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Citations de Joëlle de Gravelaine (19)


Lilith solitaire, orgueilleuse, assoiffée et se condamnant elle-même à ne pas boire, ne revendiquant que l'absolu, se réfugiant dans la hauteur, initiatrice et médiatrice pour les uns, démoniaque et castratrice pour les autres, visages multiples de l'Anima, incarnation d'une dialectique vivante de l'absence et de la présence, du noir et du blanc, silencieuse et porteuse de vérité, épée tournoyante et couteau du sacrifice, sorcière et licorne, elle renvoie à toutes les déesses de fécondité et de mort, de vie et de sang en lesquelles l'amour et le carnage sont étroitement mêlés, interchangeables et presque synonymes.
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Lilith assume le rôle ingrat par excellence, comme Judas assumera le sien face au Christ, afin que Jésus accomplisse son destin. Judas est indispensable à la sainteté de Jésus comme Lilith l'est à la pureté de Marie. Lilith règne sur l'impur, soit, les yeux ouverts et sans illusion sur les hommes.
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La légende veut que Lilith ne soit pas bavarde. Elle refuse de prolonger sa querelle avec Adam. Par son silence, elle dit davantage qu'Eve dira jamais par ses bavardages. Confrontée à sa propre violence, à sa rage d'être incomprise, à son impuissance à se faire entendre, que peut-elle faire d'autre que de se taire ?
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En Grèce, et surtout en Crète, la religion minoenne a préservé son caractère matriarcal jusqu'en 1500 avant J.-C. Les divinités crétoises sont féminines et derrière elles, toujours, se profile l'image de la Déesse Mère, de la Grande Déesse, fidèle reflet de Lilith.
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Et si les livres anciens disaient vrai ? Si Lilith avait refusé, en effet, de demeurer auprès d'Adam avant qu'il fût uni à son épouse de manière convenable, Lilith n'incarnerait-elle pas encore une fois l'indomptable orgueil de celle qui se sait et se veut l'égale de l'homme, celle qui se moque de ce qui est convenable ou non, celle qui ne veut pas être "parée pour les fiançailles" comme toutes les déesses vierges qui ne veulent pas être "vendues par leur père" et qui peuplent la mythologie, comme la petite sorcière des contes de fées qui préfère courir les bois, apprendre la nature, converser avec les elfes, les nains et les animaux plutôt que d'épouser le fils du roi ?
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Plus tard, les hommes épureront cette image initiale de la femme. La Grande prostituée deviendra la Sainte Vierge, Isis deviendra le symbole de la renaissance spirituelle ; la femme perdra son visage humain et deviendra la Sophia, Mère du ciel et non plus de la terre.

Les hommes inventeront le péché pour pouvoir mieux se protéger de la "Femelle toute-puissante" et la renvoyer à Sammaël, lui inventer une nature de serpent maudit, en faire une "Plaie".

Et là, son sacrifice sera plus injuste et cruel que jamais. Pour ne pas la vivre comme une menace, ils seront contraints de la couper en deux - comme Dieu fendit l'Androgyne par moitié - plaçant d'un côté la pécheresse et de l'autre, la Sainte !
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Lilith épouse le diable, lui aussi associé au serpent, et l'on peut se demander si Satan ne serait pas, comme Cronos-Saturne, un des derniers fidèles de la Déesse des Origines. A tout prendre, Lilith opte pour la compagnie d'un autre ange déchu et qui, lui aussi, a désobéi et refusé de rendre hommage à Adam. Séducteur, tentateur, accusateur et exécuteur, Sammaël fait avec Lilith un beau couple, lui avec sa douzaine d'ailes, elle avec son beau visage, ses cheveux longs et noirs, ses ailes aussi, marque des anges et des démons.
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Le Dr H. R. Hall affirme que la constitution de la société égyptienne était caractérisée par une nette préservation de la matriarchie, la position prédominante des femmes et une certaine promiscuité dans leur vie sexuelle. Jusqu'à notre VIIe siècle, l’Égypte a été la terre de la filiation matrilinéaire.
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Il n'y a pas de hasard à ce que Lilith et avec elles toutes les déesses premières qui précédèrent les cultes patriarcaux, ressurgissent aujourd'hui dans la littérature comme dans l'inconscient collectif manifesté, ni à ce que la Lune Noire commence à faire couler une encre aussi noire qu'elle. Lilith, sans doute, pourrait s'arroger le titre de première féministe.
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On comprend Adam, souffrant de solitude, qui réclame à Yahvé une nouvelle compagne, moins inquiétante celle-là, soumise, docile, dépendante.

Alors Eve fut créée, tirée de sa côte (ou de son côté). Plus admirative, plus habile, la voilà femme-enfant, celle qui saura toujours à grands coups de chantages, retenir Adam dans ses filets, celle qui pleure et qui supplie, celle qui tricote à Adam des vêtements pour couvrir sa nudité et qui va lui enseigner la pudeur, celle qui lui donnera une progéniture conforme à ses aspirations, qui veut un toit sur sa tête, celle qui ne sait ni changer les plombs ni scier une planche mais sait compter les sous du ménage. Celle qui "mourrait-si-on-la-quittait" et qui fait les veuves robustes, celle qui sait culpabiliser Adam comme personne. Gardienne des vertus bourgeoises avant la lettre, femme de conformité, la femme "vendue par le père" au mari, celle des contrats de mariage et de la dot, sage jeune fille œdipienne des contes de fées.
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Philipp Slater explique dans "The Glory of Hera" comment s'opéra plus tard la révolution des Grecs pris dans le pouvoir de la mère et rejetant alors violemment l'intrusion des femmes dans leur vie.

C'est avec les Eschyle dans "Les Euménides" qu'on aura une idée du changement intervenu dans le statut des femmes : la possession de la cité fut décidée par un vote des citoyens athéniens. Les femmes votèrent pour Athéna, les hommes pour Poséidon. Lorsque la victoire alla à Athéna, Poséidon manifesta l'ampleur de sa colère (et jalousie ?) en inondant le pays et il ordonna sur les femmes perdraient leurs droits, qu'aucun enfant ne recevrait plus le nom de sa mère et que les femmes ne seraient plus considérées comme citoyennes d'Athènes.

On retrouve bien là la trace de la lutte entre une déesse Vierge, Athéna, et un dieu mâle, Poséidon. Ces luttes, toujours, nous prouvent que le mythe est reflet de l'Histoire.
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Pourtant, le souvenir de Lilith, transformée en démon et en Plaie par la Zohar, en sorcière par l'Église, en vamp et en femelle maudite, en menace pour le monde ("c'est elle qui achèvera la ruine du monde après celle de Rome") ainsi qu'il est écrit, fait trembler l'ordre patriarcal. Et qu'on s'acharne depuis toujours à la bruler, à la faire taire, à la charger de tous les péchés d’Israël et de toutes les peurs des hommes devant le vagin - denté ou abyssal - de la femme, Lilith n'en fait pas moins entendre son chant de sirène et entonne, inlassablement, cet hymne à la liberté qui empêche les hommes de dormir, Déesse merci !
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A Sparte, l'organisation sociale a longtemps été matriarcale. La femme spartiate jouissant d'une totale liberté sexuelle et on n'exigeait pas de la mariée qu'elle soit vierge. Les enfants nés hors mariage étaient appelés "nés d'une vierge" et disposaient des mêmes droits que les enfants légitimes. À l'époque d'Argesilaos, leur nombre dépassait celui des enfants nés au sein du mariage. Plutarque prêtendant que les femmes spartiates étaient les seules à gouverner leurs maris. Elles étaient couramment consultées sur les questions politiques et possédaient presque tous les biens de Sparte. On disait que "dans l'Athènes primitive les hommes ne connaissaient pas leur propre mère".
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Il faut attendre la XIIe dynastie pour que disparaissent les exemples de femmes détenant un pouvoir religieux. Or, on le sait, c'est avec le retrait du monopole des fonctions magiques et religieuses que la femme perd sa puissance et que triomphe le patriarcat.
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Pourtant, nul ne peut se passer d'elle qui désire abandonner en route ses oripeaux inutiles, accéder au cœur de l'essentiel, passer de l'autre côté, sur le versant de la plus intense lumière, se dépasser lui-même, accéder à la conscience pure.

Comment cela se ferait-il sans souffrance, sans sacrifice, sans douleur ? Comment ferions-nous l'économie de cette déchirure qui nous fait passer de l'existenciel à l'essentiel ?
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Le noir, couleur maléfique ?
Ce noir, materia prima, couleur de la potentialité mais aussi de la puissance, contient tout ; il est porteur du principe fécondant et féminin, donc mortel, qui veut que la nuit -Lavhla- inquiète, - car elle amplifie tout, les bruits, les sensations, les angoisses -, que les ténèbres soient associées au diable... Dans le piège tendu par Lilith, puissance de l'ombre plus d'un est tombé, qui en a fait "la mère obscure", "la part maléfique", "la femme phallique" ou cette "sorcière au vagin denté" qui hante l'inconscient masculin depuis le commencement des temps.
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Le silence de Lilith est à la fois poignard et bouclier, qu'on ne s'y trompe pas.
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Et les nombreuses Vierges Noires, toujours situées sur l'emplacement d'anciens sites initiatiques, nous disent aussi le rôle du noir, symbole de vie, lien avec les anciennes déesses de vie et de mort, de fécondité et de forces telluriques, bien antérieures au christianisme et même au patriarcat triomphant.
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Le Taureau au féminin : "Il faut être de marbre... ou fort peureux, pour lui résister."
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