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Critiques de Joseph E. Stiglitz (35)
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La Grande Fracture

Avis très partagé sur ces 470 pages écrites par ce grand économiste en 2015.



Ayant aujourd'hui 75 ans, Joseph Stiglitz, prix nobel d'économie,est pourtant non seulement brillant, mais aussi un homme attachant et attaché au bien-être de l'humanité. Il fait référence dans son oeuvre au discours de 1963 de Martin Luther King, et s'est employé tout au long de son oeuvre non seulement à élaborer des théories alternatives crédibles à la divine loi du marché pur et parfait chère à Walras et Pareto, mais aussi à s'engager aux côtés des plus faibles. Ainsi, le modèle néo-keynésien mettant en avant le biais essentiel de l'asymétrie d'information entre les acteurs économiques lui doit beaucoup, de même que Paul Krugman dans son analyse de la constitution des monopoles régnant sur le commerce mondial. Enseignant toujours à l'université de Columbia , il est aussi engagé dans différents pays en développement, à la recherche de modèles de développement alternatifs aux remèdes de cheval du FMI, et en vue d'une régulation de la mondialisation. Joseph Stiglitz allie donc une éthique personnelle et des prises de positions affirmées à une analyse rigoureuse des phénomènes économiques que nous vivions.



C'est pour ces deux raison que j'ai commencé à lire La Grande Fracture, Les sociétés inégalitaires et ce que nous pouvons faire pour les changer, désireux de garder mes distances à la fois vis à vis des raisonnements parfois simplistes des altermondialistes et du vieux fond interventionniste de la bureaucratie française -plus colbertienne et jacobine que keynésienne-, tout en m'éloignant de l'angélisme aveugle et égoïste du dogme libéral dominant.



Je n'ai pas été déçu sur le fond, mais quelle triste erreur de forme ! L'écriture de Stiglitz (merci à Françoise, Lise et Paul Chemla pour la traduction) n'est pas désagréable, mais La grande Fracture est en fait une collection d 'articles, de fond ou plus grand public, sur le sujet en titre, au caractère répétif et très vite lassant. L'effort de classification par thématique, consistant à poser d'abord une vue d'ensemble, puis à expliquer les principales dimensions de l'inégalité, leurs causes et conséquences, avant d'élargir sur la dimension politique et sur les perspectives régionales, n'était pas inintéressante mais s'avère insuffisante. La démonstration de Stiglitz, étayée par des chiffres très parlants, centrée sur les USA mais débordant parfois cette perspective, est très convaincante, mais aurait pu être posée en moins de 100 pages... l'effort de synthèse aurait donc été appréciable ! quel dommage de décourager ainsi le lecteur non passionné d'économie, alors que le point de vue et lea raisonnement, limpides, mériteraient son attention !



L'ouvrage s'ouvre par une analyse fine des graves défaillances du système bancaire américain des années 2000, dont l'absence de régulation encourage les comportements prédateurs sans pénaliser pour autant les acteurs prenant des risques excessifs, couverts par le système. Il se poursuit par un réquisitoire à charge contre les acteurs dominants de ce système, qui en profitent largement, et contre le gouvernement américain qui, lors de la crise de 2007, a sauvé le système existant sans l'assainir, lui permettant de persévérer comme facteur d'instabilité économique encore aujourd'hui. Pour Stiglitz, il fallait sauver les banques, mais pas ses acteurs défaillants. Ce soutien aveugle -encore que cet "aveuglement" soit utilement rapproché de l'observation du système de financement des campagnes électorales américaines, s'est fait au détriment des victimes de la bulle immobilière, ménages pauvres ou middle-class saisies par les banques leur ayant vendu des produits structurés, et s'enfonçant dans une spirale d'appauvrissement, des contribuables et des équilibres budgétaires, saignés en pure perte, l'argent -conformément au principe de compensation des externalités négatives- n'ayant pas ensuite été réutilisé pour des programmes d'action publique dans l'environnement, la santé ou l'éducation, dont Stiglitz estime qu'il sont, à long terme, les vrais vecteurs de croissance économique.



A partir de l'analyse de cette crise, mais en remontant plus loin jusqu'aux années Reagan, Stiglitz emboîte le pas à Piketty pour constater que les inégalités augmentent partout dans le monde, et plus particulièrement aux USA. Utilisant à leur seul profit les manettes du pouvoir, les 1 % les plus riches concentrent toujours plus de richesse sur leur seule tête. Ce faisant, Stiglitz estime qu'ils appauvrissent le pays car cette rente est non productive, cette classe dominante ne portant ni l'innovation ni une consommation dynamisant l'économie réelle. L'absence de redistribution -le système fiscal au niveau nationale, obsolète, ayant cessé de l'encourager depuis des décennies déjà- aboutit à une appauvrissement de fait de la population américaine médiane. La première puissance mondiale est ainsi décrite comme un colosse aux pieds d'argile, prenant appui sur une majorité de ménages très modestes, ou pauvres. En outre, le manque d'investissement dans l'éducation ou la santé grippe également tout ascenseur social : le rêve américain ne devient alors que rhétorique politicienne. Le système judiciaire lui-même -à deux vitesses- se trouve touché, et le reste du monde emboîte majoritairement le pas au géant américain.

L'ouverture aux perspectives régionales, logiquement, interroge le "modèle" chinois, et la recherche d'alternatives dans des pays en développement. En conclusion, l'auteur insiste sur le volontarisme politique comme régulateur d'un modèle de croissance économique viable, pour tous.



Une livre aux thèses intéressantes donc, construites avec rigueur et vigueur ; mais à la structure formelle vraiment inadaptée. Dommage...





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Le prix de l'inégalité

C'est le livre que tous les hommes politiques français devraient lire, il pourrait les éclairer sur les raisons de la crise économiques et les pistes pour améliorer la situation, notamment une réforme complète de la fiscalité rejoignant ainsi les thèses de Thomas Piketty. Mais, Joseph Stiglitz nous montre aussi combien cela risquerait d'être inutile, tant ils sont sous influence du 1% qui détient les richesses, une fraction qui possèdent les médias, dépensent sans compter en lobbying et en moyens de préserver fortune et pouvoir au détriment de l'intérêt général et du bien-être de la majorité. Dans le prix de l'inégalité, l'auteur démontre que c'est bien cette domination de classe, cet écart étourdissant, scandaleux et injustifiable entre le 1% et le 99%, qui est l'origine des maux économiques et sociaux américains, mais aussi européens. Le logiciel que ces élites contraignent plus ou moins violemment à utiliser est plein de bugs, entretient non-sens, dogmes erronés ou plutôt mythes et volonté de réduire la puissance publique au minimum. Il démonte les croyances libérales et notamment celle de l'efficacité absolue et sacro-sainte des marchés à partir des situations récentes, mais aussi d'exemples plus anciens, alors que seule la régulation publique peut en corriger les excès. Malgré cela, rien ne change, les banques, à l'origine de la crise, que le contribuable a renfloué et qui ont redistribué cet argent public en bonus pour récompenser l'incompétence de leurs dirigeants continuent de privilégier aveuglément intérêt personnel et maximisation du profit à court terme. Le fait que l'auteur soit Prix Nobel d'économie renforce la crédibilité de ses affirmations, d'autant qu'il ne prétend pas détenir la solution miracle, il propose des voies de progrès et de réduction des injustices, tout en demeurant lucide sur les freins et l'inertie du système. Ces blocages il les a lui même vécu alors qu'il participait au gouvernement Clinton, ils l'ont fait démissionner. Après avoir fermé la dernière page, je comprend mieux pourquoi il avait rejoint le camp de Bernie Sanders. Cela me conforte également dans mes convictions, un autre monde est possible : " There is no alternative" (TINA) n'est qu'un slogan marketing ! Cela passe par la réduction des inégalités et un retour de l'équité économique, politique et sociale. Une vaste utopie ? Je ne crois pas, la situation est intenable à long terme et Stiglitz de nous prédire soit une révolte des 99% soit un retour à la raison des 1 % ! L'avenir répondra...
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La Grande Désillusion

La mondialisation ne fait plus rêver : ses promesses de prospérité et de bonheur universels se sont cassées les dents sur la réalité. Elle n’a pas éradiqué la pauvreté (les inégalités se creusent), elle semble incapable de gérer le problème climatique, et elle n’apporte même pas une stabilité dans l’économie mondiale.



Parmi les responsables de cet échec, Joseph Stiglitz pointe particulièrement du doigt le FMI. Créé à l’origine pour pallier à des faiblesses temporaires dans les marchés financiers, ce dernier se serait transformé en champion du néo-libéralisme, exigeant, pour délivrer ses aides, que les pays en difficulté privatisent leurs biens publics, éliminent les frais de douane et les prix fixes, ouvrent tous les marchés à la concurrence étrangère.



Pour l’auteur, il y a d’énormes problèmes dans cette approche :

– les économistes du FMI appliquent des solutions qui fonctionnent très bien en théorie, mais qui n’ont jamais de résultats probants en pratique. Il n’y aurait cependant aucune remise en cause, tous les problèmes étant mis sur le dos de la mauvaise volonté et/ou de la corruption des pays aidés.

– pas d’approche personnalisée : les mêmes solutions sont appliquées à tous les pays, quelles que soient leurs particularités économiques, culturelles ou sociales. L’idée étant qu’à long terme, ces solutions donneront les meilleurs résultats. L’auteur pointe cependant qu’à court et moyen terme, elles peuvent provoquer crises économiques, chômage de masse et famines, et que les populations n’accepteront pas longtemps de vivre dans de telles situations.

– une énorme hypocrisie. Les pays les plus riches n’appliquent pas les mesures qu’ils imposent aux pays en difficulté : les USA protègent leur industrie de l’aluminium, l’UE son agriculture, etc. mais les pays qui demandent l’aide du FMI doivent tout ouvrir sans restriction.

– contrairement à d’autres institutions internationales dans lesquelles on a le système 1 pays = 1 voix, dans les votes du FMI, chaque pays reçoit une voix pondérée par sa quote-part dans le financement de l’institution. Les pays riches font donc souvent pression pour obtenir des solutions qui protègent leurs propres banques et intérêts, quitte à devoir essorer la population du pays demandeur pour éponger les dettes. Le rôle de « médiateur mondial » est remis en question et le FMI est plutôt perçu comme un instrument d’oppression des grandes puissances.



À l’inverse, l’auteur propose des solutions plus pragmatiques, en concertation avec les pays en difficulté plutôt qu’imposées par la force ou le chantage, et surtout plus graduelles : aucun pays n’est devenu libéral d’un seul coup de baguette magique, les transformations qui doivent s’opérer dans les sociétés prennent parfois des siècles.



Difficile de juger les critiques et les solutions proposées quand on n’est pas économiste soi-même : après tout, voir du pragmatisme raisonnable chez soi et du dogmatisme borné chez les adversaires est un lieu commun dans toutes les luttes politiques. Joseph Stiglitz ne remet pas en cause le mondialisme, qu’il juge inévitable, et positif si correctement appliqué : il suffit de laisser les pays y venir d’eux-mêmes par la manière douce.
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La Grande Désillusion

Essai passionnant, édifiant, de la part d'un économiste reconnu.



Son réquisitoire contre les mesures d'austérité démentielles imposées au pays pauvres m'a définitivement convaincu que cette voie n'était pas la bonne, même si elle continue à être adoptée par des puissants qui y trouvent là leur intérêt personnel.



L'auteur a le courage d'aller jusqu'à évoquer les conséquences humanitaires désastreuses (dont de nombreux morts dans des conflits) de telles décisions.
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L'Euro : Comment la monnaie unique menace l..

Joseph Stiglitz est économiste, Prix Nobel d'économie et il a longtemps travaillé à la Banque mondiale.

Dans ce livre, il dresse un constat impitoyable: si l'Europe ne se relève pas de la crise, c'est la faute de la monnaie Euro.

En 2015, l'Union européenne était la deuxième économie du monde, avec une population estimée à 507 millions d'habitants et un PIB de 16 200 milliards de dollars. Au sein de l'UE, 19 pays partagent une monnaie unique; l'euro, entré en circulation en 2002. En 2008 la région a été précipitée dans la récession.

Aujourd'hui la reprise est bien engagée aux USA. Force est de constater d'après l'auteur, que l'Europe reste enlisée.

Responsable: l'euro qui conduit à une aggravation de l'inégalité. Avec lui les pays faibles deviennent encore plus faibles.

L'auteur insiste sur le fait que selon lui l'euro n'a atteint aucun de ses grands objectifs: ni la prospérité, ni l'intégration économique.

L'accent a trop été mis sur les contraintes de déficits à respecter, au détriment de l'investissement et du développement économique.

Même en Allemagne des effets pervers apparaissent: précarité, diminution des bénéfices de sécurité sociale. Les conditions imposées lors de l'octroi de prêts aux pays en difficulté s'efforcent d'aligner les pratiques économiques du pays sur ce que les ministres des Finances des Etats de la zone euro (dominés par l'Allemagne) pensent que le pays devrait faire.

L'auteur dresse une liste de mesures pour enrayer la tendance: mutualisation des dettes, réduction des dettes pour les pays en difficulté.. des idées mais pas toujours réalisables.

En tout cas, ce constat bien impitoyable fait bien réfléchir...
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Le triomphe de la cupidité

Paru en 2010 sous le titre original "Freefall: America, Free Markets, and the Sinking of the World Economy". Cette traduction française, parue chez l'excellent éditeur Les Liens qui Libèrent, se fit remarquer par son titre, "Le triomphe de la cupidité", assurément bien plus évocateur que l'original et dont on parla même dans le monde anglo-saxon.

Cet ouvrage, d'un accès facile, devrait être lu par tous ceux qui souhaitent finalement comprendre la genèse de la dernière grande crise des années 2007-2008, dont nous ne nous sommes toujours pas relevés aujourd'hui. L'ordre économique mondial que nous avons connu depuis la grande crise des années 30, sorti renforcé de la seconde guerre mondiale, était fondé sur une politique dite "keynésienne", fondant un Etat-Providence voyant ce dernier s'investir activement, par une politique dite de la demande, dans le pilotage de l'économie. Bien sûr les années 30 avaient enseigné qu'une internationalisation trop poussée de l'économie entraînait des catastrophes et, en tout cas, une instabilité chronique de l'économie mondiale. Par conséquent le monde d'après-guerre était un monde cloisonné, fondé sur des barrières protectionnistes et sur un contrôle serré de la circulation des capitaux. L'auteur montre qu'entre la seconde guerre mondiale et le courant des années 80 cet ordre économique produisit des marchés financiers stables, même si peu dynamiques, l'économie étant financée, à l'exception très notable des USA, par des banques elles-mêmes étroitement surveillées (séparation de la banque commerciale et de la banque d'affaires) et limitées dans leur expansion. Au niveau des grandes sociétés commerciales l'on croyait ferme en une politique dite "managériale" où la rémunération des dirigeants dépendait de facteurs de performance d'ordre essentiellement non financier (rendement, expansion du chiffre d'affaires...). Bien sûr on pouvait reprocher à ces politiques leur caractère relativement peu dynamique, l'encadrement étatique et le cloisonnement des marchés incitant les géants locaux à vivre sur leurs lauriers dans une certaine léthargie, se sachant protégés d'OPA hostiles lancées par des investisseurs étrangers.

On sait que le changement fut initié par une école qui s'organisa au cours des années 70 en tant que grande rivale de la politique keynésienne, alors affublée du parfum suranné de "politique de papa". Cette politque, accusée d'être trop socialiste - un vocable qui sent le soufre aux Etats unis - et de n'être plus adaptée à l'époque moderne, les économistes de cette époque croyant fermement avoir développé des outils permettant de ne plus reproduire les erreurs des aînés. Stiglitz révèle ainsi que peu avant la crise les économistes relevant de la nouvelle orthodoxie avaient développé des modèles selon lesquels une crise de l'ampleur de celle-ci n'avait de chance de se produire que... tous les 2000 ans. Cette nouvelle orthodoxie, qui n'est en fait qu'une resucée de la théorie économique dite "classique" (Adam Smith et sa fameuse "main invisible") et donc baptisée "néo-classique" fut bâtie par la fameuse école de Chicago. Fondée sur le postulat de l'interférence négative de toute intervention de l'Etat dans une économie de marché qui, laissée à elle-même, s'adapterait naturellement et harmonieusement aux besoins, le "marché", érigé en sorte de divinité tutélaire, se chargeant d'opérer les adaptations nécessaires et parfaitement efficientes. Cette théorie avait à vrai dire non seulement l'avantage d'une relative nouveauté, du fait de la rupture radicale par rapport aux politiques issues des années 30, mais aussi celui d'une apparente simplicité face à la technicité d'obédiences keynésiennes pas toujours compréhensibles du commun. Le regain du libéralisme sous sa forme "néo" fut à vrai dire favorisé par une série de chocs, dont le choc pétrolier et aussi, accessoirement par la formation de blocs régionaux, dont l'Union européenne (d'abord CEE, communauté économique européenne) également fondés un postulat de libéralisme (même si la future UE limitait au départ la liberté de circulation des capitaux à peau de chagrin, son paradigme de départ étant plutôt l'ordolibéralisme - préservant l'intervention de l'Etat - que le néo-libéralisme). On sait que l'expérimentation du remède néo-libéral fut menée avec des résultats pourtant pas très probants, par certains régimes dictatoriaux latino américains (souvent installés avec la complicité active des USA) et dans d'autres régions du monde traversant des chocs, comme l'Afrique du Sud post apartheid et les pays de l'ancien bloc de l'est. En Europe les choses s'accélèrent avec l'adhésion du Royaume-Uni à l'Union européenne (alors CEE) au cours des années 70. Le Royaume-Uni partageait avec les USA un marché financier d'importance mondiale et n'eut donc de cesse, par un lobbying incessant, de favoriser la libération des capitaux et de libéraliser les législations dépendant de l'UE, comme celles relatives aux sociétés commerciales. Le relais politique fut assuré par les règnes concomitants de Ronald Reagan, aux USA, et de Margaret Thatcher au Royaume-Uni. Les barrières érigées à l'encontre de la circulation des capitaux furent donc progressivement levées au plan mondial - du moins au sein des économies dites occidentales - et la séparation entre la banque commerciale et la banque d'affaires fut également en grande partie supprimée. Les banques et les sociétés multinationales connurent une croissance exponentielle, les banques devenant, selon l'expression consacrée, "too big to fail", d'autant plus que le président Roosevelt, répondant à la crise des années 30 qui avait vu les petits épargnants perdre leurs avoirs en banque, avait instauré la garantie des dépôts par l'Etat. Roosevelt avait d'ailleurs hésité à le faire, pressentant ce qui allait se passer ensuite, les banques, assurées que quoiqu'elles fassent c'est l'Etat et donc le contribuable qui passerait à la caisse, se lançant dans des spéculations financières de plus en plus risquées.

Quant à la genèse de la dernière "grande" crise, celle de 2007-2008, ce fut paradoxalement un gouvernement démocrate qui fut à son origine, l'administration Clinton imposant aux banques d'assister financièrement des ménages pauvres traditionnellement exclus de l'accès à la propriété immobilière. Le nouveau credo de libéralisme n'autorisait évidemment pas l'Etat à contrôler la manière dont cela se ferait et les banques, faisant oeuvre d'un cynisme parfaitement assumé, développèrent la fameuse technique dite des "subprime". En très bref les banques instaurèrent des plans de remboursement d'emprunts apparaissant accessibles au départ mais qui étaient appelés à se durcir ensuite, les banques sachant que leurs emprunteurs feraient nécessairement défaut ce qui leur permettrait de mettre la main sur leur biens immobiliers hypothéqués qu'elles pourraient revendre à profit, le marché immobilier connaissant alors un boom dont on pensait qu'il durerait alors de nombreuses années encore. Evidemment le grain de sable dans la machine fut la crise du marché immobilier vers la moitié de la première décade des années 2000. Cette crise se serait, dans "l'ancien monde", limitée aux USA si les marchés de capitaux ne s'étaient internationalisés, les banques américaines ayant eu recours à la technique de titrisation pour découper en tranches de risques les fameux prêts subprime et ayant par la suite inondé le monde occidental de ces produits réputés peu risqués. Bien entendu l'effondrement du château de cartes aux USA produisit un effet de contagion qui se répandit partout où ces produits financiers avaient été répandus. On ajoute à cela les risques de plus en plus inconsidérés pris par les banques dans leurs activités de trading et un changement de paradigme au niveau des grands entreprises, dont la gestion est désormais rémunérée en fonction de facteurs essentiellement financiers, encourageant la prise de risques, et l'on obtient les ingrédients de cette fameuse crise "in a nutshell", comme diraient les étasuniens.

Stiglitz, même s'il fut couronné du prix Nobel d'économie en 2001, est apparu, depuis la montée en puissance de l'école de Chicago à la fin des années 70, sous les traits d'un franc-tireur, d'abord comme une sorte de nostalgique prêchant dans le désert, son obédience keynésienne étant toujours demeurée claire, et ensuite, crise(s) aidant, comme celui qui avait annoncé "tout ça". Ses orientations politiques, du moins économique, sont claires et donc forcément amènent à le lire avec un certain grain de sel. D'aucuns lui ont d'ailleurs reproché de ne pas avoir suffisamment mis en évidence le lien entre entre le déclenchement de la crise des subprime et la politique sociale imposée par le gouvernement Clinton. A cela évidemment Stiglitz répond que si le gouvernement Clinton n'entoura pas l'action des banques de davantage de contrôles ce fut précisément parce qu'il en fut empêché par le nouveau credo libéral alors en vogue...

On ne saurait donc se limiter à la lecture du seul Stiglitz. Néanmoins on ne saurait que conseiller la lecture de cet ouvrage passionnant à toute personne souhaitant s'initier aux grandes problématiques économiques de notre temps, lesquelles, on s'en rend compte chaque jour davantage, ont une répercussion indéniable sur l'évolution voire le maintien de régimes démocratiques...
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Quand le capitalisme perd la tête

Un des premiers ouvrages critiques sur la mondialisation et les excès du neo libéralisme , par l'ancien conseiller économique de clinton et futur prix nobel d'économie. Une lecture indispensable pour comprendre le monde et ses enjeux
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La Grande Désillusion

On savait donc dès 1998, avec la crise asiatique, que la politique d'ouverture et de déréglementation des marchés financiers prônée et imposée par le FMI (dont le principal actionnaire est le Trésor américain) était particulièrement néfaste pour les économies en développement et surtout destinée à l'enrichissement de quelques puissants. La démonstration (quasiment de l'intérieur puisque l'auteur était économiste en chef à la Banque Mondiale après avoir été conseiller de Clinton) est magistrale et rejoint celle de Naomi Klein (la stratégie du Choc), même si à aucun moment le système de croissance n'est remis en cause (l'auteur reste dans une vision néo-libérale du monde).

Il décortique également la façon dont les oligarques en Russie détournent les prêts et pillent les entreprises dénationalisées, avec le soutien d'Eltsine.

L'auteur pressent les crises suivantes et comme rien n'a changé depuis, ne s'est pas trompé. Seul bémol : l'écriture n'est pas limpide, il y a pas mal de répétitions et un peu de condescendance...
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Le triomphe de la cupidité

Il est prêté à Confucius l’intention de faire procéder par le souverain, en première mesure, à la « rectification des noms » (cf. entretiens XIII 3)



Dans notre société contemporaine occidentale, Confucius aurait un immense chantier avec le vocabulaire utilisé par les économistes et les politiques.



Pour réaliser à bien cette quête, le sage pourrait irriguer sa réflexion avec ce livre de Stiglitz, « Le triomphe de la cupidité », l’auteur, expert de grande renommée notamment par ses missions à la Banque Mondiale, avait déjà largement décrypté dans « La Grande Désillusion » la faillite et les risques insensés du modèle ultra libéral en 2002, bien avant la chute de Lehmann Brothers



Il y a eu la « Grande dépression » de 1929, il y a la « Grande récession » de 2008, dont on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ainsi que ceux des faits, pratiques, responsables divers (institutions, personnes morales et physiques) liés à cette crise existentielle.

Comme dans le mythe de la caverne de Platon de « La République », un petit théâtre d’ombres est projeté sur les parois des esprits pour travestir la réalité et maintenir les pensées dans les apparences et l’obscurité.



Dans son essai, Stiglitz constate le grand écart entre ce qui devraient être les missions essentielles du système bancaire : le financement de l’économie réelle, de ses acteurs économiques, états, entreprises et particuliers, la fourniture des moyens de paiement efficaces et enfin la gestion responsable des risques de ce secteur d’activité.



Or depuis les années 90, il est apparu que les rémunérations des établissements financiers, pour ces missions traditionnelles ne satisfaisaient plus les appétits de ces professionnels, tout au moins de ceux possédés par la fièvre de la richesse. En revanche, les rémunérations des transactions des nouveaux produits financiers spéculatifs garantissaient des niveaux beaucoup plus substantiels et ce sans risque.



Ce monde de la finance a ainsi développé des armes de destruction massive faisant prendre à l’ensemble de la société des risques insensés.



La titrisation est l’une d’entre elle, le principe étant que celui qui met sur le marché le produit financier et le premier acheteur n’assument pas le risque que l’on s’empresse de revendre à son voisin. C’est une nouvelle version du jeu de la dame de pique ou plutôt de la roulette russe car très rapidement la diffusion massive de ces produits toxiques, conjuguée avec leur dissimulation dans les comptabilités annexes ou complètement off shore, via des filiales exotiques, rendent extrêmement difficiles la connaissance de l’état de la toxicité des produits financiers détenus par un acteur. Force est de constater, au moins sur ce point-là, que l’analyse de Stiglitz demeure d’actualité, C’est ainsi qu’aujourd’hui la Deutsche Bank, neuf ans après le déclenchement de la crise, fait toujours courir un risque majeur au systême comme Lehmann Brothers et d’autres en son temps.

Un autre effet pervers repose sur le principe « too big to fail ». Autrement dit, la banque est trop importante et sa faillite déclencherait une sorte de tsunami ; l’Etat doit intervenir pour sauver la banque. Cette socialisation du risque pour rattraper les erreurs des fanatiques du marché et de l’individualisme forcené ne manque pas de piquant.



Il reste que pour le citoyen la facture est salée et scandaleuse. Aux Etats Unis, neuf établissements financiers ont perçu 175 milliards de $ dont 33 immédiatement reversés sous forme de primes aux dirigeants de ces établissements.



Pour Stiglitz deux mesures, entre autre, s’imposeraient.

En premier lieu, il conviendrait de procéder au démembrement de ces établissements « trop grands » pour faire faillite et pour être restructurés, c’est-à-dire revenir à l’esprit du Glass Steagall Still Act abrogé en 1999. Cette loi fut mise en place en 1933 lors de la grande dépression pour séparer l’activité de banque de dépôt et d’affaires et ce afin d’ empêcher que la faillite d’une banque d’affaire, à la suite d’activité spéculative, ne gangrène l’économie réelle par un effet de domino infernal.



Une autre mesure consisterait à instaurer des systêmes de rémunération à plus long terme et d’indexer le montant des bonus aux véritables résultats des prestations. Ce principe serait un garde-fou contre la prise de risque irrationnelle.



L’ouvrage est d’une lecture facile, eu égard au sujet, abstraction faite de sa densité ; le propos est très argumenté et très stimulant.



Il était question de théâtre en introduction ; cette pièce-là relève de la tragédie grecque et aussi du roman de Georges Orwell « 1984 ». Dans ce roman, le héros travaille au « ministère de la Vérité » avec comme mission de participer à la réécriture permanente de l’histoire, afin qu’elle corresponde au discours du Pouvoir.

Actuellement, les économistes de la pensée dominante refusent le débat historique, sont dans le déni et s’arcboutent sur leurs modèles mathématiques, oubliant au passage que lesdits modèles excluaient la possibilité de crise majeure.

Tragédie grecque également, comme dans Euripide, afin que les vents soient cléments à la flotte de la coalition contre Troie il faut sacrifier Iphigénie….Aujourd’hui pour obtenir les vents cléments des « marchés », de Bruxelles, il faut aussi des « sacrifices »…



C’est tout le mérite de Stiglitz au-delà de la présentation factuelle et détaillée de cette crise, de (re)donner une dimension historique aux enjeux actuels, d’apporter une contribution puissante à la démystification des idéologies

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Le triomphe de la cupidité

Pour qui aime l'economie et les raisons de la crise ...Mais monsieur le prix nobel d'économie ne s'adresse pas à tout le monde ...

J'ai trouver quelques longueurs et il faut s'accrocher ne pas hésiter à remonter de quelques page pour reprendre le fil. Car n'est pas prix nobel d'économie qui veut.



Armez vous de patience et de courage
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Le prix de l'inégalité

Joseph E. Stiglitz nous plonge dans les coulisses du monde économique et de la finance. Le prix Nobel d'économie dénonce de manière intransigeante les institutions qui alimentent et perpétuent l'injustice sociale, en dévoilant comment ces acteurs manipulent sans scrupules la politique pour contourner la loi. Il n'hésite pas à mettre en évidence les règles du jeu truquées qui contribuent à créer toujours plus de richesse en haut et de misère en bas. Mais avec un peu d'optimisme, pour lui, il n'est pas utopique de corriger la fracture sociale en proposant des solutions concrètes et réalistes. L'emploi de métaphores frappantes (anémie, hémorragie, part du gâteau...) renforce l'originalité du propos. A la lecture de cet essai percutant et enrichissant, les enjeux politico-économiques n'auront plus de secret pour vous.



H.Bessaad
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La Grande Fracture

Ce livre est en fait une compilation d'articles de l'auteur, parus ces dix dernières années dans des journaux généralistes ou de la presse plus spécialisée. Ils permettent de voir arriver la crise économique américaine de 2007-2008 en décryptant ses mécanismes et de suivre la montée des inégalités qui en a résulté. Inégalités de revenus principalement : d'autres types d'inégalités sont abordés parfois, sociales, raciales, scolaires, mais les revenus et le patrimoine, l'argent donc, sont au cœur de ses analyses. Ces chroniques, plutôt que d'être présentées par ordre chronologique, sont rangées dans des chapitres thématiques, ce qui me semble plutôt une bonne chose pour structurer le livre. Chaque chapitre est introduit par un commentaire de l'auteur sur ses articles mais, outre le fait que ce soit curieux de les commenter avant plutôt qu'après, ces commentaires n'apportent pas grand-chose de nouveau, se bornant souvent à annoncer de façon résumée ce qu'on va lire ensuite.

Les articles en eux-mêmes sont intéressants, assez clairs (écrits donc plus dans un style journalistique que dans un jargon d'économiste) malgré quelques inévitables passages techniques. On y apprend beaucoup de choses, sur les mécanismes et la (mauvaise) gestion de la crise comme sur la répartition (inégale) des revenus et les politiques économiques dans l'histoire et dans le monde (enfin, surtout aux Etats-Unis quand même, malgré quelques références aux pays européens et quelques articles spécifiques sur d'autres pays), mais la principale idée de l'auteur est de démonter les théories qui affirment que la réduction des impôts des riches ou le sauvetage des banques lors de la crise profitent à toute la société : au contraire, ces politiques économiques n'ont fait qu'accentuer les inégalités, alors qu'il aurait fallu aider ceux qui en avaient besoin, des plus pauvres aux classes moyennes qui ont souvent glissé dans la pauvreté. Cette démonstration revient tout au long du livre, un peu trop même : au bout de quelques articles, on trouve qu'il y a des redites, à la fin du livre on se dit carrément que l'auteur radote et qu'un essai deux fois plus court aurait suffi. C'est là le problème du livre : même s'ils ont été légèrement retouchés et mis à jour, ces articles écrits sur dix ans reviennent toujours aux mêmes idées et, bien qu'ils soient classés par thème, ils se recoupent souvent les uns les autres. J'aurais donc préféré un essai plus ordonné et synthétique que cette compilation, mais ça reste un ouvrage intéressant à lire.

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Principes d'économie moderne

Les Principes d'économie moderne de J. Stigliz, C. Wash et JD. Lafay constituent un outil d'apprentissage exceptionnel, tant pour les étudiants des 1er et 2e cycles que pour les personnes qui souhaitent acquérir une formation solide en économie et se tenir informées des derniers développements de la science économique moderne. Dans sa version américaine comme dans sa version française, cet ouvrage est l'un des manuels d'économie les plus connus et les plus utilisés au monde.

Joseph E. Stiglitz Professeur à l'Université Columbia, après avoir enseigné aux universités de Princeton, Yale, Oxford et Stanford. Lauréat du prix Nobel d 'économie 2007, auteur ou éditeur (au sens anglo-saxon) de centaines d'articles et de livres scientifiques, notamment de Economics of the Public Sector (Norton), manuel best-seller destiné aux étudiants de premier cycle. Joseph Stiglitz a occupé d 'importantes fonctions comme président du Council of Economic Advisers, sous la présidence de Bill Clinton puis comme "économiste en chef" de la Banque mondiale

Carl E. Walsh Professeur d 'économie a l 'Université de Californie Santa Cruz, après avoir enseigné aux universités de Princeton et d 'Auckland (Nouvelle-Zélande). Le Professeur Walsh est connu pour ses recherches en économie monétaire et pour son manuel de second cycle Monetary Theory and Policy (MIT Press) ll a exercé les fonctions d 'économiste senior à la Banque fédérale de Réserve de San Francisco et a été chercheur invité dans les Banques fédérales de Réserve de Kansas City et de Philadelphie, ainsi qu 'au Board of Governors dela Fed.

Jean-Dominique Latay Professeur a l 'Université de Paris Panthéon-Sorbonne et directeur du Laboratoire d 'économie publique, Auteur de nombreux livres et articles scientifiques consacrés aux modes de décision publique et aux interactions entre économie et politique, il a notamment écrit La dimension politique de l'ajustement économique (avec J. Lecaillon, Paris, OCDE). ll a aussi exercé des fonctions administratives nationales, en particulier celle de directeur scientifique pour le droit et l'économie et de vice-chancelier des universités de Paris.



(Quatrième de couverture)
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Le triomphe de la cupidité

En soi, il est plutôt réconfortant de voir un prix Nobel (2001) se mettre à critiquer la "science" économique, et en découvrir les aspects idéologiques. C'est aussi très inquiétant de voir qu'un esprit jugé par tous comme brillant et éclairé, découvre à 69 ans, que l'homme n'est pas toujours "rationnel", ni toujours égoïste, que les marchés ne sont pas parfaits, que l'information y est inégalement répartie, que la théorie des jeux est une abstraction mathématique qui ne s'applique pas directement aux situations concrètes réelles, et tenir des raisonnements qu'un enfant de sixième hésiterait à soutenir de peur de passer pour un imbécile ! Mieux vaut tard que jamais, certainement. Critiquer les fondements de l'économie classique, c'est bien, mais j'aurais attendu d'un homme d'une telle réputation une vision un peu plus profonde et moins naïve.
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Le triomphe de la cupidité

En quelques 500 pages Joseph Stiglitz propose un tour de la question de la crise que nous traversons et qui est née en 2008 aux USA à partir de la crise de subrpimes.

Si elle part d'une crise massive des crédits hypothécaires (en 2008 30 % des crédits hypothécaires étaient susceptible de n'être pas remboursés et d'entrainer la saisie des habitations fiancées) cette crise révèle aussi une difficulté plus profonde du capitalisme américain à trouver un nouveau souffle après effondrement du mur de Berlin et la diminution de la production industrielle transférée largement dans les pays émergents - surtout la chine.

Et au-delà c'est une véritable crise morale et politique que nous devons affronter.

Saurons-nous retrouver la voie d'une économie visant le dé&développement du bien-être du plus grand nombre ? Selon Joseph Stiglitz, ce pari est loin d'être gagné.
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Peuple, pouvoir & profits

Un autre pavé du célèbre économiste prix Nobel.

J'avoue avoir lu certain passages en diagonal.

Pour un Européen, ca fait un peu bizarre de lire ces idées tant elles semble nt inspirées du modèle Européen, voir Français.

Pour les Américains, pouvoir bénéficier d'une retraite, d'une couverture santé et d'une éducation presque gratuite pour tous c'est presque une utopie tant il est loin du modèle ou les gagnants raflent la mise et les perdants se font tout petit.

Evidement le dernier président qui était à l'opposé de ces idées, en fait les frais.
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La Grande Désillusion

livre très instructif
Lien : http://webu2.upmf-grenoble.f..
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La Grande Fracture

Ce livre reprend des articles parus sur plusieurs années entre 2005 et 2015. Il est un puissant résumé des positions défendues par l'auteur Joseph Stiglitz. Certains poins pêchent par le manque de profondeur du propos, mais ce n'est pas l'objectif de ce livre. Pour cela, il est recommandé de se tourner vers son livre "Le prix de l'inégalité". Ici, c'est clairement une lecture "quotidienne" et dans le feu de l'action de ce qui se passe, en remettant en avant les points avancés par Stiglitz dans d'autres occasions là où ils sont nécessaires. C'est parfois assez répétitif, donc pas indispensable à lire, mais malgré tout intéressant pour se rafraîchir la mémoire.
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Le prix de l'inégalité

Désormais ouvrage de référence, "le prix des inégalités " démonte le mécanisme de la mondialisation. Il dénonce l'argumentaire déployé par les "mondialistes" pour la légitimer. Le livre s'appuie sur un solide chapitre de notes référencées en annexe.
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L'Euro : Comment la monnaie unique menace l..

Stiglitz serait-il un cabotin ? Au milieu du bouquin il propose des reformes structurelles sur 30 pages – d'ailleurs peu réalistes, à commencer par l'union bancaire. Mais au bout de 30 pages il conclut : « à ce que je vois, il est peu probable qu'il y aura des progrès suffisants pour entreprendre les profondes réformes de la zone euro à une vitesse suffisante » p 312. Ah bon.

Bon, alors passons à l'alternative suivante : le divorce à l'amiable. Ca devient intéressant. En prenant comme exemple la Grèce, JS déroule un scénario de sortie de l'euro, « sans détruire l'économie grecque, ni imposer des coûts intenables au reste de la zone ». Une des mesures phares de cet hypothétique Grexit : rétablir l'autorité intérieure sur la création du crédit. (p321) En clair, retirer aux banques le droit de créer de la monnaie (en octroyant du crédit) et mettre aux enchères ce même droit, tout en l'accompagnant de conditions. Pffff ! Et les banques grecques se laisseraient faire ? Alors qu'en FR, par exemple, M Hollande n'est pas parvenu à séparer les banques d'affaire et les banques de dépôt ?! Moi je dis : JS se paye ma tête.

JS est convaincant lorsqu'il critique, fustige, crie son réquisitoire contre les dysfonctionnements de la zone euro et plus généralement contre les dysfonctionnements générés par le marché tout puissant. Mais lorsqu'il préconise des changements, JS s'avère un rêveur ; ou alors, autre hypothèse, il aligne sciemment des mesures dont il sait parfaitement qu'elles ne verront jamais le jour. J'attends mieux d'un Prix Nobel.

J'ai un autre grief : son propos est redondant et verbeux. Il aurait dû réduire ce bouquin à 150 pages pour 8 euro. le volume fait 500 pages, dont 100 pages de notes, pour 25 euro.



Pour les lecteurs qui souhaitent un aperçu, voici une interview avec l'auteur : http://www.leslilasecologie.fr/2016/09/joseph-stiglitz-l-euro-n-a-pas-apporte-la-prosperite-promise.html



Un aperçu sur le site des Alternatives économiques : http://www.alternatives-economiques.fr/l-euro--comment-la-monnaie-unique-menace-l-avenir-de-l-europe_fr_art_1445_76722.html



Extraits :

"La Grèce a recouru massivement à l'aide de la zone euro, mais l'immense majorité des fonds de cette prétendue aide est allée en réalité à ses créanciers européens, pas à la Grèce." p327



"[Les banques] peuvent utiliser leur pouvoir en pratiquant ce que nous avons nommé « le crédit à des proches ». La Russie en offre l'exemple parfait : ceux qui avaient une licence bancaire [en créant ex nihilo du crédit] ont pu utiliser ce pouvoir pour acheter des actifs de l'Etat d'une valeur colossale, notamment dans les ressources naturelles. C'est, pour l'essentiel, à travers le système bancaire que les oligarques russes ont été créés. Dans les pays occidentaux, les choses se font avec plus de subtilité – mais en créant une énorme inégalité. "p321



"Il y a bien sur des dimensions politiques que le calcul économique ignore. [ ] le divorce [Grexit] rendrait sa dignité au peuple grec, que l'Allemagne et la Troïka ont traité honteusement ; il restaurerait la démocratie – [alors que] l'acceptation par Tsipras des exigences de la Troïka après un referendum où 62% de la population a voté CONTRE l'austérité a levé tous les doutes [quant à la perte de souveraineté]". p314

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