AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de le_Bison


Mon histoire commence en février 1820, cinq mois après l'entrée victorieuse de Simón Bolívar dans la capitale de mon pays libéré de fraîche date. Toute histoire a un père, et celle-ci commence avec la naissance du mien, don Miguel Felipe Rodrigo Lázaro del Niño Jesús Altamirano. Connu de ses amis comme le Dernier Homme de la Renaissance, Miguel Altamirano est né à Santa Fe de Bogotá, ville schizophrène que j'appellerai désormais indistinctement Santa Fe, Bogotá ou Cette Foutue Ville. Au moment même où ma grand-mère tirait violemment les cheveux de la sage-femme et poussait des cris qui épouvantaient les esclaves, à quelques pas de là, on édictait la loi qui permit à Bolívar, en qualité de père de la patrie, de choisir le nom de ce pays tout juste sorti du four et de le baptiser solennellement. La république de Colombie - pays schizophrène appelé par la suite Nouvelle-Grenade, puis Etats-Unis de Colombie et même Ce Foutu Pays - était donc encore un nourrisson, et les cadavres des Espagnols fusillés n'avaient pas eu le temps de refroidir. Mais hormis la cérémonie superflue de ce baptême, nul autre fait historique ne marque ou signale la naissance de mon père. Certes, j'avoue avoir été tenté de la faire correspondre au jour de l'indépendance. Il m'aurait suffi pour ce faire de la reculer de quelques mois à peine. (Je ne peux m’empêcher à présent de me demander si cela aurait dérangé quelqu'un ou même si quelqu'un s'en serait aperçu.) En vous faisant cet aveu, j'espère ne pas démériter de votre confiance. Chers lecteurs et jurés, je sais que je suis enclin au révisionnisme et à la mythographie et qu'il m'arrive de m'égarer, mais je reviens toujours au bercail narratif, aux règles complexes de l'exactitude et de la véracité.
Commenter  J’apprécie          72





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}