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Critiques de Joséphine Bacon (53)
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Un thé dans la toundra

C’est l’histoire d’un petit recueil de poésie, trouvé sur mon chemin, un jour de neige égaré dans l’hiver parisien.

Point de toundra à l’horizon, ni de caribous, encore moins de loups,

Juste quelques gorgées de thé brûlant pour oublier froid et vent.

Et voilà que ce thé de la Toundra, breuvage des ancêtres innus d’une poétesse canadienne

A aboli le temps, élargi l’espace.



Plus de murs, vaste l’horizon, immense l’espace

Langue syncopée de Terre nue, de feu, de glace

Brisures de vent, poussières boréales

La sagesse de Joséphine berce mon coeur

La musique de l’étoile du caribou éclaire mes pas

Il n’y a plus d’obstacle à l’infini

Toundra !



« Je ne suis pas l’errante de la ville

Je suis la nomade de la Toundra » devenue.

Aux rythmes de vers essentiels qui m’entrainent

« Je vis au présent le passé des ancêtres »

Poésie sauvage, tendre, émouvante et lumineuse

Hymne à l’identité innue, à la nature parfumée de couleurs

J’entends ta liberté !



« Si un jour tu vas à la toundra, tu sentiras que la Terre te porte. »

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Uiesh - Quelque part

Davantage encore que pour " Un thé dans la Toundra ", j'ai été éblouie par ce recueil , plus profond et abouti. Sans doute que l'entrée dans la vieillesse confère à Joséphine Bacon cette sagesse empreinte de sérénité et une perception plus intense de la nature, et surtout un attachement viscéral à ses racines inuites. Son chant est pur et inspiré:



" Mon ombre se confond à mon âme

Ma vie vieillit au son du tambour

Qui rejoint mes rêves "



On se laisse glisser dans ce paysage de lac et de forêts, de neige et de glace, sous la protection des Anciens, on ressent les vibrations du tambour, on regarde s'élever une volée d'outardes...



Joséphine Bacon sait avec des mots simples et justes nous transporter dans son univers sauvage encore préservé, mais en danger:



" Je suis envahie de tristesse

Les nuits sont longues

Une tempête s'annonce

Mon inquiétude



le climat trompe le temps"



Laissez-vous envoûter par cette incantation à la Terre, la puissance de ce lien lumineux au pays des ancêtres.



" Je suis Innue dans mes veines

Je suis Innue dans mon coeur rouge"



Bel hommage à son peuple , à ses origines! Emouvante et nécessaire transmission par les mots inscrits dans le temps!







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Un thé dans la toundra

J'ai écouté la voix.

J'ai vibré au son du tambour.

Sans les comprendre, j'ai lu et aimé les mots en innu aimun, échos aux poèmes écrits en français. Incantatoires, hypnotisants.



Joséphine Bacon nous entraîne dans la toundra de l'enfance, celle vers laquelle elle revient, toujours. Sur la côte Nord du Saint-Laurent.



Et ses textes purs et essentiels nous touchent. Ils ramènent au monde minéral, à la nature sauvage, aux ancêtres planant autour de la communauté innue. Ils célèbrent les origines, que l'auteure ne cesse de préserver à travers ses écrits et ses traductions. Ils nous font entrevoir un monde de spiritualité où l'homme fusionne avec son environnement, nous font entrer dans la danse , nous " murmurent un chant ancien"... Les images sont saisissantes de justesse, de beauté:



" Au loin le chant des loups

Tel un fado qui pleure l'absence"



Ou



" Je suis seule avec ma prière

Je cherche l'étoile du caribou

Mon guide"







Je vous promets un voyage sensoriel, où les aurores boréales flamboient, où les rivières chantent, une évasion musicale, des mots inspirés et sincères, dédiés à un peuple indien. Alors prenez , vous aussi, un thé dans la toundra, vous ne le regretterez pas...











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Kau minuat : Une fois de plus



C'est le troisième recueil de Joséphine Bacon que je me procure. J'aime ses mots inspirés, son désir de préserver la mémoire de ses origines amérindiennes, de revenir dans les pas des ancêtres, au coeur de la nature.



Sans doute est-ce dû à la vieillesse qui grignote le temps, j'ai trouvé celui-ci plus nostalgique, la tristesse, les pleurs sont souvent présents:



" Seule à pleurer

Ma joie brisée

Demande une trêve



Ce soir je suis seule

A m'attendre"



Mais la volonté de vivre, l'envie d'avancer , de témoigner de son peuple restent les plus fortes:



" Parfois je pleure

Parfois je sombre

Mais toujours

Je redresse mon dos



Un encrier écrit ma mémoire"



Les poèmes les plus beaux, les plus émouvants sont pour moi ceux où l'esprit des anciens, la fusion avec les éléments résonnent dans l'âme. Comme ces mots si imprégnés de nature:



" Être les bourgeons

Du bouleau ancêtre

Être les feuilles

Qui chantent avec le vent

Attendre l'hiver avec lui

Renaître

Même nu



Mes racines sont vivantes"



Magnifique, non?



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Amun

Michel Jean, écrivain et journaliste innu a rassemblé neuf autres auteurs amérindiens (de différentes premières nations) pour réaliser ce recueil de nouvelles, Amun. Chacun y est allé de sa propre idée, de sa propre inspiration, créant ainsi un résultat assez hétéroclite et combien approprié. Le lecteur a droit à des histoires d’une autre époque, d’autres plus récentes voire tout bonnement d’actualité, traitant de sujets variés.



Les premières nouvelles m’ont laissé une drôle d’impression. Je ne les ai pas détestées mais je ne peux pas dire non plus que je les ai aimées. Je dirai du moins qu’elles m’ont surpris, évitant les stéréotypes sur les Indiens.



C’est la quatrième qui m’a accroché. Le chamane lakota, de Virginia Mésémapéo Bordeleau. Charly est à la fois chamane et médecin, à cheval sur les deux mondes, récemment séparé et encore jeune. Lors d’un congrès, il rencontre Julia et se sent attiré par elle alors que la jeune femme ne cherchait qu’un guide spirituel. Je ne peux pas expliquer pourquoi mais elle m’a intéressé, l’histoire de cet homme, l’incarnation-même de son occupation mais fait de chair et d’os et ayant des besoins comme tout le monde. C’était très moderne.



La nouvelle suivante m’a également beaucoup plu. Neka, de Naomi Fontaine. La narratrice raconte l’histoire (ce qu’elle en sait) de sa mère et la nouvelle se transforme graduellement en un portrait, celui d’une femme courageuse dont elle est fière. C’était très touchant. Tous ces petits moments qui sont recréés sont aussi l’occasion pour la narratrice de revenir sur quelques moments de son enfance. Ainsi, ces deux parcours, criants de réalisme (et de vérité ?) permettent de mieux comprendre le vécu de beaucoup d’Amérindiens.



Ces deux nouvelles m’ont amené à vouloir relire les premières. Je les ai un peu mieux appréciées, elles ne sont pas devenues des coups de cœur mais je leur ai trouvé des qualités qui m’avaient échappées à la première lecture.



J’ai ensuite enchainé avec les dernières nouvelles. Je les ai trouvées correctes, sans plus. Il n’y eut pas de révélation cette fois-ci et c’était un peu décevant. Je termine donc ce recueil sur une impression mitigée.
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Amun

Amun est un recueil de nouvelles qui constituent autant de facettes et de portraits contemporains des indiens du Canada - avec pour chaque auteur, l'indication de son peuple d'appartenance. Entre mal-être, recherche de son identité autochtone, déception amoureuse, deuil difficile à faire, c'est une palette de sentiments universels qui y sont décrits avec toujours en fond une référence à l'indianité et les traumatismes liés à l'effacement forcé et la négation d'une culture et d'une histoire. Les dix nouvelles proposées évoquent entre autres l'adoption d'une amérindienne par des parents blancs, une jeune femme partagée entre deux cultures - écartelée entre deux sociétés, le départ pour la chasse de l'homme de la famille, sa femme évoquant son inquiétude, ou la survie d'une jeune femme en plein hiver qui déploie toute son ingéniosité pour s'en sortir...

Amun rassemble des récits intimistes et subtils pour évoquer l'appartenance, la filiation ou les souvenirs - par le récit des anciens, qui illustrent la variété des innus et inuits. Certaines nouvelles reprennent le parlé québécois, d'autres auteurs font preuve d'une grande poésie. Tous les textes illustrent l'universalité des sentiments, enrichie par le vécu et la voix des auteurs autochtones.

Un recueil qui permet d'en connaître un peu plus sur les écrivains des première Nations, tous reconnus et récompensés de prix littéraires ou de poésie, une opportunité pour découvrir chacun des auteurs et approfondir leur univers propre.

Je remercie Babelio et les Editions Dépaysage pour cette très belle découverte et j'ai apprécié également le livre en tant qu'objet, un format inhabituel et un papier de très grande qualité.
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Wapke

Le livre se présente comme un recueil de nouvelles d'anticipation autochtone. Je crois par contre que si vous êtes fan de littérature d'anticipation, cette lecture n'est pas pour vous. Parce qu'au final, beaucoup des nouvelles du recueil sont des variations sur la même trame : Le système actuel est tombé, que ce soit par une crise climatique ou économique. Et le protagoniste s'adapte à un mode de vie où manquent certains luxes, mais y retrouve un sens de la communauté qui manquait à la vie d'avant.



Beaucoup de ces nouvelles sont excellentes, mais gagneraient à ne pas se trouver coincées entre deux autres trop semblables.Par contre, si vous êtes plutôt fan de littérature générale/réaliste, cela peut certainement vous plaire. Parce qu'en dehors du worldbuilding, la forme, le style, l'exécution et la voix de chaque nouvelle est unique. Les palettes de personnages sont riches et originales.
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Wapke

Une série de nouvelles d’anticipation écrites par des auteurs autochtones talentueux.



Wapke signifie « demain » en langue atikamekw et le livre est un peu une commande de récits de science-fiction faite auprès d’auteurs qui ne touchent habituellement pas ce genre de littérature. On a donc ici surtout des récits post-apocalyptiques un peu convenus, avec les problèmes des changements climatiques et la destruction de l’environnement causée par l’industrie d’une part et d’autre part un groupe autochtone résilient qui survit grâce aux savoirs traditionnels.



Je caricature un peu, mais pour des nouvelles « d’anticipation », je n’ai pas été éblouie par un foisonnement d’imaginaire. Il faut dire que le quatrième de couverture est explicite lorsqu’il qualifie le recueil « abordant des thèmes sociaux, politiques et environnementaux d’actualité ».



Au final, un recueil inégal, mais une première tentative du genre qui a le mérite de rassembler des auteurs de qualité dont on a intérêt à découvrir les autres œuvres.

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Uiesh - Quelque part

Un recueil de poésie bilingue - français/innu-aïmun - que j’ai lu avec délectation, je me suis laisser bercer par la simplicité des mots, c’est beau, très beau.

Une ode à la vie, je ne peux que vous le conseiller, c’est une poésie parlante, pour tous, les mots raisonnent en nous, pas besoin d’être Innu pour goûter les mots de Joséphine Bacon.

Un grand merci à l’émission Lire en chœur et tous les participants qui depuis 18 semaines nous offre des prescriptions littéraires et nous permettent de découvrir la littérature québécoise entre autre.
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Amun

Tout d'abord je remercie Masse critique et les éditions Dépaysage pour l'envoi de ce livre.

Un grand bravo aux auteurs et autrices présents dans ce recueil, j'ai littéralement adoré ce bouquin.

J'aime beaucoup les récits sur les amérindiens, comprendre leurs traditions, leur rapport à la nature et aux autres, j'ai été servi tout au long de ma lecture qui n'aura duré que 3 jours tant j'ai été happé par ces histoires.

J'ai particulièrement aimé "Où es-tu ?" pour sa beauté du texte et du rapport homme/nature et "j'ai brûlé toutes les lettres de mon prénom" pour l'écriture et l'impression d'avoir une québécoise avec son accent qui me narrait son histoire.



Un moment de délicatesse, de poésie marqué par une réalité poignante de la condition de ces hommes et femmes appelés "Autochtones ou Premières Nations" qui montrent comment ils ont dû et doivent encore se fondre dans la tradition "blanche" colonisatrice tout en étant toujours bien différenciés et relégués malheureusement très souvent au second plan.
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Amun

Avant tout je tiens à remercier tout particulièrement Michel Jean et les éditions dépaysage pour l'envoi de ce recueil de nouvelles écrites par des auteurs et autrices canadiens d'origine innue, huronne-wendate, métisse et crie.

Comme vous le savez, la culture amérindienne est basée sur la transmission orale : cet ouvrage l'illustre parfaitement. En l'ouvrant vous entendrez 10 voix singulières. Certaines s'ouvriront à vous sur le ton de la confidence au travers d'un journal ou de lettres, d'autres auront la saveur d'un conte raconté au coin d'un feu hivernal, ou peut-être aurez-vous l'impression que votre copine québécoise vous déballe son coeur et ses tripes au téléphone (le rendu auditif à la lecture est assez exceptionnel dans certaines et l'éditeur a eu le bon goût de ne rien modifier dans l'édition française).

Une pluralité de tons, donc, qui donne à penser de manières différentes l'héritage des premières nations. Tradition et modernité, métissage, nomadisme ou vie citadine, adoption, crise identitaire et communauté, racisme, statut, de nombreux thèmes sont abordés dans un tissus d'histoires qui ne se rejoignent que par leur extrême sensibilité à l'autre, à soi, aux croyances et à la nature. Un instinct de la chair traduit en mots. Car ce que vous murmurent ou vous crient toutes ces voix c'est qu'elles existent de toutes leurs forces, qu'elles écoutent avec acuité et qu'elles observent le monde d'un oeil aiguisé, le ressentent pour mieux s'en faire l'écho.
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Bâtons à message - Tshissinuatshitakana

J’ai véritablement découvert la poésie de Joséphine Bacon dans le contexte d’un concert de l’Orchestre symphonique de Montréal, cette année, dirigé par Dina Gilbert, intitulé « Voix de femme: ode à la vie », auquel elle participait. En direct et en préenregistrement, on pouvait l’entendre réciter, entre les œuvres, des poèmes tirés de ses recueils, et j’ai eu un vrai coup de cœur. Dans Bâtons à message, son premier recueil, une édition bilingue, elle aborde les thèmes entre autres des pensionnats, de la perte du territoire et de l’identité, du respect à la nature et à l’animal.



« Je me suis fait belle

pour qu’on remarque

la moelle de mes os,

survivante d’un récit

qu’on ne raconte pas » (p. 82)



En ces temps d’écoanxiété à laquelle nous ne pouvons échapper, je trouve beaucoup de réconfort à côtoyer ces auteur(e)s qui nous rapproche de la terre. Elle a gagné le Prix des lecteurs du Marché de la poésie de Montréal en 2010 pour ce livre.
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Un thé dans la toundra

Dans le prologue d’Un thé dans la toundra, troisième recueil bilingue de poésie de Joséphine Bacon, la poétesse raconte comment elle a rencontré la toundra pour la première fois, en 1995, lors d’un rassemblement d’aîné(e)s à Schefferville. Elle lui rend hommage à travers ces poèmes, et nous invite à marcher dans ses pas, à défaut de la parcourir en vrai. Elle revient sur ses thèmes de prédilection : la dépossession de la terre, la perte du mode de vie et de la culture, la vieillesse… À travers son expérience de reconnexion, elle nous invite à être de quelque part, pour citer le titre de son deuxième recueil.



« Nous partageons

Un thé

Dans la toundra

Un réconfort

Face à l’infini. »

(p. 46)

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Uiesh - Quelque part

Uiesh - Quelque part est le deuxième recueil de poésie de Joséphine Bacon; il s'agit d'une édition bilingue, tout comme pour son premier, Bâtons à message. Avec des mots simples mais profonds, cette grande poétesse du Nutshimit (qui signifie « à l'intérieur des terres »), le territoire perdu des autochtones, en particulier ici ceux qui marchent les villes, l'évoque sous l'angle du vieillissement, de bien touchante façon.



« Quelque part

Dans cette ville

Je suis l'humain

Du moment



Je cherche mes traces » (p. 62)



J'ai lu ce recueil en regardant passer les outardes sur la rivière, qu'elle évoque d'ailleurs dans son recueil. Cela ne pouvait mieux tomber. De l'importance de se sentir de quelque part.
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Un thé dans la toundra

Joséphine Bacon, poète du Canada (Amérindienne de la province Innu) a de la neige et du vent dans les veines, mais aussi des mots. Née en 1947, également réalisatrice et parolière, est considérée comme une auteure phare du Québec. Arrachée à sa famille de nomades à l’âge de cinq ans pour entrer au pensionnat pour y apprendre à écrire et compter, elle se considère comme « une enfant de la Toundra ».



Ce qui aurait pu la détruire psychologiquement l’a rendue fière de ses origines qu’elle a pu étudier, puis faire connaître dans son pays et au-delà. La majuscule est importante, car la Terre chez les Innus est vraiment la mère de chacun. Leurs croyances, longtemps méprisées par les évangélisateurs de tout ordre, ont au moins le mérite de placer la Terre au-dessus de tout « pieds nus / je sais que je suis chez moi », « j’arrive enfin / A la terre qui espère / Ma venue ». Le regard bleu de Joséphine Bacon porte en lui l’extrême empathie et la générosité qu’elle porte sur les humains, mais aussi sur les mondes animal, végétal et minéral. Un regard bleu où brille l’étincelle sombre de la souffrance passée de ces peuples premiers, décimés dans cette grande mondialisation du génocide, dénoncée aussi par Jean Metellus en Haïti.
Lien : http://www.unidivers.fr/jose..
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Amun

Recueil de nouvelles amérindiennes édité dans la collection talismans de dépaysage dont c’est me semble-t-il le premier ouvrage.

Une très très belle lecture qui complète entre autre ma découverte du peuple Huron-Wendate lors de mon séjour à Wendake cet été

10 auteur•e•s d’origine Innue, Huronne Wendate, Crie....

J’ai particulièrement aimé deux d’entre elles:

« Mitatamun » (regrets) de Maya Cousineau-Mollen qui évoque avec une grande pudeur l’ histoire d’une adoption (thème cher à mon cœur)

Et le récit très poétique de Michel Jean qui débute ainsi :« Où es tu ? Cela fait une semaine que tu t’es enfoncé dans la forêt. On dirait qu’elle t’a avalé »

Cet ouvrage est pour tous les amateurs de nouvelles, pour ceux qui sont à la recherche de lecture autochtone, pour les passionnés du Québec, pour les curieux, pour ne pas oublier que « sur la plage de sable clair se distingue toujours nettement la poignée de terre rouge »
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Un thé dans la toundra

Joséphine Bacon nous invite à ses côtés dans la toundra canadienne, les mots en français sur une page, la langue innu-aimun sur l'autre.

On n'est pas là pour papoter en prenant le thé, on est là pour écouter. Écouter ce mystère amérindien qu'on ne peut saisir tout à fait, fait d'espace naturel, de liens ancestraux, de chants intimes. Se poser à côté de la poète et attendre l'arrivée du caribou.

C'est un livre où revenir pour entendre tous les sons.
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Amun



On ne sait trop si le filet rouge usé, en suspension sur la couverture, est emporté sans force dans les remous du vent, vole de son propre chef et selon son désir, ou suit le mouvement d'un pêcheur qui vient de le lancer. Les consciences qui habitent ces dix nouvelles cherchent leurs sentiers, sous la neige ou dans le vent, en faisant de l'auto-stop le long de la route 138 qui sort de la réserve ou en tenant la main de leur mère. Une interrogation latente bruisse sous les récits. le sentiment individuel entre en dialogue avec le fond culturel collectif innu, cri ou huron-wendate, le souvenir du colonisateur avec les portes nouvelles qui peuvent être poussées. L'un se perd corps et âme dans le "Grand Vide cosmique", une autre retrouve le chemin d'elle-même par la "force incarnante" d'une vision intime chamanique.



"Tout à l'heure, j'ai disposé des ossements de lièvre autour du camp, attachés à des fils, comme maman faisait chez nous. « Il faut honorer l'âme des animaux », disait-elle. Elle avait raison." (72)



Dans notre tradition familiale, entre causses aveyronnais et falaises héraultaises, on ne jette jamais les os et les arrêtes des animaux qu'on mange à la poubelle, ce qui heurte notre sens de la fraternité avec les êtres sensibles, mais on les disperse dans la nature à l'occasion de randonnées. L'approche innue est très séduisante et je l'insufflerai bien dans notre courant d'être, mais elle nous causerait sans doute des problèmes avec le voisinage…



"Les territoires sont toujours là." (17)



L'agencement des textes est soigneux. On glisse d'enfers en renaissances, de fictions en récits personnels. "Memekueshu" répond à "Où es-tu", l'émotion m'a saisie. Par le télescopage des imaginations, l'adolescente en motoneige entre en culbute avec la souffrance d'une nomade. Les créations les plus fouillées du point de vue de l'écriture sont celles qui m'ont le plus enveloppée : "Nashtash va à la ville", conte succinct et symbolique, "Harfang des neiges", poétique intérieure pleine d'images, et "Hannibalo-God-Mozilla contre le Grand Vide cosmique", imbroglio temporel si juste et représentatif de nos développements mentaux. Une voix murmure incontestablement, entre forêts du Québec et bitume de Montréal, qui porte en elle des accents singuliers, et qui par la grande magie de la littérature imprègne de son souffle la mémoire humaine et son devenir. Les voies de l'air, de l'imagination et des mots sont souples pourvu qu'on sache les négocier, les faire pénétrer jusqu'au cœur de l'homme reste plus délicat. Les auteurs de ce recueil s'y essayent avec adresse, force d'âme, tendresse et sincérité.



[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]




Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Bâtons à message - Tshissinuatshitakana

Les premiers poèmes de Joséphine Bacon recueillis dans un livre sont plus messages à déchiffrer, nécessaire sortie de l'ombre d'une culture massacrée (l'autrice est Innue, placée en orphelinat canadien pour "éducation"...), même si les images convoquées et l'énigmatique ne manquent pas de poésie. On a envie d'entendre la langue innue et mowak présentes dans cet ouvrage bilingue, la postface est très intéressante, le lexique nous emmène auprès des Esprits de cette terre, et cette parole écrite se reçoit cœur ouvert :

"Quand une parole est offerte,

elle ne meurt jamais.

Ceux qui viendront

l'entendront."
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Amun

Prêté par une amie, ce petit recueil de nouvelles écrites par dix écrivain(e)s amérindien(ne)s m'a d'abord séduit par sa jolie couverture (édition canadienne Stanké).

Les dix plumes qui y sont représentées sont tout à fait à l'image des nouvelles contenues dans ce livre: toutes différentes et similaires à la fois.

Les nouvelles sont très hétéroclites, et situées à des périodes chronologiques différentes, qui vont de cette jeune femme seule sous une tente avec son bébé, en pleine forêt et s'inquiétant du retard de son mari parti chasser, jusqu'`a cette autre qui cherche l'âme soeur sur internet, sur des sites de rencontre.

Toutes évoquent, à des degré différents, la difficulté d'être un "native" mal à l'aise dans ce monde blanc et chrétien qui s'est imposé à eux avec tant de violence. Certains arrivent à trouver leur place, pour d'autres c'est plus compliqué.

Une lecture un peu mélancolique parfois, mais instructive et intéressante.

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