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Nationalité : Côte d'Ivoire
Né(e) à : Grand-Bassam , le 18/09/1936
Mort(e) à : Abidjan , le 2/12/2017
Biographie :

Joseph Miézan-Bognini est un poète, dramaturge, romancier, essayiste et enseignant ivoirien, né le 18 septembre 1936 à Grand-Bassam et mort le 2 décembre 2017 à Abidjan. Proche de l'écrivain malgache Jacques Rabemananjara, il entre en contact avec la maison d'éditions Présence Africaine lors d'un séjour d'études à Paris, où il est inscrit à l'École Professionnelle de Dessin Industriel de 1958 à 1963. Miézan écrit de la poésie depuis 1957 ; il publie son premier recueil de poèmes, Ce dur appel de l'espoir, en 1961, puis Herbe féconde, en 1973. Entre-temps, il s'essaie au théâtre, avec des pièces comme Tafié ou Le Sang du père, et est l'auteur de plusieurs romans et essais inédits.

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Bibliographie de Joseph Miézan Bognini   (2)Voir plus

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ô mon poème prend feu
sur ces pierres qui fument déjà
au seuil palpitant d'un monde neuf,
Où les âmes exaspérées
puisent leur souffle.

Où êtes-vous, enfants d'Afrique,
qui tous les soirs chantent gaiement
autour des feux de bois
Où l'on égrenait quelques prières à haute voix.

Ô prières insolites de demain !
Fertile est la brise qui fouette le visage
et réfute la répugnance des hommes.

Ceux qui demeuraient dans le désespoir
au souffle oppressé de la vie,
avaient leur passé, leur moisson
Que nulle goutte de pluie ne venait arroser.

Lorsque ces feux brûleront dans les cœurs,
Tendre sera la douce mélodie
qui ravivera d'amour les foyers,
et les fontaines abreuveront les assoiffés.

Ces pierres qui fument autour de nous
ne sont guère que douceur
quand le soir renvoie la lumière
aux confins des sombres villages.

Ô mon poème prend feu
sur ces pierres célestes
au seuil de la liberté,
Où les âmes exaspérées
puisent leur souffle.

Midi scande la splendeur des rêves
au flanc des coteaux boisés,
la palme verte aux mille chansons
affleurent jour et nuit le rivage.

Ô chansons des cœurs purs,
Disons-les d'un plus tendre amour
car nos yeux sont la lumière
de ce royaume cher à nos rites.

Visages imprégnés de sentiment
Il fallut que s'ouvrent devant vous
les portes célestes du salut,
et qu'au-delà des mythes
recule l'immonde accoutumance.

Que des pierres fument
et embaument ces visages lugubres
tachés de scepticisme
que mon poème prenne feu
sur ces pierres qui fument déjà
au seuil d'un monde neuf
où les âmes exaspérées
puiseront leur souffle.
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Une jetée de paille à la fourche
Avec des oracles en déguisements,
La chair d'un pauvre éléphant
Lancée en pâture aux petits oiseaux ;

Le socle de la charrue ploie
Dans l'air vide sous le poids
De l'effort — miraculeusement dédié
À l'instinct d'un vieux papillon,
Voilà de quoi secouer l'univers
La noblesse des terres abruptes
Où se jette au même moment
L'âge du remords et de l'attente.

Mille compliments à ceux qui
Le méritent — non, ils ont semé dans le vide
Dans nos lieux, dans nos forêts,
Et le chant du colibri colporte leur histoire.

Il y a encore plus d'herbes à arracher
Que celles qui nourrissent les ovins.
Je ne crois plus à la tierce jouissance
Resserrée entre deux collines
Où coule brutalement un ruisseau.

Les forêts sont entrées en éruption,
Le sable bout dans les buissons,
Les cases ne sont plus que des gîtes.
Hélas ! combien pèse la négligence !

Ici, là-bas, sur les routes, sur les sentiers,
Ici, déjà on se déchire — on s'installe
On oublie le passé — là il y a du confort
Là, il y a l'amertume.

Offre que le ciel te vienne en aide
Jeune torture qui marche en boîtant ;
Ma tombe, ainsi s'exprime-t-elle,
Est creusée, et déjà l'habite mon temps.
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J'ai dansé sur les sillons d'un vieux champ.
L'herbe était encore sèche avant de souper,
Quand lassé d'un surcroît de musique,
Je devenais muet, allant m'asseoir pour un rêve.

Il y avait plaisir à leur faire la leçon ;
Et l'horizon se gonflait ballon d'espace.

Il y avait plaisir à leur parler d'immortalité
Lorsque vint le silence des oiseaux nocturnes.

Ils ont eu le contentement de s'étirer
dans leurs cellules ;
Le diable s'était enfui sans s'accrocher
à leurs chemises ;
Un mensonge errait dans les sillons
du vieux champ, et il a fallu
le recueillir et le forger.

Et là-bas le ciel est nu, décoiffé de son fardeau ;

Ils ont vécu l'austère journée d'un soir de deuil :
Ce fut la complainte des larmes aux yeux
souillés depuis le commencement du monde.

Hélas ! nous eûmes à retenir la pluie à nos chevets,
pour l'empêcher de crépiter sur nos toitures ;
Elle n'a pas lâché sa dentelle
d'argent liquide,
Et nos heures devinrent
délicieuses à déguster.
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Ici le sol est fin
Au milieu de la savane parfumée,
Au cœur de la forêt chantante.
Berceau des petits oiseaux,
Antre paisible de la faune,
Où la vie semble être envieuse.

Et l'horizon demeure interminable,
Où nous avons pavané nos étuves,
Avec lenteur nous allons dans le vent
Et pataugeant dans la boue,
Nos pieds alourdis éternisent l'espace.

La destinée nous promettait la lune,
Elle n'ose plus nous répondre.
Le jour avait étalé sa blancheur
Sur une étagère flexible,
La feuille nous servait d'éventail.

Et nos efforts s'en souviennent
Tel était notre dévouement
Avec la force d'un passé pur
Tout était couleur de crépuscule.
Entendre gémir l'humanité,
Nous étions là, les volets aux écoutes.

Nous attendions que demain s'y allège,
Le lendemain chanteur des grands aveux,
Et nos yeux creusaient la nuit
Pour dissoudre la boue
Et fondre les pleurs.
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Toi tu portes ton collier en liesse
Du bout du monde à la fin du monde,
Et tes multiples bras s'éparpillent
Pourvus chacun d'une lorgnette.

À tes yeux tout est nu, tout est noir,
Ta lumière est un observateur
Ton écorce s'éclabousse en menus morceaux
Et la terre les a fichés aux flancs.

Le monde est fait pour t'écouter
Pour t'aimer — pour s'enrichir
Pour s'éveiller à ton réveil
Pour guider tes pas vers ses enfances.

Désastre au ciel, où l'astre luit,
Contraire à ta souveraineté,
Il te couvre d'un manteau noir
Pour te dire bas sa colère.

Nous voici, les étés pleuvent
Sur nos visages assombris ;
Sur nos places, les pluies dansent,
Et sur nos forêts — vraies semences ;

Nous voici, le jour prend la couleur des nuits
le tonnerre roucoule au loin
Mais une lueur scintille dans nos cœurs
pour te recueillir.
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Le soir de ton coucher
Il a fallu même te retenir,

Tu t'es couvert d'un manteau de sang,
Était-ce la fureur de ton dieu ?

Mon chemin avait rougi de cette pourpre
Le jour tombait déjà,
La terre disait sa dernière prière,
Les oiseaux affolés s'énervaient,
Ils te maudissaient sans méfiance,

Tu t'es couvert d'un manteau de sang.

Les ombres marchaient en désordre,
Dans le ciel plus de nuages,

Le monde tumultueux se tut.

Soudain
Une explosion creva
la nuit
Détruisant mon empire conjugué :

À l'abri de ta force,
J'avais la joie d'être vaincu.

Au même moment je devins froid
Comme une pierre monumentale.

Devais-je mourir d'espoir ou de chagrin ?
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La fleur qui brandit sa corolle
Nettoie ses cils
Au murmure du vent,
Elle y demeure pour le long temps
L'émeraude de la plaine.

Elle pousse sur la montagne des sentiments
Orne le calvaire des trépassés
Il s'en faut peu pour la détruire.
L'horizon à ses pieds se prosterne.

La fleur qui brandit sa corolle
Est une compagne de chemin
L'homme qui la cueille s'envoûte
Elle demeure son idole.

La fleur douceur des journées sombres,
Fructifiant au sommet des collines :
Un soleil de sagesse
Un dimanche visible
Une journée lourde et ridicule

Une lune en plein jour.
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« L'autre bout du fleuve »

L'autre bout du fleuve noir porte
L'oiseau qui chante et pleure sans fin
Dans les bois, dans les taillis,
Pareil à une fusion d'or et de fer.

Touchante plainte à l'orée
Des champs où volète doucement
Un vieux papillon fin de gestes
Auquel s'ornent les vifs tourments.

Sur le sommet des collines
Qui dominent le fleuve impétueux
Sonne le grelot de l'aigle chasseur
Faucheur de vie.

Loin des yeux sous le soulèvement
De la tornade — révélation mystérieuse —
Le fleuve se déchaîne
Les réverbères se suivent, se dressent.

Et les buissons couverts de gouttes,
Et le rivage qui s'enfle,
Et les oiseaux qui sifflent,
Et les somnambules des branches

Portent une auréole. Tous ceux-là
Eh bien ! tous ceux-là sont de chez moi
Sur le chemin désert qui mène
À Yaou.

Et l'aurore se fait étrange
Quand à l'horizon l'assourdit
La chanson des écureuils
Là où sommeillent les lucioles.

L'autre bout du fleuve porte
En harmonie l'oiseau de bon augure
Dans les bois, dans les taillis,
Pareil à une fusion de fer et d'or.
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« Les Cèdres »

En partance vers des horizons nouveaux,
Naît cette patriote exubérante
D'un soleil quêtant un monde à part
Comme un papillon en quête d'une fleur.

Cette nuit fut fébrile au-delà de ma demeure.
Je pars, hors de cette tragédie bien affûtée,
Que je porte en banderoles autour de moi
Sans y perdre l'écho, qui interpelle le vent.

L'autre côté du chemin est sombre.
Qui s'est levé, à vrai dire, dans l'obscurité
Sans compter les pas laissant empreintes
Dans la boue où chante la cigale ?

Le crépuscule se chagrine : lui aussi rêve
du lendemain
Se charge d'entamer la profonde léthargie
Dans une chaumière peu éclairée et sobre
En bâillant aux étoiles comme vole le silence.

Quand les cèdres cesseront-ils de perdre leurs feuilles
Et de se mystifier ?
De racornir leurs ombres frustes,
Et de former un corps ailé cherchant asile ?
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« J'ai lancé mon chapeau »

J'ai lancé mon chapeau dans la clarté,
Au-dessus des puissants flots où les vagues,
Bercées par la brise, telle la jetée,
S'enroulent vers l'avant et forment bagues.

J'ai lancé mon chapeau dans la pénombre,
Là-bas au soleil luisant de gaieté,
Et sur les carrefours où gémit l'ombre,
Par un temps radieux et mouvementé.

J'ai lancé mon chapeau dans les gris nuages
Portant toute ma gloire à l'abreuvoir
Des songes ; le ciel au tiers voisinage
Écumait tout mon corps nourri d'espoir.

J'ai lancé mon chapeau dans les ténèbres
Contre un haut mur de lilas parfumés,
Où fuit le monde porteur de vertèbres,
Enclin à s'y abriter en secret.

Il est temps d'éprouver la joie de vivre
Des moments heureux, de se conformer
Selon la nature, à l'oiseau qui livre
Sa voix prenante à ceux qui vont aimer.
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