classique, pas comme on s'y attend. Pas de citrouille ou de magie. Un langage tout à fait contemporain.

Et pourtant c'est Cendrillon, le conte. Les histoires de famille, l'amour, le mépris, le mensonge. La découverte de l'autre, la solitude. Le deuil de la mère, la haine de la belle-mère.

Un spectacle que j'espère voir mis en scène, par Pommerat ou un(e) autre.
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Ça ira, tome 1 : Fin de Louis

Qui pourrait, quatre heures durant, non seulement assister aux débats d’une assemblée constituante sans décrocher, mais surtout y assister avec passion, avec les joues roses d’excitation et le cœur qui bat, et y assister avec raison, avec le sentiment de devenir plus clairvoyant et plus vif, à chaque minute ?



C’est exactement ce que j’ai éprouvé à la représentation de Ça ira (1) fin de Louis, ce que j’ai ressenti devant cette leçon d’histoire en actes et en paroles , cette vaste fresque mythique de notre révolution française, inspirée par les comptes- rendus des réunions de l’hôtel de ville, des assemblées de quartier et bien sûr de l’Assemblée du Tiers Etat à Versailles -mais réactualisée par des costumes contemporains, la présence de femmes députées et une absence volontaire de marqueurs historiques – à part Louis, aucun personnage ne porte son nom historique.



J’ai vu l’Histoire en marche, mais je n’ai pas vu une énième pièce historique sur la Révolution. J’ai assisté, sur mon petit fauteuil rouge, aux Amandiers de Nanterre, à l’éclosion délicate et difficile, souvent tumultueuse, de la démocratie.



Pas une reconstitution historique, mais la reconstruction d’un processus, d’une dynamique.



Privé de ses repères de cours d’histoire –ah, tiens, ça c’est Danton, celui-là, c’est Robespierre, l’Incorruptible- le spectateur est « placé dans un état de découverte des événements », dit Pommerat, « comme s’il était lui-même contemporain de ce qui se déroule sous ses yeux. »



Un passé réactualisé, un « passé-présent » parce que, dit toujours Pommerat, « on ne peut pas reconstituer le passé. Le passé n’existe plus, il s’agit toujours d’une fiction pour l’historien comme pour l’écrivain ou le metteur en scène. Ça ira est une fiction vraie, c’est-à-dire une fiction que j’ai voulue la plus vraie possible. »



Le spectateur n’est pas pris à parti comme dans un spectacle d’Ariane Mnouchkine: tandis que les acteurs arpentent la salle -devenue assemblée de citoyens, de députés, ou font irruption sur la scène, lieu des débats officiels, lui reste spectateur, libre, comme un citoyen de l’époque, de choisir son camp, d’hésiter, d’en changer. De se faire une opinion.



Une vraie leçon de civisme et de citoyenneté, bien utile par les temps qui courent où l’on ne vote plus, ou mal, ou contre et rarement pour, où le vote est une sorte de billard à deux bandes, une stratégie d’évitement plus qu’une façon d’assumer son choix et sa détermination, ou pire un vote recyclable et jetable comme les sacs du même nom, - il faut dire que l’offre politique n’a rien pour nous… emballer !



Autant le spectacle Au monde m’avait laissée froide, et m’avait même ennuyée profondément, autant Ça ira, rejoué cet automne aux Amandiers, m’a enthousiasmée : je n'étais pas seule, la salle tout entière a salué debout, comme aux temps de fièvre citoyenne et révolutionnaire.



Nous avons senti, le temps d'une représentation, le grand vent revigorant de la démocratie souffler sur nous et rafraîchir l’air vicié et pesant du temps présent.

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Cendrillon

La fée dans le Cendrillon de Joel Pommerat :



Elle arrive en se cassant la figure. Visiblement, elle n’a pas la tête d’une fée. Mais elle se présente comme telle. Elle fume dans cette chambre sans fenêtre. Elle se ratatine sur le lit de Cendrillon.

Mais alors qu’a-t-elle de fée cette rigolote ? Maladroite comme elle est.

Elle vient bousculer Cendrillon et lui amener ce simple et important conseil : vis vis.

N’oublies pas le deuil de ta mère mais vis. Amuse-toi. Le deuil ne doit pas te priver d’une vie normale ; d’une vie joyeuse. Ne t’enfermes pas dans le passé. Ne passes pas à côté de belles opportunités.

Peu importe si cette fée s’en mêle avec ses pouvoirs et rate ses tours de magie des jeux de carte. Elle dit ne pas vouloir utiliser ses pouvoirs mais réussir en apprenant, en s’entraînant.

Cette fée ne change pas la vie de Cendrillon avec une baguette magique mais avec une philosophie de la vie. La beauté de la vie vient de ses surprises, de ses découvertes, de sa curiosité assoiffée et titillée.

On est riche de ses victoires sur ses difficultés, de ses forces fleuris sur les sillons de ses blessures, de nos plaisirs, du temps qu’on prend à s’écouter, à profiter des joies et des fêtes. Carpe Diem



J'ai adoré ce personnage et j'ai trouve que c'est une belle création originale de Joel Pommerat.

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Cendrillon

Une narratrice très âgée raconte l'histoire d'une jeune fille, peut-être elle-même. C'est l'histoire de Sandra, qui toute jeune, a perdu sa maman de maladie.

La maman affaiblie n'a qu'un murmure pour s'adresser à sa fille qui comprend de travers ce que sa mère lui dit juste avant de mourir. Sandra croit qu'elle arrivera à garder sa mère en vie si elle pense continuellement à elle.



Elle demande alors à son père de lui offrir une montre pour ne pas perdre de vue sa mission. La peur d'oublier de penser à sa mère la rend angoissée. Elle en perd sa joie de vivre.



Le père rencontre une femme qui a 2 filles (la marâtre et les 2 harpies). Elles habitent dans une maison de verre. Il envisage sa vie avec elles.



L'installation se fait sur le mode agressif envers le père et Sandra. Sandra montre l'album photo de ses parents. Tout le monde s'énerve et Sandra est installée dans une cave. Ce sera sa chambre.



Le ton est au dénigrement. Le père est embarrassé, mais il veut refaire sa vie. La marâtre n'accepte pas le comportement de Sandra et la robe fétiche de sa mère. Elle la lui enlève, ce qui rend sa vie supportable.



Alors, Sandra se réfugie dans son monde et finit par en oublier de penser à sa mère et se dit qu'elle mérite d'être punie. La punition va venir des sœurs et de la belle-mère. Celle-ci décide que les filles seront de corvée de ménage. Mais Sandra pour se punir elle-même accepte l'infamie.



Entre en scène une fée, décalée, mais soucieuse de Sandra. L'entrée en scène de la fée est rock'n'roll ! Pièce moderne oblige ! C'est très drôle et rude à la fois dans les dialogues. Elles se critiquent l'une l'autre, c'est savoureux, une vraie joute verbale. Sandra finit par virer la fée de sa chambre.



Plus tard, la famille est tirée au sort pour la fête d'anniversaire du Prince. Branle-bas de combat pour la belle-mère qui se voit en représentation au top de ses atours ! Seulement voilà, elles sont en total décalage et vont à la fête en costume, période LOUIS XIV.



La fée réapparaît et pousse Sandra à aller à la fête pour s'amuser et l'aide dans ce sens. Sauf que ses pouvoirs sont aléatoires !



La suite ? Le prince croit que sa mère est en voyage alors qu'elle est décédée. Son père l'a persuadé de se montrer à cette fête d'anniversaire pour voir du monde.



Deux êtres en souffrance, en manque de leur mère, une rencontre d'adolescents... Sandra et le Prince se croisent et discutent. Mais il ne sait pas qui elle est.

La belle-mère va tenter de faire croire que le prince a été séduit par elle. Elle tente de le persuader directement. Personne n'est dupe !



Une seconde soirée est organisée et c'est la fée qui va sauver la mise, ou la vie, de Sandra. La seconde rencontre entre Sandra et le prince va être le début d'un chemin de résilience pour eux. Dans un dialogue sans détour, ils vont s'aider à faire le premier pas vers l'acceptation.



Pièce très moderne, axée sur la psychologie des personnages et leur côté obscur. C'est aussi une pièce sur le thème de la résilience.











































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Pinocchio

Ayant gardé un bon souvenir de la Cendrillon de Joël Pommerat, j'ai voulu découvrir son Pinocchio, m'étant prise d'une affection toute particulière pour la marionnette de Carlo Collodi sauf que voilà, je crois que j'aurais mieux fait de relire le Pinocchio originel, le vrai, l'unique pantin de bois, qui rêve d'être vrai, d'être réel, d'être un petit garçon, alors qu'il ne l'est pas, jusqu'à l'intervention de la fée. En même temps, j'ai apprécié l'impertinence du Pinocchio de Pommerat qui fait du pantin un vrai petit monstre. Mais mon coeur regrette le pantin de bois qu'était Pinocchio avant de devenir un vulgaire enfant vulgaire (oui doublement voire triplement vulgaire). J'imagine que cela n'est qu'une conséquence propre à la désillusion des contes de fées.
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Cendrillon

Cendrillon revu et corrigé ! On est au théâtre une pièce moderne, un langage et des personnages au goût du jour. Une belle mère odieuse , un père incapable de prendre une décision, les sœurs de vraies pestes .... Et une Cendrillon dite Cendrier loin de faire rêver ! Étonnamment elle aime faire le ménage et n'aime pas faire la fête ! Conte obligé elle finira par rencontrer son prince. Cendrillon une anti héroïne ... Un peu à l'image de Shrek.
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Cendrillon

Une pièce extrêmement intéressante d'un point de vue littéraire mais que j'ai moins appréciée dans une optique de divertissement. Toutes ces métaphores sont très intelligentes et apprennent beaucoup sur le deuil et la mort d'un être cher (tout comme sur le problème des malentendus).
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Les Marchands

Une femme parle. De sa vie, son travail, son mal de dos. De son amie, seule, sans travail, dans un grand appartement vide, criblée de dettes. Des morts que voit cette amie et qui lui parlent. De la folie qui la submerge.

De la peur bientôt de n'avoir plus de travail. De n'avoir plus rien du tout : tout tourne autour de ce travail, aussi dangereux soit-il. Du travail qui aliène ; bientôt on se demandera si la narratrice a encore toute sa tête...

Sans travail, la solitude ? Peut-être. Les personnages, qui ne sont jamais nommés autrement que par leur fonction (amie, fils de l'amie...), ne sont rien sans lui et le vide les guette s'ils venaient à être chômeurs...

Est-ce nous qui vendons notre corps à l entreprise ou celle-ci qui consent à nous payer le temps que nous passons à y travailler ?
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Ça ira, tome 1 : Fin de Louis

Lorsqu'on parle de la Révolution française on évoque le plus souvent la prise de la Bastille où la décapitation de Louis XVI. Mais tout le processus révolutionnaire et souvent occulté (cela pourrait donner les idées?). Il est d'autant plus important que cela permet de comprendre comment la France est passée de la royauté avec un pouvoir absolu à une république construite sur des bases démocratiques.

Alors il faut aller voir au théâtre l'excellente pièce de Joël Pommerat « Ça ira (1) fin de Louis ». C'est ce que j'ai fait en allant au théâtre de la porte Saint-Martin à Paris. Ce texte fait écho à l'actualité et je comprends pourquoi elle a largement été récompensée. Cette pièce dure quasiment 5h mais on ne s'ennuie pas du tout.

Ce qui est surprenant dans la pièce de Pommerat c'est qu'il y a un monarque qui s'appelle Louis mais qu'il s'agit aussi d'une fiction pour donner un côté universel au processus démocratique. On s'attend à voir Robespierre mais il n'y est pas car les héros sont des inconnus.

On voit que le combat politique est d'abord collectif. Pour autant on se rend bien compte que la plupart des députés du tiers-état siégeant aux États généraux représentaient essentiellement la bourgeoisie et que les débats étaient souvent houleux voire violents.

On voit aussi le mépris des classes dominantes, sans compter la corruption de tous côtés, et la famille du roi enfermée dans une tour d'ivoire bien loin des réalités de ce que vit la très grande majorité des Français.

Mais à force d'arguments pour changer une société inégalitaire, les députés réussiront à réunir les trois ordres (le clergé, la noblesse et le tiers-état) en une unique Assemblée nationale et cela du vivant du roi.

C'est une belle façon de s'emparer de l'histoire pour éclairer le présent.





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Pinocchio

Une adaptation théâtrale du conte de Pinocchio par Joël Pommerat. Si l'histoire en elle-même reste très fidèle à l'originale de Collodi, l'écriture, elle, se démarque par sa modernité. Un vocabulaire souvent familier, une ponctuation souvent absente, ce dont je ne suis pas forcément friande.

Toutefois en "modernisant" ainsi l'histoire, Pommerat montre que l'idée de vouloir grandir en restant libre est toujours d'actualité. (Carlo Collodi a écrit Pinocchio en 1881!)
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Cendrillon

Voici une réécriture moderne et originale du conte de Cendrillon, sous une forme théâtrale.

L'héroïne, surnommée La très jeune fille, ou Cendrier, vit dans une maison en verre avec sa belle-mère et ses deux demi-soeurs. Le pere est présent mais meprise.

Elle a une montre qui sonne toutes les 5 m' pour lui rappeler de penser à sa mère.

Le très jeune Prince, lui, de son côté, attend un appel téléphonique de sa mère depuis 10 ans...

Les éléments du conte, comme la fee ou la chaussure, sont presents mais détournés de leur fonction originelle.

La pièce, construite en deux PARTIES, est plaisante à lire.

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Ma chambre froide

Le théâtre de Joël Pommerat est unique et profond et c'est pour cela que je l'aime. Même si tous ses textes n'ont pas la même intensité, son style est reconnaissable. Il y a un mélange de merveilleux comme dans les contes et de cruauté comme dans la vie.

Pommerat utilise la voix off, plonge la scène dans le noir et présente les actes comme un feuilleton où les chapitres d'un livre. Et puis surtout il y a un parler vrai qui ressemble à de l'improvisation et cela donne un ton, celui d'une réalité grinçante.

On retrouve cela dans "Ma chambre froide" où il est question d'Estelle une femme qui a disparue depuis 10 ans en laissant un cahier dans lequel elle a écrit son histoire.

C'est cette histoire qui est racontée sur la scène. Estelle n'est pas comme les autres, elles cherchent toujours à faire le bien des autres jusqu'à montrer une certaine naïveté comme dans

Amélie Poulain.

Estelle est une optimiste, elle croit que tout le monde peut évoluer et que rien n'est figé. C'est pour cela qu'elle apprécie ses collègues du magasin où elle travaille (qui en profitent au passage) et qu'elle ne déteste pas le patron qui exploite ses employés.

Se sachant condamné par une tumeur au cerveau, le patron va léguer ses entreprises aux salariés. Cadeau empoisonné. Cela va changer les rapports entre les employés du magasin qui se confrontent à l'autogestion. Seule Estelle ne change pas, et pourtant...

Pommerat réussi à mêler une vision sinistre du monde du travail, de l'exploitation, de l'échec économique et le rire. Car ce texte est aussi une comédie notamment lorsqu'Estelle tente de créer une pièce de théâtre pour honorer le patron donateur. Heureusement qu'il y a ces moments parce que j'ai trouvé parfois glacial "Ma chambre froide".





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Ça ira, tome 1 : Fin de Louis

L'action de la pièce de Pommerat se déroule entre la réunion des états généraux (mai 1789) et la nationalisation des biens du clergé (novembre 1789). Très fidèle au déroulement de la Révolution française, elle s'en écarte par quelques détails anachroniques (usage du micro, du téléphone) et le recourt à des personnages dont tous les noms ont été changés, sauf Louis XVI. On devine tout de même certains personnages, comme Bailly (Lamy dans la pièce) qui fut tour à tour député du tiers état, président de l'Assemblée puis maire de Paris. Pommerat reconstitue avec talent, et visiblement une connaissance pointue des faits, les débats qui agitent l'Assemblée, le rôle également du peuple et des comités de quartiers dans ces 6 premiers mois de la Révolution.

En ce sens, la pièce est une vraie leçon de révolution : l'usage délibéré d'une langue aux accents contemporains, la présence des femmes dans les gradins de l'Assemblée et pas comme simples tricoteuses donnent à la Révolution une valeur intemporelle. Mais était-il cependant besoin de changer les noms ? Je trouve que le procédé n'apporte rien. Par ailleurs, certaines tirades interminables et les invectives répétées lestées d'injures alourdissent inutilement le propos.
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La réunification des deux Corées

Il est rare que j'achète le texte d'une pièce de théâtre à la sortie d'une représentation. Mon envie de prolonger le spectacle, qui m'a fait passer par toutes sortes d'émotions a déclenché cet achat.

Envie de lire les mots entendus sur scène, si bien incarnés par tous ces personnages en mal d'aimer ou d'être aimé.

Envie d'approfondir ces instants pris sur le vif pour illustrer la complexité des liens amoureux ( au sens large)

Qu'est-ce qui nous attache à l'autre? Qu'est-ce qui nous fait éprouver le manque?

Par des dialogues, des mises en situation, cette pièce interroge l'amour et en fait ressortir du rire, du tragique, de la violence, de l'étrangeté, de la folie.

Ce petit livre ne remplace pas la pièce, le jeu des acteurs est essentiel pour transmettre l'émotion, mais si ce spectacle se joue un jour dans votre ville, n'hésitez pas!

Et le titre me direz-vous? Une métaphore pour dire l'improbabilité de l'amour ?
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Pinocchio

En fait je n'ai pas lu ce livre mais j'ai vu cette pièce au théâtre il y a un an ou deux et ça a été un vrai choc coup de coeur.

On ne le dira jamais assez : ALLEZ AU THEATRE c'est super vous verrez!!!
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Cet enfant

Pommerat, fidèle à son style d'écriture, ne fait pas dans le vaudeville façon 'au théâtre ce soir'. Ses personnages sont terriblement humains, durs. Les situations perents enfants ne sont pas des plus rêvées mais elles ont le mérite de nous amener à nous poser la terrible question "Y-a-t-il une bonne et une mauvaise éducation ?" ". "Qui a tort, qui a a raison ?".

Il faudrait un grand, un très grand de l'écriture théâtrale pour traiter ces 9 petites pièces commandées par la Caisse d'allocations familiales du Calvados. Le résultat nous donne raison de faire confiance à Monsieur Pommerat qui fait mouche à chaque pièce qu'il signe.
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Cendrillon (pièce de théâtre de Joël Pommerat)

Dans quel type de maison habitent la belle-mère de Sandra et ses deux filles ?

Une maison en acier
Une maison en bois
Une maison en paille
Une maison en verre

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Thème : Cendrillon de Joël PommeratCréer un quiz sur cet auteur

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