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Critiques de Joëlle Gardes (8)
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La rhétorique

Rhétorique sonne comme logique : Rhétorique ne laisse rien présager de bon, livré dans le format austère d’un manuel de cours. Heureusement, Joëlle Gardes-Tamine, professeur de rhétorique et de poésie à Paris Sorbonne, parvient à surmonter nos craintes dès la première page : la rhétorique sera ludique ou ne sera pas. Ne parlons pas d’un ludique qui s’amuse plus qu’il ne nous amuse à nous soumettre des questions en tous genres pour nous ensevelir sous des connaissances imprécises et désordonnées. Ici, le développement sera précis, organisé et rigoureux, mais parsemé de si nombreux exemples –la plupart savoureux- qu’on se demande bientôt pourquoi avoir pensé que la Rhétorique serait une lecture rébarbative.





« La rhétorique commence en effet avec toute prise de parole qui ne se propose pas simplement le plaisir de la conversation, le plaisir de parler non pas pour ne rien dire, mais pour ne rien faire, sans objectif autre qu’un simple échange de propos, à supposer qu’un dialogue sans enjeu soit vraiment possible. »





Maîtriser l’art de la Rhétorique, c’est ce que nous aimerions tous faire, qu’il s’agisse de convaincre son patron de nous accorder une nette augmentation ou de s’enflammer pour des éloges ou des blâmes que nous prononcerions d’une traite, cinq minutes montre en main. Il est pire ressemblance que celle nous faisant rêver d’être un Hamlet, soliloquant crâne en main, gagnant notre respect par un verbe rigoureux et convaincant.





Nous apprendrons ainsi les racines historiques de l’art de la Rhétorique, balayant un large éventail d’auteurs et d’orateurs, de l’Antiquité jusqu’au siècle dernier. Joëlle Gardes-Tamine s’attarde plus particulièrement sur les trois points fondamentaux de l’art rhétorique : le cœur, l’esprit et l’élocution. Ce sont ici trois variantes de ce que les rhétoriciens anciens nommaient movere (émouvoir), docere (enseigner) et delectare (plaire). Les connaissances que nous fournit l’auteure ne semblent jamais gratuites, détachées des préoccupations des hommes quotidiens, croyant parler sans y penser, comme s’il était possible d’user gratuitement d’un langage chargé d’histoire et de signification. Ainsi comprendrons-nous l’importance de la Rhétorique dans les sociétés antiques qui voient se développer le cadre procédurier, comme elle montre son influence à chaque période de crise ou de bouleversement sociétal. Des mystères se dévoilent, partiellement expliqués par les nécessités d’autres époques. Nous demandons-nous pourquoi les figures de style existent ? Rappelons-nous que la transmission écrite n’est que très récente et que les siècles précédents ne pouvaient rien utiliser d’autre que leur mémoire pour figer légendes et histoires :





« Est-ce que la mémoire peut expliquer l’amour du Moyen Age pour le grotesque, le bizarre ? Peut-être les figures étranges que l’on voit sur les pages des manuscrits et dans toutes les formes de l’art médiéval ne sont-elles pas tant la révélation d’une psychologie torturée que la preuve du fait que le Moyen Age, quand il devait se souvenir, suivait les règles classiques pour fabriquer des images faciles à se souvenir ? »





Résultat… nous devons nous coltiner lieux communs et stéréotypes, figures de style aussi plaisantes que nécessaires, que Joëlle Gardes-Tamine nous aide à définir et à repérer dans des textes qui apparaissent moins inutilement alambiqués qu’ils ne le semblaient avant la lecture de cette Rhétorique. Racine et Corneille deviendront moins ampoulés, déterminés par une éducation et un héritage culturel qui conditionnent leurs drames à leurs formes strictes. Mais à force de parler des siècles précédents, on en vient à se demander progressivement quelle place occupe la Rhétorique à notre époque :





« On a voulu la croire morte. Mais au lieu de la laisser reposer en paix, toute la première moitié du XXe siècle s’est acharnée sur son cadavre et, à force de parler de la défunte, on a fini par la ressusciter. A une époque où la publicité nous traque à tous les coins de rue, où la solitude et le silence sont devenus un luxe, c’est bien un nouvel empire qu’elle est en train d’édifier sur les traces de l’ancien. »





Des discours des rhéteurs antiques à la publicité cococola, il n’y a qu’un pas. La Rhétorique de Gardes-Tamine nous ouvre de nouveaux horizons : rien de ce que nous disent les mots n’est innocent et fortuit. On peut choisir de l’ignorer et de se laisser guider par la passion ; on peut choisir d’être vigilant et d’analyser chaque mot ; enfin, on peut choisir de passer de l’un ou l’autre, acceptant d’être dupé uniquement lorsque cela nous plaît.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Saint-John Perse sans masque

L'ombre de la Pléiade



Saint-John Perse est à bien des égards un poète difficile à cerner. Son œuvre peut apparaître d'un abord difficile, elle échappe aux classifications et aux écoles, elle s'est voulue hors de l'histoire et de la géographie, comme éloignée dans une atemporalité mythique. Quant à la vie du poète, elle croise celle du diplomate, et les boucles sont parfois difficiles à suivre.



Pour ne rien arranger, Saint-John Perse mit tout en œuvre de son vivant afin de brouiller les pistes et les cartes. Le sommet de cette entreprise fut atteint avec la publication du volume de la Pléiade, en 1972.

S'il ne fut ni le premier ni le dernier à être "pléiadisé" de son vivant, Saint-John Perse a obtenu des éditions Gallimard le privilège exorbitant, et injustifiable, de rédiger lui-même le volume, de la première à la dernière ligne. En résulte une Pléiade qui, certes offre l’œuvre poétique complète – c'est un minimum – mais ne propose qu'une notice biographie sommaire, et avouons-le régulièrement mensongère. Quant à l'appareil critique que l'on est en droit d'attendre d'une édition savante, il est absent. Au mieux lacunaire, au pire inutile.



Ce que les auteurs de "Saint-John Perse sans masques" proposent dans ce volume précieux, c'est tout simplement cet appareil critique que l'on ne trouve pas dans le volume de la Pléiade.

Une introduction de 40 pages qui fixe les principes de l'étude philologique.

Une chronologie détaillée, 90 pages.

Et surtout, 300 pages de commentaires de l’œuvre poétique. Poème par poème, chapitre par chapitre, verset par verset. Signification des mots rares – et ils ne manquent pas sous la plume du poète – commentaires thématiques, stylistiques, références aux sources... Tout est éclairé.

Ce travail de titan, et d'orfèvre, est l’œuvre de quatre grandes spécialistes du poète, quatre grandes universitaires. Joëlle Gardes-Tamine, qui en a dirigé l'édition, Colette Camelin, Catherine Mayaux et Renée Ventresque.



Quiconque ayant ouvert un volume de Saint-John Perse sait à quel point ses poèmes sont d'une beauté envoûtante, et aussi combien il est parfois malaisé de saisir le sens qui se cache derrière les images.

Bien entendu, nul n'est besoin de tout saisir pour goûter la musique et le charme de cette poésie.

Mais, si vous désirez aller au cœur du texte, alors ce livre est indispensable.
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Virginia Woolf à Cassis : Roches et failles

Un joli petit recueil rassemblant des photographies et deux textes sur les séjours de Virginia Woolf à Cassis entre 1925 et 1929, en français et en anglais. Très instructif, intéressant pour les lecteurs de Virginia Woolf.
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Virginia Woolf à Cassis : Roches et failles

Quelle écriture... sublime j'ai rarement lu d'aussi belles pages.



Les états d'âmes de Virginia Woolf par Joëlle Gardes et je découvre Joëlle Gardes Sublime...



Le livre posé sur une étagère d'une location airb pour un séjour à Marsielle Cassis amplifie et donne un écho à ce territoire.
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Virginia Woolf à Cassis : Roches et failles

C'est une description romantique du village de Cassis à une autre époque. Loin de la foule et du bruit. Le village, ses vignes, le phare. Tout a l'air calme et serein.

On s'y sent comme dans un cocon, protégé et à l'abri. Par sa biographie, on découvre que Virginia était tombée amoureuse de ce village de Cassis et y aurait volontiers passé plus de temps.

La vie en a été autrement, et allant à l'encontre de ses désirs, elle aura vécu loin de Cassis, le regret de ne pouvoir y retourner. Son bonheur était là-bas...

Un livre très agréable à lire, on ressent l'envie de se rendre à Cassis et de suivre les traces laissées par Virginia Wolf. On voudrait étudier tous ses livres, lettres et documents et y rechercher toutes les allusions concernant son séjour là-bas. Les photos sont magnifiques et s'accordent merveilleusement bien avec le texte.

Dans les illustrations on retrouve totalement les sentiments de calme et de sérénité qu'a du éprouver Virginia Wolf à Cassis.

Le Cassis d'hier dégage un romantisme et une émotion qui doit être difficile de retrouver aujourd'hui, mais on voudrait simplement s'y rendre, juste pour vérifier...
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A perte de voix

Formidable, magnifique ! Il faut lire ces nouvelles pour s’y trouver soi-même, y rencontrer le proche, le comparse, l’idée qui nous vient, le geste qui désole, la déception qui taraude, l’indifférence qui arrange, le désir qui se rêve. Pour répondre à la question : mais comment font les autres ? Pour rêver de ne pas être solitaire en n’aimant qu’être seul, pour supporter ce qui crisse.

Joëlle Gardes, qui aime l’analyse logique et le calcul mental, qui choisit d’aller jusqu’au bout des idées saugrenues et angoissantes qui nous assaillent, qui, sans trop y croire, chérit l’idée de l’amour, le rêve d’une famille qui ne soit pas qu’un souvenir d’enfance, répond sans solution, bien sûr, répond en partageant.

Tour à tour désabusée, stoïque, épicurienne, toujours sensée, dans un style cristallin qui brise la flûte du délicieux champagne rosé, un style dont l’apparente nonchalance fait vivre la cocasserie de l’exactitude des sensations, des sentiments ou de leur disparition. Quelle justesse ! Quel art !

Lire pour sourire parce que l’auteur et les personnages sont plus malins que leurs vies, parce qu’il reste toujours la possibilité de s’échapper, de se taire, de s’abstraire des contraintes choisies en toute méconnaissance. Il reste partout un coin de ciel, une traine de confiance dans une étreinte, un regard sur les plantes et les paysages, sur la main potelée d’un enfant, le tee shirt d’un clown, le délice d’être soi malgré tout.

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La mort dans nos poumons



Quatrième de couverture : "Tourmentée par sa liaison avec le mari de sa meilleure amie, qu'elle accompagne vers une mort annoncée, la narratrice se penche sur la véritable nature de cette singulière relation à trois.



Court roman paru en 2003 chez un très bon éditeur, il faut le signaler, les éditions Leo Sheer qui offrent une jolie qualité de papier et de couverture.

Ce récit, est mon plus gros choc de cette année et fait partie de mon top 10 désormais.

L'histoire, qui me parle, avec cette atroce maladie si bien décrite par l'auteure, si bien représentée, et dont on ressent tellement la douleur et la malédiction qui l'accompagne. Cette histoire, ponctuée de considérations philosophiques et existentielles sur l'amour et l'amitié, est émouvante à un point que les larmes peinent à être retenues. De belles larmes non celle résultant d'un atermoiement mièvre, mais de vraies larmes, qui pleurent des sentiments tranchants, si réalistes et si vivants.

Trois personnages centraux, si complexes, qu'on juge puis qu'on excuse, pour les condamner à nouveau par la suite, des personnages réalistes, si prisonniers des difficultés sentimentales, des aléas incontrôlables et des tergiversations propres à nos difficultés de décider, de choisir, de surmonter pour finalement subir un chaos, un chaos qui tue ou qui empêche de vivre.

Place au style maintenant. Il est éblouissant, simplement, l'auteure est spécialiste de linguistique mais la technique n'est pas revendiquée, elle sert l'histoire, le langage est poétique sans être précieux, il est signifiant et assez majestueux, on ressent une sorte de grande dignité dans cet ouvrage, au sein d'une histoire qui pourrait sembler lot de tellement de personnes.

D'un point de vue personnel, j'ai rarement vu la description de la maladie de manière si fidèle, mieux exprimée que ce que j'aurais moi même déclaré quand je l'ai vécu.

Une grande oeuvre assurément.
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Olympe de Gouges

Entre récit documentaire et biographie, le livre de Joëlle Gardes intitulé «Olympe de gouges» est particulièrement réussi. D'ailleurs, elle ne revendique pas la véracité de tous les événements mais tente des explications quand les faits sont incertains et c'est pour cela qu'elle choisit le sous-titre Une vie comme un roman.

Il faut dire que la personne en vaut la peine.

Reconnue comme une pionnière des droits de la femme, Marie Gouze, dite Olympe de gouges est bien plus encore. En 1791, elle a demandé à l'assemblée nationale que soient reconnus les droits de la femme et de la citoyenne au même titre que les droits de l'homme et du citoyen.

C'était il y a plus de deux cents ans.

En 2009, à la fête de l'humanité, un vieux militant m'a convaincue d'acheter ce livre dans une très belle édition (l'Amandier) alors je le remercie car j'ai apprécié cette lecture.

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