Je viens de me réveiller. Il fait beau en ce matin de tout début d’automne. L’air extérieur offre la douceur d’une température confortable ; le ciel d’une note bleutée est clément. Les feuilles jaunies atterrissant discrètement sur le sol de la terre-mère commencent à dévêtir leur végétal porteur. Je vais me préparer, sortir de la maison, ravie de cette journée ensoleillée et rejoindre celui qui m’attend. Je pénètre dans la salle-de-bains, il me semble entendre comme le chuchotement d’une voix neutre murmurant un ‘‘toc, toc, ouvre ta porte’’. Je pense que l’écoulement de l’eau de la douche a feutré la sonnerie de l’entrée. Je me dirige dans le hall, j’ouvre la porte, nul ne se trouve à l’extérieur. Je porte mon regard vers le portail, personne n’a sonné. Voilà que maintenant j’entends des voix, il ne me manquait plus que cela ! Je ne suis tout de même pas la réincarnation de Jeanne d’Arc !
4 Octobre 1998. - Je ne pars pas, je m’enfuis. Obligée de m’exiler. Perdue, seule, ne sachant où aller... Que vais-je devenir à présent ? Où vais-je me diriger ? Tous me tournent le dos, ferment leur porte comme si j’étais devenue en peu de temps une pestiférée. Je craignais même être lapidée. Je suis revenue à la maison, mes parents eux-mêmes ne m’ont pas ouvert leur porte, me criant : « Tu es la honte de la famille, nous te renions, ne reviens plus jamais, va au diable ! »
L’été est vite passé, tant mieux, se dit Alma. Durant ces deux mois chauds, les vacanciers emplissent son coin de paradis. Elle va s’éclipser sur la pointe des pieds laissant sa place à ces citadins venus profiter enfin de leur repos bien mérité. Elle le sait, le ballet tonitruant des allées et venues de ces familles va transformer la sérénité de son quotidien. Qu’importe, ce n’est pas sa saison préférée, trop chaud, trop de monde, trop bruyant.
Vraiment sans complexe ma Maman. Elle était heureuse avec son mari, elle a eu un beau, super beau bébé - moi ! (Paul rit) - et au fil du temps, mon père se décontractait en adoptant la façon de vivre de sa femme. Et vois-tu, jusqu’à aujourd’hui, tu le constates également, ils forment un couple toujours uni et heureux. Ils sont inséparables. Je ne veux même pas penser au jour où l’un partira avant l’autre.