Josef Pieper

La force présuppose la vulnérabilité ; sans vulnérabilité, par de force possible. Un ange ne peut être fort, car il n’est pas vulnérable. Être fort signifie en effet : pouvoir endurer une blessure. C’est parce qu’il est essentiellement vulnérable que l’homme peut être fort.

La prudence ne signifie rien d’autre que la connaissance de la réalité donnant orientation.

La vertu de prudence – en tant que la capacité achevée d’une prise de décision adéquate à la réalité – est la quintessence de la maturité éthique.

Ainsi se dévoile soudainement un nouvel aspect du jour festif : la fête est essentiellement un phénomène de la richesse, non pas de l'argent, bien sur, mais de la richesse existentielle.
Ne pas calculer, gaspiller même, c'est là un de ses éléments.
A vrai dire, se dévoile ici en même temps ce qui menace naturellement la fête et la conduit à sa possible dégénérescence : le gaspillage absurde et excessif de ce qu'a rapporté le travail, le débordement qui submerge toute rationalité...
Toute une année de labeur se voit brusquement dilapidée et dévorée en un jour.
On sait que de telles choses existent.
Mais une telle perversion potentielle ne saurait être intégrée dans la définition même de la fête, comme on l'a fait récemment.
Dire que toute fête recèle « au moins un germe d excès », passe encore ; mais définir la fête en soi comme le paroxysme de la société" conçu telle une plongée dans le chaos « créateur », c est manquer la réalité.

[...] non seulement le jour de fête artificiel n'est pas une fête, mais il fraye si dangereusement avec son contraire qu'il peut tout d'un coup basculer dans ce qui détruit toute festivité.

La vraie fête n'a pas lieu "ici" : "Ce n'est qu'en apparence qu'elle se passe ici et maintenant [...], en vérité, elle ne se passe pas dans le temps, mais au-delà du temps"

Or la raison de se réjouir, bien qu'on puisse la rencontrer sous mille formes concrètes, est toujours la même : posséder ou recevoir ce que l'on aime - que ce soit au présent, par la réalité même, au futur, par l’espérance, ou au passé, par la mémoire.
La joie est une expression de l'amour.
Qui n'aime rien ni personne ne saurait se réjouir, quand même il le voudrait désespérément.
La joie est la réponse de l'amant qui reçoit ce qu'il aime.

A proprement parler, c'est encore trop peu de dire que le consentement au monde est une simple condition et un préalable de la fête. Il est à vrai dire bien plus que cela : sa substance même. Dans son noyau essentiel, la fête ne consiste en rien d'autre qu'à vivre ce consentement. Célébrer une fête signifie : célébrer le oui au monde, qui a déjà lieu tous les jours, mais pour un motif spécial et d'une manière qui sort de l'ordinaire.

La justice a affaire avec l’autre.

Être juste signifie : accepter l’autre en tant qu’autre ; c’est-à-dire : reconnaître, là où on ne peut aimer. La justice dit : l’autre existe qui n’est pas comme moi, et à qui revient cependant ce qui est sien. Le juste est juste par là qu’il confirme l’autre dans son altérité et qu’il l’aide à obtenir de qui lui revient. (p.85)

D'un côté, la vraie fête ne se laisse pas réduire à quelque sphère particulière de la vie, qu'il s'agisse du religieux, du rituel ou de quoi que ce soit d'autre.
Elle gagne et imprègne toutes les dimensions de l'existence.

La prééminence de la prudence signifie que la réalisation du bien présuppose la connaissance de la réalité. Seul peut faire le bien, celui qui sait ce que sont les choses et comment elles se situent.