La chronique de Gérard Collard - Le livre de JOHANNESLe livre de JOHANNES de Jorgen Brekke aux éditions Balland Regardez l'avis de Gérard Collard... La présentation du livre "Le livre de JOHANNES" par l'éditeur : En août 2010, le cadavre décapité et écorché d'Efrahim Bond est retrouvé au musée Edgar Allan Poe de Richmond, Virginie. L'assassin a, par ailleurs, emporté sa peau. L'enquêtrice Felicia Stone s'aperçoit rapidement que peu avant sa mort, la victime avait envoyé un morceau de la reliure en cuir d'un livre pour analyse. Quand elle prend connaissance des résultats de celle-ci, elle ne doute plus que le meurtre soit lié à ce mystérieux ouvrage relié... en peau humaine. L'auteur nous transporte alors cinq siècles en arrière, sur les traces de ce mystérieux manuscrit intitulé Livre de Johannes qui décrit les observations du premier médecin de l'histoire pratiquant des autopsies. Selon la rumeur, le chirurgien ne se contentait pas de subtiliser des corps dans les cimetières mais fabriquait lui-même les cadavres indispensables à ses travaux ! Quelle fascination cette histoire séculaire exerce-t-elle sur l'assassin et pourquoi écorche-t-il chacune de ses proies, car Efrahim Bond n'est que la première victime d'une longue série ? Vous pouvez commander "Le livre de JOHANNES" sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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- Le tueur aurait un mobile rationnel que nous ne voyons pas?
- Je l'ignore. Existe-t-il des mobiles rationnels pour tuer?
- Depuis combien de temps êtes-vous inspectrice à la criminelle, Felicia Stone? lui demanda-t-il sur un ton involontairement paternaliste.
- Deux ans, répondit-elle.
- Donc assez longtemps pour savoir qu'il existe malheureusement bien trop de mobiles rationnels pour tuer. Ce qui empêche la majorité d'entre nous de passer à l'acte est qu'il existe presque autant de bonnes raisons de s'en abstenir.
Nous sommes tous des livres de sang... Peu importe où on nous ouvre, nous sommes rouges.
- Tu es revenu de l'enfer. Qu'es-tu venu chercher ? Ses paroles sonnaient plus comme une prière que comme une question.
- Je suis venu chercher tes couteaux, déclara le moine mendiant. Il n'y en a pas de meilleurs dans toute la chrétienté.
Ils se dirigèrent en silence vers l’extrémité du Jardin enchanté. La plupart des collègues de Felicia Stone avaient vu plus de cadavres qu’elle. Pour autant, bien qu’elle n’eût que sept ans de service actif, dont à peine deux en tant qu’inspectrice à la criminelle, elle avait néanmoins eu elle aussi son lot de morts. Le corps attaché au mémorial d’Edgar Allan Poe ne ressemblait cependant à rien de ce qu’elle avait vu jusqu’à présent. D’habitude, être arraché à la vie de façon violente conférait une expression d’apaisement aux victimes. Mais ce cadavre semblait… comment dire ? Cela paraissait mélodramatique, surtout dans de telles circonstances, mais il semblait n’avoir pas trouvé la paix. C’était probablement dû au fait qu’elle n’avait encore jamais vu de corps écorché. Peut-être que la dépouille était debout et qu’elle n’avait pas de tête, elle fut saisie d’un profond sentiment d’irréalité, comme si elle considérait un revenant. Elle se sentait nauséeuse, une sensation qu’elle pensait avoir vaincue sur une des dix premières scènes de crime de sa carrière. Ce sentiment l’effraya, car sous le malaise grondait quelque chose de plus sombre et de plus dangereux. Le monstre qu’elle avait combattu le jour où son enfance avait pris fin. Elle sentit naître dans son bas-ventre une agitation qu’elle ne pouvait s’autoriser à identifier.
Les rêves recréent le monde jour après jour.
Puis soudain l'homme fut devant lui. Il s'était relevé de derrière une voiture et restait planté, telle une ombre pétrifiée, à tout au plus cinq métres de lui. Effrayé, Ivar recula d'un pas et posa instinctivement le doigt sur la gâchette.
Poe était presque obsédé par l'idée de la mort et celle de ramener les morts à la vie. C'est peut-être le but de toute littérature: ressusciter ce qui est mort et insuffler la vie à un monde perdu, non?
L'enfer c'est continuer à faire ce qu'on a toujours fait.
Progressivement, ce monde imaginaire devenait un endroit sombre et sinistre où régnaient la violence, l'oppression et les actes bestiaux. Pour autant, le tueur en série en herbe le contrôlait toujours. Quand ces enfants deviennent des tueurs en série, ce sont leurs tentatives pour réaliser leurs fantasmes qui génèrent leurs crimes.
Il y a des romans policiers où l’assassin est un enquêteur souffrant de troubles de la mémoire et qui enquête sur lui-même. Mais bon, nous ne sommes pas dans un thriller, se dit-il, même s’il aurait préféré sue ce soit le cas. Pour l’instant, il n’avait pas la force de vérifier son propre alibi