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] comme le dira Octavio Paz (1914-1998), la poésie mexicaine ne trouvait pas sa forme propre. Chaque fois qu'elle se risquait à exprimer le meilleur et le plus secret de son être, elle ne pouvait que mettre en oeuvre une culture qui ne lui appartenait que par un acte de conquête spirituelle.
[
] Enrique González Martínez annonçait qu'il fallait tordre le cou au cygne moderniste pour pénétrer dans la réalité concrète de la vie quotidienne : Cherche dans tout chose une âme et un sens / caché ; ne te drape pas dans la vaine apparence [
] »
« Le poème tournoie sur la tête de l'homme
en cercles proches ou lointains
L'homme en le découvrant voudrait s'en emparer
mais le poème disparaît
Avec ce qu'il peut retenir
l'homme fait le poème
Et ce qui lui échappe
appartient aux hommes à venir »
(Homero Aridjis, « Le Poème », in Brûler les vaisseaux, 1975.)
0:00 - ISABEL FRAIRE
0:50 - JOSÉ EMILIO PACHECO
1:41 - HOMERO ARIDJIS
2:17 - CARLOS MONTEMAYOR
4:19 - MIGUEL ÁNGEL FLORES
5:36 - Générique
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Référence bibliographique :
Poésie mexicaine du XXe siècle, traduction de Claude Couffon et René Gouédic, Genève, Patiño, 2003.
Images d'illustration :
ISABEL FRAIRE : https://www.milenio.com/cultura/la-fragilidad-habitable-de-isabel-fraire
JOSÉ EMILIO PACHECO : https://fr.wikipedia.org/wiki/José_Emilio_Pacheco#/media/Fichier:MEX_ON_JOSE_EMILIO_PACHECO_(12166149286).jpg
HOMERO ARIDJIS : https://www.pen100archive.org/homero-aridjis/
CARLOS MONTEMAYOR : https://catedracarlosmontemayor.org/semblanza/fotos/
MIGUEL ÁNGEL FLORES : https://www.cronica.com.mx/notas-muere_el_poeta_ensayista_y_traductor_miguel_Angel_flores-1061267-2018.html
Bande sonore originale : Mike Durek - The Good News Or The Bad News
The Good News Or The Bad News by Mike Durek is licensed under a CC-BY Attribution License.
Site :
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#PoésieMexicaineDuXXeSiècle #PoèmesMexicains #PoésieSudAméricaine
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El objeto más bello y más limpio de este mundo es el jabón oval que sólo huele a sí mismo. Trozo de nieve tibia o marfil inocente, el jabón resulta lo servicial por excelencia. Dan ganas de conservarlo ileso, halago para la vista, ofrenda para el tacto y el olfato. Duele que su destino sea mezclarse con toda la sordidez del planeta.
En un instante celebrará sus nupcias con el agua, esencia de todo. Sin ella el jabón no sería nada, no justificaría su indispensable existencia. La nobleza de su vínculo no impide que sea destructivo para los dos.
Inocencia y pureza van a sacrificarse en el altar de la inmundicia. Al tocar la suciedad del planeta ambos, para absolvernos, dejarán su condición de lirio y origen para ser habitantes de las alcantarillas y lodo de la cloaca.
También el jabón por servir se acaba y se acaba sirviendo. Cumplido su deber será laja viscosa, plasta informe contraria a la perfección que ahora tengo en la mano.
Medios lustrales para borrar la pesadumbre de ser y las corrupciones de estar vivos, agua y jabón al redimirnos de la noche nos bautizan de nuevo cada mañana. Sin su alianza sagrada, no tardaríamos en descender a nuestro infierno de bestias repugnantes. Lo sabemos, preferimos ignorarlo y no darle las gracias...
Lluvia de sol
La muchacha desnuda toma el sol
apenas cubierta
por la presencia de las frondas.
Abre su cuerpo al sol
que en lluvia de fuego
la llena de luz.
Entre sus ojos cerrados
la eternidad se vuelve instante de oro.
La luz nació para que el resplandor de este cuerpo
le diera vida.
Un día más
sobrevive la tierra gracias a ella
El lugar de la duda
Dice sin duda: «No hay lugar a duda».
Lo afirma, lo sostiene contundente
Desde el centro del Bien y la Verdad incontestables.
Ante su hosca certeza me pregunto cuál es
El lugar de la duda.
Y encuentro allí lo contrario
De lo que ve quien no duda.
No vivimos en calma, nunca hay paz,
La vida toda es un combate incesante.
Por eso nos convienen el tal vez, el acaso,
el quizá, el sin embargo y el no obstante.
El lugar de la duda sería entonces
El territorio de la reflexión.
La conciencia de ser también el otro
Para quien vemos siempre como el otro,
El campo de la crítica y la puerta
Que cierra el paso al dogma y a sus crímenes.
- Le crapaud
Il est par nature l’indésirable
Comme il persiste dans l’erreur
de sa viscosité palpitante
nous préférons l’écraser
Tragique impulsion humaine : détruire
de la même façon le semblable et le différent
Le crapaud
beau à sa façon
voit tout
avec la sérénité
de celui qui se sait destiné au martyre
Para el impensable año dos mil se auguraba —sin especificar cómo íbamos a lograrlo— un porvenir de plenitud y bienestar universales. Ciudades limpias, sin injusticia, sin pobres, sin violencia, sin congestiones, sin basura. Para cada familia una casa ultramoderna y aerodinámica (palabras de la época). A nadie le faltaría nada. Las máquinas harían todo el trabajo.
UN MOINEAU
Il descend aux solitudes du jardin
et soudain ton regard l'effraye
Et il prend son vol infini
Il prend sa liberté menacée

Je suis de l’Irgoun. Je te tue : je suis de la Légion Arabe. Les batailles dans le désert commençaient. Nous les appelions ainsi parce qu’elles avaient lieu dans une cour de terre rouge, poussière de tuile ou de brique, sans arbres ni plantes, sans rien d’autre qu’un cube de béton au fond. Il dissimulait un passage construit au temps des persécutions religieuses pour aboutir jusqu’à la maison du coin et fuir par l’autre rue. Nous tenions ce souterrain pour un vestige des temps préhistoriques. Pourtant, à cette époque, la guerre au nom du Christ était moins éloignée de nous que ne l’est aujourd’hui notre propre enfance. Cette guerre à laquelle la famille de ma mère participa avec un peu plus que de la sympathie. Vingt ans après, elle vénérait encore les martyrs comme le père Pro et Anacleto González Flores. En revanche, personne ne se rappelait les milliers de paysans morts, les agraristes, les professeurs ruraux, les conscrits mobilisés.
Avant la guerre du Moyen-Orient, le sport principal de notre classe consistait à persécuter Toru. Chinois chinois japonais : mange ton caca ne m’en donne pas. Vas-y, Toru, fonce : je vais te planter une paire de banderilles. Je ne me suis jamais joint à ces railleries. Je pensais à ce que j’éprouverais, moi, unique Mexicain dans une école de Tokyo ; et à ce que devait souffrir Toru en regardant ces films dans lesquels les Japonais étaient représentés comme des singes gesticulateurs et mouraient par milliers. Toru, le meilleur de la classe, supérieur dans toutes les matières. Toujours en train d’étudier avec son livre à la main. Il connaissait le jiu-jitsu. Un jour, il en eut assez et il s’en fallut de peu que Dominguez ne soit réduit en morceaux. Il l’obligea à lui demander pardon à genoux. Nul ne provoqua plus jamais Toru. Aujourd’hui, il dirige une industrie japonaise avec quatre mille esclaves mexicains.
En attendant, nous nous modernisions, nous incorporions à notre langage des termes qui avaient d’abord résonné comme barbarismes dans les films de Tin-Tan et ensuite, insensiblement, s’étaient mexicanisés : tanquiou, okay, ouatamata, chutap, sorry, oune moment’ plize. Nous commencions à manger hamburgers, payze, donuts, rotdogs, maltades, aiscrimes, margarine, beurre de cacahuète. Le Coca-Cola enterrait les boissons fraîches de jamaïque, de chia, de citron. Seuls, les pauvres continuaient à boire du tepache. Nos parents s’habituaient au whisky-soda qui, au début, leur avait fait l’effet d’un médicament. À la maison, la tequila était interdite, je l’ai entendu dire par mon oncle Julián. Je ne donne rien d’autre que du whisky à mes invités : il faut blanchir le goût des Mexicains.
Qu’elle est ancienne, qu’elle est lointaine, qu’elle est impossible cette histoire. Mais Mariana a existé, Jim a existé, tout ce que je me suis répété, après avoir refusé si longtemps de lui faire face, a existé. Jamais je ne saurai si le suicide a été vrai. Jamais je n’ai revu Rosales, ni personne de cette époque-là. Ils ont démoli l’école, ils ont démoli l’immeuble de Mariana, ils ont démoli ma maison, ils ont démoli le quartier Roma. Cette ville est achevée. Ce pays est terminé. Il n’y a pas de mémoire du Mexique de ces années-là. Et cela n’intéresse personne : qui pourrait avoir la nostalgie de cette horreur ? Tout est passé comme passent les disques dans l’appareil. Jamais je ne saurai si Mariana est encore vivante. Si elle vivait, elle aurait soixante ans.