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Citation de fbalestas


La scène de l’aéroport a été tournée sept fois de suite. A chaque prise, quelque chose clochait. Polanski changeait d’avis ou la lumière ne convenait pas. Je refaisais les mêmes gestes et les automatismes s’installaient, me permettant de m’intéresser à d’autres choses qu’à mes mouvements : la veste de Johnny Depp, sa barbe qui semblait postiche mais ne l’était pas, la désillusion savamment étudiée qu’il affichait en marchant. A un moment donné, j’ai levé les yeux vers la plate-forme mobile et regardé le petit homme inexistant dans lequel Johnny Depp et les figurants évoluaient, le monde apocryphe où l’aéroport Charles-de-gaulle avait perdu son identité pour devenir Barajas. Je n’étais plus un écrivain débutant las de vivre à Paris qui allait bientôt partir en Belgique et s’installerait un an plus tard à Barcelone, mais le passager d’un vol venant d’atterrir à Madrid, ignorant que l’homme qui marche à ses côtés s’apprête à entrer en contact avec une secte satanique. Nous autres, jeunes gens de vingt-cinq à trente ans au profil méditerranéen, étions des éléments de ce monde parallèle placé sous les ordres de Roman Polanski, seigneur et maître de nos existences et des lois qui les régissaient. Il dirigeait nos mouvements, pouvait nos intimer l’ordre de parler si tel était son désir, contrôlait nos gestes dans cet univers fictif et, plus important, décidait de la façon dont on nous traitait.
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