Joël de Rosnay

L’homme se transforme progressivement en « neurone de la Terre », intégré au système nerveux qu’il a créé. Le mariage de la biosphère et de la technosphère dans sa forme la plus avancée et la plus dématérialisée est à l’origine de la constitution du cerveau planétaire et de la société en temps réel. Une évolution qui a commencé avec les balbutiements du télégraphe et se poursuit avec la révolution du téléphone, de la télévision et des réseaux numériques modernes de communication interordinateurs. Cet être nouveau en voie d’émergence dans les sociétés industriellement les plus avancées est l’homme symbiotique.

Comme on le verra, cette symbiose ne concerne pas seulement ses relations vitales avec les réseaux informatisés, composante du cerveau planétaire. Elle se réalise également à d’autres niveaux, mettent en jeu des machines et des environnements plus simples que ceux des sociétés techniquement avancées. Mais le mouvement vers l’avènement de l’homme symbiotique est engagé. Notre responsabilité collective est désormais de le guider vers une forme de symbiose sociétale respectant la vie, l’homme et sa liberté. (p. 121)