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3.93/5 (sur 20 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Marseille , le 21/01/1797
Mort(e) à : Paris , le 17/06/1866
Biographie :

Polémiste, poète, romancier et dramaturge, Joseph Méry fut un écrivain célèbre en son temps.

Il est le frère de Louis Méry, (1800-1883), journaliste au Caducée, au Tambourinaire et au Ménestrel, archiviste de la ville de Marseille, auteur d'une Histoire de Provence en quatre volumes, parue de 1830 à 1837.

Il est l'auteur de satires en collaboration avec Auguste Marseille Barthélemy et d'un grand nombre de romans et de nouvelles aujourd’hui oubliés.

Il fut librettiste et écrivit pour le théâtre, notamment La Bataille de Toulouse que Verdi adapta pour son opéra La battaglia di Legnano.
Il fut reconnu de son temps pour son esprit et ses capacités d’improvisation.

Il produisit plusieurs pièces de théâtre à Paris et collabora avec Gérard de Nerval à des adaptations de pièces dont quelques-unes de Shakespeare.

En 1836, il fonde avec Louis-Charles Mahé de La Bourdonnais, la première revue échiquéenne Le Palamède. En 1847, il publie un recueil de règles de jeux intitulé L'Arbitre des jeux, accompagné de poèmes sur ce thème.

À l'opéra, il signe notamment le livret de Sémiramis (1860), opéra en 4 actes de Rossini et, en collaboration avec Camille Du Locle, Don Carlos (1867), opéra en cinq actes de Verdi.

Ami de Balzac, Hugo, Gautier, Nerval, Dumas, il reçut une pension de Napoléon III.
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Source : Wikipedia
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
En 1842, il y avait, chez le gardien du musée de Marseille, un chat très vieux et très mélancolique ; il avait perdu toutes les habitudes de la petite race féline ; il ne lustrait plus sa fourrure avec sa patte ; il ne prenait plus de jolies poses de sphinx ; il ne s'intéressait plus au sabbat de la cave ; il ne se mettait plus à la fenêtre pour voir passer les chiens : tout lui était indifférent. Il avait l'air de méditer un suicide.

À Memphis, il y a quatre mille ans, on aurait veillé sur lui ; mais, à notre époque, ces animaux ont perdu leur antique considération ; ils sont accusés de rendre le mal pour le mal ; et on leur préfère les chiens, parce qu'ils rendent une caresse pour un coup de pied.
Les chats sont les victimes de leur logique et de leur justice.
Quelques personnes, douées encore du sens égyptien, rendent hommage à leurs nobles qualités.

Aux yeux de certaines gens, les chats ont le tort de vieillir ; dès qu'ils ne sont plus jeunes, ils ne sont plus chats ; alors, on trame contre eux de ténébreux complots ; on les regarde d'un air menaçant, on leur prodigue les insultes, et ces pauvres animaux cherchent un coin sombre pour y traîner les derniers jours de leur vieillesse, et ils laissent lire dans leurs yeux à demi fermés, et sur les rides de leur front, tout ce qu'ils pensent de l'ingratitude des hommes et des caprices des enfants.

À la suite d'un complot tenu dans le musée, il fut arrêté que le chat de l'établissement, coupable de vieillesse, serait mis dans un sac et confié à un paysan, ami des chiens, lequel se chargeait gratuitement de le précipiter du haut du Saut-de-Maroc dans la mer.
Le Saut-de-Maroc est un rocher à pic, sur le chemin du village de Rove, à trois lieues de Marseille.

Le paysan s'acquitta, sans remords, de cette exécution.
À son heure suprême, le chat avait retrouvé toute l'énergie de sa jeunesse ; il se débattit contre le sbire, avec un reste de griffes et de dents ; mais il avait affaire à un agriculteur bronzé sur l'épiderme, qui ne lâcha pas sa proie et la précipita du haut de la montagne, en gardant le sac par esprit d'économie.

Cette mauvaise action avait été commise dans un musée tout rempli de reliques égyptiennes et surtout de momies de chats, remontant à la domesticité des Pharaons.

Un an, ou quatorze mois après, pour mieux dire, le gardien du musée, rentrant à minuit, entendit sur l'escalier une plainte aiguë et intermittente, qui lui causa une certaine émotion.

Puis, comme il jetait les yeux, par devoir d'inspection, sur l'embrasure d'une fenêtre intérieure, il aperçut, dans la plus suppliante des poses, le chat du Saut-de-Maroc...
L'heure de la nuit fit croire à une apparition de fantôme ; poltron comme tous les gardiens, il allait tomber à genoux et demander grâce, lorsqu'un reste de sentiment viril l'arrêta : il trouva plus honorable d'ouvrir lestement la porte de sa chambre et de s'y réfugier, en se protégeant par des signes de croix.

La nuit fut mauvaise ; il dormit peu, et rêva que le musée était assiégé par des momies lugubres, conduites par Champollion.

Le lendemain, à l'heure où les fantômes disparaissent devant le soleil, on aperçut le chat nonchalamment posé sur une natte, devant la porte du musée égyptien.

Il s'opéra tout de suite une réaction en sa faveur : on lui accorda ses grandes entrées ; on l'accabla de soins ; enfin, on le traita comme un jeune chien, ou comme un jeune chat. Seulement, par intervalles, on entendait cette exclamation de surprise : « Comment diable est-il revenu ! il doit être sorcier ! »

Le plus étonné de tous fut le paysan bourreau ; il recula de trois pas, croisa les mains au-dessus de sa tête et exécuta ensuite la fameuse pantomime de Talma, précipitant les Gaulois du haut du Capitole, dans Manlius.

Les Gaulois ne revinrent pas chez eux : on les avait trop bien précipités.
Rassuré complètement sur son avenir, le vieux chat rajeunissait à vue d'œil, et se livrait même, par boutades, à des ébats enfantins.

Ces êtres, que nous appelons des animaux, parce que nous ne craignons pas la riposte, ont à un suprême degré la conscience du malheur et du bonheur, et prennent toujours des allures et une physionomie conformes à leur état de fortune.

Le chat malheureux s'oublie, se résigne, se néglige et adopte les airs d'un philosophe stoïcien, qui fait un perpétuel monologue sur les vicissitudes de la vie ; mais, si un rayon vient à luire, il secoue son indolence, cherche le soleil, se pavane sur les murs, relève ses oreilles, s'assoit fièrement en public, et se réhabilite à ses propres yeux, en détachant de sa fourrure, avec le peigne de sa patte, toutes les souillures de la pauvreté.

Ainsi faisait le chat du Saut-de-Maroc ; on ne le reconnaissait plus, tellement les soins de la toilette l'avaient remis à neuf.

À cette époque, j'avais un logement dans le musée de Marseille, et cette histoire se passa sous mes yeux. Je fis tous les efforts possibles d'imagination pour m'expliquer ce retour (...)
Un jour, le hasard d'une succession de pensées me mit sur la voie de la découverte, et je m'écriai, comme l'illustre géomètre : « J'ai trouvé le problème ! »

Les chats, comme les oiseaux, ont dans le sens de l'ouïe une délicatesse de perception dont notre sourde oreille humaine ne peut nous donner aucune idée.
Or, le chat du musée, mal précipité du Saut-de-Maroc, se raccrocha probablement aux pins et aux saxifrages qui hérissent la montagne ; revenu de sa frayeur, et tenant à la vie comme tous ceux de sa race, il songea sérieusement à regagner la maison témoin des jeux de son enfance, et d'où il avait été arraché par un ennemi extérieur.

Ici commence une odyssée qui supprime le génie inventif du héros d'Homère. Ulysse est l'homme des expédients vulgaires auprès de notre chat.

(Suite prochaine citation)
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(Suite)
Le chat n'avait jamais vu la mer, monstre immense, redouté de tous les animaux de la race féline, surtout des lions.
Notre malheureux exilé s'écarta donc au plus vite de cette meute de vagues orageuses qui aboyaient au bas du précipice.
Parvenu au sommet calme d'une montagne, il prêta l'oreille et entendit, au lever de l'aurore, un bruit lointain, très connu de lui, le bruit d'une grande ville qui se réveille, le carillon des cloches, les roulements de tambour, le fracas des roues et des charrettes qui se rendent au marché.
« La ville est là, de ce côté, » a-t-il dit ; « marchons vers son bruit ; après, nous verrons. »

La campagne offre de grandes ressources aux chats pèlerins ; ils vivent de chasse, comme les sauvages Makidas ; le gibier abonde : il y a des sauterelles, des cigales, des rats des champs, des grenouilles, une carte très variée enfin, comme disent les affiches des petits restaurants parisiens. L'eau est à discrétion.

À côté de ces avantages, il y a de grands inconvénients ; il y a les chasseurs marseillais qui, ne trouvant toujours qu'un gibier absent, se vengent contre le premier chat venu ; il y a les paysans, jaloux de leurs garennes ; il y a les chiens, qui se croient obligés d'aboyer à toutes les diligences et à tous les chevaux qui passent sur la grande route, et rendent ces parages fort dangereux ; mais un vieux chat qui sait se conduire flaire de loin tous ces périls et les tient à distance avec une sûreté infaillible de coup d'œil.

Ensuite, le chat est doué d'une patience merveilleuse ; il sait se blottir, tout un jour, dans un asile reconnu sûr, après un long examen de l'ouïe et de l'odorat ; il sait attendre la nuit sombre, mère de la sûreté, et son œil phosphorique, illuminant les ténèbres, le conduit sur des sentiers inconnus de ses ennemis.

Notre pauvre voyageur a donc franchi, sans encombre, la campagne, toujours guidé par le bruit de la ville, bruit qui s'est fait plus distinct chaque jour.
C'était beaucoup, sans doute, d'arriver jusqu'à la limite de l'octroi ; mais il fallait trouver une maison dans une ville de cent soixante mille âmes, qu'on avait traversée une seule fois, et dans un sac.

Marseille est une ville qui ressemble assez à Constantinople, à cause de l'abondance de ses chiens errants.
Tout marin a un chien auquel il est sincèrement attaché ; mais, au moment du départ, il abandonne cet ami fidèle dans une auberge, et l'animal, privé de son maître, passe sa vie à le chercher dans tous les quartiers de Marseille.
C'est de la même manière que Constantinople s'est peuplée depuis Mahomet II.

Notre chat connaissait ce fléau errant, car, pendant dix ans, du haut de la fenêtre du musée, il avait vu défiler toutes les espèces canines, depuis le molosse de Laconie jusqu'au King's Charles ; il fallait donc s'avancer avec une prudence méticuleuse, sonder le terrain à tâtons, éviter le grand jour, ne se confier qu'aux ténèbres, avoir l'œil ouvert sur les soupiraux des caves, vivre frugalement, se contenter de peu, comme le rat d'Horace, contentus parvo, enfin, changer de domicile tous les jours avant l'aube, pour se rapprocher davantage de la maison et gagner du terrain vers le but.

Le moment est venu de dire sur quoi comptait le chat voyageur.
Un grand fracas, mêlé de tous les bruits, de tous les murmures, de toutes les clameurs, lui avait fait connaître le point de l'horizon où se trouvait la grande ville.
Une fois arrivé dans Marseille, il comptait sur un bruit particulier et bien connu, qui devait lui signaler le quartier où fut son berceau.
Tant qu'il n'entendait pas ce bruit spécial, il fallait marcher, marcher toujours, loin des chiens, loin des hommes, loin des enfants, loin du jour.

Le musée de la ville possède une horloge qui a le privilège de sonner toujours quelque chose.
Les heures ne lui suffisent pas. Elle sonne les quarts et les huitièmes, et fait même précéder chaque sonnerie d'une légère cavatine d'avertissement. On est prévenu, on écoute.

Pendant dix ans notre chat voyageur avait entendu retentir cette horloge verbeuse au-dessus de sa tête.
À l'âge de la jeunesse, il avait joué tant de fois avec les plombs de cette horloge, et avait arrêté ses mouvements, au grand désespoir du directeur du musée.
Tant que notre pauvre chat, errant de cave en cave, n'entendait pas la sonnerie du toit paternel, il se disait à lui-même : « Je ne suis pas dans le quartier ; allons plus loin. »

Et, sans impatience, sans découragement, il se remettait en route avec les mêmes précautions, dans les ténèbres, prêtant l'oreille aux horloges, et n'entendant jamais la sienne, celle qu'il aurait reconnue dans un concert de tous les clochers italiens.

Le hasard, qui ne sert jamais les malheureux, aurait pu conduire plus vite l'animal errant dans une bonne direction, et lui épargner bien des mauvais jours ; mais, en appréciant la durée de l'absence, quatorze mois, il est permis de supposer qu'il aura pris le plus long chemin, et qu'il n'est enfin arrivé dans le quartier du musée qu'après avoir parcouru tous les carrefours de la vieille ville.

Alexandre, Annibal, Fernand Cortez, Robinson Crusoë, ont dépensé beaucoup moins d'intelligence et de ruses de guerre que ce chat, dans sa campagne de quatorze mois.
S'il avait pu écrire son odyssée, il n'y aurait pas de lecture plus émouvante. Le nombre de périls qu'il a conjurés, le nombre de calculs qu'il a faits doivent être prodigieux.
Et lorsqu'enfin il a entendu dans le lointain, à minuit, la sonnerie prolongée de son horloge, tout ne finissait pas pour lui ; il avait encore bien du chemin à faire, et beaucoup de batailles à livrer aux chiens.

D'abord, il ne fallait pas se laisser emporter étourdiment par une joie dangereuse ; si près du but, il ne fallait pas compromettre la réussite par trop de précipitation.
Un homme aurait échoué en pareil cas ; l'animal, sans avoir lu le moindre chapitre sur l'exaltation étourdie, a manœuvré comme le premier jour ; il a maîtrisé les émotions de cette joie fatale qui met un voile sur les yeux et fait échouer au port ; il n'a rien voulu donner au hasard, même à sa dernière étape, à son dernier ruisseau, à son dernier mur, à son dernier pas ; et il est arrivé sain et sauf.

Quelle leçon pour l'homme, qui arrive aux sottises par la réflexion, qui apprend les mathématiques pour soutenir que 2 et 2 font 5, et étudie des cartes de géographie pour se briser contre un écueil !
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Un jour, j'ouvris un livre d'histoire naturelle, et je lus ceci, à l'article RAT :

« Cet animal immonde habite les lieux obscurs et souterrains ; il commet de grands ravages ; il est très glouton, et sa voracité est cause presque toujours de sa perte. On le prend aisément, au moyen d'un appât quelconque, et à l'aide de pièges nommés souricières. Le chat est l'ennemi acharné du rat. »

Le naturaliste qui a écrit ce portrait a enseigné à tout le monde ce que tout le monde savait ; seulement, on pourrait écrire un volume avec ce qu'il n'a pas dit.

Le rat est peut-être le plus intelligent, le plus rusé, le plus raisonneur de tous les animaux ; c'est ce que démontre l'observation.

Un fait généralement admis depuis des siècles est celui-ci : quand une vieille maison menace ruine, les rats déménagent et vont chercher un autre asile pour vivre en sûreté ; car le rat tient à la vie comme un épicurien ; il connaît la mort de réputation, et la regarde comme un malheur. J'ai observé ce fait, après mille autres, et je le trouve effrayant.

Les rats vivent en république, mais ils reconnaissent l'autorité d'un chef, comme les abeilles.
Ordinairement, ce chef se nomme lui-même, parce qu'il se juge supérieur à tous les autres.
Tout absolu qu'il est, il appelle cependant à ses conseils un certain nombre de vétérans, qui ont droit de remontrance.
Ainsi, lorsqu'une vieille masure fait entendre les craquements suprêmes, le chef prête l'oreille, se recueille, et, par un cri aigu de détresse, il appelle son conseil des Dix.
On délibère, on discute, on reconnaît qu'il y a péril à demeure, et qu'il faut partir, sans attendre le lendemain.
Il doit donc être admis que ces animaux se sont ainsi parlé, dans une langue inconnue : « Voilà une maison qui va s'écrouler, ses ruines vont écraser nos femmes et nos enfants, émigrons. »

Simomide fut préservé par les dieux de la chute d'une vieille maison : les rats sont plus intelligents que cet illustre Grec. Ils n'ont pas besoin d'être avertis par les dieux ; ils s'avertissent eux-mêmes, et ne se trompent jamais.

La nuit venue, le chef pousse un cri lugubre, c'est le tocsin. Toutes les familles se resserrent avec effroi. Personne ne fait la moindre observation ; aucun esprit fort n'intervient.
Le chef a dit : Partons ! Cela suffit ; le chef est infaillible. Des éclaireurs sont envoyés pour voir s'il n'y a pas trop de chats sur la route... L'armée avance avec précaution.
Les grands veillent sur les petits. Il est défendu de butiner ; tout maraudeur est puni de mort.
On suit les bas-fonds humides, abhorrés des chats ; enfin, les éclaireurs découvrent un soupirail de cave, et flairent aux environs l'odeur d'une grasse cuisine, d'une grange, d'une brasserie, d'une caserne ou d'un pensionnat.
Le chef arrive, ouvre ses oreilles et ses narines, et dit : — L'endroit est bon. Aussitôt la caravane se glisse, sans bruit, dans ce nouveau domicile souterrain, et les ravages commencent tout de suite, mais avec précaution. Les premiers jours, il faut se méfier de l'inconnu : tel est le précepte du rat.
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Cette fois, dis-je, il s'agit de deux chiens du musée ; on les nommait Castor et Pollux, quoiqu'ils ne fussent pas frères.
Castor était un vrai molosse ; Pollux, un jeune caniche de très petite taille.
Ils étaient liés d'une étroite amitié, comme les deux frères d'Hélène dont ils portaient les noms.

En général, les animaux connaissent l'amitié ; bien plus, quand ils sont unis, ils ne se brouillent pas. Le lion vit avec le chien dans la même cage, et ces deux amis ne se querellent jamais.

Castor, le molosse, avait contracté l'habitude de faire sa sieste, en été, dans un tombeau de pierre froide, qui est exposé dans le musée (…)
Pollux ne faisait pas de sieste, lui ; il s'acquittait de son devoir de gardien ; il se promenait dans le Musée des sarcophages et surveillait les étrangers, pour aboyer, en cas de vol d'antiquités phocéennes.

Il était très soigneux de son emploi, et lorsqu'on fermait les portes du musée, et que tout s'était passé conformément aux lois, il se présentait avec joie devant le concierge, pour recevoir, comme gratification, une caresse de sa main.
Un jour, à l'heure de la sieste, il n'y avait pas l'ombre d'un étranger devant les sarcophages et les plâtres du rhumée phocéen.
Pollux, ne redoutant aucun vol, sortit sur la place pour se délasser de ses travaux d'inspection, et engager une partie de soubresauts avec quelque jeune chien de son âge, ami du jeu.

La place du Musée était déserte, à cause d'une chaleur de trente degrés Réaumur ; mais il y avait beaucoup de chiens (...)
Les uns passaient rapidement, comme si des affaires importantes les eussent appelés ailleurs ; les autres se promenaient sans but, comme des péripatéticiens quadrupèdes ; on en voyait sous les arbres, qui dormaient comme des lazzaroni, ou qui se regardaient deux à deux, comme des chiens sculptés sur les pilastres d'un portail.

Le jeune Pollux, ne voyant que des amis dans ce club en plein air, cherchait un joueur ; mais son apparence de chien aristocrate réveilla les haines jalouses de cette inerte indigente ; on répondit par des grognements sourds à ses propositions amicales, et le plus hargneux de tous tomba, les dents en relief, sur Pollux ; le terrassa, et faillit le tuer sur place.
Les autres chiens assistèrent à cette scène dans une stoïque tranquillité.

Pollux s'échappa de la mâchoire de l'assassin, secoua sa toison dévastée, et, en quelques bonds, il avait atteint le seuil de son établissement.
Sans s'arrêter devant le concierge, qui ne l'aurait pas compris, il marcha droit à la salle des sarcophages, mit ses deux pattes antérieures sur le tombeau de Milon, et fit sortir de son gosier quelques notes pleines d'expression et de voyelles lamentables.
Castor se leva lentement, bondit hors du tombeau, aiguisa ses pattes sur les dalles, acheva de se réveiller, jeta un regard oblique sur Pollux, et prit, avec le calme de la force, le chemin de la grande porte du musée.

Castor, après avoir acquis la certitude de ne pas frapper l'innocent pour le coupable, quitta sa pose d'Hercule au repos, et marcha seul, d'un pas tranquille, vers l'assassin de Pollux.
Ce ne fut pas un combat, ce fut une exécution ; le coupable roula dans la poussière et l'ensanglanta.
Le châtiment donné, Castor reprit le chemin du musée, où Pollux l'accabla de caresses et de cris de joie.

Le molosse vengeur accepta ces démonstrations amicales avec froideur, comme pour montrer qu'il ne croyait pas le remerciement nécessaire après un si léger service, et il rentra dans la salle pour achever sa sieste au fond du tombeau de Milon.

Dans l'Histoire des chiens célèbres, je ne trouve rien de comparable à cette scène de Castor et Pollux ; il m'a été donné de la voir, et ceux qui l'ont vue comme moi ne peuvent encore l'expliquer.

Il faut nécessairement admettre, ce que j'admets, moi, que ces deux chiens avaient une sorte de langue pour se communiquer leurs pensées ; il faut admettre que Pollux a dit à Castor : « Un chien énorme vient de m'assassiner, là, sur cette place. » Ce n'est pas tout ; il faut admettre une chose encore plus répulsive à la raison ; il faut croire que, sur le seuil du musée, Castor a demandé : « Où est-il ? » et que Pollux a clairement désigné son assassin dans une meute de chiens de toutes tailles et de toutes nuances. Pollux aurait répondu : « C'est ce grand braque, qui a trois taches de feu. »

Certainement, la langue que murmurent les animaux, lorsqu'ils vivent ensemble, n'a aucun rapport même avec la plus imparfaite des langues primitives des sauvages ; mais elle leur suffit telle qu'elle est pour les besoins de leur association ; son vocabulaire est très borné ; il se compose de quelques modulations plus ou moins vives, qui ont un sens très clair entre deux animaux depuis longtemps amis.

Je développerai un jour ce système, en l'appuyant d'observations que j'ai faites et qui le compléteront.
Au reste, la sagesse indienne, en inventant les fables et les dialogues d'animaux, a donné à quelques anciens la première idée de ce système ; ainsi, je me garderais bien d'en réclamer les droits d'auteur.
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Il est bien entendu que je parle ici du rat géant, et non de ce petit animal qui rôde souvent dans les chambres à coucher, en l'absence des chats.
Le rat de cette grande espèce est un animal terrible ; il craint les chats pour ses enfants, jamais pour lui.
De son côté, le chat, dans sa perspicacité féline, respecte ce rat, et semble ne pas se douter de son existence ; il lui en coûterait trop de s'avouer qu'il le craint.

Cette retenue, des deux parts, amène quelquefois de singuliers résultats dans les localités où abondent ces deux espèces ennemies.
Les rats et les chats, reconnaissant qu'il y aurait folie à se livrer bataille, sous prétexte d'hostilité traditionnelle, abjurent leurs instincts, et s'accordent une trêve perpétuelle.

On les voit manger au même charnier et boire au même ruisseau ; mais ils n'échangent entre eux aucun regard : ils sont censés ne pas se voir ; de cette manière, ils ne violent pas les lois de la nature, qui les obligent à se battre à la première rencontre.

Sage leçon qu'ils donnent aux hommes batailleurs ! — Que gagnerions-nous à ces combats stupides ? pensent ces animaux ennemis ; des coups de dents ! des coups de griffe ! et pourquoi ? Nous ne pouvons pas nous manger après notre mort ; à quoi bon alors s'entre-tuer ou s'écorcher la peau ? Notre instinct est absurde, notre raison vaut mieux.

Cependant, lorsqu'il s'agit de détruire un chat dangereux et peu raisonnable, ou accusé d'avoir levé une griffe perfide sur l'innocence, les rats ne balancent jamais.

On forme alors une coalition de cave ; les plus braves sont choisis ; des espions exercés observent les habitudes de l'ennemi ; un rapport est adressé au chef.

Le chat criminel rôde d'habitude dans un endroit désigné. L'embuscade est à son poste. On attend avec cette patience sage qui caractérise les animaux ; on ne brusque rien, on ne remue pas.

Le chat vient, sans défiance, faire sa maraude accoutumée ; vingt museaux, armés de dents fines, se précipitent sur lui, comme vingt poignards vivants ; un miaulement court et hurlé retentit dans le souterrain : le chat bondit, escalade le mur, fait grincer ses griffes sur la voûte, pour s'y cramponner, retombe lourdement au milieu de ses ennemis, et, n'espérant plus se sauver par la fuite, et voyant la seule étroite issue du souterrain gardée par de féroces sentinelles, il engage, seul contre tous, un combat héroïque, digne d'une épopée égyptienne.

Les rats, qui ont une tactique merveilleuse en toute chose, ont divisé leur petite armée en deux corps : l'un se bat, pendant que l'autre reprend haleine à l'écart ; de sorte que le chat est toujours assailli par des troupes fraîches ; et, après une ardente lutte de plusieurs heures, ayant épuisé ses forces et sa respiration, mordu aux quatre pattes, ravagé dans sa fourrure, raccourci dans sa queue, borgne, boiteux, découragé, il s'affaisse un instant, comme pour prendre une pose de sphinx, et cet instant est décisif ; la troupe des rats donne à la fois et exécute une charge complète ; le chat disparaît sous une masse compacte et ondoyante, comme un canot sous une vague sombre ; il ne reparaîtra plus vivant à la surface, et, au lever du jour, quand le sommelier descendra dans le souterrain, il ne trouvera que le cadavre du vaincu, égorgé par des meurtriers invisibles, qui ont pris la fuite après le crime, pour se soustraire à la vindicte des lois.
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La légende allemande de la Tour des rats célèbre une bataille bien autrement formidable.
Il ne s'agit plus ici d'un chat, mais d'un malheureux voyageur tombé, par une nuit sombre, dans une embuscade de rats.

L'armée des assaillants, il faut le dire avant tout, était innombrable ; depuis l'invasion de Xerxès on n'avait rien vu de pareil.
Le voyageur, étourdiment tombé au milieu de ces vagues vivantes, sentit ses cheveux se hérisser, et, secouant avec vigueur d'horribles grappes de rats déjà collées à ses jambes, il prit la fuite, et l'effroi lui donna une extrême agilité.

Mais les rats courent comme des lièvres, et plus vite encore quand la colère les anime.
Le voyageur remercia le hasard qui lui montra le Rhin, et une petite île très voisine du rivage : c'était une chance inespérée de salut ; il se jeta bravement à la nage, croyant sans doute que les rats ont horreur de l'eau comme les chats.
Bien au contraire, ces deux espèces ont des organisations opposées, et c'est précisément ce qui les met dans un antagonisme perpétuel et proverbial.

Le voyageur n'en crut pas ses oreilles, lorsqu'il entendit résonner l'eau du fleuve sous une masse effrayante d'immondes nageurs ; il sentait leurs souffles à ses talons et se voyait menacé d'être dévoré vivant en pleine eau. La petite île du Rhin n'était plus éloignée que d'une largeur de trois brasses ; il fit un suprême effort, et atteignit la grève.

Une vieille tour s'élevait au bord de l'île, et ses ruines servaient d'escalier pour arriver au sommet ; ce refuge offrait une dernière chance de salut.
Le voyageur escalada cette pyramide de pierres vermoulues, et, parvenu à une certaine hauteur, il s'arrêta pour respirer, ne croyant plus être poursuivi, et regarda du côté du fleuve. Ce qu'il vit était affreux.

Une pâle éclaircie tombée des étoiles donnait, à ce tableau quelque chose de plus sinistre encore : cela ressemblait à une lugubre plaisanterie de l'enfer.
Le sable blanc du rivage avait disparu sous une couche noire et mouvante, et à chaque instant une nouvelle compagnie de nageurs sortait du Rhin, et se mêlait au gros de l'armée.

On entendait, par intervalles, de petits cris aigus, comme si des chefs subalternes eussent répété un ordre du général.
Le pauvre voyageur écoutait et regardait avec des oreilles glacées, et des yeux vitrés par la terreur.
Tout à coup, l'immense colonne fait un mouvement d'attaque, escalade la tour et la couvre de spirales énormes ; il était donc évident que les terribles animaux n'avaient pas perdu la piste de leur victime, et qu'ils allaient la prendre dans un assaut général.

L'infortuné voyageur continua de monter jusqu'au sommet de la tour, n'ayant pas d'autre ressource, et il se percha, en stylite, sur la dernière pierre, dans l'espoir, sans doute, d'être pris pour une statue qui couronne un monument, comme on en voit à la cathédrale de Strasbourg.

Les rats ne commettent pas de ces erreurs, même à minuit.
Ils s'élevaient toujours, comme une marée montante, et ces vagues noires, remuées par une intelligence, avaient quelque chose d'intolérable, même au regard du plus intrépide.
Il y a des objets si antipathiques à l'œil, qu'ils sont effrayants, et glacent les veines du cœur, même en l'absence du péril ; et il y avait ici les deux choses réunies, antipathie révoltante et péril affreux.

Alors le courage est nul, la lutte impossible ; l'homme menacé ressent une langueur mortelle, comme dans un rêve étouffant, et ses pieds raidis ne lui servent plus de soutien, le froid les a pétrifiés.

Bientôt la tour en ruine disparut tout à fait sous une épaisse enveloppe d'assiégeants immondes ; les étoiles éclairaient une pyramide de rats, surmontée par un homme.

Le malheureux vit l'épouvantable marée vivante arriver à ses pieds, avec des ondulations sinistres ; il se donna vainement un reste d'énergie, pour repousser la première vague : des milliers de morsures le saignèrent à la fois, et le firent chanceler sur son piédestal ; puis, il tourna, plutôt terrassé par la peur que par l'ennemi, et son corps roula dans une large crevasse de ruines, où il ne laissa, dit-on, que son squelette, tant elle était nombreuse et dévorante l'armée qui avait envahi la vieille tour du Rhin.

Ces exemples sont rares dans l'histoire des rats, car ces animaux ne se coalisent pas contre l'homme ; il faut qu'ils éprouvent un besoin raisonné de vengeance pour se porter à ces extrémités terribles.

Ils ont cela de commun avec les éléphants, animaux pacifiques et inoffensifs, mais si redoutables quand leur justice est provoquée (…)

La légende allemande de la Tour des rats a omis sans doute un chapitre important : le voyageur dévoré sur les ruines était coupable de quelque méfait, commis envers toute une peuplade inoffensive.
Le sentiment de la justice est écrit dans le cœur des animaux intelligents, et il y reste toujours gravé ; l'homme se l'efface quelquefois.
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Vu de loin et embrassée du coup d’oeil dans son ensemble, Constantinople est la merveille du monde : le ciel a mis toutes ses complaisances sur cette ville ; la terre l’ombrage de ses plus beaux arbres ; la mer la caresse de tous ses bras ; puis la religion est venue, et lui a donné une couronne infinie de dômes et de minarets ; mais l’illusion du dehors s’efface à l’intérieur ; ce lointain si pittoresque cache un monde lépreux de masures ; l’éclat du badigeon trompe l’oeil, mais quand la main touche, il n’y a plus d’erreur.
Aux mosquées seules les pierres et la solidité, aux maisons le bois et l’incendie (…)

Construire une Constantinople en bois, entre deux mines de granit inépuisables, c’est méconnaître la Providence, mère commune de tous les hommes, dans toutes les religions.

Avec la civilisation doivent venir chez le peuple l’aisance et la richesse ; et quelle ville fut jamais plus favorablement située pour donner à ses enfants, par le commerce et le travail, quelque chose de plus habitable qu’une toiture de bois, déjà brûlée par le soleil, pour mieux favoriser l’incendie ?

Vienne une bonne paix, et Constantinople dépouillera son enveloppe lézardée et combustible, pour revêtir le costume des capitales civilisées.
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Joseph Méry
Le Ballet des heures


Les heures sont des fleurs l’une après l’autre écloses
Dans l’éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu’à l’amour.

Ainsi que de l’éclair, rien ne reste de l’heure,
Qu’au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.

Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l’heure qui s’en va.

Vous trouverez toujours, depuis l’heure première
Jusqu’à l’heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l’ombre des bois.

Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l’autre sang qui vieillit dans vos veines
Et donne l’oubli du passé.

Que l’heure de l’amour d’une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c’est la mort ! Être deux, c’est la vie !
L’amour c’est l’immortalité !
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Le tigre, qui avait jugé au degré des exhalaisons et à la faiblesse de la voix, que l'ennemi n'était pas redoutable, flairait les échelons et les montait un à un avec une lenteur superbe, se cramponnant au mur d'un coup de griffe, quand l'escalier semblait fléchir sous le poids de l'énorme assaillant. Déjà, sa large face, hérissée de poils rudes et zébrée de noir, atteignait le niveau de la fenêtre, en exhalant, par sa gueule ouverte, une tempête gutturale d'aspirations, lorsqu'Edward saisit le haut de l'échelle d'une main, fit feu de l'autre, à bout portant, sur le monstre et précipita le cadavre et l'escalier avec une vivacité d'exécution qui révélait la longue expérience de l'intrépide chasseur.
L'autre tigre, qui ne pensait qu'à ses petits, poussa un mugissement terrible, et s'élança vers leur retraite pour voir s'ils n'avaient pas été tués du même coup.
Au bruit de l'arme, des nuées d'oiseaux obscurcirent les étoiles et mélèrent une symphonie aérienne de cris rauques aux mugissements des bêtes fauves, chassées vers l'horizon, dans un accès général de folle terreur.
Edward se releva lestement et dit :
- Il est cruel de jeter le deuil dans un ménage si uni, mais le salut public avant tout.
Octavie, debout devant lui, immobile de stupéfaction, ressemblait à une magnifique statue, inondée de draperies blanches, et descendue dans le tombeau sur lequel l'avait posée le sculpteur.
- Eh bien, madame ! dit Edward. Vous qui êtes affamée d'émotions, comment trouvez-vous celle-ci ? Voilà nos idylles au Bengale : une chaumière et deux bergers assaisonnés de tigres. C'est du pastoral indien. J'espère vous avoir servie à votre goût !
- Vous avez été admirable, Sir Edward, dit la comtesse avec une voix bien émue encore. mais il me semble que vous avez permis au tigre de s'avancer un peu trop.
- Votre observation est juste, madame, dit Edward d'un ton toujours plus léger. C'est qu'une idée m'a traversé le cerveau... Une idée anglaise ! Shakespeare l'a oubliée dans le Songe d'une nuit du milieu de l'été. C'était une lacune à remplir.
- Quelle idée, voyons, Sir Edward ?
- Oh ! Vous ne la comprendrez pas. C'est de l'amour inintelligible... J'ai eu l'idée de laisser entrer le tigre sans me défendre.
- Mais il nous aurait dévorés, vous et moi...
- Tout juste... J'ai failli céder à cette voluptueuse tentation de me laisser engloutir avec vous dans le même tombeau vivant.
- Quelle horreur, Sir Edward !
- Ah ! Je regretterai peut-être un jour une si belle occasion ! Puisqu'il faut que je meure, je ne trouverai jamais un genre de mort plus séduisant.
- Vous m'auriez donc sacrifiée, ainsi, moi, sans me consulter ? dit Octavie avec son premier sourire.
- Voilà justement la considération qui m'a retenu. La seconde idée a corrigé la première; mais je frissonne de joie en songeant au bonheur ineffable dont je me suis privé, par égard pour vous.
- Par égard est charmant !... Maintenant, dites-moi, Sir Edward, comment allons-nous sortir de ce gite suspendu ?
- Nous en sortirons, madame, n'ayez aucune inquiétude; mais nous ne pouvons descendre qu'au grand jour. Il faut que le soleil vienne purifier les bois, selon son habitude de six mille ans. Les dernières étoiles montent à l'horizon de l'aurore, et le bengali se réveille à la cime des palmiers. Après le rugissement du tigre, le chant du bengali. La nature indienne aime les contrastes; c'est une grande artiste, comme vous.
- À sa place, je supprimerais les tigres, et je garderais les bengalis.
- Vous feriez une faute, madame. On périrait bientôt d'ennui au Bengale. Ce serait comme à Londres. Au bout de quinze jours, on vous réclamerait les tigres par droit de pétition.
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Le temps est venu de récolter la moisson semée par nos anciens et arrosée de leur sang. Joinville raconte que le Soudan accorda à Louis IX la permission de faire un pèlerinage de Saint-Jean-d’Acre à Jérusalem. Nous ferons le nôtre aussi, et tant pis pour les enfants de Voltaire qui nous blâmeront ! Un Bonaparte, mon aïeul, s’est courageusement battu pour le pape Clément VII, pendant le siège de Rome ; il ne sera pas dit que son petit-fils passe en Terre-Sainte sans visiter Jérusalem.
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