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Citations de Joseph Peyré (96)


La Grande Armée était enfin prête à franchir en masse le Danube pour déferler contre le plateau de Wagram. Saint-Armou sentait ses nerfs à vif. Ce qu'il souhaitait maintenant, c'était voir l'Empereur lui-même féliciter son escadron au soir de la bataille, et pouvoir lui crier: "Je suis pourtant un homme de Bailen!"
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Il acceptait la règle de la montagne ingrate, défendue par ses déserts, ses dieux, ses proportions démesurées, et par la puissance des éléments plus encore que par ses formes et ses abîmes.
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Et, déjà possédé par la soif du rocher, de la neige, de l’escalade, par la griserie de l’ascension, la brûlure de la pierre et de la glace sous les paumes, il dit à Nima, avec transport :
- Nous y serons bientôt, n’est-ce pas ?
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Ils étaient dans Zermatt plus de cent guides diplômés du Club Alpin Suisse, dont ils arboraient l'insigne, croix blanche sur champ rouge, à leur revers. [...] Masques striés comme noix sèches, ossatures énormes, corps tendineux et noués, ils étaient faits pour la patience, voûtés par le portage, ramassés pour grimper, pour crocher dans la glace et le roc de leurs pattes griffues, sclérosées par la pierre et le gel, et pour hisser les lourds poids morts. [...] Vieux ou jeunes, ils étaient tous du même grain, et leurs mains, enfouies au fond des poches des knickers, ou nouées derrière le dos, à la façon paysanne, portaient le cal du piolet, du rocher, de la corde, les stigmates de leur métier : la charge d'âmes à assurer vers les sommets.
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Pourquoi remuer les histoires des morts ? Ces vitrines étiquetées, ces souliers racornis, ces bouts de corde rompue des trois frères Knubel, et ces pauvres bêtes empaillées et pressées en troupeau, aigle d'or et choucas plantés sur des bouquetins poussiéreux étaient d'une tristesse à faire fuir même un Anglais entre deux whiskies.
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Il montait doigts crispés, corps tendu, dans le seul effort de ne pas buter, de ne pas s'abattre, soutenu aux aisselles par une inertie monstrueuse. Léthargie. Le sommet de l'Everest ? ... L'Everest ? ... des nuages, quel froid ! des doigts qui tombent, un vertige, un pied qui s'arrache, un pied porté en avant, un poids énorme arraché lui aussi, vide de pierre délogée avec une douleur, là où était le cœur. C'est le secret de l'Everest que de savoir s'il ne réalise pas dès ce monde le seuil matériel de la mort. S'il n'offre pas dès cette terre le passage où l'homme mi-évanoui meurt en marchant en perdant connaissance. En passant réellement, d'une pierre à l'autre, de notre monde à l'au-delà.
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Parvenu à la prise qu'il connaissait comme les guides situent toutes les prises de ce chemin battu du Matterhorn, assez précisément pour les retrouver d'une seul morsure de piolet lorsque vient le verglas et même remarquer celles d'entre elles qui ont pu s'effriter entre deux de leurs passages, Jos-Mari s'arrêtait, s'assurait.
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J'avais la révélation du combat primitif dont la mise en scène et le décor de la plaza travestissent les lignes; la lente, la haletante défaite du fauve devant un homme désarmé qui, par le seul jeu intelligent du leurre, le réduit à l'épuisement et au désespoir.
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Enfin, je distinguais en face de moi les monteras et les ors des toreros massés dans le passage du défilé, la brève prison des angoisses où les hommes tournent comme des bêtes dans leur fosse, front bas, la main gauche mouillée de sueur sur les cornes de la cape serrée, palais et gorge secs à ne pas pouvoir saliver.
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Non, non, il n'est pas mort, [ ... ] Mais j'ai enfin vu... Lorsque je lui ai dit de me laisser là-haut, sur la Face, je l'ai vu repartir, passer. Il y avait, au fond de la brume, une porte de lumière, où le vent ne faisait aucun bruit... Il est maintenant dans le ciel
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La perturbation de l'ouest annoncée par les nuages n'amena pourtant qu'un commencement de blizzard, une chute de neige de quelques heures. Le temps pour Jos-Mari de voir par l'ouverture de sa tente un étrange paysage de tempête en mer. Car l'aiguille de glace qui dominait le camp, dressée en pleine tourmente, et frappée par les vagues de neige comme un phare perdu, s'enveloppait de brumes blanches et d'embruns où semblaient se briser, s'abattre avec des cris des vols de migrateurs arctiques, et où chaque rafale réveillait la plainte de la bouée-sirène de détresse. Mais les gros temps n'étaient pas encore venus. Dans la nuit, des traînées d'étoiles s'allumèrent, bientôt éteintes par l'apparition d'une lune dilatée, dont l'éclat blanc, illuminant par l'intérieur les transparences de stalagmites des séracs, et embrasant de son scintillement les cristaux de la neige fraîche, éclaira quelques instants pour l'exilé une crèche de Noël féerique.
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La tête de l'expédition enfin, araignée noire tissant sa toile du matin, traînait avec elle son fil, le fil de vie qu'elle qui tisserait jusqu'au camp le plus élevé, afin de soutenir, de nourrir au seuil du sommet l'effort du dernier homme.
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L'oncle Jeantine avait été son vrai maître d'école, l'autre ne parlant que des Gaulois ou des Mérovingiens, et jamais des choses et des gens du pays. Or, avec l'oncle Jeantine, Jausèp avait appris que sa petite patrie était le Béarn, la plus belle province de France, et que cette patrie s'étendait jusqu'à la montagne des Pyrénées.
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Fou de liberté, de lumière, de bruit, le jeune taureau avait balayé toute l'étendue de l'arène, désarmant les banderilleros, les faisant fuir de toutes parts, s'envoler par-dessus la barrière. Il venait d'en pourchasser un jusqu'à la palissade, et, déchirant de la corne la cape rose qu'il lui avait arrachée, et qui l'aveuglait, la musculature du garrot hérissée, il faisait sauter les planches de l'obstacle. Puis il se retourna, menaçant, vers l'espace qu'il avait vidé.
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J'avais encore dans les oreilles le silence de celui que j'avais vu à Saragosse, le silence qui règne sur tous les mouvements des fauves et ajoute à leur mystère, la voix du mayoral de l'élevage qui manœuvre lui-même les condamnés "Huera, hu hu hu", et le souffle d'émotion de la bête tournant au fond de sa fosse, dans la ténèbre des volets fermés.
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Escadron blanc, déjà largué comme un vaisseau, aucune voix n'en parvenait plus à la terre. A peine si, de loin en loin, le silence du soleil laissait la plainte d'une bête venir frapper les murs, éveiller un écho aussitôt éteint.
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Le cas d’Henri Troyat est comparable à celui de Joseph Peyré : l’un et l’autre n’ont jamais pratiqué l’alpinisme, mais l’un et l’autre ont écrit des œuvres qui comptent parmi les meilleures de la littérature alpine romanesque.
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-La montagne n'est pas aux morts. Il faut laisser les morts dormir... Il ne faut pas écouter ceux qui veulent faire du Matterhorn un cimetière.
L'avertissement était pourtant donné.
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Sans doute fallait-il avoir connu les expéditions et leurs campagnes de Russie, la peine lente des approches, la lassitude des séracs, les pièges d'un Mur de Glace toujours prêt à fondre en débâcle et à briser en avalanches, l'épuisement du soleil et la tourmente du blizzard, l'épreuve des replis sur les camps d'en bas, le sursaut des retours, des attaques tardives et menacées par la mousson; sans doute fallait-il avoir déjà touché le seuil de la victoire, être monté jusqu'à la limite de la vie et avoir été, comme tous les autres, paralysé par l'asphyxie, l'indifférence, les fantômes, le délire du vent acharné, être arrivé à ce point de rupture où le cœur peut céder; sans doute fallait-il avoir désespéré comme un jour Mallory, l'archange en personne, jurant de ne pas prendre part à la suprême tentative où la mort l'attendait; sans doute fallait-il avoir souffert pareil désastre pour goûter comme le faisait le vieux Mac, fumant sa pipe dans le vent avec des étincelles, cet espoir de victoire et cette matinée de conquérant.
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Un jour enfin, comme s'il eut senti qu'il était temps, l'Everest finit par déchirer ses bancs de nuages et par apparaître au fond du couchant. Peut-être s'était-il caché jusque-là -"mauvais temps pour l'Everest"- et entouré de nuées, pour surgir d'un seul coup dans toute sa puissance, au lieu de rester en vue, et de se dégager lentement, jour après jour, des chaînes himalayennes qui en mesurent la monstrueuse hauteur. Peut-être avait-il voulu laisser à ses nouveaux fidèles le soin de le mériter, dans l'épreuve et la méditation des étapes, en leur refusant jusque-là le secours d'une apparition qui les eut dispensés de la foi.
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