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Critiques de Juan Gabriel Vásquez (138)
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Chansons pour l'incendie

De Juan Gabriel Vasquez, lu trois romans excellents mais jamais de nouvelles, un genre littéraire que j'affectionne particulièrement et que j'aborde chez lui pour la première fois, celui-ci étant son deuxième recueil publié. Vasquez ayant grandi à Bogota dans les années 70-80, ville sévit par la violence du baron de la drogue Pablo Escobar et de son cartel de Medellin, l'histoire individuelle rejoint toujours l'Histoire du pays dans ses romans, où la violence est une constante.



Dans ces neufs nouvelles, les personnages de Vasquez sont souvent rattrapés par leur passé qu'ils pensaient avoir à jamais enterré . Un passé non statique où les évènements suspendus par le temps et le silence finissent par un concours de circonstances qui semble dû au pur hasard (?) être élucidés et les secrets déterrés. L'auteur capte ces moments uniques , une dimension de l'histoire, émotionnelle, morale, non accessible aux journalistes et aux historiens, et que seul " la littérature et la fiction peuvent atteindre, cette zone de notre expérience humaine qui ne laisse pas de trace sur les documents". Construits comme des enquêtes, partiellement autobiographiques, des récits profonds et passionnants, traitant de sujets très divers. Et comme pour le fameux film " Blow up " d'Antonioni, où à chaque fois qu'on revoit le film s'y révèlent de nouveaux détails , ici la relecture est de même souvent nécessaire pour éclairer les recoins du labyrinthe de ce passé, qui n'est autre qu'une autre dimension du présent.

Dans la première nouvelle, "La femme sur la berge" , une photographe de guerre rencontre une femme déjà croisée dans le même contexte dans le lointain passé dans des conditions tragiques; vingt ans plus tard alors que cette femme n'a aucun souvenir d'elle, elle, nous entraîne à sa suite, à la recherche de la pièce manquante qui lui avait échappé d'antan . Dans "Les grenouilles ", la rencontre plus qu'improbable d'une femme et d'un homme à cinquante ans d'intervalle va déterrer de lourds secrets cruciaux pour les deux , bien que non partagés, chacun portant sa propre croix qu'il ou elle avait pensé avoir bien enterré.....

Bref voilà un avant-goût pour cet excellent recueil sur la mémoire, le poids du passé et surtout la violence, thèmes obsessionnels chez ce grand écrivain colombien !





"....l'inertie de la violence ressemble aux courants souterrains et profonds dans lesquels personne ne parvient à plonger la main."

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Une rétrospective

En 2016, Sergio Cabrera a soixante-six ans, marié trois fois (très bel homme , voir photo sur internet😊), quatre enfants, né à Medellin, a vécu en Chine, combattu dans la guérilla en Colombie et travaillé en Espagne et ne croit pas en Dieu. Cinéaste, fils d'une famille de militaires qui n'avaient pas appuyé le coup d'Etat de Franco, en exil en Colombie, il revient dans son pays d'origine à l'occasion d'une rétrospective de ses films à Barcelone, lorsque meurt son père Fausto, figure célèbre du monde du théâtre , du cinéma et de la télévision colombienne. « Rétrospective » est un retour vers le passé de la famille Cabrera, du père, de la soeur et du fils. de la guerre civile en Espagne à l'exil en Colombie, de la Révolution culturelle en Chine aux mouvements de guérilla dans les années 60 en Colombie, une expérience extraordinaire basée sur des faits et personnages réels. Sergio fut un disciple de son père, et tout ce qu'il accomplit dans la vie il l'a pu grâce au fait qu'il grandit dans son monde, mais chose étonnante ses souvenirs même édulcorés , dans l'ensemble résultent négatifs….pourtant en découvrant l'enfance et l'adolescence de Sergio on comprend vite d'où vient cette amertume envers un père et je dirais même une mère qui ont fait payer leurs propres conflits morals et émotionnels à leurs enfants.



Dans son dernier roman l'auteur colombien Juan Gabriel Vasquez revient sur son obsession de l'expérience personnelle mêlée étroitement aux oscillations de l'Histoire. Il connut Sergio Cabrera en 2002, alors qu'il était déjà un fervent admirateur de ses films et ils devinrent amis. C'est ainsi qu'il apprit la vraie histoire rocambolesque de la famille Cabrera qu'il eut envie de réécrire l'enrichissant par le biais de la fiction. Car pour Vasquez la littérature est un moyen pour éclairer le côté invisible de la réalité, « le côté émotionnel ou psychologique, parfois moral, des éléments historiques et sociaux qu'on ne peut pas atteindre autrement. ». Un moyen qui permet de découvrir les mécanismes cachés «  trouver les questions les plus justes », même si elle n'y apporte ni réponses ni solutions. A travers l'histoire intime de Sergio et sa famille prise dans les griffes des forces de la grande Histoire dont les grandes idéologies ont sillonné le XXè siècle : le Socialisme, le Communisme et le Marxisme, on suit l'évolution de ces derniers confrontés à l'illusion suivie de l'espoir pour en finir avec la déception, magnifiquement contés dans les deux épisodes majeures du livre, celles de la Chine maoïste , pays des moutons de Panurge et celle de la guérilla maoïste colombienne. On y retrouve la confusion et la paranoïa de l'organisation du régime maoïste déjà entrevue dans des romans chinois comme «  Nous qui n'étions rien » de Madeleine Thien, idem pour l'organisation de la guérilla maoïste colombienne. Sont aussi présentes certaines pages de l'histoire de la Colombie déjà sujets des livres précédents de l'auteur comme l'assassinat du leader libéral Jorge Elicer Gaitan de son sublime roman « Le Corps des ruines », mais aussi des personnages célèbres de la littérature, de la peinture, du cinéma, dont le médecin Hector Abad Gomez , le père de l'écrivain Hector Abad Faciolince le superbe personnage de son magnifique livre « L'oubli que nous serons », Fernando Botero,….amis de Fausto, Louis Malle…

L'homme dans son essence ne change pas, son ego, sa jalousie, sa cruauté, sa cupidité, ses instincts bestiaux refont très vite surface quelque soit l'idéologie choisie, capitaliste, maoïste, communiste, fasciste….et quelque soit la pureté des idéaux du départ. Même si on part d'un bon pied avec de bonnes intentions les circonstances font éclore très vite son côté maléfique.

Je viens de lire le cinquième livre de ce grand auteur, Vasquez est unique et comme toujours passionnant !





« Quand la lumière faiblit et que tout s'assombrit, disait-il souvent, la seule façon de ne pas se perdre consiste à regarder derrière soi. La lumière qu'on laisse nous indique qu'une autre nous attend. »



« Le chemin se fait en marchant


Le chemin se fait en marchant


Et quand tu regardes en arrière


Tu vois le sentier que jamais


Tu ne dois à nouveau fouler… »

(Antonio Machado)









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Le corps des ruines

66 ans aprés les faits, un homme est arrêté, suite à sa tentative pour dérober le costume que portait Jorge Eliécer Gaitán, politicien, mythe national, à son assassinat le 9 avril 1948 ( " jour légendaire"dans l'histoire colombienne ), de son ancienne maison désormais transformée en musée. Geste étrange,-"nulle part je n'ai trouvé la moindre spéculation, ne serait-ce qu'infondée, sur les motifs qui peuvent pousser un homme doué de raison à faire irruption dans un musée sous surveillance pour subtiliser la veste trouée d'un mort célèbre"-. Il s'appelle Carlos Carballo, un passionné de reliques ("une obsession qui frise l'irrationnel "), personnage très spécial, mais non unique dans son genre. C'est en partie son histoire que nous raconte ici notre narrateur, qui n'est autre que l'auteur. C'est autobiographique, tous les faits et noms ont existé.

Ce meurtre du 9 avril 1948, est en faites un tournant dans l'histoire de la Colombie, "le 9 avril représente un vide dans l'histoire colombienne, mais aussi de nombreuses autres choses : c'est un acte isolé qui a précipité tout un peuple dans une guerre sanglante, une névrose collective qui nous a poussés à nous méfier de nous-mêmes pendant plus d'un demi-siècle."

Vásquez est un génie pour éveiller notre curiosité. Dés les premières pages, il entrouvre une porte pour nous faire voir, soi-disant ce qui se cache derrière l'incident. Ce n'est que la première des multiples portes qui vont s'ouvrir, chaque porte s'ouvrant sur une autre, à la rencontre de personnages très particuliers, avec la promesse finale d'arriver à l'incident qui débute l'histoire ("un épouvantable engrenage qui ne devait s'arrêter qu'avec ce livre"). Inutile de vous dire que c'est passionnant. L'auteur y pose toutes sortes de questions existentielles face à un climat de terreur, qui ravage la Colombie dans les années 1980-90, où la mort peut toucher n'importe qui à n'importe quel moment, questionnant les limites de nos responsabilités -où commencent-elles et où se terminent-elles?- dans cette société dysfonctionnelle où les racines des maux sont multiples et profondes, un sujet terriblement d'actualité. Il nous met aussi face à la contradiction, l'ambiguïté et la dualité du caractère humain, le meurtrier, "le fanatique et le froussard", la victime, "un défenseur des libertés, pourtant il venait de faire sortir de prison l'assassin d'un journaliste"....rien n'est simple, par commencer par nous-mêmes.

"C'est une confession autobiographique et une réflexion sur l'héritage de la violence" ,les propres paroles de Vasquez, cette violence qu' hériteront ses filles jumelles . Mélangeant fiction et réalité avec des photos à l'appui, ravivant les fantômes du passé, l'auteur cherche la ou les vérités enterrées sous l'histoire officielle de deux meurtres celui de Gaitan et celui du général Rafael Uribe en 1914. Dans le même style que Javier Cercas à travers sa propre enquête et logique il creuse et déterre minutieusement " le corps des ruines", ces reliques de la violence qui fascinent plus d'un, pour éclairer les zones sombres des événements importants de l'Histoire et de sa propre histoire et arriver à "une ou des vérités" , qu'il pourrait transmettre aux nouvelles générations. L'imposture que Vasquez déclame haut et fort concernant ces meurtres perpétrés et maquillés au vu et au su de tous, cachant une conspiration de grande envergure n'est pas propre à la Colombie,ni au siècle dernier et est malheureusement toujours d'actualité.

La prose de Vásquez est sublime dont le mérite en partie revient à la traduction, et le texte regorge de références littéraires, une aubaine pour tous les passionnés de Littérature. Un livre très fort qui dénonce l'injustice tout court.





"..,,parce que le passé est contenu dans le présent, ou que le passé est un legs qu'il ne nous est pas possible d'inventorier, de sorte qu'au bout du compte, on hérite de tout : sagesse et démesure, réussites et erreurs, innocence et crimes."
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Le bruit des choses qui tombent

Un prof d’Université décide d’enquêter sur Ricardo Laverde , assassiné devant ces yeux, lui-même victime collatéral de ce crime. Qui était Ricardo ? La vérité permettra-t-elle à Antonio Yammara de prendre sa vie affective en main ?

Plongée passionnante dans la Colombie des années 70, puis dans celle de 90, et le terrible héritage laissé par les cartels, celui d’Escobar notamment.

Juan Gabriel Varquez passe d’une période à l’autre avec un vrai talent de conteur, ces portraits d’hommes et de femmes tentant de se construire un avenir sur les cendres sanglantes du passé sont des plus réussis. C’est juste, passionnant et remarquablement écrit. Juan Gabriel Vasquez s’impose depuis quelques années comme un auteur incontournable, héritier d’une Colombie sanglante, corrompue et violente. On comprend pourquoi en lisant « Le bruit des choses qui tombent ».



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Le bruit des choses qui tombent

Ricardo Laverde a ressurgi de sa mémoire. Un souvenir tenace et obsédant. Malgré la brièveté de leur relation, celle-ci aura eu de longues répercussions sur sa propre vie...

En 1995, à Bogotá, alors qu'Antonio Yammara n'a que 26 ans mais déjà titulaire de son titre d'avocat, il se lance dans le professorat. Après de longs débats avec ses élèves à peine plus âgés que lui, il se rendait régulièrement à la salle de billard. Paris entre deux cafés arrosés de cognac. C'est ici qu'il a rencontré pour la première fois Ricardo Laverde, un homme maigre aux cheveux grisonnants. Quelques rencontres au cours des parties de billard, quelques verres partagés, tout juste le temps d'apprendre que Ricardo est un ancien pilote, qu'il a écopé de 20 ans de prison et que sa femme, Elena, citoyenne américaine, doit venir lui rendre visite pour Noël. Malheureusement, elle n'arrivera jamais. Une bande-son, celle de la boîte noire de l'avion dans lequel elle était assise, l'informe que celui-ci s'est écrasé. Et, alors que les deux amis marchent dans la rue, deux motards s'approchent d'eux à vive allure, tuent Laverde et blessent Antonio.

Plusieurs mois après cet attentat, malgré la rencontre amoureuse et l'enfant, Antonio ne s'est pas complètement remis de cette journée tragique. Un appel d'une certaine Maya qui se présente comme étant la fille de Ricardo, lui demande de l'aider à mieux comprendre qui était son père. Ensemble, ils tenteront de mettre des mots et des images sur cet homme et les raisons de son assassinat...



Le bruit des choses qui tombent résonne encore une fois la dernière page tournée. Des années 30 aux années 90, Juan Gabriel Vásquez nous plonge dans cette Colombie soumise, meurtrière et ensanglantée des années 70 avec ses narcotrafiquants, ses bombes, ses guerres et Pablo Escobar. Sous une chaleur écrasante, dans l'odeur des arepas frites, les images défilent, les sons et les voix se font à nouveau entendre et ce sont tout autant de souvenirs qui remontent à la surface. A travers Antonio, l'on suit le parcours de Ricardo Laverde, de sa femme et de ces tragédies qui les ont séparés. L'auteur aborde de nombreux thèmes tels que la transmission d'une génération à une autre mais aussi les souvenirs. Est-il nécessaire, profitable ou au contraire néfaste de se rappeler le passé et jusqu'où celui-ci influe-t-il sur notre propre vie? De Bogotá à la campagne colombienne, des rues malfamées aux champs ensoleillés, l'on traverse ces vies bousculées. Dans un style luxuriant, ce roman passionnant nous fait voyager loin de nos contrées.



Le bruit des choses qui tombent résonne encore...
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Une rétrospective

Biographie romancée, roman de non-fiction, derrière ces qualifications il n'est pas toujours aisé de distinguer la part fictive de la dimension réelle. Encore moins lorsque l'auteur n'a nullement besoin de rendre plus romanesque une vie qui l'est déjà largement.

Retracer l'enfance et l'adolescence du cinéaste colombien Sergio Cabrera, c'est exposer une vie d'exil et d'aliénation familiale, de radicalité et de violence politique, de défaite et de désillusion avant même d'avoir atteint l'âge de vingt ans. C'est se perdre dans la jungle colombienne en compagnie des guérilleros des FARC après avoir vu son éducation confiée aux gardes rouges de Chine en pleine révolutions culturelle.

Mais lorsque Juan Gabriel Vasquez évoque cette jeunesse dédiée à la gauche prolétarienne, elle nous apparaît comme une parenthèse évanouie, lointaine, presque irréelle que la mort soudaine du père de Sergio Cabrera, Fausto, vient rouvrir et peut-être refermer définitivement. Outre le fait de redéployer une histoire intime que le temps patine et pour laquelle certains souvenirs brillent comme de simples reflets, on devine la tendresse distante que peut témoigner l'auteur envers son ami qui l'empêche de jouer les archéologues et de creuser trop profondément. Un voile noir est jeté sur ce passé, et l'auteur semble s'être donné pour règle narrative de faire défiler les images, à la manière d'une rétrospective, d'une vie s'inscrivant dans la trajectoire d'une famille engagée dans la lutte communiste depuis la guerre civile espagnole et sous l'ombre écrasante de ce père amoureux de poésie. Ne comptez pas sur Juan Gabriel Vasquez pour soulever les pierres, les conflits familiaux surgissent çà et là mais disparaissent aussitôt. L'écriture se refuse à explorer les replis de la psyché, fouailler les blessures ou à épouser les contours de la violence. Sergio et son père auquel il a voué toute sa vie une grande loyauté, ont « fait beaucoup de choses ensemble. En Chine, dans la guérilla, au cinéma, à la télévision, mais [il a] beau édulcorer cet ensemble de souvenirs, ils ne sont pas positifs ». Si son regard se porte sur le passé c'est pour refermer une page et mieux regarder l'avenir...



Il y a donc une froideur persistante mais elle n'est nullement un frein au plaisir de lecture. On se laisse facilement embarquer par ces aventures rocambolesques, de la même manière que Sergio et sa soeur se laissent entraîner par le radicalisme de leurs parents. Peut-être parce que plus que l'histoire des Cabrera, c'est un certain rapport au monde que raconte Juan Gabriel Vasquez, miroir de l'histoire politique de l'Amérique latine et de la gauche révolutionnaire internationale du XXe siècle.

Jolie découverte qui n'aurait pas pu se faire sans Booky.
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Les amants de la Toussaint

Quand j’ai emprunté à la bibliothèque le livre Les amants de la Toussaint, de l’écrivian colombien Juan Gabriel Vasquez, j’ai eu droit à trois surprises. La première, il s’agit d’un recueil de nouvelles. La deuxième, toutes les histoires se déroulent non pas en Colombie mais dans une région comprise entre la Belgique et le nord-est de la France. La troisième, j’ai adoré le style de l’auteur. Pourtant, j’avais déjà lu un ou deux autres trucs de Vasquez et, sans avoir détesté, ça ne m’avait pas particulièrement interpelé. D’où l’importance de donner une autre chance.



Pourtant, dans les sept nouvelles qui composent Les amants de la Toussaint, rien de si extraordinaire. On y présente des personnages à la croisé des chemins, que ce soit une rupture, un voyage, une rencontre, bref, rien de très dramatique. D’ailleurs, en écrivant ces lignes, j’éprouve de la difficulté à me remémorer les histoires. C’est que, ces histoires, elles sont simples et anodines, elles pourraient arriver à n’importe qui, à tout un chacun. Il y a bien une vague tristesse (ou mélancolie ou nostalgie) qui émane de l’ensemble et j’y étais sensible.



Aussi, c’est que, dans ce recueil, c’est l’atmosphère qui a réussi à me tenir accroché. Ces paysages des Ardennes, nuageux, grisâtres, pluvieux ou brumeux. J’aime bien quand les éléments se mettent de la partie. Pareillement pour les animaux, ils apportent une touche de réalisme. Je ne peux l’expliquer mieux. Ajoutez à cela des activités peu usuelles, par exemple, un couple sur le bord de la rupture qui va à la chasse. Mais il ne s’agit pas roman policier, n’allez pas vous imaginer un crime crapuleux. Plutôt quelque chose qui semble décalé, créant un malaise.



Pour continuer sur la même lancée, ce qui m’a également marqué, ce sont les gestes des personnages, un tic, le non dit, un regard, une parole à moitié prononcée ou bien qui en cache une autre. Ou bien des dialogues de sourds.



« - En fait, on aurait très bien pu le trouver, a déclaré Michelle, qui m’avait rejoint. » (p. 38) Elle parle du faisan atteint à la chasse, qui est tombé dans les fleurs et que les chiens n’ont pas retrouvé. Elle se l’imagine blessé, mourant dans d’atroces souffrances. Quand son conjoint se justifie, elle s’emporte. « - Tu es cruel. Ça ne tourne pas très rond dans ta tête. » Las, le conjoint retourne sur le sentier de chasse mais Michelle s’inquiète. « Tu vas revenir ? » Ces phrases, et d’autres encore, laissent deviner une dynamique de couple étrange.



Ces éléments et d’autres me donnent l’impression que le style de l’auteur a des qualités cinématographiques. Ses mots sont comme une caméra qui saisit des éléments du décor, la physionomie des personnages, ils s’y arrêtent un instant afin de donner le ton, de permettre au lecteur de s’imprégner de l’atmosphère puis ils continuent leur chemin. Ainsi donc, pas de longues descriptions, seulement quelques indications qui sont autant le fruit de la narration que du point de vue des différents personnages impliqués dans la scène.



« Les tons violet et fuschia dominaient dans la chambre. La courtepointe était d’un prune impudique, l’encadrement du lit ausis rose que la crème d’un gâteau. Tout près, un miroir trois-quarts renvoya à Oliveira l’image d’un homme moins jeune qu’il ne l’était. » (p. 160) Avec si peu, on en sait déjà beaucoup, et l’histoire se poursuit.



Bref, Les amants de la Toussaint est un recueil de nouvelles toutes en impressions, en regrets, en secrets, en espoirs. Toutefois, à lire tranquillement. Moi, j’en ai étalé la lecture sur une semaine, une histoire par jour.
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Le bruit des choses qui tombent

Au milieu de l'année 2009, lorsque le professeur Yammara qui donne des cours de droit à l'université de Bogotá, lit dans un grand magazine, un article sur la mort d'un hippopotame qui s'était échappé deux ans plus tôt de l'ancien zoo de Pablo Escobar, vieux mafieux, les souvenirs de sa rencontre avec Ricardo Laverde remontent à la surface. Le narrateur, Antonio Yammara, se trouvait aux côtés de Ricardo Laverde début 1996 lorsqu'ils ont essuyé des tirs avec pour conséquence, la mort de Laverde alors que Yammara, blessé, est emmené à l'hôpital. Juan Gabriel Vásquez raconte les vies de Yammara, de Laverde et de leurs proches, comment ils se sont rencontrés dans une salle de billard qu'ils fréquentaient tous les deux. Juan Gabriel Vásquez évoque la Colombie des années 1970 à nos jours.

Après Histoire secrète du Costaguana j'avais envie de lire d'autres romans de l'auteur. Le bruit des choses qui tombent, second roman que je lis de Juan Gabriel Vásquez sera suivi d'autres, j'apprécie sa prose, sa qualité d'écriture et ses histoires toujours intéressantes.



Challenge Atout prix 2017 – Prix Alfaguara 2011

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Le bruit des choses qui tombent

Un roman en Colombie de la fin du 20e siècle, un pays aux prises avec la violence de la guerre de la drogue.



On y trouve la peur et le choc post traumatique d'un individu et d'une société qui ne se reconnaissent plus après des attentats qui font des morts et des blessés, mais aussi bien des victimes collatérales.



On y réalise comment le simple besoin de gagner de l'argent pour nourrir sa famille, s'est peu à peu transformé en un trafic international dont il est difficile de se débarrasser par la suite.



On y voit le besoin de comprendre et d'exorciser ses démons.



C'est une histoire de psychologie et de société, pour découvrir un coin du monde qu'on connaît peu.

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Chansons pour l'incendie

J. est une photographe colombienne, une légende dans son domaine, « une de ces personnes sur qui on sait des choses » qui discute sans précipitation avec les personnes avant de déclencher son appareil. Lorsqu'elle arrive au ranch Las Palmas, elle fait mine d'y arriver pour la première fois lorsqu'elle croise Toleda, une autre femme qu'elle a en fait très bien connue il y a des années dans ce même ranch, mais fort heureusement celle-ci ne la reconnaît pas – c'est du moins ce qu'elle raconte au narrateur qui va à son tour s'emparer de cette histoire pour nous la conter.

On découvrira que des années plus tôt, J. résidait dans ce ranch, dont le propriétaire, immensément riche, accueillait à sa table tout un tas de gens. A cette époque il accueillait aussi un certain Don Gilberto dont Yolanda était son assistante. Mais quelques jours après son arrivée, J. la photographe, Yolanda et quelques autres faisaient une excursion à cheval, lorsque le cheval de cette dernière s'emballa. Malgré le réflexe de leur guide accompagnateur, qui réussit à stopper le cheval affolé, Yolanda s'effondra sur le sol inconsciente. Transportée à l'hôpital le plus proche, elle fut plongée dans un coma artificiel.

Comment allait-elle en ressortir ? Quelles séquelles ce type de chute pouvait elle entraîner ? Se souvient-on de tout ce que le cerveau à emmagasiner, ou bien au contraire fait-on le tri de ses souvenirs ? Ce sont ces questions que J. et Don Gilberto, dont la photographe percevait bien que Yolanda ne lui était pas qu'une assistante, évoquaient ensemble par une nuit avinée, au bord d'un lac brumeux.

Et si Yolanda détenait des informations importantes ? S'hasardait J. – une intuition peut-être due en partie à l'alcool ou au contexte très particulier de la soirée. « Et bien oui, mademoiselle. Je crois que vous avez raison. »

La fin de cette nouvelle mettra en présence J. la photographe et Yolanda, bien des années plus tard (ce qui signifie pour le lecteur qu'elle avait survécu) mais J. racontant l'histoire d'une femme travaillant pour un politicien qui avait forcé la porte de son assistante, « à six heures du matin » dans un hôtel où elle était – racontant cette histoire comme si elle était arrivée à une autre femme. La nouvelle se bouclera donc sur un portrait que réalise J. de Yolanda, tandis que celle-ci sent les larmes lui monter aux yeux.



Rien de plus, et tout le style de Juan Gabriel Vasquez est là : dans ces petits riens qui disent tout, dans ce passé qui ne passe pas, ou plutôt dans ces menus incidents du présent qui ramène inexorablement à des évènements du passé.



Dans une autre nouvelle, « Aéroport », le narrateur, qui habite Paris, se retrouve presque malgré lui à une séance de tournage où il fait un figurant « de profil méditerranéen » - en fait inscrit par sa compagne à qui il avait distraitement donné son accord. Mais quand ce narrateur réalise qu'en fait de figuration il va figurer dans un film tourné par Roman Polanski, son intérêt va s'éveiller ostensiblement. La scène du tournage est particulièrement léchée, d'autant plus que le narrateur doit aller et venir dans un aéroport reconstitué, juste derrière le personnage principal incarné par Johny Depp, et que surtout derrière la caméra se retrouve le réalisateur mythique que le narrateur admire. Lui revient alors en mémoire ce tragique évènement de 1969 à Los Angeles, au cours duquel la femme de Polanski, Sharon Tate, alors enceinte de son mari, allait être sauvagement assassinée par une bande de Hippies, que le narrateur nous raconte à nouveau, comme l'a fait récemment Quentin Tarentino avec son film « Once Upon a Time... in Hollywood ».

Ebranlé par le souvenir de ce drame, le narrateur, une fois rentré chez lui après la séance de tournage, appellera sa compagne, alors basée dans les Ardennes, pour s'assurer que tout va bien pour elle.



Enfin dans la dernière nouvelle, « Chanson pour l'incendie », on va découvrir l'histoire de Aurélia de Léon, au destin plus que particulier : née en France d'un père de nationalité colombienne, mais resté en France pour participer à la Première Guerre mondiale, où il mourra au champ d'honneur, et d'une mère française qui mourra elle aussi lors du trajet qu'elle faisait pour rencontrer sa belle-famille en Colombie, laquelle famille élèvera cette petite-fille à l'arrivée improbable, orpheline et pleine d'entrain, qui, après des études à Bogota, deviendra l'une des premières femmes à tenir la plume comme journaliste. Enceinte de son amant, elle rejoindra la propriété de ses grands-parents (ils possèdent des caféiers loin de Bogota) pour accoucher tranquillement d'un fils, et tout aurait pu poursuivre son cours normalement, si la Colombie n'allait pas connaître dans les années post seconde guerre mondiale, des troubles qui allaient conduire des hommes armés à mettre le feu aux propriétés, et à assassiner sauvagement la courageuse Aurélia. Son fils Gustavo Adolfo, réussira par miracle à échapper à ses poursuivants.



Juan Gabriel Vasquez, dont j'avais admiré « le bruit des choses qui tombent » (que j'avais chroniqué en 2017), mais aussi « les réputations », et « le corps des ruines », signe ici un recueil de neuf nouvelles très concentrées – on aurait aimé par exemple que la première soit aplatie, comme on peut le faire d'une pâte compacte, et déboucher sur l'un de ses romans dont l'auteur a le secret.



Grand coup de coeur encore une fois pour moi, avec « Chansons pour l'incendie », l'auteur excelle à fouiller l'histoire sans répit, et à en extirper ces évènements intimes qui ont fait l'Histoire avec un grand H. Attentats, meurtres politiques, drames en tous genres, le destin n'est jamais loin dans les récits de ces femmes et de ces hommes avec qui on peut très facilement s'identifier, alors même que les histoires se situent sur le continent sud-américain.

Dans les pas de Mario Vargas Losa ou de Carlos Fuentes, Juan Gabriel Vasquez touche à l'universel : la marque des très grands écrivains.


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Le bruit des choses qui tombent

Autour de 1990, quelques années avant, et quelques-unes après, quand j'avais une douzaine d'années (un peu moins, ou un peu plus), on parlait régulièrement de la lointaine Colombie aux infos, et toujours pour l'associer aux mêmes mots : trafic de drogue, meurtres, attentats, cartel de Medellin et de Cali, Pablo Escobar.

Antonio Yammara, le narrateur, est né en 1970 à Bogotá, et a grandi au milieu de ces mêmes mots, qui, pour lui et ses compatriotes, étaient chargés d'une signification autrement concrète et dramatique que pour une enfant née au beau milieu de la Forteresse (à l'époque) Europe.

En cette fin d'année 1995, Antonio a 25 ans, un doctorat en droit et un tout nouveau poste de professeur à l'université. Il est amoureux et sera bientôt père d'une petite fille. Une vie tranquille, ordinaire, dans une ville qui « avait commencé à laisser derrière elle les années les plus violentes de son histoire récente, (…) une violence dont les acteurs sont collectifs et portent des noms avec des majuscules : l'Etat, le Cartel, l'Armée, le Front [càd les FARC]. Nous autres, à Bogotá, nous nous y étions habitués ». Peut-être. Mais on ne grandit pas impunément pendant la « décennie difficile » qu'a connue la Colombie, sans en sortir profondément marqué, sans que cette période trouble de l'histoire du pays n'interfère à un moment ou un autre dans votre propre vie. Antonio l'apprendra à ses dépens.

En cette fin de décembre 1995, Antonio fait la connaissance de Ricardo Laverde, ancien pilote, qui vient de passer vingt ans en prison, et qui attend sa femme, citoyenne américaine, qui doit le rejoindre pour Noël. C'est à peu près tout ce qu'Antonio apprend du passé de Laverde, mais malgré cela les deux hommes se lient d'amitié. Rencontre-charnière, de celles qui changent radicalement une vie, qui lui font prendre une direction qu'on n'imaginait pas, qu'on ne voulait pas : quelques semaines plus tard, Laverde est tué en pleine rue, sous les yeux d'Antonio qui, victime collatérale, sera grièvement blessé.

Passent les semaines, les mois, la souffrance physique d'Antonio disparaît, mais la blessure psychique ne guérit pas. Antonio veut savoir, comprendre. Pourquoi Laverde a-t-il été assassiné ? Obsédé par cette question, Antonio laisse partir sa vie « ordinaire » à vau-l'eau, négligeant femme, enfant, travail. Jusqu'à cet appel, tombé du ciel en même temps que du téléphone, de Maya, la fille de Laverde, qui elle aussi cherche à comprendre. Ensemble ils se plongent dans le passé de Ricardo, et dans celui de la Colombie, s'apercevant que, comme pour beaucoup de Colombiens, les deux sont indissociables dans leur tragédie.

Loin d'être un cours d'histoire ou un essai sur l'économie du commerce de la drogue, cette enquête sur l'assassinat d'un homme qui voulait avant tout gagner sa vie pour mettre les siens à l'abri du besoin, se double d'une introspection sur le sens de la vie. Celle du narrateur (de l'auteur ?), celle de Maya, celle d'une génération née avec le narcotrafic, traumatisée par des années de violence et un climat constant de terreur, au coeur d'un pays déserté par ses dirigeants corrompus ou impuissants.

Le bruit des choses qui tombent est un beau roman, même s'il ne raconte pas une « belle » histoire. L'auteur raconte celle des victimes, plus ou moins directes, des cartels, et se demande ce qu'une génération peut transmettre à la suivante dans un tel contexte. L'écriture est belle, élégante, en profondeur, le ton est à la fois lucide et désenchanté, mais paradoxalement il s'en dégage une impression de sérénité, de réconfort. Comme un infime murmure après le vacarme de ces années noires.




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Le corps des ruines

Tout l'art d'une dissertation universitaire tient dans la 3° partie : thèse, antithèse, d'accord, mais synthèse (priez pour nous) ? J'ai mis des années à peaufiner cette 3° partie que je reprenais à tous les coups pour pérorer sur l'art comme unificateur des contraires. Je pardonne à ma suffisance d'alors (pour celle d'aujourd'hui, j'attends encore un peu) car c'est finalement ce dont parle ce roman brillantissime, aussi émouvant qu'intelligent et à la construction parfaite. « Les livres, écrit Juan Vasquez, ne sont et ne seront jamais que des preuves élaborées de désorientation […]en écrivant un livre, [le romancier] tente ainsi de pallier sa confusion, de réduire l'espace entre ce qu'il ignore et ce qu'il pourrait savoir […]. « de nos querelles avec les autres, nous faisons de la rhétorique. de nos querelles avec nous-mêmes, de la poésie », disait Yeats. Mais que se passe-t-il quand les deux querelles ont lieu simultanément, quand se disputer avec les autres est un reflet ou une transfiguration de ce face-à-face avec nous-mêmes, enfoui mais constant ? Alors on écrit un livre comme celui auquel je travaille à présent, on s'en remet aveuglément au fait que cet ouvrage signifiera quelque chose pour autrui. »

Vasquez est colombien : devenu père, il choisit de quitter un pays dont la violence endémique lui paraît susceptible de souiller ses jumelles nées avant terme, que le moindre microbe met en danger. Quelques années plus tard, revenu d'Espagne avec femme et enfants, il apprend qu'une parole malheureuse prononcée avant son départ, avait douloureusement affecté la vie d'un de ses amis.

La réflexion sur le pouvoir des mots va irriguer tout le livre, qui plonge vers le passé pour comprendre comment il continue à nous hanter grâce aux discours construits pour l'expliquer (le coeur du livre est un autre livre, pamphlet dérisoire, voulu comme un second « J'accuse » mais qui ne connaîtra jamais la postérité de l'article de Zola) et aussi grâce à tous les témoins du passé qui sont la preuve que ce qui a été fut réellement : le roman comporte de nombreuses photos, comme celle du cadavre du candidat à la présidentielle de 1948 Jorge Eliécer Gaitán, celle de la radiographie de son thorax (avec en son centre l'ombre d'un haricot – une balle), celle d'un bocal qui contient une vertèbre encore recouverte de filaments de chair…

Deux autres assassinats politiques sont aussi longuement évoqués : celui du général Uribe et, mieux connu de nous, celui de John F. Kennedy dont nul n'a oublié la photo, celle où Jackie rampe sur l'arrière de la limousine pour recueillir les morceaux du crâne de son mari qui vient d'exploser sous l'impact des balles.

Jackie tente de reconstituer la tête de son mari en maintenant ce qu'elle a recueilli à l'arrière de son crane : geste inouï qui renvoie pourtant à celui de la déesse Isis cherchant dans le monde les morceaux du corps d'Osiris ; et ce remembrement que Jackie Kennedy crut pouvoir opérer nous rappelle que le verbe « remember » a à voir avec la reconstitution et que se souvenir demande de rassembler et d'unifier.

C'est donc un livre sur la mémoire et sur la transmission que ce « Corps des ruines » : que transmet un père à ses enfants ? Que transmet un pays à ceux qui y sont nés ? Que transmet un auteur à ses lecteurs ? C'est aussi un livre sur les croyances : que tenons-nous pour vrai ? Pourquoi ? Les histoires disent-elles moins la vérité que l'histoire ?

Autour de la mort de Kennedy, de Gaitán, du général Uribe, sont nées de multiples versions alternatives. À ceux qui les regarderaient avec scepticisme, les complotistes ont une réponse toute prête : « le but essentiel de toute conspiration est de cacher son existence et ne pas la voir est l'évidence même de sa réalité. » Or, si je ne me trompe pas, il ne s'agit de rien de moins ici que de la preuve ontologique : Dieu existe puisque la perfection ne peut se passer de l'existence. Et les récits conspirationnistes disent le vrai justement parce qu'on ne les croit pas.

Nous vivons de croyances, qu'on les appelle religions, histoire officielle, légendes ou récits conspirationnistes, et les plus chères d'entre elles en disent moins sur notre vision du monde que sur les efforts que nous déployons pour dresser des tombeaux à ceux que nous aimions et que nous avons perdus. Les reliques, le mouchoir que l'on trempe dans le sang de celui qui vient d'être tué dressent un pont avec le passé, « l'étrange privilège de tenir entre ses mains les ruines d'un être humain » est un moyen d'empêcher le temps de s'écouler, sinon à l'envers.

(D'accord, Proust et sa madeleine, c'est une autre façon de voir les choses. Mais Proust manquait peut-être d'estomac)

Quant à la littérature, elle a peut-être moins à voir avec le souvenir qu'avec le remembrement. Tous les discours s'y trouvent et y acquièrent de ce fait une égale dignité : la vérité de chacun y est collectée, ses désirs et ses souffrances reconnus, et c'est là la seule vérité qui vaut. « le lecteur qui souhaiterait voir [dans ce livre] des ressemblances avec la vie réelle le fera sous sa propre responsabilité. »
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Une rétrospective

C'est en cherchant, en vain, le film de Sergio Cabrera "la estrategia del caracol" que je suis tombée sur le roman de Juan Gabriel Vasquez "une rétrospective" dans lequel il nous fait part de l'histoire extrêmement riche de Sergio Cabrera sa sœur Marianella, son père Fausto et sa mère Lus Elena.

Fausto Cabrera va embarquer toute sa famille à Pékin pour suivre l'idéologie de Mao.

Les deux enfants apprendront le chinois iront à l'école et vont à leur tour embrasser l ideologie maoïste. Sergio sera garde rouge de Mao.

Les parents finiront par laisser leurs enfants en Chine et repartir en Colombie pour intégrer la guérilla marxiste leniniste tendance Mao.

Quelques années plus tard Sergio et Marianella vont, à leur tour, devenir guerilleros dans la jungle colombienne à la fin des années 60. Voici en très très synthétisée la vie de cette famille. Juan Gabriel Vasquez en a fait un livre de plus de 400 pages et ce n'est vraiment pas de trop. Á aucun moment on s'ennuie.

Dire que ce livre est d'une grande richesse et fascinant n'est pas exagéré. Il nous apprend beaucoup sur les mouvements révolutionnaires, sur les idéologies, c'est d'ailleurs parfois un peu compliqué de suivre toutes ces branches révolutionnaires.

Je suis alors maintenant, après avoir lu l'histoire de ce réalisateur colombien, encore plus avide de découvrir les films de Sergio Cabrera. Juan Gabriel Vasquez a vraiment brillamment retracé, sous forme de roman, la vie de cette famille Cabrera. Tout est vrai !

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Histoire secrète du Costaguana

Ô toi qui a lu le « Nostromo » de Joseph Conrad, tu rentreras de plein pied dans la boue de ce roman. Et même si tes sabots ne sont pas encore crottés par cette première aventure, le regard neuf porté vers cet imaginaire, tu t’engouffreras dans cette « Histoire secrète du Costaguana » comme certains enfouissent leur tête dans un tonneau de vieux rhum colombien. Vierge ou presque de Conrad (au cœur des ténèbres), je suis. Vierge ou presque de Vasquez (le bruit des choses qui tombent), je suis également. Mais parce qu’il faut vivre, je m’enfonce dans la forêt vierge, moite, humide, boueuse, des moustiques aussi gros que des éléphants. Dans cette jungle verdoyante et hurlante, des cris de détresse, animal ou humain, je pars à la grande Aventure, celle qui transporte une âme, transforme un pays. Aux prémices, il y a deux hommes, don Miguel Felipe Rodrigo Lázaro del Niño Jesús Altamirano et Teodor Józef Konrad Korzeniowski, plus communément appelé Miguel Altaminaro et Joseph Conrad, le journaliste détenteur de la vérité face à l’écrivain-marin usurpateur, car n’allez pas croire un traitre mot de ce Nostromo…



Je te parle d’un temps bien lointain, dans une lointaine Colombie, à l’époque même de la Grande Colombie où des diplomates français, Ferdinand de Lesseps à sa tête, tentèrent de percer l’isthme de verdure, le fameux canal de Panama et relier ainsi les deux océans. Fiasco total, Panama n’est pas Suez. Mais alors que les engins sont laissés à l’abandon comme des dinosaures dans un parc à thème, la vie continue, la Colombie se bouscule, le rhum coule et le Panama fait sécession, prenant son indépendance de la Grande Colombie qui du coup ou de fait deviendra plus petite. Tu me diras que j’écourte l’histoire mais écoute, cette histoire elle ne s’écrit plus, elle se lit, elle est là devant tes yeux sur ces quelques pages, la grande vérité celle d’Altaminaro, celle de Conrad. Il y a de l’amour, il y a de la fièvre – souvent jaune, des orgasmes et le grand savoir de l’ingénierie française. Bien sûr, elle est exigeante, ne va pas croire que creuser la roche dans ce pays-là sera de tout repos, elle nécessite du temps, de la compréhension et des digressions. L’auteur digresse énormément, avec amusement, avec curiosité, sa manière à lui de t’interpeler et de te raconter son conte comme un mythe. Du coup, pour garder le plaisir intact, je me tape un 12 ans d’âge, raffiné et généreux. Sorti de son contexte, je sens tes yeux révulsés d’horreur face à cet acte assumé de pédophilie. Alors je le replace dans son contexte, un Dictador de 12 ans, rhum colombien à la teinte topaze aux éclats ambrés. Des saveurs vanillées, florales, épicées et boisées… Belle vivacité, j’en attendais pas moins pour un 12 ans d’âge. Et voilà donc que moi aussi je digresse…



L’exigence, le maître mot de ce récit, à suivre sur toute sa longueur. Sais-tu que je me suis aussi pris d’amour pour un certain Don Papa de Masskara. Là encore tout est dans le contexte, tu es maintenant prêt de m’accuser d’homosexualité, même si ce n’est pas dérangeant au regard de la pédophilie, mais là encore je m’égare dans le calamansi et le siling labuyo. Encore une de ces digressions, les Philippines sont si loin de la Colombie, pourtant j’imagine déjà le polonais Konrad voguer parmi quelques pirates de ces mers, peut-être pour quoi pas jusqu’à la route des Caraïbes… Et pendant que je suis affalé dans mon fauteuil en cuir taupe avec mes bouteilles de rhum, l’indépendance du Panama se joue pendant la guerre des mille jours qui dura mille cent trente jours, il faut toujours être précis en histoire, comme en statistiques, ou en contexte, même avec les digressions nécessaires à captiver l’auditorat ou en l’occurrence ici le lectorat. Des Aventures comme celles-ci, tu en vivras peu, alors n’oublie pas le rhum, nécessaire à toute histoire de Colombie.
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Les Réputations

Javier Mallarino est un caricaturiste politique colombien célébre, dont l'humour féroce et le trait dévastateur, entier, font et défont les réputations, peuvent faire tomber des maires, des députés véreux, des magistrats, des narco trafiquants, encensé par les uns, détesté par les autres. Depuis les années 80, ses dessins paraissent au centre de la premiére page de la rubrique" Opinion": la caricature, " un aiguillon enrobé de miel."il inspire une sorte de crainte révérencielle aux journalistes. Il est animé par un désir de contestation qu'il exprime à l'encre de Chine. Les grands caricaturistes sont là dit- il " pour déranger, incommoder, être insultés". Talentueux et intransigeant , il ne supporte aucune forme de censure , se méfie des mondanités, vit séparé de sa femme dans les collines de Bogota. Le matin, il lit toute la presse, l'après - midi, il envoie son dessin qui aura plus d'impact qu'un éditorial......

Mais le voilà qui s'apprête à être célébré dans la grande salle du théâtre Colon de Bogota à 65 ans, aprés 40 ans de labeur...lui, qui a été jadis menacé, " l'oubli est la seule réalité démocratique en Colombie" pense t- il, il accepte d'être interviewé par une certaine Samantha Leal. Il va vite comprendre que cette jeune femme est venue ici 28 ans plus tôt et il se souviendra alors qu'un député s'était jeté par la fenêtre....

Là, il doit confronter son passé, l'histoire de son pays et son intimité....un douloureux examen de conscience à propos de cette vieille histoire qui refait surface...la frontière entre vie publique et vie privée...

N'aurait t- il pas abusé en toute impunité de son pouvoir médiatique?

Réputé incorruptible, infaillible a t- il fauté?

Il ramène le passé à lui, cela l'oblige à se remettre totalement en question, il devra réfléchir à son métier et à la portée de sa propre réputation .

Mérite t- il vraiment les hommages qu'on lui rend?

Sur quoi au juste repose "sa réputation"?

Est - il coupable d'avoir détruit la vie d'un homme? Mis à part certains doutes et incertitudes, ce qui était publié dans la presse n'était - il pas avéré?

Une page de journal n'était- elle pas la preuve suprême de la réalité d'un fait?

Cet ouvrage impressionne par la force et la qualité des questions qu'il pose, une valse entre l'oubli et l'incapacité de se souvenir, la puissance de la mémoire mais aussi l'usure de faits lâches et honteux qui n'auraient pas su perdurer ou occuper une place dans l'histoire des hommes? Les distorsions ou plutôt les interférences, l'insatisfaction et la tristesse de ne pouvoir partager la mémoire d'autrui....le regret et la culpabilité....le pouvoir exorbitant des médias et ses conséquences imprévisibles....dévastatrices ....surprenantes ....qui aménent le héros à reconsidérer fondamentalement sa place dans la société. C'est aussi le portrait d'un homme, la mémoire et l'oubli qui font et défont l'individu et la collectivité, le décorticage de la mécanique de la réputation et l'exploration du passé ....si douloureux soit - il...



Un roman d'actualité?

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Le bruit des choses qui tombent

Pourquoi l’a-t-on tué ? Je ne sais pas. Pourquoi l’a-t-on tué, Antonio ? Je ne sais pas, je ne sais pas. Antonio, pourquoi l’a-t-on tué ? Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas. Pourquoi l’a-t-on tué ? Imagine la scène. Je suis dans un bar à manier la queue dans tous les sens, une bière à la main. Une deuxième même souvent. Un fidèle camarade, partenaire de billard, ce Ricardo Laverde, un brin secret et mystérieux. On se quitte en cette fin d’après-midi, le soleil déclinant, pour retrouver notre vie familiale. Une pétarade dans la rue, bruit furieux d’une moto, avant les coups de feu. Laverde abattu et moi grièvement blessé. Comme je n’ai jamais mis les pieds à Bogota, Antonio Yammara, la quarantaine, n’a jamais eu à regarder son passé, ni celui de son pays. Il le subit plus qu’il ne le suit mais cet attentat va changer sa perception de l’Histoire.



Deux ans après, le cauchemar reste encore ancré en lui. La peur l’obsède, la folie le guette. Il n’ose sortir, aller à la rencontre des gens, se balader dans la rue sans un frisson. Il avance dans la terreur, à petits pas, son esprit enfoui dans ces quelques secondes où il voit abattre son compagnon de beuverie et de queue. Un coup de téléphone, la fille de Laverde, dont il ignorait l’existence. Ne serait-ce pas là le moment opportun pour se reconstruire, affronter son passé, celui de la Colombie en découvrant qui était réellement Laverde. Et si toute cette histoire ne prenait pas son sens dans le zoo abandonné de Pablo Escobar. Parce qu’en Colombie, l’ombre de Pablo et des narcotrafiquants se cachent dans les esprits de chacun, comme dans les morts et les peurs.



Sais-tu que les animaux du zoo de Don Pablo ont erré plusieurs années dans cet enclos abandonné. Cruel monde que celui d’un nabab de la drogue déchu. Quant aux avions qui tombent, les enregistrements qu’ils décèlent, te permettront peut-être de reprendre cette vie en main qui s’était échappée depuis trop longtemps, depuis ce fameux jour où tu as failli mourir et vu assassiner ton ami Laverde.
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Le bruit des choses qui tombent

Juan Gabriel Vasquez a réussi une fois encore à m'emmener avec lui en Colombie et à m'embarquer dans une histoire émouvante.

Antonio voit sa vie bouleversée lorsque Ricardo Laverde, qu'il connait trés peu mais avec qui il a fait quelques parties de billards et bu quelques verres se fait tuer devant lui par deux hommes à moto.

Grièvement blessé , il est également et surtout choqué face à cette violence et le drame qui est survenu.

Il n'arrive pas à surmonter ce drame qui tourne en boucle. Ce traumatisme l'empêche de vivre sereinement sa vie de couple et de papa. Alors oui, il ne connaissait pas ou trés peu ce Ricardo Laverde mais cela ne l'empêche pas de vouloir en savoir plus, de penser à cet évenement sans cesse. Il est pris dans un engrenage qui parait inextricable et excessif pour son entourage jusqu au jour où Maya la fille de Ricardo Laverde l'appelle et veut le voir pour en savoir plus sur les dernières heures de son père.



Il part donc la rencontrer et ils vont tous les deux échanger sur la vie de Ricardo. Il apprendra alors qui il était véritablement ce qu'il a vécu. On en apprend aussi sur la Colombie, les trafics, la mafia.

Ce roman entre dans l'intime tout en racontant l'Histoire d'un pays aux prises avec des narcotrafiquants, au danger que vit la population. Qui n'a pas entendu parler du cartel de Medellin ?, de Pablo Escobar ?

Mais ce n'est pas qu'un livre parlant du trafic de drogue c'est surtout un livre sur les années 70 et 90 en Colombie mais aussi un livre sur l'amour, sur le poids de l'héritage, le besoin de transmission, le sens de la vie. Un livre passionnant.
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Une rétrospective

Cette biographie du réalisateur Sergio Cabrera par son ami Juan Gabriel Vasquez est qualifiée par son auteur d’ « œuvre de fiction », mais qui « ne contient aucun épisode imaginaire ». Ah bon. Vasquez justifie cette coquetterie en expliquant qu’il lui a fallu « modeler, concevoir, donner forme » à la gigantesque somme d’informations soutirée à Cabrera et à ses proches. Effectivement, le texte ne suit pas un ordre chronologique mais alterne souvenirs et retour à un quasi-présent (2016), la rétrospective organisée à Barcelone pour l’ensemble de son œuvre offrant au réalisateur l’occasion de se replonger dans son passé au cours de réminiscences spontanées.

Or, le plus extraordinaire est que cette disposition relève à peine de la création. Vasquez rêvait d’utiliser la vie de son aîné (Faut dire, un type abandonné en Chine par ses parents pour devenir garde rouge, ça ne laisse pas indifférent…) ; il imagine une fiction où un réalisateur invité à l’étranger apprend la mort de son père : le projet est mis en pause et deux ans plus tard Cabrera apprend effectivement la mort de son père alors qu’il est en Espagne pour présenter une rétrospective de ses films…

Alors, va pour roman, puisque la vie de ce type explose les catégories habituelles et ne semble pas pouvoir s’insérer dans un cadre normal : emmené en Chine avec sa sœur par des parents avides de rencontrer l’homme nouveau, il grandira dans un hôtel désert dont il ne sortira que pour travailler dans une usine de réveille-matin ; à 20 ans, il rentre en Argentine pour exporter la révolution prolétarienne et devenir guérillero… puis repartira en Chine soigner ses désillusions.

Au-delà de ce destin follement romanesque, c’est évidemment l’incroyable cécité d’une génération biberonnée au Grand Soir qui interroge. On sait que Cabreras a été un membre actif de la guérilla mais le récit de Vasquez ne raconte aucun épisode qui témoigne du sang qu’il a versé. J’ai d’abord été choquée de cette pudeur incongrue avant de penser que c’était peut-être là la force du livre : faire le portrait d’un Cabrera tueur l’aurait éloigné de son lecteur alors que les illusions qui l’ont nourri sont aussi les nôtres, comme l’a notamment prouvé l’échec du référendum colombien en faveur de la paix. Depuis les justifications des parents Cabrera pour laisser leurs enfants aux bons soins de la révolution maoïste jusqu’aux fake news qui ont fait capoter l’accord de paix, le processus est le même : à chacun son aveuglement, à chacun sa raison pour rester droit dans ses bottes, sourd à toute objection. Et il est passionnant de se retrouver dans la tête d’un type dont les choix idéologiques nous stupéfient mais dont nous voyons bien qu’il n’est ni plus idiot ni moins rationnel que nous et qu’il est notre frère, sinon notre camarade.

Bref, que tous ceux qui croient que l’intime est l’autre nom de l’histoire et n’ont pas encore lu Vasquez s’y collent immédiatement. Il y a des cas où le culte de la personnalité n’est pas totalement déraisonnable.
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Une rétrospective

Juan Gabriel Vasquez

Une rétrospective, un titre pas très attirant

Prix du meilleur livre étranger 2022

Du coup, j’ achète sur un coup de tête et j’ai raiment bien fait

Ce roman sans fiction raconte l’histoire de Sergio Cabrera , un réalisateur et acteur colombien, que connaît bien Juan Gabriel Vasquez

L’histoire débute par une rétrospective des films du réalisateur connu pour La Stratégie de l’escargot, parmi d’autres films

Question: que serait devenu Sergio Cabrera sans son père, réfugié politique, républicain fuyant Franco , devenu farouche communiste intransigeant ?

L’ épopée peut commencer car ce père joint les actes à l’ idéologie

Ses enfants ,un garçon, une fille devront devenir de vrais révolutionnaires et , pour cela , direction la Chine pour une formation prolongée qui leur permettra de revenir en Colombie pour porter la véritable révolution prolétarienne

La description de cette éducation à la chinoise est absolument épatante, inquiétante par moments, humoristique ( au second degré) à d’autres. Car les enfants vont jouer le jeu, apprendre le chinois pour devenir de vrais prolétaires parfaits . Cela passera par l’usine mais aussi par des situations ubuesques: un hôtel du Parti est même réquisitionné juste pour eux deux.D’ où moult quiproquos que je vous laisse découvrir

Ce qui est extraordinaire dans le récit qui, je le rappelle, n’est pas une fiction, c’est le talent de JuanGabriel Marquez pour nous raconter les péripéties invraisemblables de cette éducation qui va durer des années

C’est aussi l’aveuglement absolu devant la réalité du régime chinois

Le lecteur s’ attend à une prise de conscience

C’est l’inverse qui se produit

Je vous laisse découvrir cette longue période qui paraît invraisemblable avec le recul

Quelques années plus tard les enfants donnent raison au père

On les retrouve dans la guérilla colombienne où ils se considèrent comme les seuls vrais révolutionnaires, ce qui a un peu de mal à passer auprès de leurs frères d’armes colombiens

Il y a des moments assez loufoques à cette période , où on fait la guérilla sans la faire tout en attendant la grande offensive en pleine jungle au milieu des moustiques

Je vous laisse apprécier la plume de Juan Gabriel Marquez car.’histoire n’est pas finie

Cette histoire de communisme pur et dur à la mode sud-américaine pourrait paraître farfelue et peu crédible

Pas du tout carl’auteur a écrit avec l’accord de Sergio Cabrera qui a trouvé le texte tout à fait conforme à la réalité

Pour le plaisir , après la lecture , lisez une petite biographie de Sergio Cabrera, célèbre en Amérique Latine.C’est ce qu’on appelle une vie bien remplie

Et c’ est aussi un très grand livre
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Les Réputations

Après "une rétrospective" que j'ai trouvé non seulement intéressant, instructif mais aussi poignant, je me suis lancée dans "les réputations" avec confiance.

Hé oui, ;-) la réputation de Juan Gabriel Vasquez ... ;-)

Contrairement à "une rétrospective", ici, le personnage central est un homme fictif mais

Javier Mallarino, caricaturiste politique colombien se retrouve sans aucun doute dans nombre de caricaturistes.

Les questionnements sur la mémoire, l'oubli et la réputation sont remarquablement bien amenés. Ce sont des sujets qui ne peuvent laisser indifférents et qui plus est sont traités avec intelligence et une plume sensible et délicate.

Le travail de Isabelle Gugnon la traductrice, est de fait à louer également.

Ce roman fait tristement écho à bon nombre de situations que l'on a pu lire ou voir à travers nos médias.

C'est un roman intelligent que j'ai lu avec beaucoup de plaisir. Même.si la traductrice est excellente, je regrette de ne pas être capable d3 lire ce roman dans sa version originale !!!
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Le vin des écrivains

J’ai baigné dans un univers d’odeurs d’une richesse extraordinaire. L’odeur du pain, les effluves du four, le parfum des différentes pâtes à gâteaux et des crèmes s’entremêlaient, émettant chacun leur arôme comme les instruments d’un orchestre. Dans cet ensemble symphonique, je m’évertuais à reconnaître et à identifier les notes. Un exercice d’élucidation qui était aussi un jeu. Mais ce n’est pas le tout de débusquer une odeur, encore faut-il savoir la communiquer à autrui. Dans le vin, le plaisir de la dégustation est avant tout celui du partage. Exprimer ses sensations, les échanger augmente le plaisir (indice : parents boulangers) :

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