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Critiques de Joël Vernet (26)
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Visage de l'absent

Le visage de l'absent c'est celui du père disparu trop tôt, ouvrant un manque impossible à combler. C'est à partir de ce manque, de ce silence que jaillit l'écriture née de cet espace vide laissé par l'absent. Y puiser sa vie, la remonter du goufre de silence ouvert par cette absence.

Texte magnifique d'où sourd toute la beauté et la douleur de vivre. Une vie dans l'errance et la quête. Ecrit à Alep entre octobre 1999 et juin 2001.

"Partout dans. le monde, c'est vers ce visage que je reviens, que je me retourne. Oui, c'est certitude, les morts nous tiennent la main au-dessus de la page. Je leur écris dans une langue pauvre et sauvage, à l'aide de mots arrachés au mur de l'alphabet. Nous ne vivons jamais la vie rêvée.(...) Alors ce qui nous reste, tout ce qui nous reste est de chanter l'alphabet de la mansarde. C'est une chanson bien dérisoire mais c'est la nôtre." p48

"Le langage donne et redonne force à la terre, à toutes choses." p 53

"J'aimais cette vie où perdre était ma quête." p 55
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Marcher est ma plus belle façon de vivre

« Marcher est ma plus belle façon de vivre », beau titre qui attire, derrière lequel on découvre Joël Vernet, qui n’aime rien tant que l’errance. D’un voyage à l’autre, « regarder courir la vie changeante », la vie passagère, la vie éphémère. Il n’est pas de ceux qui possède une chambre d’écriture, il écrit n’importe où, au gré de ses vagabondages, dans de petits carnets et ce sont tous ces trésors glanés le long des routes qu’il nous offre plein de poésie, de rires d’enfants, au fil de ses "journées banales et merveilleuses".



« Hier, dans l’après-midi ensoleillé, le bonjour de trois coquelicots sur le mur gris d’un cimetière. » p 21



Ce recueil débute par une belle lettre envoyée de Sardaigne destinée au « Voyageur immobile » et se poursuit par ce qui ressemble à une suite de réflexions, de maximes « L’homme désaffecté » puis « La lumière n’est à personne » ( dédié à Christian Foustier, qui cherche la lumière dans la peinture).

p 42 « Au jour le jour, le plus bel emploi du temps. Ton art de vivre. N’avoir d’yeux que pour le désoeuvrement. Prairie de maximes, désert de pensées. Pour atteindre la nuit, son silence, son lit d’étoiles. Avant qu’ils ne bouclent tout dans leur cage, fassent de nous des oiseaux emmurés. »





La part la plus longue intitulée « La lumière dans les arbres » est composée de 7 chapitres où il semble prolonger et approfondir les réflexions précédentes qui paraissaient jetées à la volée sur le papier et revient sur les lieux de son enfance.

« Une telle douceur émanait des arbres, des feuillages , des papillons, au-dessus des myrtilles que nous cueillions dans l’enfance pour gagner quatre sous. Parfois, une libellule bleutée glissait dans ce silence somptueux, presque naturel, comme les mots que je n’avais cessés désespérément d’atteindre. » p 87 88



Joël Vernet écrit comme il respire, lancé dans « l’aventure des mots » : « Ils sont libres les mots, ils n’admettent aucune injonction. ils se méfient de la littérature.(…) Ils ont le mystère pour origine mais aussi l’épaisseur des conversations de la vie ordinaire. Ils sont le bien de tous, mais quelques-uns les embellissent par une sorte de grâce. Les mots sont notre souffle et seule la mort saura éteindre ce feu allumé par l’amour. » p 14



Joël Vernet est aussi un homme intranquille, vrai, vibrant, brûlant, un insoumis et un chercheur de lumière :


« La solitude : ton gagne-pain. Cet état dont personne ne veut. Vivre avec la pluie, toutes ces larmes en soi. p 22


« La vie est brève : mieux vaut donc aimer que détruire. » p 36

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Mon père se promène dans les yeux de ma mère

« Dans les ténèbres j’ai toujours vu la lumière de la mort de mon père. Cette lumière m’a transfiguré, m’a ouvert sans le vouloir à la vie immense, dispensant bonté et soleil, joie, obstination, ténacité. »



Avec une écriture soignée, douce, bienveillante, Joël Vernet nous offre le récit d’une enfance bousculée par la mort soudaine de son père à l’âge de trente-sept ans, et malgré cela, épanouie grâce au courage de sa mère silencieuse mais aimante, qui a élevé seule six enfants, dans une pauvre masure de campagne.



Ce récit m’a gentiment séduite par la nostalgie et la mélancolie qui se dégagent de chaque page ainsi que par certains mots qui le transcendent : silence, lumière, regard, grâce, élan, contemplation.



C’est aussi un hommage rendu à la vie rude dans les campagnes et à ses habitants, ses paysans, au milieu du XXe siècle.



Je remercie Babelio et les éditions La rumeur libre pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique de janvier.
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La lumière effondrée

Belle voix chaude et bouleversante que celle de Joël Vernet qui peut faire songer par moment à celle d'un Christian Bobin voyageur empruntant des chemins jalonnés d'expériences différentes, rendant sa tessiture plus grave et plus heurtée. La lumière zèbre la nuit du lecteur qui parcourt ce petit livre comme une lettre à lui adressée.

"Cette lumière du désastre, des souvenirs. Ce feu entre nos mains. Cette tremblante hésitation."

"Parce qu'il est invisible et secret, le lecteur est un géant."
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La nuit n'éteint jamais nos songes

Un livre court, vite lu, mais quel délice...on y entre un peu par hasard, et dès les premiers mots quelque chose se passe. On voyage alors dans le temps, dans les silences, dans les absences peuplées de nos souvenirs. Chaque image nous renvoie à notre propre histoire et l'on sent à travers ces pages le poids des saisons, leur respiration, les lentes déclinaisons du jour...on traverse ces lignes un peu comme on traverse la vie, un brin étonné, un brin assoiffé. c'est apaisant de lire la vie, ses humeurs, ses tristesses, et toutes ces joies ensevelies, là, entre les lignes, entre nos cœurs...
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Le silence du soleil

Ai reçu lors de la dernière masse critique ce petit livre de 50 pages de Joël Vernet et vous en remercie vivement.

Présentation de l'auteur :



Joël Vernet, poète né en 1954 dans un petit village de Haute Loire où il vécut jusqu'à une vingtaine d'années ; ensuite nombreux voyages de par le monde notamment Europe, Asie et surtout l'Afrique.

En particulier dans le désert saharien et dans le nord du Mali d'où il ne reviendra jamais tout à fait.

Et bien d'autres choses encore ......



Il écrira dans "Rumeur du silence" ceci :

" J'ai conservé dans mon cœur le velouté mauve et or du papillon qui danse toujours devant mes yeux d'enfant;

Il est bel et bien demeuré mon seul maître.

Dans les jours sombres, il vole à mon secours.

Ce beau papillon de la joie".



Magnifique, non ?



Toutes les pages de ce petit livre sont à l'image de ce petit texte, rempli de poésie sur la nature qui nous entoure, le temps qui passe, la nostalgie, les souvenirs, et principalement la lumière du soleil mais celle aussi que nous gardons dans le cœur malgré le temps qui passe.



Beaucoup de choses encore pour ceux qui comme moi sont sensible à la poésie, la peinture qui accompagne ses textes sont de Jean-Gilles Badaire et pour moi cette fleur qui est sur la couverture m'évoque une fleur de pissenlit.

Soufflez et mille petites boules de graine volerons au travers des rayons du soleil pour exaucer vos vœux les plus chers.





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Le silence du soleil

Un grand merci à l'auteur, aux éditions Le Réalgar, et à Babelio pour cette petite parenthèse enchanté dans les transports urbains.

Je serais bien en peine de résumé ce livre. Il est un peu à l'image d'un rêve dont on ressort avec un sentiment plutôt qu'un exact résumé. Et ce sentiment il est plutôt très agréable...On entre dans un mon poétique, on y vagabonde...

Et de plus le livre est en lui-même un très bel objet grâce aux peintures qui y sont ajoutés...

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Oeuvres Poétiques, tome 1 : Voir est vivre

« Il y a une immense beauté du simple, de l’insignifiant, de la vie banale. La beauté ne sera jamais dans la vie spectaculaire, le tonitruant. Mais elle jaillira des profondeurs, de la vie insignifiante en apparence, en apparence seulement. » (P Vernet.)



Écrivain, poète, voyageur ou voyageur, poète, écrivain, peu importe : tout mélangé,

Tel Alexis Gloaguen (Dérives en Phares-Traques passagères)

….

Le monde se noie dans une lueur de bruine.

Vers le nord glissent barges et courlis.

La mer oscille sur une passerelle de sable.

Parviendrai-je à l’orée de moi-même ?

….

Ou Jean-Pierre Abraham (Le Guet- Armen) : le plus taiseux.

« Vais-je continuer à écrire ainsi sans savoir pourquoi ? Depuis trois nuits avec ma lampe je veille un mort apparemment. [...] je vais me regarder dans la glace.

Sans m'en rendre compte je suis rentré dans l'hébétude de ces vieux marins. [...]Je les imaginais pleins de sagesse et de souvenir. Je sais maintenant qu'ils sont sans pensée. La mer est entrée par leurs yeux, leur a vidé lentement l'intérieur de la tête. »



Chercheurs de port, chercheurs de paix, qui avancent, vers l’avant bien sûr, tout en sachant que le port était avant.

Joël Vernet : le moins taiseux, le seul qui revient vers son enfance

« La foudre de l’enfance est mon pays natal dont je voudrais, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu'à ma mort, préserver l’éblouissement »

Peut-être qu’il a trouvé son port.

Puisque la poésie est une manière de voir les choses

Peut-être qu’il lui faudra, un jour, arrêter d’écrire

Peut-être

Mais ça n’est pas possible….



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Le silence du soleil

Le livre se divise en deux parties : le silence du soleil ( titre ) et marcher à l'aveugle !

Joël Vernet va évoquer des thèmes qui lui sont chers ( et même récurrents )...

A savoir : ***les voyages intérieurs, extérieurs car voyager c'est ouvrir une porte, vivre sur la pointe des pieds....aller au hasard dans les sentiers buissonniers , avancer sans savoir ou l'on va ..

*** la lumière : car sans la lumière nous serions morts ! pour J.Vernet la lumière est la vie du corps, de l'esprit, de l'humanité, de la nature ( au sens propre et figuré ). En effet, le destin de l'homme est de marcher dans les "tènèbres" mais la lumière est un loup,une abeille, une caresse : elle fait partie de nous même et nous permet d'échapper à ce funeste destin !

*** l'art: ( sous toutes ses formes ).

En effet, l art nous permet de vivre, d'échapper aux combats de la société ( combines, trafics, mensonges..), d'échapper à la puissance des "sachants", de leurs faux semblants et de pouvoir ainsi, aller au coeur des choses !

*** la nostalgie : c'est un pont vers l'avenir, elle vènère ce qui n'est pas encore mais elle est belle que si elle va de l'avant...c'est celle des souvenirs d'enfance, d'adolescence dans le Sud natal avec sa famille..

Deuxième partie : marcher à l'aveugle..

Joël Vernet part à nouveau dans la nostalgie, l'émotion, les sensations liées aux siens.

C'est l'écriture qui lui permet le souvenir de ses années de jeunesse et de l'inconscience qu'il avait à cette époque !

Le souvenir d'une femme presque aveugle qui a été obligée de se constituer une autre "vue" en développant un autre sens : son ouïe et, qui vit comme si tout était " clarté" !

Lyrisme, poésie, philosophie accompagnent ce livre qui est un hymne à la nature, à la vie !

Je tiens à remercier Babelio pour son choix, les Editions Le Réalgar, Joël Vernet et aussi Jean Gilles Badaire pour les peintures intercalées dans l'ouvrage...(qui sont un plus artistique au récit ).





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La nuit n'éteint jamais nos songes

Жоел Верне, поетот кој сака светот да го претвори во песна.

Joël Vernet, le poète qui veut transformer le monde en poème

Dans tous les pays, il y a des poètes, en Serbie aussi.





« Je regarde une photographie ancienne. Nous sommes cinq sur la photo dont je suis le dernier survivant. Quand donc viendra me prendre la foudre ou l'éclair ? En attendant, chaque seconde de cette vie m'éblouit. le vent fait jouer ses flutes devant mes fenêtres d'autres instants, il hurle comme un loup affamé dans la foret. le vent cherche sa proie quand nous cherchons la paix………………….



« J'ai appris à lire en contemplant les yeux de ma mère, en entendant l'arrivée souple de mon père qui montait de l'écurie, en guettant son absence qui nous maintint toujours sur le qui-vive. Ce qui nous manque nous affame, nous ouvre tout l'avenir………………..



«J'ai appris à lire en franchissant le seuil de la première école, sur le chemin du retour à la maison quand le printemps enflammait les arbres, que des nuées de corbeaux écrivaient, peignaient leurs traces sur la neige. Elles se mêlaient à celles de nos luges, planches récupérés sur d'anciens futs à vin…..



«Dans le pays où je suis de passage, j'aimerais dire qu'en deçà de l'injustice, il y a le crime ordinaire perpétré contre le plus grand nombre. Comme si les enfants perdaient toute raison de vivre .Je ne connais pas de crime plus horrible que celui-là. Donner la vie pour la reprendre aussitôt. Offrir la merveille puis la remplacer par les ténèbres. La cruauté dans un silence glacial, assourdissant……



« Après le café, le vieux rasoir de mon père, rasoir bien âgé que moi, me lisse le visage et quand je le pose sur le bord de l'évier, j'entends une parole ancienne qui me rappelle peut être sa voix dont je n'ai gardé aucun souvenir. Les voix disparaissent dans les nuées et les nouveau-nés n'en ont aucune idée…….





En écoutant Benjamin Clémentine. Mais ce n'est pas nécessaire !









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La vie tremblante

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Les petites heures : Précédé de Au bord du mond..

J’ai choisi de la poésie en prose avec des textes de Joël Vernet qui centre son recueil sur son pays et sa maison natale.

C’est un peu le retour aux sources du voyageur, longtemps Joël Vernet a parcouru la planète avec une prédilection pour les pays chauds.

Le retour vers la terre de son enfance est un long et lent vagabondage plein de bonheur et de nostalgie pour une campagne qu’il aime, pour des lieux qui lui sont chers tous emplis de solitude, de froid mais aussi habités par une lumière vive.

Une maison natale aujourd’hui peuplée de fantômes où sont encore enfouis la tristesse de l’écrivain éprouvée à la mort de son père et les rêves qui ont empli ses journées de gardien de troupeau.



On regarde avec lui vivre ce coin de terre et l’on est sous le charme, celui de l’enfance, celui de cette Margeride déserte et silencieuse et vivant encore au rythme des saisons.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Rumeur de silence

Récemment, j’ai découvert l’éditeur Fata Morgana. C’est l’un des rares a encore faire des éditions sur beaux papiers, en cahiers. Même l’édition courante est broché. C’est parfait pour des relieurs ou des bibliophiles. Dans ce livre, il y a des souvenirs, ceux avec la grand-mère de l’auteur et ceux avec la Nature. Chaque souvenir peut être lu individuellement. Ou vous pouvez choisir de ne lire qu’un seul type de souvenirs. Le lecteur a une grande liberté de lecture La façon dont tout est raconté, me rappel le vent, inconstant, changeant mais toujours présent. J’ai trouvé ce texte, et particulièrement les descriptions, très touchant. Par moment, j’ai eu l’impression que ce n’était pas l’auteur qui était derrière les mots, mais un élément de la nature. C’est un très beau livre, que je vous recommande. Surtout qu’il est très léger et facile à lire.
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Petit traité de la marche en saison des pluies

Le format est mignon et agréable à tenir en main (17,5 x 12,5 x 0,3 cm). J’ai retrouvé la pâte de l’auteur. Encore une fois, il y a quelques passages en italique. Ici, il n’y a que des descriptions. Bien qu’elles soient très poétiques, elles ne m’ont pas emporté dans cette marche. Joël Vernet parle de ses rencontres ; avec la lumière, les animaux et d’autres marcheurs. Chaque paragraphe m’a semblé être indépendant des autres, mais avoir néanmoins une cohérence. J’ai été beaucoup moins touchée par ce livre que par « Rumeur du Silence ». Cela m’a laissé une impression de déception par ces quelques pages.
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Marcher est ma plus belle façon de vivre

Joël Vernet est un écrivain marcheur, de sa marche il tire ce beau petit livre constitué par 2 recueils de pensées et 2 récits. Au rythme de ses pas il choisit des mots tout en poésie, pour communiquer au lecteur sa passion pour la beauté de la nature nichée dans les petites choses, le minuscule, l'invisible, les heures ordinaires lorsque la lumière joue avec les arbres et que sonne le clocher d'une église. Il décrit son art de vivre fait de lenteur, de silence, d'observations, de contemplation mélancolique, du souvenir des êtres chers disparus. Il parle de son travail d'écrivain de l'ombre, d'écrivain silencieux. Quelle belle façon de vivre! C'est un savoureux plaisir de lecture.
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Mon père se promène dans les yeux de ma mère

Une histoire qui (ra)conte une épreuve, peut-être la plus compliquée d'une vie. Joël Vernet trouve les mots justes et très beaux. Ils peuvent parfois l'être un peu trop : les phrases sont riches.

Durant cette lecture, j'ai traversé beaucoup d'émotion. Est-ce grâce aux résonnances ou grâce au talent de l'auteur ? La réponse est très probablement : les deux !

La curiosité, le hasard et finalement la chance m'ont guidé vers ce livre et j'espère que ces quelques mots le feront pour vous.



Merci Babelio pour cette découverte.
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Journal d’un contemplateur

Fort de plus de 50 livres, Joël VERNET est une plume qui compte dans la poésie française contemporaine. Arpenteur infatigable des terres du monde entier, il n’a cassé d’écrire. Ce nouveau texte frappe par son style. De la poésie en prose qui largue les amarres pour une déambulation sensorielle. Cette lecture attise tous les sens, peut-être parce qu’elle tourne le dos à la cité, côtoie le monde rural.



Joël VERNET marche inlassablement, use les chemins, crée des ornières de réflexion, avive la force de la nostalgie, qu’il ne faut pas voir comme une fatalité ni une tare. L’auteur se fait complice avec un tilleul, se remémore son enfance silencieuse quelque part dans une montagne auvergnate, observant et écoutant la nature. Car c’est bien elle qui l’a sculpté, c’est grâce à elle qu’il a su « tenir ».



Ce texte est une ode aux arbres, aux ruisseaux, aux rivières, aux animaux sauvages. « Souvent, je revis dans les yeux des bêtes quand je lis ma silhouette simplement de passage sur leurs pupilles ouvertes. Quand je pénètre dans les sous-bois, protégé par les feuillages, qu’une faible lumière tombe des faîtes sur les lichens, sur les mousses, sur mon pas, qu’un bas murmure m’indique qu’ici la vie est loyale, sereine, simple. Parfois on ne voudrait plus jamais sortir de la forêt. Y demeurer, y vivre, être dans la belle respiration de chaque instant ». Car VERNET abandonne le monde, ponctuellement, pour rejoindre le sauvage.



Larguer les amarres, de manière plus prosaïque, c’est aussi aller tester les sensations, les émotions en mer, cette envie, ce besoin d’une île. Loin de tout, de l’homme et de ses croyances. Car Joël VERNET a depuis longtemps laissé Dieu de côté, comprenant l’engouement mais ne le partageant pas. C’est alors que les souvenirs du poète se réactivent en tous sens, évocations des nombreux vagabondages sur plusieurs continents. Car VERNET a voyagé, beaucoup, souvent et (presque) partout. « Qui vit ainsi dans un jardin s’est retiré des mornes combats, se vouant tout entier à la lumière profonde de chaque instant. Cette solitude est la sienne, bien plus proche d’une grâce que d’un renoncement ».



Images qui détonnent : « Les morts sont les oiseaux de l’avenir », tandis que l’auteur tisse le portrait d’une vieille dame qui n’est pas sans rappeler « La » Jeanne de Georges BRASSENS. Les vieilles dames, c’est le souvenir du patois, d’une langue, d’une culture, aujourd’hui disparue. Le souvenir c’est aussi celui des ancêtres, qu’ils ont transmis, le Mont-Mouchet, haut lieu de la Résistance française, où ils furent actifs. Et le poète marche, toujours. Sauf quand il lit : « J’ai noyé mes yeux dans la lecture. La lecture fut mon activité numéro un. Les fous de travail vous diront que c’est un passe-temps de paresseux. Je fus donc ce paresseux et continue de l’être ». Dernières images : un cimetière des îles Solovki où se dessine la silhouette de la Mère. Grand texte où chaque phrase, chaque vision est une rencontre, comme un don. Paru en 2023 aux éditions Fata Morgana, il met en éveil tant de sensations qu’il serait difficile de les résumer ici.



https://deslivresrances.blogspot.com/
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Marcher est ma plus belle façon de vivre

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Si un cobra vous regarde dans les yeux

Dans le pays de Bandigara, les crocodiles sont sacrés. Aussi, ce n’est pas une surprise qu’une malédiction s’abatte sur la région après qu’un chasseur a tué un de ces animaux, par cupidité, par vengeance ou par bêtise. La terre n’offre plus assez de ressources, les villageois sont touchés par la faim et la maladie et les enfants deviennent intenables. Les seuls à pouvoir améliorer la situation sont le vieux sorcier Youbou, réfugié dans une grotte, et la jeune Aïassatou, chassée de son propre camp.

Avec Si un cobra vous regarde dans les yeux, Joël Vernet nous fait découvrir un pays mystérieux qui paraît à la fois hostile et séduisant, et des personnages frappés par le sort, mais pourtant si courageux. Le récit est teinté de couleurs locales, que ce soient des descriptions ou des mots spécifiques en rapport avec la culture, qui sont explicités dans un glossaire à la fin de l’ouvrage. L’aperçu que nous avons du pays de Bandigara évolue au fil des pages, mais il en ressort une impression générale de rudesse qui contraste avec le caractère de la plupart des personnages.

L’histoire principale met en scène Aïassatou et Youbou, mais comprend également de nombreux autres contes secondaires racontés par ces deux personnages. Nous découvrons ainsi des légendes africaines et la vie quotidienne des habitants, si différente de la nôtre. Une touche de fantaisie s’ajoute à cela pour faire rêver les lecteurs, petits et grands.

L’histoire en elle-même est intéressante et nous entraîne à la découverte du pays, de ses traditions et de ses légendes. Aux côtés d’Aïassatou, nous découvrirons pourquoi la malédiction s’est abattue sur le village et Youbou nous expliquera comment la lever. L’arrivée des autres contes dans la trame principale m’a, à quelques reprises, paru quelque peu artificielle, mais chacun d’entre eux est très réussi et apporte une pièce à l’ensemble du livre.

L’écriture fluide, simple et élégante est adaptée à tout public. De même, chaque histoire peut être prise à plusieurs niveaux, ce qui intéressera donc non seulement les jeunes lecteurs, mais également des personnes plus matures désireuses de découvrir un univers qui est loin de nous être familier.

Au fil des pages, un certain nombre de dessins illustrent le texte, ce qui est toujours agréable dans ce type de livre. C’est un moyen de nous mettre dans l’ambiance, tout en nous laissant une part suffisante d’imagination.

Je remercie Babelio pour l’organisation d’une nouvelle édition des masses critiques et Tertium éditions pour leur confiance. Un conte atypique pour petits et grands qui nous fera découvrir un univers si différent du nôtre !

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Si un cobra vous regarde dans les yeux

Reçu dans le cadre de masse critique, j'ai plus ou moins apprécié ce livre. L'idée des contes africains racontés par deux personnages que l'on suit tout au long du livre est intéressant. En effet, le vieux Youbou a choisi de vivre en ermite dans une grotte et Aïssatou, une jeune fille qui veut quitter sa communauté viendra vivre près de lui. A travers, ces deux personnages on découvre de nombreux contes qui mettent en scène des hommes et des animaux.

J'ai apprécié les contes même s'ils ne se valent pas tous.

Un livre qui peut plaire à un public de pré-adolescent puisqu'il permet de découvrir une culture très différente de la notre.
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