Juan Carlos Moreno

Œdipe ne bougeait pas. Malgré les efforts des gardes pour le protéger, il fut atteint par un flot de pierres, de branches et de fruits pourris ramassés à terre. Désorienté, l’infortuné chercha l’aide de ses enfants, mais Etéocle et Polynice ne bougèrent pas d’un pouce. Seule la jeune Antigone poussa le bras d’Ismène qui tentait encore de la retenir. Défiant la pluie de projectiles, elle accourut pour lui donner la main et la releva difficilement devant l’assemblée immobile. L’éloignant, tant bien que mal, de la foule hostile, Antigone lança un regard furieux à ses frères. […].
―Père ne t’occupe pas de l’ingratitude qui habite tes enfants. Je serai dorénavant les yeux qui te permettront d’éviter les obstacles et le bâton sur lequel ton épaule fatiguée pourra se reposer pour continuer le chemin.

Ô sage Apollon ! pourquoi nous avoir choisi pour ce destin que personne ne peut désirer ? Je regarde le visage blême de ma mère et je l’aime. Je regarde son corps inerte et je le désire. Puissent les dieux ne jamais plus décider pour les hommes !

Encore un peu désorienté, il avait marché à l’aveugle, sans manger ni dormir, et avait finalement décidé d’escalader une colline pour observer depuis la cime s’il y avait une autre route. Il entrevit alors un chemin menant à la croisée de quatre sentiers ; […]. A l’intersection, il regarda vers le ciel, mais le soleil était à son zénith et il était impossible de s’orienter. […]. Il choisi au hasard le troisième chemin. S’il se trompait il pourrait se retrouver dans le Péloponnèse, à Corinthe près de ses parents et personne ne parviendrait alors empêcher la malédiction de s’accomplir.

Avec l’autorité des monarques, Laïos tendit le panier à son serviteur sans prendre la peine de regarder une dernière fois son contenu. A l’intérieur se trouvait un nouveau-né. Ménétes leva les yeux vers le ciel pour implorer la clémence. La tâche, abjecte, semblait insurmontable à ce simple berger et chaque fois, il se demandait s’il aurait suffisamment de courage pour la mener à bien.

Dans la mythologie grecque abondent les héros dont les vies ont été tracées depuis leur naissance par les dieux. Bien qu’ils soient persuadés du contraire, ces personnages ne sont jamais libres, et encore moins lorsque, ayant appris leur destinée de la bouche des Oracles, ils tente malgré tout de la modifier. L’exemple le plus évident du caractère inexorable du destin est incarné par le Thébain Œdipe, victime et acteur malgré lui de la malédiction que les dieux firent peser sur celui qui mit fin aux jours de Laïos. Œdipe sait que son destin est de tuer son père et d’épouser sa mère. C’est la raison pour laquelle, il abandonne Corinthe, afin de protéger Polybos et Péribée, qu’il croit être ses géniteurs. Cette fuite n’aura pourtant d’autres effet que de le conduire irrémédiablement sur le chemin de la réalisation de la prophétie.

Les trois navires avaient été préparés pour cette nouvelle expédition. Les navigateurs ignoraient le nombre de jours qu'ils devraient passer en mer avant d'atteindre la terre ferme. {...]Les coques des navires avaient été allégées et consolidées avec du bois enduit de goudron par l'ingénieux Gerd. Les voiles avaient été renforcées pour résister à des vents extrêmes et de violentes tempêtes. Après quelques heures de navigation, profitant des marées favorables, les têtes de dragon de Midborg filaient à travers l'eau écumeuse vers de magnifiques promesse.

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La magie de la Terre
La grande cordillère se dressait au-delà des eaux tempétueuses. De l'autre côté de cette muraille naturelle, le vent fouettait les vastes étendues de steppes, les rochers escarpés et les forêts obscures où réésonnaient parfois des grondements sembables à des coups de tonnerre en haute montagne. Tel était l'environnement hostile de Jötunheim, le monde des géants.

le "Seidr" était une altération de la perception, aussi formidable que risquée. Tout au long de son incomplète formation autodidacte, le dieu (ndr : Odin) avait appris que les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent et peuvent paraître ce qu'elles ne sont pas.

Ce guerrier connaissait mieux que quiconque le maniement des armes. Mais il n'aurait accompagner la petite troupe des archers si Hervor, sa petite-fille, ne lui en avait pas donné l'idée.
En effet, sitôt rapporter le butin de l'expédition, Hervor, dans l'intimité de leur maison, avait caressé la ligne sinueuse des arcs de sa main curieuse et inquiète. Elle aussi avait connu le travail physique dès son pus jeune âge. Sa peau était parsemer d'égratignure et de cicatrice. Personne ne s'étonna donc de voir cette adolescente s'emparer de l'un des arcs, le presser contre sa poitrine et s'efforcer de le tendre sous le regard expert de son grand-père.

Pendant que la jeune fille vaquait à la cuisine, Ragnar resta à ses côtés, attentif à tout ce qu'elle racontait et la traitait avec une extrême délicatesse. Le couple de vieux était incommodé par la situation, mais pour Kraka, tout cela était naturel. L'attention respectueuse dont elle était l'objet était celle que toute femme était en droit d'attendre d'un grand seigneur.
Leur conversation avait trait aux différentes espèces d'arbres qui peuplaient les forêts, aux habitudes des animaux et aux phénomènes de la nature que la jeune fille avait observé quotidiennement au cours de son travail des champs sans que personne ne les lui enseigne.