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3.63/5 (sur 36 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

Jonathan Crary, est un critique d'art et essayiste américain. Il vit à New York, a fondé la maison d’édition Zone Books et enseigne l’histoire de l’art à Columbia University.



Source : Wikipedia
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Étant donné sa profonde inutilité et son caractère essentiellement passif, le sommeil, qui a aussi le tort d’occasionner des pertes incalculables en termes de temps de production, de circulation et de consommation, sera toujours en butte aux exigences d’un univers 24/7. Passer ainsi une immense partie de notre vie endormis, dégagés du bourbier des besoins factices, demeure l’un des plus grands affronts que les êtres humains puissent faire à la voracité du capitalisme contemporain. Le sommeil est une interruption sans concession du vol de temps que le capitalisme commet à nos dépens. La plupart des nécessités apparemment irréductibles de la vie humaine – la faim, la soif, le désir sexuel et, récemment, le besoin d’amitié – ont été converties en formes marchandes ou financiarisées. Le sommeil impose l’idée d’un besoin humain et d’un intervalle de temps qui ne peuvent être ni colonisés ni soumis à une opération de profitabilité massive – raison pour laquelle celui-ci demeure une anomalie et un lieu de crise dans le monde actuel. Malgré tous les efforts de la recherche scientifique en ce domaine, le sommeil persiste à frustrer et à déconcerter les stratégies visant à l’exploiter ou à le remodeler. La réalité, aussi surprenante qu’impensable, est que l’on ne peut pas en extraire de la valeur.
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Les assauts contre le temps de sommeil se sont intensifiés au cours du XXe siècle. L’adulte américain moyen dort aujourd’hui environ six heures et demie par nuit, soit une érosion importante par rapport à la génération précédente, qui dormait en moyenne huit heures, sans parler du début du XXe siècle où – même si cela paraît invraisemblable – cette durée était de dix heures.
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L'époque où l'on accumulait essentiellement des choses est depuis bien longtemps révolue. Aujourd'hui, nos corps et nos identités absorbent une surabondance croissante de services, d'images, de procédés, de produits chimiques, et ceci à dose toxique si ce n'est souvent fatale.
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Mais il y existe par ailleurs des populations humaines entières qui, atteignant à peine le niveau de subsistance, ou se trouvant même en dessous, ne sauraient être intégrées aux nouvelles exigences des marchés, et qui apparaissent de ce fait comme insignifiantes ou superflues. La mort, sous différentes formes, est l’un des sous-produits du néolibéralisme : lorsque les gens n’ont plus rien que l’on puisse leur prendre, que ce soit des ressources ou de la force de travail, ils deviennent tout simplement superflus. La progression actuelle de l’esclavage sexuel ainsi que l’accroissement du trafic d’organes et de parties du corps humain suggèrent que la limite externe de la superfluité peut encore être repoussée avec profit pour le développement de nouveaux secteurs de marché.
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Un certain nombre d’hypothèses fondamentales sur la cohésion des relations sociales s’articule à cette question du sommeil – y compris l’idée d’un rapport réciproque entre vulnérabilité et confiance, entre le fait d’être exposé et le soin. La vigilance d’autrui est cruciale : c’est d’elle que dépend l’insouciance du sommeil qui nous revivifie, c’est elle qui nous octroie un intervalle de temps libéré des peurs, un état temporaire d’« oubli du mal ». À mesure que s’intensifiera la corrosion du sommeil, on s’apercevra peut-être mieux que la sollicitude qui est si essentielle au dormeur n’est pas qualitativement différente de la protection qu’exigent d’autres formes, plus immédiatement évidentes et aiguës, de souffrance sociale.
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Passer ainsi une immense partie de notre vie endormis, dégagés du bourbier des besoins factices, demeure l'un des plus grands affronts que les êtres humains puissent faire à la voracité du capitalisme contemporain. Le sommeil est une interruption sans concession du vol de temps que le capitalisme commet à nos dépens.
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Il est particulièrement révélateur que les livres et les articles écrits il y a à peine cinq ans sur les nouveaux médias soient déjà périmés, et que ce qui s’écrit aujourd’hui dans le même champ soit appelé à l’être dans des délais plus brefs encore. Ce qui importe à présent est moins le fonctionnement ou les effets de telle ou telle nouvelle machine ou de tel réseau en particulier que la façon dont les rythmes, les vitesses et les formats d’une consommation accélérée et intensifiée sont en train de reconfigurer les formes d’expérience et de perception.
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Il existe une expression apparemment anodine mais très répandue pour désigner l’état d’une machine : le « mode veille[2] ». Cette idée d’un appareil placé dans un état de disponibilité à basse intensité tend aussi à redéfinir le sens du sommeil comme un simple état d’opérationnalité et d’accessibilité différées ou réduites. La logique on/off est dépassée : rien n’est plus désormais fondamentalement off – il n’y a plus d’état de repos effectif.
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Perturbation épiphanique de la fadeur torve de l'existence routinière, se réveiller équivaut à renouer avec l'authenticité, par opposition à la vacuité endormie du sommeil. (34)
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