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Citation de lglaviano


COMMENTAIRE CRITIQUE DE MARTINE RENS SUR LOS RÍOS PROFUNDOS: La quête d'identité. (1958), SUITE ET FIN 2/2:
http://doc.rero.ch/record/3091/files/these_RensM.pdf/
Ainsi Ernesto s'imagine-t-il pouvoir rencontrer au détour d'un chemin la peste
elle-même; il se sent la mission et la force de l'affronter et de la tuer, grâce à son
pouvoir et à celui conjugué de "la opa", doña Marcelina.
Quant au père Linares, voyant les colonos déferler sur Abancay pour entendre la
messe qui les délivrera de la peste, il finit par décider de célébrer celle-ci:

"Bajo el sonido feo de las campanas de Abancay estarían llegando los colonos. No
percibí, sin embargo, ningún ruido de pasos, ni cantos, ni gritos durante largo rato.
Los animales comunes tienen cascos que suenan en el empedrado de las calles o en el
suelo; el colono camina con las plantas de sus pies descalzos, sigilosamente. Habrían
corrido en tropel silencioso hacia la iglesia. No oiría nada en toda la noche.
Estuve esperando. Fue una misa corta. A media hora, después de que cesó el repique
de las campanas, escuché un rumor grave que se acercaba.
-¡Están rezando! -dije".209

Los colonos ont réussi dans leur action: la messe a été dite. Ils s'en vont alors,
rassurés, en priant à haute voix. Mais qu'advient-il d'Ernesto?
Nous savons qu'il va quitter le Collège avec l'accord de son père et rejoindre
"l'hacienda" du Vieux. De toute façon, la progressive purification et unification
avec les forces du bien auxquelles il s'identifie, de même que la perspective du
voyage qu'il va réaliser après avoir vécu des événements qui l'engageaient
socialement, représentent sa définitive adhésion au monde andin comme la
certitude de sa responsabilité personnelle. Le bouquet qu'il offre à son départ à
Salvinia, symbole de la femme idéale, signifie son renoncement à ses rêves
concernant Abancay:

"Hice el ramo de lirios en la plaza... El ramo sólo tenía tres flores, y lo llevé con
cuidado, como si fuera la suavidad de las manos de Salvinia...¡Es para ti, Salvinia,
para tus ojos! dije en la sombra de las moreras. ¡Color del zumbayllu, color del
zumbayllu! ¡Adiós, Abancay!".210

Le départ d'Ernesto coïncide avec la fin de son initiation de jeune adolescent et
de sa quête de la beauté et du bien qu'il mêle inextricablement. L'attitude
d'Ernesto envers la Vierge semble représenter aussi la ferveur qui anime la
population envers cette dernière, alors que le Christ paraît concentrer en lui la
souffrance et la crainte du peuple andin face à la Conquête et à la colonisation.
La geste d'Ernesto s'apparente à celle des futurs adultes que nous rencontrerons -
dans les autres romans - Todas las sangres et Los zorros, dans lesquels la quête
d'un équilibre social s'organisera autour d'une lente assomption spirituelle de
l'univers andin, puis de certaines valeurs chrétiennes, enracinées au coeur du
péruvien. La richesse littéraire et poétique de Los ríos profundos comme nous
venons de le voir, ne vient-elle pas précisément que chaque strate de la réalité se
trouve cernée dans sa mouvance et sa possibilité d'évolution au sein de la société
péruvienne. ***

209 José María Arguedas : Los ríos profundos, p. 304.
210 Ibidem, p.253.

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