Ils repartirent main dans la main vers la plage, histoire d’étrenner leur achat. Il lui glissa à l’oreille de l’appeler Pépé et plus Francis. C’est ainsi qu’il avait appelé son grand-père et soyons honnêtes, il avait hâte de voir Héloïse avaler sa salive de travers quand elle allait entendre pour la première fois ce « Pépé », si affreusement populaire.
Tante Ronchon se rapprocha de l'écran de télévision et chuchota:
- Ma chérie, cette maison n'attend que toi pour revivre. Il est peut-être temps que tu reviennes à Plémey. Je suis immensément fière de ton parcours. Tu as fait tes preuves, montré combien tu es brillante. Tu n'as plus aucun compte à rendre. Pour une fois, pense à toi et songe à ce qui te rendrait vraiment heureuse. Ma maison, un peu décrépite, mais qui ne demande qu'à se refaire une beauté, pourrait devenir ton point d'ancrage en ville. Vous devriez bien vous entendre toutes les deux, aussi fières et solitaires l'une que l'autre. Réfléchis, ma mignonne, réfléchis
Ses vêtements colorés, extravagants, clamaient haut et fort no pasaran ! Elle avait choisi la gaieté pour contrer le cancer, balançait des éclats de rire comme des grenades dégoupillées sur ses cellules passées à l'ennemi.
Le raffinement était la marque, pour ne pas dire le credo d’Héloïse. Pour offrir aux regards ce couple harmonieux, elle avait investi : cours de Pilates et de yoga pour le corps, retraite à l’abbaye de Saint-Sauveur et stage de développement personnel au Lavandou pour l’esprit.
Les deux encadraient la jeune touriste, deux serre-livres bretons pour un roman provençal.