En 1857, Gustave Flaubert , Charles Baudelaire et Eugène Sue sont poursuivis. Flaubert, d'abord, en février, pour son premier roman Madame Bovary, jugé scandaleux parce que complaisant dans la narration des aventures extraconjugales d'Emma. Il est acquitté, mais blâmé pour "le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères ". Le jugement se permet même de rappeler Flaubert que la littérature a pour mission "d'orner et de récréer l'esprit en élevant l'intelligence et en épurant les mœurs".
Le 16 avril 1851, Napoléon dicte le septième codicille de son testament par lequel il lègue à Léon trois cent mille francs. Cette disposition doit rester secrète, n’être révélée qu’au bénéficiaire et détruite sitôt exécutée.
« Cette somme sera employée à lui acheter une terre dans le voisinage de celle de Montholon ou de Bertrand. Cette acquisition sera faite dans l’année de ma mort. Si cet enfant était mort ou mourrait sans tester avant l’âge, ce bien serait donné Alexandre Walewski »
Comme le temps était triste quand je t'ai quittée. Il pleuvait. Il y avait des larmes dans l'air.

Une femme, quand elle est jeune, est plus sensible au plaisir d'inspirer des passions, qu'à celui d'en prendre. Ce qu'elle appelle tendresse n'est le plus souvent qu'un goût vif, qui la détermine plus promptement que l'amour même, l'amuse pendant quelque temps, et s'éteint sans qu'elle le sente ou le regrette. Le mérite de s'attacher un amant pour toujours ne vaut pas à ses yeux celui d'en enchaîner plusieurs. Plutôt suspendue que fixée, toujours livrée au caprice, elle songe moins à l'objet qui la possède qu'à celui qu'elle voudrait qui la possédât. Elle attend toujours le plaisir, et n'en jouit jamais : elle se donne un amant, moins parce qu'elle le trouve aimable, que pour prouver qu'elle l'est. Souvent elle ne connaît pas mieux celui qu'elle quitte que celui qui lui succède. Peut-être si elle avait pu le garder plus longtemps, l'aurait-elle aimé mais est-ce sa faute si elle est infidèle ? Une jolie femme dépend bien moins d'elle-même que des circonstances ; et par malheur il s'en trouve tant, de si peu prévues, de si pressantes, qu'il n'y a point à s'étonner si, après plusieurs aventures, elle n'a connu ni l'amour, ni son cœur.
(Claude Prosper Jolyot de Crébillon , 1707-1777)
Le XIXème siècle, poursuivant sur cette lancée, vient rebattre les cartes ...
Jean de La Fontaine (1621-1695) - Le fabuliste a occulté le conteur. Et pourtant, celui dont les enfants apprennent par coeur les fables anthropomorphiques s'est adonné au plaisir peu solitaire du conte licencieux. En 1693, croyant mourir, il renie ses contes devant une délégation de l'Académie et reçoit le viatique.
[...] il n'est rien que les coquines ne fassent, rien que leur lubricité n'invente, aucun goût qu'elles ne préviennent, aucune passion qu'elles n'échauffent ; tantôt victimes, et tantôt prêtresses [...].
(Marquis de Sade, Justine ou les Malheurs de la vertu, 1791)
La lune se couchait, et le dernier de ses rayons emporta bientôt le voile d'une pudeur qui, je crois, devenait importune. Tout se confondit dans les ténèbres. La main qui voulait me repousser sentait battre mon coeur. On voulait me fuir, on retombait plus attendrie. Nos âmes se rencontraient, se multipliaient : il en naissait une de chacun de nos baisers.
Devenue moins tumultueuse, l'ivresse de nos sens ne nous laissait cependant point encore l'usage de la voix. Nous nous entretenions dans le silence par le langage de la pensée.
("Promenade avec madame T...", Baron Denon Dominique Vivant)
On vit un jour, paraît-il, Gérard de Nerval traînant au bout d’un ruban bleu un homard vivant dans les galeries du jardin du Palais-Royal. L’histoire fit le tour de Paris. « En quoi, expliquait-il, un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas… »

Est-elle parvenue à cet âge où ses charmes commencent à décroître, où les hommes indifférents pour elle lui annoncent par leur froideur que bientôt ils ne la verront qu'avec dégoût, elle songe à prévenir la solitude qui l'attend. Sûre autrefois qu'en changeant d'amants elle ne changeait que de plaisirs ; trop heureuse alors de conserver le seul qu'elle possède, ce que lui a coûté sa conquête la lui rend précieuse. Constante par la perte qu'elle ferait à ne l'être pas, son cœur peu à peu s'accoutume au sentiment. Forcée par la bienséance d'éviter tout ce qui aidait à la dissiper et à la corrompre, elle a besoin pour ne pas tomber dans la langueur de se livrer tout entière à l'amour, qui, n'étant dans sa vie passée qu'une occupation momentanée et confondue avec mille autres, devient alors son unique ressource : elle s'y attache avec fureur ; et ce qu'on croit la dernière fantaisie d'une femme est bien souvent sa première passion.
(Claude Prosper Jolyot de Crébillon - 1707-1777)