On l’a dit avec raison, les relations anatomiques qui existent entre le grand sympathique et le système cérébro-spinal nous permettent de comprendre pourquoi la peur, la colère ou une violente émotion morale déterminent quelquefois instantanément la jaunisse, tandis que l’inquiétude et la frayeur produiront la diarrhée.
Jusqu'à ces derniers temps, les savants accueillaient avec dédain les phénomènes qui appartiennent à la mystique chrétienne et au monde merveilleux. En parler c’était se compromettre, les discuter c’était perdre son temps, y croire c’était la preuve d’une ridicule ignorance ou d’une coupable superstition. On prétendait découvrir ou dans les spéculations intéressées des croyances religieuses ou dans les défaillances de l'imagination surexcitée l’explication des phénomènes sans réalité objective par lesquels on s’efforçait d’abuser de la crédulité publique et d’entretenir de ridicules terreurs.
Si un philosophe osait parler encore d envoûtement, de lévitation, d’apparitions de fantômes, de revenants, il provoquait le sourire et trahissait une ignorance incurable, et ce n’est pas le succès d’ailleurs éphémère des doctrines positivistes présentées avec un appareil et des déductions scientifiques qui aurait pu changer la direction de l’opinion dans le monde officiel livré a l’incrédulité.
L’influence de l’imagination dépasse le cercle de l’âme, elle rayonne, et pénètre le corps humain dans toutes ses parties; elle y produit quelquefois des phénomènes extraordinaires qui présentent des analogies frappantes et trompeuses avec les faits préternaturels, oeuvres de Dieu ou des démons.
Depuis l'âge le plus reculé de l'histoire du monde, cette inquiétude et cette noble curiosité s'accusent avec netteté, dans les vieilles religions des anciens peuples de l'Orient, dans les savants écrits des grands philosophes païens, dans les livres théologiques de la Chine et de la Perse ; et si nous franchissons le long intervalle des siècles, nous retrouvons encore aujourd'hui la trace visible de cette préoccupation dans les systèmes des philosophes qui essayent d'asseoir sur une base scientifique les rêves brillants de leur imagination.
L'homme écoute, alors, les réponses diverses, contradictoires même, delà pensée inquiète et confuse des philosophies qui ont la prétention de parler au nom de la science. Sommes-nous destinés à perdre un jour la personnalité, la conscience et la mémoire, et à disparaître entièrement dans le tourbillon vital, comme la matière organique et inorganique, comme les minéraux, les plantes, les animaux?
Notre âme est-elle immortelle, ou sera-t-elle anéantie, après un châtiment ou une récompense dont la durée sera déterminée par Dieu? Si vous n'observez que la nature de votre âme et la puissance divine, en restant sur le terrain de la philosophie, vous, ne pourrez pas répondre avec certitude à cette grave question.