Citations de Joséphine Bacon (95)
J’ignore si demain me gardera intacte
Je dis que l’espoir de se laisser être
Éloigne le désespoir
Tu es musique
Tes nuages sont sans frontières
Quand ils s’approchent
Leurs odeurs se parfument de brume
Tu danses la pureté des gouttes
Les yeux éteints
Je perçois ta beauté
Tes mélodies
Je dépose du tabac
En offrant sur une pierre
Je te suis redevable
Pour ma liberté
mes os ont mal
frémissant du manque de mots
une douleur se fige
sans pouvoir raconter
qu’un hier lui échappe
je rêve d’un seul récit
qui dicterait sans faute
toute une vie vécue
tu ne me regardes pas
tu ne me vois pas
tu ne m’entends pas
tu ne m’écoutes pas
tu ne me parles pas
tu es ici en conquérant de ma Terre
tu m’emprisonnes dans ma Terre
tu me prives de mon identité
tu me prives de mon territoire
tu m’enchaînes dans des réserves que tu as créées
tu veux être maître de mon esprit
qui suis-je ?
tu ne me connais pas
tu m’appelles : Montagnais
tu m’appelles : Cri
tu m’appelles : Tête de boule
tu m’appelles : Algonquin
tu m’appelles : Naskapi
tu m’appelles : Abénaki
tu m’appelles : Micmac
tu m’appelles : Huron
tu m’appelles : Iroquois
tu ne connais pas mes légendes
tu ne connais pas mon histoire
n’attends pas que je me fâche telle une tornade
n’attends pas que je me libère de mes chaînes
Ne me tue pas d’être vivante
Ne me tue pas de sourire
Ne me tue pas d’aimer
Ne me tue pas d’être humaine
Tu-moi
Si j’oublie
(Page 90)
Les ancêtres m'ont dit:
"Ton âme a rêvé bien avant toi.
Ton coeur a entendu la terre."
J'ignore si demain me gardera intacte
Je dis que l'espoir de se laisser être
Éloigne le désespoir
Je rêve aux lacs de ma terre
Aux étoiles qui s'y mirent
Tout est calme dans la Toundra
Le silence est vrai
Les bulldozers ne crachent plus leur fiel
Je suis seule avec ma prière
Je cherche l'étoile du caribou
Mon guide
(" Un thé dans la Toundra")
Je porte ma grand-mère sur le dos
Mes genoux ploient
Sous tant de sagesse
J’ai besoin de la nuit pour la tristesse
J’ai besoin de la nuit pour t’écrire
J’ai besoin de la vie pour vivre
J’ai besoin du présent pour être
J’ai besoin du passé pour durer
Demain m’ignore
Son corps est toundra
Du coin de l'oeil
Je l'observe
Son âme danse
Avec les aurores boréales
Tout horizon rêve
De sa beauté
Une nuit d'étoiles nous invite
Elle nous raconte
La Grande Ourse
Les aurores boréales
Dansent les gestes de la terre
C'est la nuit des cicatrices qui pardonnent
Utshekatakuat tshuauinauat
Shipua tshuauitamatin
Ka ishi-takuak tshishikut tshuauiten
Shakaikana tshuauitamatin
Eshpitashkamikat tshuauiten
Mushuau-assi tshuauitamatin
Anisheniuat tshuauinauat
Uashtuashkuan tshuauitamatin
Uashku tshuauiten
Nutshimiu tshuauitamatin
Tu parles d'étoiles
Je te parle de rivières
Tu parles d'astres
Je te parle de lacs
Tu parles de l'infini
Je te parle de la toundra
Tu parles d'anges
Je te parle d'aurores boréales
Tu parles des cieux
Je te parle de la terre
Joséphine Bacon
Musique de mon cœur
Laisse le vent caresser la vie
Une tendresse pour un pas de danse
Une salle de bal tapissée de lichens
Et de constellations
Dessine mon infini
J’ai grandi avec l’espace
Les voix sont simples
Parfois j’emprunterais
Les mots des poètes
Tu es là
Je suis là
C’est chez toi
Que tu me fais
Entendre la Terre
Tu me promets une terre pure
Où tu existes
Missinaku m'abreuve
Papakassiku court avec moi
Le lichen me nourrit
La mousse soigne mes larmes
Je reviens à la grande étoile
Mon guide
C'est ici que je danse
Avec les aurores boréales
Étendue, je n'agonise pas
Ce soir la lune déborde
Une mélodie raconte un son
Une incantation de tambour
Chante une terre
Un loup hurle sa joie
Les caribous sont là
Le coeur bat
Un rythme sonne un sourire
Une danse invite
À la musique
Où les pas laissent leurs traces
Ce matin
Il neige à gros flocons
Je m’attarde à mon rêve
Je suis au pensionnat
Septembre, je pars avec mes parents
Sur le territoire
Je suis le saumon qui remonte les chutes
Et fraie les eaux pour la pondaison
Cette fois, impossible
Car je dois apprendre à lire et à écrire
Mon savoir devra apprendre à prendre le temps
Je dois être absente
De l’enseignement de mon identité
Aujourd’hui est aujourd’hui
J’enseigne mon identité
Dans une salle de classe
Je redeviens moi
Dans un rire
J’ignore si demain me gardera intacte
Je dis que l’espoir de se laisser être
Éloigne le désespoir
Cette nuit je cherche des mots
Des mots qui sonnent musique
Des mots qui peignent couleur
Des mots qui hurlent silence
Des mots sans dimension
Cette nuit mon dos se courbe
Mes genoux fléchissent
Tu es la nudité du monde
J'amène mon bâton de parole
Et m'adresse aux étoiles
Je m'assois pour le repos de mes pieds
Je sais être seule pour entendre
Les aurores boréales
Je dandine
Dans le bleu du bleu
D'une nuit qui endort
Mon grand-père l'ours
L'horizon sera là
À m'attendre
Et me conduira à la rivière
Au courant
Trompeur parfois
J'arrive enfin
À la terre qui espère
Ma venue
Tu es mon rêve long
Je mendie des années pour te connaître
Mes rides n’ont plus d’âge