Citations de Josef Schovanec (212)
En songeant à tous ces visages, à tous les paysages des terres d'exil, je me dis que peut être en bannissant l'autre, c'est soi - même que l'on prive de ce que l'ailleurs recèle de plus captivant.
Toute l’année, plusieurs fois par jour, j’y avais songé [aux « temps forts »]. Paniqué par ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire. Un état de stress difficilement imaginable pour les autres enfants, sûrement ravis de cette perspective – notons à ce titre que l’aptitude à comprendre les autres, censée être déficitaire chez les autistes, n’est pas nécessairement meilleure chez les personnes qui se jugent saines.
De toutes les sociétés, l'une des plus excluante pour les jeunes autistes ayant des déficiences pourrait bien être la nôtre.
La France est, à en croire diverses statistiques, championne de l'usage de moult molécules, comprimés, poudres, élixirs et autres bézoards des temps modernes, tous destinés à guérir d'étranges maladies, celles de l'âme. Chacun y va de ses propositions et recettes. Laboratoires et praticiens vantent la nouveauté et l'aspect scientifique de leurs produits. Cuisiniers et restaurants se voulant exotiques rendent de plus en plus criards leurs intérieurs et augmentent leurs prix.
Certains noms sont extraordinaires. L’un de mes préférés est l’aéroport Houari-Boumédiène, en d’autres termes celui d’Alger. Surtout quand on prononce « Hawâri », avec le grand contraste entre la sonorité spatiale du premier mot (du prénom), et la succession de chocs du second (du patronyme). Dans la sonorité même, on a l’avion qui atterrit lourdement, tout un symbole. Sans même envisager que havâ en persan désigne l’air. Il y a deux ans, lorsque j’ai accepté, quitte à en payer une bonne partie de ma poche, d’aller à un colloque sur l’autisme à l’université de Tizi-Ouzou (Tizi Wezzu serait plus correct, le « Col des genêts », en tamazigh), je n’avais que la sonorité de l’aéroport en tête. L’ancien nom, Alger-Maison-Blanche, n’était pas mauvais non plus, à vrai dire, mais il évoque bien autre chose, plutôt des photographies en noir et blanc, où le noir prévalait largement.
Sale et aux ongles longs, l’œil lumineux, il expliqua qu’il parlait toutes les langues de la région : persan, dari, russe, pachto, ouzbek et Dieu sait quoi encore. Un clochard, plus doué en langues que le plus orgueilleux des intellectuels français.
(...) l'intelligence pourrait bien être circulaire: une fois que l'on monte trop haut dans les scores réels ou supposés, le mouvement ascendant fait retour à son origine. (p190)
Les personnes avec autisme ont souvent beaucoup de mal à regarder les autres personnes dans les yeux, et donc le regard peut être posé sur des endroits inhabituels. Cela peut passer pour de la malhonnêteté ou de la duplicité, alors que ce n'est pas le cas. Des personnes avec autisme peuvent facilement vous parler en vous tournant le dos, ce qui est perçu socialement comme une offense majeure, alors que, là encore, telle n'était pas leur intention. La règle exigeant de regarder son interlocuteur n'est pourtant pas absolue : il ne faut pas le regarder de manière ininterrompue.
Que faire face à tant de complications ?... En plus du regard, il convient de savoir lire les émotions sur le visage de l'autre. Il serait abusif de dire que cette aptitude est absente chez les personnes autistes : elle est plus apprise que spontanée, donc les erreurs de lecture sont plus fréquentes... Sans une bonne compréhension de ces indices, le risque d'échec social est grand.
On ne tient pas de semblables conversations avec des enfants sachant à peine marcher.
P. 157
Le terme technique chinois pour ces anecdotes porteuses de sagesse est "gong an" redoutablement difficile à traduire, évidemment. D'après les historiens, il s'agirait d'une fort ancienne tradition : à l'arrivé du bouddhisme en Chine, pays dominé alors par le confucianisme qui est avant tout un respect froid de l'ordre établi, les maîtres montraient par des histoires simples les absurdités quotidiennes du monde. [note de Pégase-Shiatsu : on retrouve cela dans le bouddhisme tibétain] Et quels enseignements on pouvait en tirer.
Car au fond, les propriétaires de bateaux ne s'en servent que rarement, parfois à peine un jour par an, pour effectuer un tour de quelques heures non loin de la côte, car trop s'en éloigner signifierait ne plus être vu et admiré. Par conséquent, à quoi bon apporter tant d'importance à ce qui nous sert si peu?
P 114
A mon sens, l'autre grande figure littéraire [a part Jules Verne] pouvant nous faire voyager n'est autre que Harry Potter. Harry Potter est, en vérité, comme un récit de voyage d'Autistan, ou presque. Je dois pourtant avouer que j'ai pendant longtemps été très septique ; ce n'est qu'en rencontrant des ais autistes absolument passionnés par cette saga et cet univers surprenant que ma position a évolué.
Une fois donc, j'étais à Jérusalem dan un hôtel luxueux qu'une université m'avait payé en m'invitant là-bas. J'y avais observé un spectacle curieux : des Israéliens fortunés, à un table non loin de moi, tenaient entre eux des propos peu amènes sur les Palestiniens. A ceci près qu'ils devaient bien, pour avoir du thé ou du café, appeler le serveur... palestinien qui, bien entendu, entendait ce qui se disait.
La Sarre que je n'oublierai pas car, lors de mes années de camisole chimique, le seul voyage que j'aie fait m'y conduit : mes parents et un de leurs amis, m'avaient emmené en voiture précisément en Sarre. Je n'étais pas très lucide, mais je crois que c'est en contemplant un des méandre de a rivière Sarre, que j'ai commencé à remonter la pente de ces temps noirs.
Une fois, j'ai eut une discussion avec une amie israélienne, qui était née un 29 février, date ô combien problématique. D'une part le ne fêtait pas souvent son anniversaire, d'autre part elle ne savait pas si elle devait fêter son anniversaire suivant le calendrer juif ou selon le calendrier occidental
Les toilettes sont en quelque sorte la preuve par l'absurde de la fragilité de notre système de compartimentage e l'être humain.
[comme pour encourager son attrait pour les fantômes qui rapprochent des gens qui n'ont rien en commun] Sans oublier une pensée troublante ; et si, parmi la foule innombrable des fantômes du monde, il y avait des autistes? De nombreux dépistages en perspective.
La pratique m'est toujours plus ardue que la théorie. Par le passé, prendre le bus pour trois stations était pour moi une épreuve majeure. Petit à petit, malgré les obstacles, j'en ai fais mes lieux d'observation, mon observatoire anthropologique. Je teste les gens non-autistes, leur culture, leur manière d'être polis ou non.
P 38
En somme, en Iran,, je suis un ovni car je ne suis pas marié, mais me rattrape voir passe pour normal car je ne bois pas d'alcool.
Pourtant, à un moment donné, le rire devient amer. Très amer même. Car une nouvelle fois, il n'y avait au festival rien ou presque venu de France. [note de Pégase Shiatsu : je ne suis pas étonner, le handicap sert à exploiter les handicapés pour qu'ils n'aient pas de salaire = Cap Emploi, ou pour en exploiter quelque catégorie : parasitiques, amputé, aveugle, pour vendre son sport sous couvert d'intégration, c'est proprement inadmissible, donc oui je ne suis pas étonnée!] Le handicap, on ne connait pas trop dans le cinéma français. On a peur.