Citations de Jonathan Ames (98)
Je découvre que boire de la vodka m'épargne la gueule de bois. C'est pour moi une révélation et une explication plausible quant au nombre sacrément élevé d'alcooliques en Russie.
Joe avait conscience de ne pas être totalement sain d'esprit; c'est pourquoi il se surveillait de près.
Au fond de lui-même, Joe était un gamin furieux qui n'avait jamais obtenu une vengeance satisfaisante à l'encontre de son père, cette vengeance dont ont besoin tous les gamins, dont ont besoin tous les hommes.
Au premier verre, l'homme boit le vin. Au deuxième, le vin boit le vin. Au troisième, le vin boit l'homme.
Il y a aussi dans l'alcoolisme, cette addiction purement physique. Je n'ai jamais réussi à m'arrêter à un ou deux verres. Une fois que j'ai goûté à un alcool ou une drogue, j'en veux toujours plus.
McCleary, la soixantaine bien tassée, ancien flic, ancien détective privé, avait un nez hideux, couvert de veines éclatées, de buveur de whiskey. C'était un grand gaillard dégingandé qui s'était laissé aller. Son costume gris bon marché pendait sur lui, flasque comme des bajoues. Ses doigts épais, pareils à des saucisses, étaient aplatis au bout, et ses ongles jaunes semblaient flotter sur la dernière phalange, horribles, comme écrasés à coups de marteau. L'oxygène n'atteignait pas l'extrémité des membres de McCleary. Il fumait des cigarettes depuis plus longtemps qu'il ne buvait de whiskey. Pour se faire du mal, Joe imaginait à quoi devient ressembler les orteils de McCleary.
La clé pour écrire, c'est de trouver le sujet qui vous tient à cœur.
Cette histoire mêle les bribes d'un passé récent et d'un passé plus lointain. Ainsi va la vie, non ? Elle avance cahin-caha mais coûte que coûte, tout en déroulant la bobine des souvenirs.
L'alcool m'a offert un refuge où je n'avais plus besoin d'être parfait.
Tout ça c'est typique du comportement des alcoolos. On se détruit puis on se reconstruit. On joue les phénix en quelque sorte.
"Nous luttons contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé."
[Gatsby]
Et puis un jour, je lis LAS VEGAS PARANO de Hunter S. Thompson, et quelque chose se met à germer dans mon esprit : le fantasme de devenir écrivain.
Je n'ai réussi à lui faire l'amour à peu près correctement qu'une seule fois, dans ma Dodge. Et encore, c'était sans doute plus dû à l'inclinaison du siège qu'à mon self control.
C'est ma phase Hemingway : je cherche la baston.
être sobre, c'est une malédiction.
Alors, de ma main libre, j'ouvris mon roman d'Anthony Powell, renonçant à Hammet, considérant que Powell serait mieux assorti à ma poche de glace, car sa prose était d'une merveilleuse fraîcheur. Mais au bout de quelques minutes, je dus cesser de lire, me sentant envahi par la plus noire des dépressions. Je fis le bilan de ma vie :
J'étais un alcoolique qui venait de se faire massacrer.
Je n'avais pas de logis.
J'avais perdu, au cours des années, presque tous mes amis.
Mes parents étaient tous les deux décédés depuis plus de dix ans, et les seuls proches qu'il me restait, une tante et un oncle, je me les étais mis à dos.
Ces derniers temps, la seule femme que j'aurais pu, de près ou de loin, considérer comme une possible conquête se trouvait littéralement, dans mes rêves -la blonde qui m'avait dit : "Je vous aime, Blair."
J'avais publié un roman, mais cela remontait à sept ans.
J'étais un trentenaire et un parfait rté - Je n'avais de l'argent que grâce à un procès.
Y avait-il quoi que ce fût de positif en moi ? Je ne parvins à trouver qu'un seul sujet de satisfaction : j'avais été accepté au sein d'une prestigieuse colonie d'artistes, mais comment allais-je pouvoir m'y présenter avec un visage en si piteux état ?
Je me sentais aussi déprimé que possible. Ou aussi déprié qu'il m'est possible, en tout cas. Alors, souffrant de la gueule de bois et d'un nez cassé, je lorgnai avec convoitise le sac en plastique qui garnissait la petite corbeille à papiers posée près de la table de nuit.
Si on pouvait rester défoncé tout le temps, ce serait facile. Mais le corps tient pas. Et être sobre, c'est une malédiction.
Mon problème, c'est que la vie me fait morfler. Du coup, j'essaie de calmer la douleur avec la dope. Autant réparer un pneu avec du scotch. Si on pouvait rester défoncé tout le temps, ce serait facile. Mais le corps tient pas. Et être sobre, c'est une malédiction.
L'alcool est l'aspirine de l'âme.
[Après avoir vomi toute la nuit après une cuite, et expliquant à sa mère qu’il a sans doute mangé trop de pizza]
C’est dingue… elle marche, comme mon père. Pourtant, je voudrais qu’ils comprennent que quelque chose ne va pas. Que j’ai un problème avec l’alcool. Car c’est bel et bien un problème. Je ne leur en veux pas, mais mes parents ne voient pas ce qui se passe, et je suis incapable de m’arrêter seul.